Code postal
6000

IPW

Chapelle Notre-Dame de Grâce de Gosselies

Les armoiries des comtes de Sainte-Aldegonde entourées du collier de la Toison d’Or au-dessus de l’entrée de la chapelle Notre-Dame de Grâce à Gosselies © IPW

Si les localités de l’actuelle commune de Charleroi étaient, sous l’Ancien Régime, réparties entre le comté de Namur (Charleroi ou Gilly par exemple) et la principauté de Liège (Marcinelle, Couillet…), la localité de Gosselies était quant à elle une terre franche relevant du duché de Brabant. Au début du XIIe siècle, Gosselies se résumait à un château fort et une terre indivise relevant pour partie du Brabant et de Namur. Progressivement, à l’Époque moderne, elle opta pour la nationalité brabançonne ; son statut de terre franche fut reconnu par le duc de Brabant en 1597.

Située place des Martyrs, une haute tour constitue le seul vestige de l’ancien château médiéval de Gosselies. L’édifice fut construit de 1423 à 1534 par la famille de Bousies, seigneurs de Gosselies, dont les armes sont encore inscrites au-dessus de l’entrée.

La chapelle Notre-Dame de Grâce conserve un témoin de l’appartenance de la localité aux Pays-Bas espagnols. Ce petit oratoire en moellons de grès et pierre calcaire a été bâti dans la seconde moitié du XVIIe siècle et transformé en habitation au siècle suivant. Sur la façade, la porte principale est surmontée d’un arc en anse de panier portant les armes des comtes de Sainte-Aldegonde, entourées du collier de la Toison d’Or. Originaire de Saint-Omer, la famille Sainte-Aldegonde remonte au XIIe siècle et migre au XVe siècle vers la Flandre où ses membres s’impliquent dans la politique espagnole. Deux d’entre eux deviennent conseillers de Charles Quint. Le comte Maximilien de Sainte-Aldegonde, conseiller des archiducs Albert et Isabelle, reçoit en effet l’ordre de la Toison d’Or et est promu comte du Saint-Empire le 4 mai 1605.

Place des Martyrs

6040 Gosselies

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Frédéric MARCHESANI, 2013

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Plaque Orsini DEWERPE

Plaque commémorative Orsini Dewerpe, réalisée par F-G. Schmidt, 26 septembre 1954. 

Sur la façade de la maison où il vécut, une plaque commémorative a été apposée en septembre 1954 en l’honneur d’Orsini Dewerpe qui, dans le même temps, donne son nom à la rue. Les Dewerpe sont connus depuis plusieurs générations à Jumet pour leurs activités de souffleurs de verre. Pourtant, c’est la musique qui désormais fait leur notoriété. Le père d’Orsini Dewerpe, Pierre-Joseph, a déjà rompu avec la tradition familiale en vivant de la musique, comme violoniste et professeur de musique à l’École moyenne de Jumet. La mère est aussi chanteuse et pianiste. Trempé dans la musique dès son plus jeune âge, Orsini Dewerpe (1887-1943) se révèlera un excellent pianiste, mais c’est une chanson composée en l’honneur de Paul Pastur qui lui survivra : En Wallonie ! reste en effet, dans le pays de Charleroi, un air connu, du moins déjà entendu. Avec la chanson Amis Chantons la Wallonie, voire avec Femmes wallonnes, la chanson En Wallonie ! est l’œuvre la plus remarquable de celui qui a été le directeur de l’École moyenne de Jumet (aujourd’hui Athénée qui porte le nom de Dewerpe depuis 2002).

Né au lendemain des grèves qui mobilisent violemment le bassin industriel wallon, le jeune Dewerpe reçoit le prénom peu usité d’Orsini, en référence explicite au révolutionnaire et patriote italien Felice Orsini (1819-1858) : membre de Jeune Italie, adepte de Mazzini, ce républicain italien contribue à l’éphémère expérience de la « république romaine » de 1848-1849 et est l’un des auteurs de l’attentat perpétré en janvier 1858 contre l’empereur Napoléon III ; condamné à mort, Orsini est guillotiné en mars 1858.

