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5570
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Ruines du château de Beauraing

Actuellement castel Sainte-Marie, le château de Beauraing trouve son origine au XVe siècle lorsqu’il constitue une seigneurie du comté de Namur. L’imposant ensemble est incendié par les révolutionnaires français en 1793 mais sera entièrement reconstruit entre 1855 et 1857. Un nouvel incendie en 1889 fait disparaître ces modifications. 

Aujourd’hui, les ruines ont été restaurées et aménagées et permettent de se rendre compte de l’état de l’édifice au Moyen Âge et à l’Époque moderne, mais témoignent également du sort funeste réservé à l’ensemble par les troupes françaises au moment de la première occupation de nos contrées après la bataille de Jemappes.

Castel Sainte-Marie
Rue Des Ardennes 57 
5570 Beauraing

carte

Frédéric MARCHESANI, 2014

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Cristalleries impériales de Vonêche

Les débuts de l’aventure verrière à Vonêche remontent à la fin de l’Ancien Régime, lorsque le promoteur Pierre-Nicolas Mathys engage le maître souffleur Gaspard Andrès pour installer une verrerie créée le 4 août 1778 en vertu d’un octroi accordé par l’impératrice Marie-Thérèse et dont la production commence le 10 décembre 1779. La mort prématurée d’Andrès et l’inexpérience de ses successeurs entraînent la fermeture de l’entreprise en 1793. 

Le 10 mars 1802, Aimé-Gabriel d’Artigues, riche industriel parisien, rachète la verrerie et la transforme en cristallerie. Il rénove et agrandit les installations et fait de Vonêche la plus importante cristallerie de tout l’Empire français ! La proximité de vastes fonds sableux et d’importantes forêts, ainsi que la participation importante d’Artigues dans les mines de plomb d’Aix-la-Chapelle contribuent à faire de Vonêche un centre de production possédant la mainmise sur les composants nécessaires à la fabrication du cristal. 

Les fastes de l’Empire et l’essor économique de la haute bourgeoise permettent aux cristalleries de disposer d’une importante clientèle désireuse de se procurer des objets de luxe. En 1810, entre 600 et 700 ouvriers y travaillent mais la chute de Napoléon entraîne une perte de débouchés et une diminution radicale du personnel (400 ouvriers en 1816). Intégrée au royaume des Pays-Bas, la cristallerie perd l’important débouché du marché français. Aimé-Gabriel d’Artigues rachète alors les cristalleries de Baccarat en Lorraine et y transfère ses activités. En 1826, le chimiste François Kemlin et l’ingénieur Auguste Lelièvre, collaborateurs d’Aimé-Gabriel d’Artigues, quittent l’entreprise pour aller fonder les cristalleries du Val-Saint-Lambert à Seraing. Les activités cessent définitivement à Vonêche en 1830. Le propriétaire reste le seul habitant du lieu et réside dans son très beau château 1, édifié au plus fort de sa gloire.

 

carte

Frédéric MARCHESANI, 2014

Guy Focant (SPW)

Château de Vonêche

Partie intégrante du site des cristalleries impériales de Vonêche, le château est une des plus belles réalisations construites sous l’Empire conservées sur le territoire wallon. Achevé en 1806, il est habité par le propriétaire des cristalleries jusqu’en 1844 avant d’être vendu au comte Félix Cornet de Ways-Ruart qui crée un parc et l’orangerie. 

De style Louis XVI, le château est érigé en brique enduite et calcaire sur deux niveaux de neuf travées. La façade principale est largement ouverte et dotée en son centre d’un portail mouluré en plein cintre. L’édifice est également caractérisé par son imposante toiture à la Mansart, ponctuée de trois niveaux de lucarnes dont celles du bas éclairent un étage mansardé. Au centre, un belvédère garni de balustrades en bois et surmonté d’une couverture bulbeuse coiffe le sommet de cette toiture.

Rue Le Parc
5570 Beauraing

carte

Frédéric MARCHESANI, 2014

SPW-Patrimoine

Vestiges de la porte de Lomprez

Le hameau de Revogne, aujourd’hui rattaché au village de Honnay, était au Moyen Âge un site d’importance. 

Simple alleu aux mains de propriétaires locaux, Revogne fut acquis par le prince-évêque de Liège Henri II de Leez en 1145 et rattaché au patrimoine de Saint-Lambert. L’ancien village disparu possédait une église et un château médiéval et portait autrefois le statut de ville, qui devint même le point d’appui et de défense d’une prévôté composée d’une vingtaine de villages. 

