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4920

SPW - J. Massaux

Monument de la Redoute à Sougné-Remouchamps

Une autre bataille ayant suivi celle de Fleurus a eu lieu dans la région liégeoise le 18 septembre 1794, alors que les Français s’attachaient à conquérir définitivement nos territoires avant de préparer leur annexion. 

La croix dite « des Français » à Sougné-Remouchamps. Photo de 1945 © Bruxelles, KIK-IRPA

Depuis la fin juillet, ils occupaient Liège et la citadelle, ainsi que la rive gauche de la Meuse jusqu’aux abords de Maestricht. La rive droite et la Chartreuse étaient toujours aux mains des Autrichiens. L’Ourthe formait alors une frontière entre les deux armées qui s’observaient plus qu’elles ne se combattaient. Les Français, vainqueurs des Autrichiens à Fleurus le 26 juin, souhaitent parvenir jusqu’au Rhin mais s’arrêtent dans un secteur tranquille pendant près d’un mois et demi, jusqu’au brutal sursaut du matin du 18 septembre sur les bords de l’Ourthe et de l’Amblève : des canonnades se font entendre à Esneux, Comblain-au-Pont, Aywaille, Remouchamps et Sprimont. Sous les ordres de Scherer, Marceau, Mayer et Haquin, les Français se lancent à l’assaut des positions autrichiennes dont les soldats se retrouvent chassés en quelques heures et refoulés vers le nord-est. Une nouvelle défaite survient à Clermont, le 20 septembre, et provoque le repli des armées impériales derrière la Roer. Le 6 octobre, les troupes républicaines atteignent leur but : l’avant-garde est au bord du Rhin.

Au sommet de la célèbre côte de la Redoute trône un monument rappelant ces faits. Il est le fruit des efforts d’un comité du souvenir, créé à Aywaille en 1954 sous la houlette de Louis Thiry. Cet imposant bloc de granit comporte, dans sa partie haute, une médaille représentant le coq français et, dans sa partie basse, l’inscription « Ici, l’armée française vainquit les troupes autrichiennes. 18 septembre 1794 ». 

Non loin de là, également à Sougné-Remouchamps, se trouve une croix en bois décorée d’un christ en plomb et dénommée « Croix rouge » ou « Croix des Français ». Elle aurait été plantée en 1794 en mémoire de soldats tués au cours des combats contre les Autrichiens.

4920 Sougné-Remouchamps (Aywaille)

carte

Frédéric MARCHESANI, 2014

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Château de Harzé

La seigneurie luxembourgeoise de Harzé était au Moyen Âge enclavée entre des terres limbourgeoises, liégeoises et stavelotaines. Elle fut déjà citée en 890 parmi les dépendances du comté de Montaigu en Ardenne et appartint ensuite aux Clermont, aux de la Marck puis aux princes de Ligne. Les seigneurs du lieu détenaient les droits de haute et basse justice. Le complexe primitif a été construit par Louis de Clermont (1285-1332) et s’est développé à partir de l’église Saint-Jacques, mentionnée dès 1131 et détruite en 1878. Dès les origines, les seigneurs de Harzé avaient installé leur logis à cet emplacement pour sa haute valeur stratégique ; le château est en effet assis sur un faux éperon au nord de la localité. Des deux bâtisses médiévales encore en place bien que remaniées par la suite, l’imposant donjon apparaît comme l’élément le plus ancien du domaine et aurait été construit au tournant des XIIIe et XIVe siècles. Le logis seigneurial pourrait dater quant à lui des XIVe ou XVe siècles. L’essentiel de la physionomie du complexe castral actuel date toutefois du XVIIe siècle, lorsque les familles d’Aspremont-Lynden et Suys acquirent la seigneurie et décidèrent d’agrandir le domaine. Les bâtiments connurent encore d’autres interventions mineures aux XVIIIe et XIXe siècles.