En plus des conseils familiaux en matière musicale, le jeune Dewerpe suit les cours d’harmonie de Paulin Marchand à l’Académie de Charleroi. Pianiste virtuose sur des airs de Liszt et de Chopin, il ne fait cependant pas de la musique sa carrière. Diplômé de l’École normale de Nivelles (1906), où il a marqué une prédilection pour la littérature, il entame une carrière d’instituteur à Ransart, avant d’enseigner le français à Jumet, sa commune natale, et l’hygiène à l’École moyenne. Engagé à temps partiel à l’Université du Travail, il est nommé en 1925 à la direction de l’École industrielle de Jumet, puis de l’École moyenne (1933). Il n’a pas renoncé pour autant à la musique. Mariant écriture et interprétation, Orsini Dewerpe forme un duo apprécié avec l’industriel Jules Cognioul, de la commune voisine de Marcinelle. Ce dernier va chanter une série de textes écrits par Dewerpe qui l’accompagne aussi au piano. Leur association commence en 1916 ; Dewerpe n’hésite pas à dénoncer les atrocités de la guerre, les profiteurs et les occupants ; après l’Armistice, la thématique rencontre un succès certain. Par la suite, son amour pour la Wallonie et pour la France occupe une place importante dans son répertoire d’Entre-deux-Guerres, ce qui incite Dewerpe à ne pas s’attarder au pays de Charleroi en mai 1940. De retour au pays, il est en contact étroit avec le docteur Marcel Thiry (de Charleroi) et s’informe régulièrement de l’activité de la Wallonie libre clandestine, sans pouvoir s’y impliquer personnellement. Son exil a affecté sa santé et il décède en août 1943. 

Au moment où un hommage appuyé est rendu pour le 10e anniversaire de sa disparition, l’administration communale de Jumet annonce son intention d’apposer une plaque commémorative. Elle reçoit le soutien actif de la section de Jumet de Wallonie libre – avec Marcel Thiry, Marcel Gilson et Jean Deterville notamment – qui lance la souscription et choisit un artiste local, F-G. Schmidt, pour réaliser une plaque en bronze originale puisqu’elle inscrit le profil gauche d’Orsini Dewerpe entre l’emblème de Jumet et celui de la Wallonie, en mentionnant les dates 1887-1943 et l’inscription :

ICI A VECU ORSINI DEWERPE
CHANTRE DU PAYS WALLON
HOMMAGE DE WALLONIE LIBRE

L’inauguration a lieu le 26 septembre 1954 et s’est inscrite dans le cadre des Fêtes de Wallonie

Sources 

Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 500
Wallonie libre, décembre 1953, p. 3
Achille GOETHALS, Orsini Dewerpe, Jumet, éd. El Bourdon d'El Mojo des Wallons, 2002 - Chiroux
René DEMEURE, Jules Cognioul, chantre de Wallonie 1872-1952, Une vie en chansons, Charleroi, 1963 -IJD
Émile LEMPEREUR, dans Robert WANGERMÉE (dir.), Dictionnaire de la chanson en Wallonie et à Bruxelles, Liège, Mardaga, 1995, p. 136-137
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 
Wallonie libre, n° de 1954, dont celui d’octobre, p. 3

 

Plaque Orsini Dewerpe (Jumet)

Rue Orsini Dewerpe 12
6040 Jumet

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Plaque René DETHIER

Plaque en hommage à René Dethier, réalisé par Joseph Vanhamme, décembre 1911.

Sur le court pignon du 63 de l’avenue Meurée à Marcinelle, une plaque commémorative est dédiée

A RENÉ DETHIER
DIRECTEUR DE LA « JEUNE WALLONIE »
SES CONFRÈRES
SES VRAIS AMIS RECONNAISSANTS

Sur la plaque de pierre, un médaillon rond occupe la position centrale, entouré de la mention des dates 1889-1910 qui en disent long sur le chagrin des amis qui assistent, impuissants, à la disparition d’un jeune écrivain, directeur de revues à l’avenir prometteur.

Essayiste et critique littéraire, poète, René Dethier avait fondé en 1906 une revue d’art, La Jeune Wallonie dont il était le directeur. Cette revue succédait au Sillon, autre revue carolorégienne qu’avait fondée Arille Carlier. Le projet éditorial de René Dethier ambitionnait pour la Wallonie d’être la manifestation d’un renouveau littéraire analogue à celui de la Jeune Belgique pour la génération précédente. En quelques mois, le jeune Dethier a publié une dizaine d’essais critiques sur Arthur Daxhelet (1907), Maurice Desombiaux (1907), Fernand Severin (1908), Joseph Chot (1908) notamment et collaboré, avec Joseph Chot, à l’élaboration de la volumineuse Histoire des lettres françaises de Belgique depuis le Moyen Âge jusqu’à nos jours (1910). 