Celle-ci était fortifiée par un rempart dont le but était de protéger l’endroit face au duché de Luxembourg tout proche. 

Le prévôt administrait la forteresse et exerçait les pouvoirs civils au nom du prince-évêque ; un châtelain assurait la sécurité militaire. Revogne connut son apogée au début du XVe siècle avant d’être engagée dans la lutte contre le duc de Bourgogne et détruite en octobre 1466 par les troupes de Philippe le Bon. 

La forteresse fut alors démantelée, la ville délaissée par ses habitants et la prévôté mise en engagère pour devenir un simple domaine rural. 

De ces fortifications aujourd’hui disparues subsiste la porte de Lomprez. Cette tour-porche gothique en ruine, probablement du XIIIe siècle ou du XIVe siècle, fut toutefois restaurée en 1894 comme l’indique un chronogramme. Érigée en moellons de calcaire, la porte est caractérisée par une double arcade appareillée et soigneusement taillée.

Rue de Revogne
5570 Beauraing

carte

Frédéric MARCHESANI, 2013

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Plaque Maurice DES OMBIAUX

Plaque commémorative sur la maison natale de Maurice des Ombiaux, réalisée par Jules Van der Stock, à l’initiative du Cercle des XV et de l’administration communale de Beauraing, 16 avril 1933. 
 
Dès sa prime jeunesse, en raison d’un père employé de l’État qui l’affecte en différents endroits, Maurice Desombiaux (1868-1943) est un voyageur infatigable qui multiplie les rencontres et les amitiés. Né à Beauraing, il fait ses études à Charleroi où il rencontre le jeune Georges Destrée, le frère du futur ministre ; ensuite, c’est à Thuin qu’il achève ses humanités (1884). Sa curiosité a été attisée par ses changements de lieux et, alors qu’il s’engage sur la voie paternelle dans l’administration des Enregistrements et Domaines, il laisse son inspiration prendre la forme de contes, de drames, de romans, de nouvelles… S’inspirant des vieilles légendes locales qui lui ont été racontées dans sa prime jeunesse, il atteint aux sommets du roman naturaliste : Mihien d’Avène et surtout Le Maugré sont considérés par Lemonnier et Maeterlinck comme des chefs-d’œuvre. 

Auteur très fécond, critique d’art, défenseur des artistes wallons, fondateurs des Amitiés françaises, il se retrouve dans le Cabinet du « premier ministre » de Broqueville, en charge de la propagande durant la Grande Guerre. Installé à Paris en 1921, il se passionne pour la critique gastronomique. Tout en affirmant son identité wallonne, il s’impose dans les milieux français où ses nombreux guides et articles lui valent le titre de « Cardinal du Bien manger ». Disposant d’un impressionnant réseau de relations, celui qui obtient en 1936 que son pseudonyme (des Ombiaux) soit reconnu comme patronyme fait l’objet de nombreux hommages qui sont autant d’occasion de faire la fête. Dans le même temps, les localités où il a vécu revendiquent cet honneur et multiplient les manifestations. Et des Ombiaux accepte volontiers la plupart des invitations qui lui sont adressées. 

En 1932, à l’occasion des Fêtes de Wallonie, le Comité namurois des Fêtes décerne sa Gaillarde d’Or à celui qu’elle nomme « le Mistral de Wallonie ». Piquée au vif, Beauraing, sa ville natale décide alors d’apposer une plaque sur la façade de la petite maison familiale. La rue de la Montagne est rebaptisée dans le même temps au nom de l’écrivain. Néanmoins, dans la « compétition » entre Beauraing et Thuin, c’est cette dernière localité qui prend l’ascendant ; Thuin avait fêté des Ombiaux et donné son nom à une rue dès 1931 ; la cité lui érigera encore un monument en mai 1938. Beauraing n’entrera pas dans la surenchère, se contentant de la plaque commémorative qui indique :