Le château et ses dépendances forment un domaine d’envergure, aujourd’hui propriété de la Province de Liège et formé de plusieurs parties distinctes. À l’ouest, une importante cour de ferme aux angles pointés de deux tours calcaires circulaires délimite le périmètre ; elles encadraient autrefois des ailes détruites en 1880. Différentes ailes de la basse-cour subsistent au nord, ainsi que l’aile sud percée d’une entrée cochère aujourd’hui sommée d’un panneau aux armes Suys-Lynden et d’une pierre de remploi millésimée 1647. À l’est se dresse le château formant un L et érigé en trois campagnes ; le massif rectangulaire septentrional est le plus ancien. L’imposant corps central a été érigé par le comte Ernest de Suys dans le second quart du XVIIe siècle. Il est caractérisé par une forte tour d’angle de plan carré, élément principal de la physionomie du château ; elle est coiffée d’une haute toiture d’ardoises à quatre faces. La façade est de cette aile principale s’ouvre sur la cour d’honneur caractérisée par une remarquable galerie couverte de style Renaissance, longue de quatorze travées. Enserré entre ce massif du XVIIe siècle et le portail se trouve un noyau calcaire plus ancien, chaîné d’angle, aux murailles épaisses de près de 2 m. Enfin, sur la droite, un imposant portail à crossettes, pilastres et bossages a été édifié en 1753. Il constitue l’entrée principale du domaine et est séparé du château par un petit pont de pierre enjambant les anciennes douves.

Rue de Bastogne 1
4920 Aywaille

carte

Frédéric MARCHESANI, 2013

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Mémorial Marcellin LAGARDE

Né à Sougné, en décembre 1818, dans une famille originaire du Midi, Marcellin-François La Garde doit toute son instruction au curé de Dieupart. Quand il arrive à Liège, en 1837, il suit des cours de Droit à l’Université de Liège et travaille dans un bureau de rédaction au journal liégeois L’Espoir. En 1843, il parvient à être nommé au poste d’historiographe au Ministère de l’Intérieur. Installé à Bruxelles, il est chargé de travaux historiques pour le gouvernement belge. En 1848, il se retrouve professeur d’histoire à l’Athénée d’Arlon, puis il est désigné à l’Athénée d’Hasselt, titulaire de la charge de rhétorique, de 1851 à 1879, année de son admission à la retraite. 

Après ses premières études à caractère historique, La Garde (ou Lagarde) s’essaie au roman historique (Les derniers jours de Clairefontaine, 1850 et Le dernier sire de Seymerich, 1851), avant de publier ses premiers contes, genre dans lequel il conquiert ses lettres de noblesse, principalement avec Le Val d’Amblève. Histoire et légendes ardennaises (1858) puis Histoire et légendes du Val de Salm (1865). Ses histoires sont le plus souvent inventées ou inspirées de chroniques ayant marqué les esprits. Évoquant le bien et le mal souvent représenté par le diable, elles deviendront progressivement récits du folklore ardennais.

La longue présence de La Garde en pays flamand influence le professeur wallon : ses tentatives pour maîtriser la langue flamande sont vaines ; il ne se sent pas chez lui ; il a le mal du pays ; ses heures de loisir, il les occupe dès lors tantôt à la promenade dans la vallée du Geer, tantôt à l’écriture, sa plume s’évadant vers sa chère Wallonie ou dans la relation de ses ballades solitaires. D’autres ouvrages – Le Tresseur de Roclenge, Les Templiers de Visé, Faux Patacon, Récits des bords du Geer – sont inspirés par cette atmosphère. Sans difficultés, les écrits de Lagarde – poète ou prosateur – le classent parmi les romantiques de son temps. En 1870, il fonde une revue qu’il appelle L’Illustration européenne. Il sera le directeur et le rédacteur en chef de cette revue hebdomadaire publiée à Bruxelles jusqu’à son décès, à Saint-Gilles, en 1889. C’est à titre posthume que sera publié en 1929, Le Val de l’Ourthe. Histoire et légendes ardennaises et, après quelques années de purgatoire, l’écrivain wallon reviendra séduire nombre de lecteurs à la fin du XXe siècle. 

Cette longévité, les irréductibles sympathisants de Marcellin La Garde l’avaient bien pressentie, eux qui se mobilisèrent pour ériger un mémorial en son honneur. Inauguré en septembre 1932, dans l’atmosphère des fêtes de Wallonie, le mémorial dû au sculpteur Georges Petit (1879-1958) présente les traits du conteur et le sujet d’une de ses légendes : Le passeur d’eau de Sougné. Il est d’ailleurs installé à l’endroit où – « avant » – on pouvait traverser l’Amblève et, singulièrement, là où s’est déroulé le drame raconté par celui qui en fut le témoin. Les pierres du monument « tirées toutes vives du vieux sol ardennais, sont le symbole des aspirations populaires (…) du poète ; elles présentent la variété de couleur et de structure qui font le chatoiement de notre antique terroir » (Lepage).