Dethier collabora aussi à plusieurs autres revues dont Wallonia, Le Florilège, Le Thyrse, ou La Revue funambulesque. On trouve encore sa signature dans L’Action wallonne (1907-1908), où il tient une chronique intitulée Les livres et les revues : il rend compte des publications susceptibles de « donner aux Wallons une meilleure conscience de leur origine, de leur force, de leurs droits ». Entre l’important Congrès wallon de 1905 et la relance d’une action wallonne résolue, tant à l’initiative de la Ligue wallonne de Liège présidée par Julien Delaite qu’à celle de Jules Destrée (Exposition de Charleroi en 1911 et l’Assemblée wallonne à partir de 1912), René Dethier occupe une place toute particulière dans le pays de Charleroi, en dépit de la brièveté de son action.

Fauché dans la force de l’âge, René Dethier est honoré par ses nombreux amis wallons. Sa mémoire reste vivante en raison de son importante production littéraire et elle est entretenue par la présence d’une plaque commémorative apposée, en décembre 1911, sur la maison de ses parents, à Marcinelle. L’autorisation en avait été donnée par les autorités carolorégiennes, en juillet, en même temps qu’était approuvée la demande de « Jeune Wallonie », soutenue par Jules Destrée, de rebaptiser la rue des Glacières en rue René Dethier. 

C’est le sculpteur Jos. Vanhamme (1878- peut-être 1941) qui signe le médaillon. Formé à l’Académie de Bruxelles où il eut Van der Stappen comme maître, Van Hamme est alors un tout jeune sculpteur puisqu’il avait quitté l’Académie en 1904 et avait concouru au Prix de Rome 1906. Portraits, figures, nus, dieux de la mythologie seront les principaux thèmes de cet artiste qui réalise tant des statues que des médailles. Il met son talent au service du soutien au moral des soldats en 1914-1915 (médailles) et il figure parmi les quelques sculpteurs bruxellois qui réalisent des monuments provisoires, à Bruxelles, à peine l’Armistice signé. Intitulé À nos blessés, son œuvre ne convainc pas davantage que le monument aux morts qu’il dresse à Couvin, peu après. 

Sources 

Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 492
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 638
Stéphanie CLAISSE, Du Soldat inconnu aux monuments commémoratifs belges de la Guerre 14-18, Bruxelles, ARB, 2013, p. 51, 54, 58, 244

 

Plaque René Dethier (Charleroi)

63 avenue Meurée – 6000 Charleroi

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Monument Jules DESTRÉE

Statue dédiée à Jules Destrée, réalisée par Alphonse Darville, 23 juin 1957

Située boulevard Audent, au cœur de Charleroi, une imposante statue rend hommage à Jules Destrée (1869-1936). Avocat, juriste, homme politique socialiste, préoccupé par la question sociale, orateur brillant, militant wallon, esthète, écrivain, critique d’art, Jules Destrée a été élu député le 14 octobre 1894 dans l’arrondissement de Charleroi : il figure ainsi parmi les tout premiers parlementaires du jeune Parti ouvrier belge. Rapidement, il s’impose comme l’un des leaders de ce parti, présent sur le plan national, régional et local. En 1910-1911, il prend une part active au succès de l’Exposition internationale organisée à Charleroi. Durant la Grande Guerre, il représente la Belgique en Italie et en Russie. 

Devenu Ministre des Sciences et des Arts en 1919, et l’un des tout premiers ministres socialistes wallons, il crée notamment l’Académie de Langue et de Littérature française et établit la loi sur les Bibliothèques publiques. En 1922, il devient le délégué de la Belgique à la Commission internationale de Coopération intellectuelle de la SDN, mandat qu’il exerce jusqu’au début des années trente... Son engagement wallon se manifeste à de multiples reprises dont les plus marquantes sont la Lettre au roi sur la séparation de la Wallonie et de la Flandre(août 1912), la création de l’Assemblée wallonne dont il reste le secrétaire général d’octobre 1912 à décembre 1919, et sa contribution au Compromis des Socialistes belges en 1929. Ami des arts et des artistes, responsable de la Société des Amis de l’Art wallon, Jules Destrée a été pris comme modèle par plusieurs peintres, médailleurs ou sculpteurs, d’initiative ou sur commande.