EN CETTE DEMEURE
EST NÉ LE 16 MARS 1868
MAURICE des OMBIAUX
PRINCE DES LETTRES DE WALLONIE

L’initiative en revient au Cercle des XV et à l’administration communale de Beauraing, ainsi que le précise la plaque commémorative en bronze, ornée d’une branche de laurier et de la mention de la date de l’inauguration, en l’occurrence « Pâques 1933 ». Créé pour défendre et illustrer l’Entre-Sambre et Meuse, l¬¬e Cercle des XV, présidé par M. L’Ecuyer Lambotte, avait invité les amis de l’écrivain et organisé le cortège qui traversa le village, la partie des discours (not. Alex Pasquier, Jules Sottiaux et de Warzée) et le banquet qui suivit. La partie musicale fut assurée par Jules Cognioul, Orsini Dewerpe et Bernard Baudé. Le jubilaire acheva son discours de remerciement au cri de « Vive Beauraing », « Vive la Wallonie », « Vive le Coq wallon ». Dans la presse, on relevait qu’il était « juste que le culte filial que des Ombiaux a voué à la Wallonie et qui s’est traduit par tant de pages et de pages intensément vivantes et ferventes, ait connu la douceur de cette récompense, par un beau dimanche de printemps, à l’ombre d’une maison où il ouvrit les yeux à la lumière » (Delchevalerie).

Réalisée en bronze et fondue grâcieusement par la Fonderie Cognioul de Marcinelle, la plaque est l’œuvre de Jules Van der Stock (1897-1944). Natif de Bruges, ce sculpteur fait sa carrière dans le pays de Charleroi après la Grande Guerre. Comme bon nombre de ses collègues, il partage ses activités entre des bustes et des monuments aux victimes de guerre. Il signe notamment un buste du roi Albert qui fait partie des collections de l’hôtel de ville de Charleroi. D’autres représentations de la famille royale constituent des références de ce sculpteur installé à Marcinelle. Proche des autorités politiques de Charleroi, ainsi que du monde de l’industrie et des artistes, Van der Stock bénéficie de commandes de bustes émanant de plusieurs bourgmestres et mandataires politiques (Hiernaux, Pastur, etc.). En 1933, il réalise la plaque Des Ombiaux et, l’année suivante, son Monument aux morts de Nalinnes commémore un accident de la mine. Médailleur, Van der Stock fait preuve d’une précision exceptionnelle dans ses réalisations. Influencé par l’Art Nouveau, il a reçu le Prix des artistes au Salon international de Paris avec une œuvre intitulée Guetteur. En 1931, il signe une plaque art nouveau exceptionnelle, à l’occasion du 25e anniversaire de l’Université du Travail ; sa représentation des quatre premiers directeurs (Paul Pastur, 1902 ; Alfred Langlois, 1902-1929 ; Omer Buysse, 1903-1913 ; Jules Hiernaux, 1914-) est particulièrement réussie. Cofondateur du Cercle artistique et littéraire de Charleroi (1921), il enseigne la sculpture à l’Université du Travail. Résistant durant la Seconde Guerre mondiale, il ne lui survivra pas, partageant ainsi, mutatis mutandis, la fin de vie de Des Ombiaux. 

Adulé de son vivant et en temps de paix, Maurice des Ombiaux connaît une fin de vie difficile. Réfugié à Rambouillet au lendemain de l’attaque allemande de mai 1940, il fait encore paraître quelques ouvrages (Saint-Landelin - 1941, Barbeau-sur-Meuse - 1943, La reine des gilles de Binche - 1943), avant que la maladie l’emporte, à Paris, le 21 mars 1943. En application des dispositions testamentaires, sa dépouille sera transférée au cimetière de Thuin, 12 ans plus tard, le 7 mai 1955 et il faudra attendre 1993 pour qu’une plaque rappelle, sur le tombeau familial, le nom de l’écrivain. 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Paul DELFORGE, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 478-479
Jean-Marie HOREMANS, Biographie nationale, 1973-1974, t. 38, col. 640-651, en particulier col. 649
Jean-Marie HOREMANS, Maurice Des Ombiaux. Prince des conteurs wallons, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1968, coll. Figures de Wallonie
La Défense wallonne, n°5, 15 mai 1933, p. 6
René DEMEURE, Une vie en chansons. Jules Cognioul. Chantre de Wallonie. 1872-1954, Charleroi, [1963], p. 59 et 63
Charles DELCHEVALERIE, dans L’Action wallonne, n°6, 15 mai 1933, p. 4
 

Plaque Maurice des Ombiaux (Beauraing)

 

Rue des Ombiaux 7-9
5570 Beauraing

carte

Paul Delforge