Conséquence de la féodalité qui s’installe, entre le Xe siècle et le XVIIIe siècle, le pays wallon est morcelé en de nombreux territoires, parfois indépendants. Ces comtés, duchés et autres principautés suscitent la convoitise des puissants voisins européens et s’inscrivent au coeur de l'histoire européenne. Au travers d’une synthèse et de documents, retrouvez le sort de ces hommes et de ces femmes, que l’on désigne déjà par l’adjectif « wallon ».

Le duché de Brabant à la veille de 1406

La victoire de Worringen laisse des traces. Les ducs de Brabant suscitent la crainte de leurs voisins qui n’hésitent pas à se coaliser contre eux (notamment dans les années 1330 et 1350). Les ambitions de l’Angleterre sur le continent contribuent à accélérer le jeu des alliances. S’ils parviennent à consolider leur présence sur la partie de la Meuse proche de l’embouchure, les ducs de Brabant ne parviennent pas à affaiblir suffisamment la principauté de Liège, malgré leur présence dans le pays d’Outre-Meuse et de Fauquemont. D’autre part, les problèmes de succession amènent le comte de Flandre aux portes de Bruxelles, Louis de Male se retrouvant même duc de Brabant par son mariage avec Marguerite (1357). Au sommet de ses avancées institutionnelles en 1356, le Brabant rayonne, notamment grâce à Wenceslas (comte de Luxembourg) qui entretient une cour brillante à Bruxelles, où l’on rencontre notamment Jean Froissart. À la mort de celui qui est aussi devenu roi de Germanie (fin 1383), le Brabant est attaqué par les comtes de Gueldre et connaît un certain chaos. Jeanne, sa veuve, entame une politique de rapprochement avec le duc de Bourgogne : en 1396, elle transmet ses droits sur le Limbourg à Philippe le Hardi et à sa nièce Marguerite de Male ; en 1404, elle délègue ses pouvoirs à sa nièce. Au décès de la duchesse Jeanne à l’âge de 84 ans (1406), les États de Brabant poursuivent la politique de la duchesse en optant pour la maison de Flandre-Bourgogne. Dans le souci de ne pas aliéner l’intégrité territoriale du Brabant, le duc de Bourgogne était le prétendant idéal. En raison de l’endettement considérable du duché, une partie des terres brabançonnes (Limbourg, Anvers, etc.) avaient déjà été rachetées par Philippe le Hardi qui avait également veillé à s’attacher le soutien de grands seigneurs en leur distribuant des rentes personnelles. La famille de Bourgogne rétablit l’ordre (en matière financière et de justice), en créant de nouvelles institutions qui tentent de grignoter le pouvoir des États de Brabant.

Référence
VuBrbt126


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La maison de Luxembourg à l’heure impériale (XIVe siècle)

N’ayant jamais abandonné l’idée de reprendre le comté de Namur et le duché de Limbourg, la maison de Luxembourg s’engage dans une guerre de succession funeste. En 1288, sur le champ de bataille de Worringen, elle perd la plupart de ses princes régnants morts au combat : en conséquence, elle est obligée de renoncer définitivement au Limbourg, même si elle est unie, par des liens de mariage, au Brabant (Wenceslas, comte de Luxembourg est marié à Jeanne de Brabant ; leur union est considérée comme personnelle et n’engagera pas leurs « biens » : il ne sera jamais question d’un rapprochement Brabant-Limbourg / Luxembourg).
Malgré les circonstances, la maison de Luxembourg ne disparaît pas, loin de là, grâce à l’influence française qui se fait de plus en plus grande et grâce aussi au soutien du pape. À cheval entre France et Germanie, le petit-fils de Henri V parvient à se faire élire « roi des Romains » (1308). Bien décidé à rétablir le titre d’Imperator Romanorum qui n’est plus attribué depuis près d’un siècle, Henri VII part en expédition en Italie, se présente en pacificateur dans les multiples querelles italiennes et, malgré les guelfes, se fait sacrer empereur romain germanique (1312) concrétisant sa volonté de rétablir un « empire médiéval d’occident ». À sa mort, un an plus tard en 1313 à Buonconvento, son fils Jean n’a que 17 ans. Déjà marié à la fille du roi de Bohême en 1310, il est promis à un destin exceptionnel, idéalisé par le roman chevaleresque, sa mort en héros à la bataille de Crécy (1346) symbolisant toute son existence. Roi de Bohème (mais les grands ne veulent pas de lui) et par conséquent grand électeur de l’empire, Jean n’aura de cesse d’obtenir la couronne impériale, parcourant toutes les cours d’Europe, en vain.

Références
AzKG-94 ; TrauLxb-86, 92, 119, 137


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Le duché de Limbourg après Worringen (1288-)

Après la bataille de Worringen (1288), le sort du duché de Limbourg est désormais lié à l’histoire du duché de Brabant. Avec le comté de Dalhem, également sous domination brabançonne, ces territoires situés au-delà de la Meuse (du point de vue de Bruxelles) sont aussi désignés comme pays d’Outremeuse.
Au-delà des liens matrimoniaux, un traité de 1415 lie les trois états de Brabant au Limbourg ; la Joyeuse Entrée est désormais commune aux deux duchés et le Limbourg doit envoyer des députés spéciaux aux États provinciaux de Brabant.

Références
ErCover ; Faid-36 ; H56 ; Pos592 ; RuwDal ; Thi1 ; Thi2


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Le duché de Limbourg (XIIe - XIIIe siècles)

Convoitant aux comtes de Louvain le titre de duc de basse-Lotharingie, les comtes de Limbourg obtiennent brièvement cette dignité et finissent par porter le titre ducal pour leurs possessions qui s’étendent notamment au comté d’Arlon et à la seigneurie de Montjoie. Par son mariage avec la fille de Henri l’Aveugle, le fils du comte de Limbourg, Waléran Ier étend les biens de la maison de Limbourg en Haute-Lotharingie. Plus exactement, le Luxembourg intègre le comté d’Arlon dans son patrimoine . La maison de Limbourg-Luxembourg s’éteint sans descendant en 1283 provoquant une guerre de succession : le duc de Brabant (successeur des comtes de Louvain) s’empare des territoires situés en basse-Lotharingie. La bataille de Worringen (1288) scellera le sort du duché de Limbourg.

Références
ErCover ; H56 ; Pos ; RuwDal ; Thi1 ; Thi2 ; TrauLxb-118


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Le duché de Brabant en 1288

Les événements de 1213 n’ont pas calmé les esprits. Tout au long du XIIIe siècle, les Brabançons saisissent la moindre occasion d’atteindre leur objectif : percer la principauté. Ainsi, les interventions des ducs brabançons dans le choix et l’élection du prince-évêque ne sont pas rares ; mais cela reste assez normal dans la mesure où le diocèse de Liège s’étend sur une large part des terres brabançonnes. Par contre, il s’agit d’intrusion quand les Brabançons soutiennent les Bonnes villes ou Saint-Trond contre l’autorité liégeoise. En 1288, la bataille de Worringen est un moment plus important car la victoire de Jean Ier de Brabant accroche durablement le duché de Limbourg au Brabant. La principauté de Liège est ainsi prise en tenaille et le Brabant contrôle une bonne partie de la route du Rhin tant convoitée. L’axe commercial Bruges-Cologne prend l’ascendant sur le courant de la Meuse.

Références
ErCover ; ErCoverBbt ; VuBrbt69


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