Le  mémorial Marcellin Lagarde a été réalisé par Georges Petit (25 septembre 1932).

Né à Lille, de parents liégeois, Georges Petit a grandi à Liège et peut-être ses parents lui ont-ils lu ou raconté les histoires écrites par La Garde. Nul ne le saura jamais. Mais au début des années 1930, celui qui a reçu une formation artistique à l’Académie des Beaux-Arts se voit confier la réalisation du mémorial de l’écrivain. Depuis 1901, date de ses premières œuvres, Georges Petit occupe avec autorité la scène artistique liégeoise (Jacques Stiennon). Il doit cette position aux multiples commandes officielles reçues autant qu’à sa maîtrise précoce de son art. Sa sensibilité et sa capacité à transformer une anecdote en symbole universel ont influencé durablement ses élèves, parmi lesquels Oscar et Jules Berchmans, Robert Massart, Louis Dupont et Adelin Salle. 

D’abord attiré par les portraits, Petit a livré plusieurs bustes de grande facture, tout en s’intéressant à la condition humaine. Marqué par la Grande Guerre, l’artiste y puise une force qui se retrouve dans ses réalisations des années 1917 à 1927, période qui précède de peu la réalisation du Mémorial La Garde. Ce dernier correspond à une période où, comme épuisé par tant de souffrances, Georges Petit choisit la peinture de chevalet et devient plus léger, sans tomber dans la facilité. Les visages humains tendent à disparaître et tant les paysages que les traditions wallonnes l’inspirent, peut-être influencé par ses lectures des ouvrages de La Garde, en peinture, comme dans ses médailles (qui sont très nombreuses et d’excellente facture), voire dans les quelques sculptures qu’il exécute encore. 

Mémorial Marcellin Lagarde

Ainsi, incrusté sur un rocher placé verticalement sur d’autres, le bas-relief Marcellin La Garde a une forme et une taille assez particulière, avec son médaillon débordant et arrondi où l’écrivain est représenté quasiment de face. La surface principale, à la limite supérieure légèrement arrondie aussi, illustre l’Amblève et le passeur d’eau. Le nom de Marcellin La Garde entoure la tête dans le médaillon, avec la mention inhabituelle des lieux et dates de naissance et de décès. Quant à la dédicace qui borde la partie inférieure, elle présente la particularité de se lire d’abord sur les trois lignes de gauche, avant de poursuivre à droite :

CONTEUR DU VAL         DE LA NATURE
DE L’AMBLEVE        À L’HISTOIRE DE
ALLIA L’AMOUR        L’ARDENNE.

Très vite, le monument devient un passage obligé lors de diverses manifestations, principalement celles organisées par les amis de la nature. Ainsi, en 1936, tous les participants à la 10e Journée de l’Amblève viennent rendre hommage à l’auteur des légendes du Val d’Amblève. 

 

La Vie wallonne, septembre 1930, p. 31-32
La Vie wallonne, décembre 1933, CXLIX, p. 191-194
La Vie wallonne, 1984, n°394-395, p. 183-185
Jacques STIENNON (introduction), Georges Petit, catalogue de l’exposition organisée à Liège du 9 janvier au 2 février 1980, Verviers, 1980
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 282
Discours de P. LEPAGE, dans Bulletin de l’Association pour la Défense de l’Ourthe, n°84, juin 1936, p. 193-196

Parc public
4920 Sougné-Remouchamps

carte

Paul Delforge

Paul Delforge

Mémorial Robert GREGOIRE

Mémorial Robert Grégoire, réalisé par Paul Du Bois, avec un buste de Jean Van Neste et un bas-relief signé Robert Mermet datant de 1937, 4 juillet 1935. 

