Militaire
28 octobre 1468
L’épisode des six-cents Franchimontois

Emission spéciale. Série historique. 13 avril 1968. Côte à côte un timbre évoquant les découvertes de Spiennes (à gauche) et l’épisode des 600 Franchimontois (à droite) – Diffusion Institut Destrée © Sofam

L’épisode tragique des « Six-cents Franchimontois » est gravé dans toutes les mémoires liégeoises comme celui de la courageuse résistance du peuple face à la cruauté d’un tyran, une nuit d’octobre 1468. À cette date, celui qui occupe le siège épiscopal se nomme Louis de Bourbon, neveu de Philippe le Bon, qui a bien du mal à faire respecter son autorité : le vrai maître de la principauté est le duc de Bourgogne lui-même.

À la fin de l’année 1467, après sa victoire à Brusthem, Charles le Téméraire a fait lire sa Sentence du 18 novembre devant l’assemblée des bourgeois de Liège. Depuis lors, le légat du pape tente de réconcilier le prince-évêque avec son peuple. C’est pourtant à Maastricht que Louis de Bourbon convoque les États, le 25 août 1468, acte qui est perçu comme une provocation. Le 9 octobre, des insurgés liégeois conduits par Jean de Wilde et Gossuin de Streel entrent dans Tongres, y tuent quelques Bourguignons et s’emparent de leur prince-évêque – ainsi que du légat pontifical – qu’ils ramènent manu militari à Liège. La réconciliation semble en bonne voie, quand le Téméraire, associé à un Louis XI qui mange sa parole, revient assiéger Liège avec ses soldats. Ecartant des milices liégeoises qui tentent de freiner leur avancée, les troupes bourguignonnes s’installent sur la Montagne-Sainte-Walburge, dominant la ville rebelle. Dans la nuit du 28 au 29 octobre, des Liégeois ainsi que quelques centaines d’hommes en provenance du Pays de Franchimont tentent de capturer Charles le Téméraire et Louis XI. Les Franchimontois réussissent à s’introduire sur les lieux et à maîtriser les sentinelles, mais ils perdent un temps précieux à combattre les soldats bourguignons au lieu de gagner directement l’aile du camp où loge leur chef. Charles le Téméraire a tout le temps d’organiser une contre-offensive… 

Le lendemain, 30 octobre, commence le saccage systématique de la ville de Liège ; elle est impitoyablement ruinée, pillée et saccagée – son incendie, dit-on, dura sept semaines. La population est massacrée : on parle de 4.000 à 5.000 victimes. Il s’agit d’un véritable acte de destruction conscient et délibéré, destiné à marquer les esprits et empêcher toute tentative de rébellion.