Monument Jules Destrée

La monumentale statue du boulevard Audent est l’œuvre d’Alphonse Darville (1910-1990). Né à Mont-sur-Marchienne en 1910, il étudie à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, reçoit le Prix Godecharle 1931 et le Premier Grand Prix de Rome 1935. Co-fondateur de L’Art vivant au pays de Charleroi (1933), attaché à la promotion de la création artistique en Wallonie, il participe aux travaux clandestins de la section culturelle du Conseil économique wallon de Charleroi et figure parmi les fondateurs de la section de Charleroi de l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie (1945). Co-fondateur de l’Académie des Beaux-Arts de Charleroi, il la dirige de 1946 à 1972. Réali

sant des œuvres d’inspiration, Darville réalise également des commandes comme sa participation à la décoration du Pont des Arches, à Liège, après la guerre, aux bâtiments du gouvernement provincial à Mons, voire à l’hôtel de ville ou au Palais des Expositions à Charleroi. 

Quand René Thône – député provincial du Hainaut – lance l’idée d’élever un monument en l’honneur de Jules Destrée, relayé par les autorités de la ville de Charleroi, tous se tournent naturellement vers Alphonse Darville pour la réalisation. Sur un socle de pierre bleue où est gravé l’hommage « À Jules Destrée », s’élève une haute statue d’un Destrée debout, la main droite en poche, la main gauche ouverte légèrement en avant, tendue dans un dialogue auquel invitent les traits de son visage. Ce sont toutes les facettes de l’activité de Destrée que les autorités carolorégiennes et hennuyères ont souhaité mettre en évidence. Il s’agit du second monument dédié à Destrée inscrit dans l’espace public wallon, après le buste de Bonnetain installé, en 1936, à Marcinelle.

L’inauguration du boulevard Audent qui s’est déroulée le 23 juin 1957 a été solennelle. Les plus hautes autorités du pays ont fait le déplacement à Charleroi. Les plus hautes autorités du pays ont fait le déplacement à Charleroi. Chacun a pu admirer l’œuvre de Darville, même si plus tard, Jean Place – alias Pierre-Jean Schaeffer – se permettra cette critique : 
« Sauf le respect que j'ai pour Alphonse Darville, c'est un Destrée salonnard, qui pérore... Face au Palais du Peuple, il aurait fallu plutôt un tribun haranguant la foule... ».Lieu de rassemblement pour le Mouvement wallon, et étape indispensable lors des Fêtes de Wallonie, la statue de Jules Destrée fait l’objet d’un réaménagement au cours de l’année 2013 ; la végétation d’où le tribun semblait parfois sortir a été éliminée au profit d’une mise en évidence totale, au centre d’un lieu de grand passage urbain. 

 

Geneviève ROUSSEAUX, Alphonse Darville sculpteur, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1982, coll. « Figures de Wallonie »
Alphonse Darville : 60 [soixante] années de sculpture, catalogue d’exposition, 20 novembre 1982 - 16 janvier 1983, Jean-Pol DEMACQ [préface],  Charleroi, Musée des Beaux-Arts, 1982
Alphonse Darville 1977, Charleroi, Impaco, 1977
Philippe DESTATTE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 483-490
Paul DELFORGE, Essai d’inventaire des lieux de mémoire liés au Mouvement wallon (1940-1997), dans Entre toponymie et utopie. Les lieux de la mémoire wallonne, (actes du colloque), sous la direction de Luc COURTOIS et Jean PIROTTE, Louvain-la-Neuve, Fondation Humblet, 1999, p. 285-300
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 290

Boulevard Audent 
6000 Charleroi

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Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Plaque Ferdinand DAVAUX

Plaque commémorative sur la maison natale de Ferdinand Davaux, réalisé par Robert Davaux, 29 septembre 1957.
 

Dans le cœur de la ville de Charleroi, au milieu des importantes transformations immobilières, la rue du Collège semble éviter d’être emportée dans le tourbillon des démolitions. Du moins retrouve-t-on encore au début de la rue, au n°5, une plaque rappelant que la maison est celle où était né, en 1878, Ferdinand Davaux (Charleroi 1878 – Marcinelle 1918), particulièrement apprécié au pays de Charleroi comme chansonnier wallon.

Artiste, chansonnier, cabaretier, Davaux avait été l’un des premiers collaborateurs du Tonia (1895-1906), écrivant de nombreuses chansons, ainsi que des poésies où la mort précoce est un thème qui revient régulièrement. Se montrant discret pendant quelques années, il retrouve l’inspiration et compose des chansons qui rencontrent un réel succès au moment de l’Exposition internationale de 1911. Cette fois, de sa fréquentation avec le journaliste Gustave Hourdez, avec l’avocat, dialectologue et militant wallon Arille Carlier, avec le conservateur du Musée archéologique Léon Foulon, voire avec Muldermans et Robert Davaux son cousin, Ferdinand Davaux retire un substrat qui enracine ses compositions dans le terreau carolorégien, en leur donnant un ton tantôt sentimental, railleur ou bachique. 