À l’entame de l’avenue de la Libération, à Aywaille, au bout de la chaussée à laquelle on accède depuis le pont sur l’Amblève, à hauteur du parc Jules Thiry, un imposant monument bénéficie de la largeur de l’espace public pour rendre un hommage « national » aux motards, et en particulier à Robert Grégoire (1901-1933). Natif d’Aywaille, ce dernier s’était pris de passion pour les compétitions de motocyclette au lendemain de la Grande Guerre. Après avoir remporté ses premiers bouquets sur sa propre machine, le garagiste devient « pilote d’usine » lorsque Saroléa l’engage à la fin des années 1920. Le succès est toujours au rendez-vous. Champion de Belgique expert en 500 cc en 1932 et 1933, Grégoire décroche plusieurs records du tour sur circuit en compétition et un record du monde, celui du kilomètre en départ arrêté. Cette quête de la vitesse pure coûtera la vie à Robert Grégoire, victime d’un accident lors des essais sur le circuit de Francorchamps le 21 juillet 1933.


La disparition tragique du pilote aqualien frappe fortement les esprits. Très vite, avec le soutien d’Édouard Grégoire, le père du pilote, la « Royale Ligue motoriste Ourthe et Amblève » décide d’élever une stèle à la mémoire de Robert Grégoire. Un Comité est mis en place, présidé par Lambercy et Thomas notamment. Au début du mois de juillet 1935, la stèle est inaugurée en présence de nombreuses délégations belges et étrangères, des autorités locales et du président des clubs motocyclistes de Belgique (Lamborelle). Il est vrai que depuis la disparition de Robert Grégoire, l’élite des motocyclistes belges a été décimée : Noir et Paul Demeuter se sont tués en course en juillet 1934 et Antoine Lambert en 1935. La destination du monument Grégoire a par conséquent sensiblement évolué au cours de sa réalisation et l’inauguration est l’occasion de rendre hommage à l’ensemble des pilotes récemment décédés.


À ce moment, en juillet 1935, le monument réalisé par Paul Du Bois se présente sous la forme d’une haute stèle en pierre bleue surmontée d’un buste en bronze représentant un motocycliste. Sur la face de la stèle côté Amblève, une allégorie féminine pleure les disparus en tendant vers le haut une branche végétale ; à la hauteur de la main tendue apparaît la mention :


A NOS
CHAMPIONS
MOTOCYCLISTES


IN MEMORIAM

 

Mémorial Robert Grégoire (Aywaille)

Sur la face avant du monument (l’orientation est donnée par rapport à la position du visage du buste), en contrebas, un bas-relief réalisé dans la pierre montre une moto de course légèrement de face, avec un pilote au guidon et le numéro 1. Tout en haut de cette face du monument, le nom de ROBERT GREGOIRE a été gravé lui aussi dans la pierre. Volontairement, le sculpteur qui a réalisé le buste ne lui a pas donné les traits d’un pilote connu ; il ne s’agit donc pas de Robert Grégoire. Ce buste est l’œuvre du sculpteur liégeois Jean Van Neste.


Formé à la sculpture à l’Académie de Liège, Jean (André) Van Neste (Grivegnée 1883-date de décès inconnue) a fait carrière dans la sculpture, tout en se lançant dans la peinture en autodidacte. Retenu prisonnier dans les camps allemands pendant la Première Guerre mondiale (il séjournait à Munster en mars 1915), Van Neste représentera les conditions de sa captivité, ainsi que des portraits de prisonnier dans quelques tableaux. Son œuvre peint privilégie cependant les paysages, les fleurs et les natures mortes, voire quelques scènes villageoises. Comme d’autres sculpteurs, il eut diverses commandes de monuments aux morts de la Grande Guerre dont principalement celui de Spa.


En 1935, lors de l’inauguration, un bas-relief en bronze a déjà été apposé à mi-hauteur, dans le prolongement de la végétation sculptée sur la face côté Amblève : lui aussi œuvre de Jean Van Neste, il représente Paul Demeuter. Par la suite, d’autres bas-reliefs viendront s’ajouter au « Mémorial aux glorieux pionniers du Sport Motocycliste belge » ; ainsi, dès 1937, y trouve-t-on celui de Robert Grégoire, réalisé par Robert Mermet.
Après la Seconde Guerre mondiale, avec le soutien de la Fédération motocycliste de Belgique, la RLMOA s’occupera de l’entretien, de la restauration et d’un nouvel aménagement du monument qui se transforme en un mémorial dédié à tous les motocyclistes décédés en course, tout en honorant les victimes des deux guerres mondiales. Autour du monument, un espace rond est circonscrit par la construction d’un mur en moellons ; à ses extrémités, le demi-cercle bâti supporte un casque de motard reposant sur des feuilles de lauriers, tandis que débordent du mur une demi-roue et la partie arrière d’une moto. À deux endroits dans la partie haute du muret en moellons, une pierre bleue a été gravée au nom de :


