Militaire
10 octobre 1914
Début du pillage systématique de la Wallonie

À l’exemple des frères Mélotte, industriels de Hesbaye, réfugiés en France dès le début du conflit et qui retrouvèrent leurs usines pillées et vidées de toutes leurs machines en novembre 1918, l’industrie wallonne a payé un lourd tribut à l’occupation allemande de 1914-1918. En effet, le Reich allemand a puisé largement dans les ressources de la Belgique industrielle, c’est-à-dire de la Wallonie. Mensuellement était prélevée une contri¬bution de guerre de 40 millions de francs pour frais d’entretien de l’armée d’occupation et de l’administration. Cette somme passa à 50 puis à 60 millions en 1916 puis en 1917, malgré les protestations des conseils provin¬ciaux.

Par ailleurs, les réquisitions, dès l’automne 1914, ont été innombrables ; les matières premières étaient contrôlées par l’occupant ; les pro¬duits alimentaires et industriels étaient avant tout destinés au marché allemand et aux troupes engagées au front. Subissant le blocus maritime des alliés, la Prusse se servait aussi en bêtes et en machines, les transférant sur son territoire « intérieur ». À la fin de la guerre, on constata que 600.000 vaches avaient été réquisitionnées ainsi que 10.000 chevaux de trait. 

À partir de 1917, l’industrie est progressivement démantelée, les machines sont réduites sur place en mitraille ou démontées et transférées en Allemagne.

Sur 60 hauts-fourneaux en Wallonie, 9 sortent intacts de la guerre ; 250.000 tonnes de fonte sont produites en 1918 contre 2.300.000 en 1912 ; sur 27, seules 5 usines d’acide sulfurique sont encore en état de fonctionner ; le vol des brevets et des secrets de fabrication est considérable. Le pillage du pays a été systématique. À ce tableau, il convient encore d’ajouter plus de 66.000 maisons détruites, 11.000 très endommagées, des centaines de ponts et chaussées endommagés ou détruits, et la nécessité de reconstruire la moitié des voies ferrées, ainsi que des voies d’eau (Depoortere).