Il écrit paroles et musique et publie deux recueils en 1913. La finesse de son style et de son écriture est unanimement reconnue et appréciée. Quelques-unes de ses compositions entreront dans le répertoire traditionnel des chansons en wallon de Charleroi. Mais l’artiste n’échappe pas à la mobilisation de l’Armée belge en 1914. Ayant réussi à traverser la Grande Guerre, il n’est pas épargné par la grippe espagnole qui l’emporte en décembre 1918.

La plaque d’hommage a été apposée le 29 septembre 1957 dans le cadre des Fêtes de Wallonie :


FERDINAND DAVAUX
CHANSONNIER WALLON
NAQUIT DANS CETTE
MAISON
LE 18 MARS 1878


La plaque est due à Robert Jean Davaux (Seneffe 1887-Charleroi c. 1965). Tout à la fois peintre, aquarelliste, dessinateur, sculpteur et graveur, Robert Davaux figurait parmi les candidats malheureux aux Prix de Rome de peinture en 1913 et de gravure et de sculpture en 1920 ; cela ne l’a pas empêché de poursuivre une carrière artistique dans les trois disciplines. Installé à Bruxelles où il a établi son atelier et où il travaille avec sa sœur Alphonsine, il est l’auteur de plusieurs centaines de toiles (beaucoup de paysages et de portraits), de dessins à l’encre de chine et de gravures ; il s’est distingué par une production abondante de lustre en fer forgé et de vitraux. Cousin de Ferdinand Davaux, il avait déjà « silhouetté » le chansonnier sur la couverture de certains recueils de musique ; en 1957, il grave une plaque commémorative en l’honneur de Ferdinand, l’année même où un Géant est créé en mémoire du chansonnier wallon de Charleroi. Les deux premiers géants de Charleroi (D’jean et D’jène) étaient nés lors des Fêtes de Wallonie 1934. Deux autres les avaient rejoints en 1956 (El Champête et El Facteur), avant que quatre autres n’apparaissent en 1957 : outre Davau, il y avait Lahousee, Maka et El Mayeur.

 

Sources


Émile LEMPEREUR, Charleroi, ce désert culturel ?, Charleroi, Centre culturel, 2000, p. 39, 80, 83, 133
Émile LEMPEREUR, dans WANGERMÉE (dir.), Dictionnaire de la chanson en Wallonie et à Bruxelles, Liège, Mardaga, 1995, p. 119-120
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 292

 

Plaque Ferdinand Davaux (Charleroi)

 

Rue du Collège 5

6000 Charleroi

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Paul Delforge

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Marc Feulien : l'arc

L’intégration de Marc Feulien à la maison du bailli est une œuvre très simple, dépouillée, abstraite mais riche de portée symbolique. 

Disposant d’un grand mur blanc et aveugle, traversé et coupé visuellement par une passerelle reliant les premiers niveaux des édifices anciens et modernes, Marc Feulien a travaillé sur le rituel du passage, préoccupation dans son travail depuis les années nonante. Non loin, à l’Eden, Centre Culturel régional, le plasticien avait exploité cette thématique pour une intégration commandée lors de travaux de rénovation de la salle de spectacle. Il s’agissait là de la traversée de systèmes cubiques. 

Ici, Marc Feulien insère, dans l’épaisseur du mur, un encadrement carré rouge. L’idée de passage a lieu dans l’image formée sur le mur, comme si le spectateur pénétrait dans le paysage abstrait mais aussi plus concrètement d’un lieu vers un autre. Le quart supérieur gauche du quadrangle est détaché du mur, perpendiculairement, afin d’obtenir une section en « L » renversé, surplombant la passerelle. Visuellement, lorsque l’on entre dans l’espace d’accueil, l’œil reconstitue le carré initial, il discerne aussi l’orientation vers l’ancien édifice que suggère la partie en décrochage.