LA
FEDERATION MOTOCYCLISTE BELGE
A SES HEROS


DE
BELGISCHE MOTORIJDERS BOND
AAN ZIJN HELDEN


ainsi que la mention             1914–1918         1940–1945


À l’arrière du socle principal, la liste des noms de motocyclistes décédés au cours de compétitions belges est apposée ; le nom des délégués officiels décédés au cours de compétition apparaît aussi. Cette nouvelle inauguration se déroule le 8 juin 1958.


Daté de 1937, le bas-relief représentant Robert Grégoire est dû au ciseau du sculpteur français Robert Mermet (Paris 1896 – Cusset 1988). Avant la Grande Guerre, alors qu’il n’avait que 14 ans, il intègre l’École nationale supérieure des arts décoratifs, à Paris ; après l’Armistice, il se retrouve en Belgique où il va réaliser l’essentiel de sa carrière. Inscrit à l’Académie de Bruxelles à partir de 1921, il bénéficie des conseils de Montal, son professeur de dessin, et il fait ses armes dans l’atelier de Paul Du Bois. Lauréat du Grand concours triennal de sculpture de l’Académie de Bruxelles en 1923, héritier de Rodin et de Gimond, Mermet va signer de très nombreux bustes, pour des notables bruxellois fortunés, mais aussi un buste d’Einstein et un autre du docteur Schweitzer. Il est cependant peu présent dans l’espace public wallon ; son travail se rencontre néanmoins à Bioul (monument Vaxelaire), à Charleroi (le « révolté » sur un palais de l’industrie) et à Aywaille. Au moment de l’invasion allemande de mai 1940, il trouve refuge non loin de Vichy, à Cusset précisément où il installe définitivement son atelier. Là, outre un monument aux morts inauguré en 1953, le statuaire est régulièrement invité à réaliser le buste de maires ou d’écrivains (comme Émile Guillaumin), tout en formant de jeunes élèves (comme Georges Jeanclos). D’inspiration, il réalise aussi de nombreux nus, de petite taille, qui ne sont pas sans rappeler certaines œuvres de Paul Du Bois. D’ailleurs, si la présence de bas-reliefs de Mermet dans la cité aqualienne peut s’expliquer par la véritable passion qu’il nourrissait pour la moto, il est tout aussi vraisemblable qu’elle soit motivée par les liens qui unissaient le « jeune » sculpteur à son maître, Paul Du Bois, auquel il faut sans aucun doute attribuer le mémorial Grégoire.


Si l’on ne trouve nulle trace de signature de Paul Du Bois sur le monument (ni d’ailleurs dans les biographies qui sont consacrées à l’un et dans les brèves descriptions consacrées à l’autre), il suffit de quelques « arguments » pour se convaincre qu’il en est bien l’auteur. Au-delà de sa naissance à Aywaille et de sa proximité avec Mermet, Paul Du Bois vient d’achever un monument Lenoir à Arlon (1931) qui le lie au monde des moteurs automobiles. Dans le style du monument, on reconnaît la griffe de l’artiste wallon qui recourt volontiers à une allégorie féminine pour mettre davantage en évidence son sujet. C’est particulièrement évident dans le cas d’Aywaille. Sous réserve d’éléments contraires, il semble par conséquent que, dans une production déjà abondante, il faille ajouter le « Mémorial Grégoire » d’Aywaille à l’œuvre de celui qui fut formé à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles (1877-1884), qui fut l’élève de Louis François Lefèbvre, de Jean-Joseph Jaquet et d’Eugène Simonis, avant de profiter des conseils de Charles Van der Stappen.


Ouvert à l’avant-garde sans renier son attachement à la Renaissance, membre-fondateur du groupe bruxellois d’avant-garde le Cercle des XX, puis de la Libre Esthétique, Paul Du Bois excelle dans les portraits quand lui parviennent les premières commandes officielles de la ville de Bruxelles. Sans abandonner des œuvres de son inspiration qui sont remarquées et primées lors de Salons et d’Expositions à l’étranger, il réalise le monument Félix de Mérode (Bruxelles, 1898) qui symbolise le début de son succès. En 1900, il est nommé professeur à l’Académie de Mons (1900-1929) et, deux plus tard, il est chargé du cours de sculpture ornementale (1902-1905), puis de sculpture d’après l’antique (1905-1910) à l’Académie de Bruxelles où il reste en fonction jusqu’en 1929. En 1910, il succède à Charles Van der Stappen à l’École des Arts décoratifs. Vice-président du jury d’admission des œuvres pour le Salon des œuvres modernes de l’Exposition internationale de Charleroi (1911), Du Bois signe plusieurs monuments commémoratifs dans l’espace public de Wallonie et on lui doit aussi des bijoux, des médailles (dont celle de l’Exposition universelle de Liège en 1905). Né Paul Dubois, il avait très tôt changé la graphie son nom (en Paul Du Bois) afin d’éviter d’être confondu avec… son célèbre homonyme français.

 

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, dont Le Soir, 31 mai 1991
Théo MATHY, Dictionnaire des sports et des sportifs belges, Bruxelles, 1982, p. 111-112
http://en.wikipedia.org/wiki/List_of_Circuit_de_Spa-Francorchamps_fatal_accidents (s.v. décembre 2014)
René HENRY, Aywaille – Chronique illustrée du XXe siècle, Liège, Dricot/PAC Aywaille, s.d., p. 94-95, 104-107
http://racingmemo.free.fr/M%20HISTOIRE/M-HIST%201934.htm (s.v. avril 2015)
Les Mermet d’hier et d’aujourd’hui, bull. n°17, mars 2007, sur http://www.mermet.asso.fr/IMG/pdf_bulletin17.pdf (s.v. avril 2015)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 517
Paul Du Bois 1859-1938, édition du Musée Horta, Bruxelles, 1996
Anne MASSAUX, Entre tradition et modernité, l’exemple d’un sculpteur belge : Paul Du Bois (1859-1938), dans Revue des archéologues et historiens d’art de Louvain, Louvain-la-Neuve, 1992, t. XXV, p. 107-116
Anne MASSAUX, dans Nouvelle Biographie nationale, t. 4, p. 142-145
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 672

Avenue de la Libération 1
Promenade Jean d’Ardenne
4920 Aywaille

carte

Paul Delforge

Églises ouvertes

Église de l'Immaculée Conception de Sougné-Remouchamps

L’église de l’Immaculée Conception de Sougné-Remouchamps est un édifice mononef précédé d’une tour et terminée par un chœur à trois pans. L’église construite en 1739 sous le pastorat de l’abbé Houssonloge remplace un premier édifice érigé vers 1230. L’église est consacrée en 1744 et dédiée à l’Immaculée Conception. Elle est ensuite agrandie de deux travées et d’un chœur en 1888 par M. Hallet. 

La tour carrée, témoin de la première église du XIIIe siècle, est édifiée en calcaire et est chaînée aux angles. Elle est ouverte d’un portail cintré à crossettes plus récent (XVIIIe siècle). La tour est couronnée d’un clocher à quatre versants en ardoises percé de lucarnes.  La nef est caractérisée par un haut soubassement en calcaire, elle est harpée aux angles, tout comme le sont les montants des percements. Elle comporte six travées éclairées de baies à linteau bombé. 

Le chœur est composé d’une travée et s’achève par un chevet à trois pans. Il est couvert d’une voûte et est accolé d’une sacristie à l’est. L’église est couverte d’une toiture en bâtière en tuiles et à coyaux sur bandeau plat. Remarquons l’autel daté du XVIIIe siècle, la chaire de vérité ainsi que les stalles en chêne abritées dans le chœur.

Rue du Passeur d'Eau
4920 Aywaille (Sougné-Remouchamps)

carte

Classée comme monument le 15 janvier 1936 (tour du XIVe siècle)

Institut du Patrimoine wallon