Le travail sur le bois laqué étonnera les amateurs de l’œuvre de Marc Feulien. Céramiste de formation, celui-ci a constamment exploité les effets de matière et de texture. Dans ses céramiques, ses pierres taillées et ses fontes, il s’est largement inspiré des tonalités et des matériaux qu’il trouvait dans les paysages industriels de sa région natale. Ici, le choix du rouge laqué s’est opéré par contraste. Le rouge primaire, choisi également pour le mobilier métallique, marque la scission entre le passé et le présent, il parvient à la même perfection en terme de traitement industriel que les autres matériaux utilisés dans l‘architecture (acier inoxydable, pierre polie…). Cependant, dans l’esprit de Marc Feulien, l’analogie entre la terre et le carré reste évidente. Le carré est le symbole du lieu idéal, sa propre synthèse spatiale du paysage.

 

Le site : l’ancienne maison du Bailli à Charleroi - "espace Wallonie"

 

Comme la plupart des cités industrielles de Wallonie, Charleroi compte parmi ces villes dont les centres historiques ont connu de profonds bouleversements au XIXe siècle. De la forteresse du XVIIe siècle, démantelée en 1868, il ne subsiste que peu de vestiges, sinon un tracé significatif des rues de la Ville Haute. Parmi ces témoins du passé, il subsiste la maison du bailli, érigée en 1780 et située aujourd’hui au n°3 de la rue Turenne.

Sa façade, tournée vers l’un des côtés de l’hôtel de ville art déco (1936), est typique du style Louis XVI. L’intérieur comme l’extérieur ont fait l’objet de travaux de restauration importants en 2000.

À l’arrière de l’édifice, après avoir procédé à la démolition de plusieurs immeubles, une communication a été établie sur une place publique et un passage pédestre vers la plus importante artère commerciale de la Ville. Une extension contemporaine à la maison du Bailli a été construite d’après les plans de l’architecte Jean-Michel Autenne. 
 

Un intéressant contraste entre les façades a été ainsi créé. On retrouve d’un côté, l’édifice avec deux niveaux, son entrée axiale sous une allège millésimée 1780, un parement de briques enduites sur un soubassement en pierre calcaire ; de l’autre, une façade résolument contemporaine de verre et d’acier inoxydable. Entre ces deux univers, l’espace intérieur de la nouvelle construction profite d’une cour intérieure pour gérer le passage de l’ancien édifice vers le nouveau. 

C’est donc autour de ce vide central qu’est organisé, tout en transparence, le nouveau hall de l'Espace Wallonie de Charleroi et de l’Agence wallonne à l’exportation (Awex). C’est là, au cœur de l’espace public que se situe, sur un mur de briques enduites de 5 x 9 m, l’intervention de Marc Feulien.

Rue de France 3 
6000 Charleroi

L'espace Wallonie vous accueille du lundi au vendredi de 8 h 30 à 17 h 00
Contact : 071 20 60 80

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L'îlot de l’Écluse à Charleroi, aménagé par Naos Atelier

Le hall d’accueil de cette antenne des services régionaux à Charleroi a été entièrement aménagé par le bureau de design liégeois Naos Atelier. L’un de ses fondateurs, Pierre Jeghers, a cherché une dimension poétique plus forte à cet espace de 50 m² destiné à accueillir les visiteurs. Parce que l’intégration artistique prenait place dans un imposant édifice dont l’architecture ne rappelait pas particulièrement la personnalité de la ville, le hall voulait d’emblée la relater plus intimement.

Naos Atelier s’est, d’une part, chargé de réaliser le mobilier, comme il l’aurait fait pour tout autre espace d’accueil, mais en donnant, d’autre part, une dimension narrative très marquée par la présentation de cliché photographiques.

L’idée maîtresse de cette intégration est de contrarier la fonction de cet espace, initialement conçu comme un lieu de passage, par la présentation d’un album photo, un livre ouvert sur le passé, rempli d’images de gens qui ont façonné l’histoire de la cité. Naos Atelier a réalisé ce choix d’images qui interpellent, au sein des collections du musée de la Photographie de Charleroi. Monde ouvrier dans sa dimension naturaliste et poétique, exil des travailleurs italiens en Wallonie, paysages industriels nocturnes… tels sont quelques-uns des sujets des photographies de Roger Anthoine, Herman Chermanne ou Jean-Louis Sieff, visibles dans le hall. Loin des images clichées du Pays noir, à l’encontre d’une vision misérabiliste, c’est le caractère humain et généreux de la ville qui est constamment exploré. En provoquant une trace émotionnelle qui incite à marquer un temps d’arrêt, l’espace devient autonome, hors du temps, déconnecté des réalités contemporaines. Les photographies sont placées sur trois bornes faisant songer à des colonnes Morris ou sur les murs vierges. Les images sont imprimées sur des films transparents couleurs sépia façon diapositives, ou sur des supports papiers traditionnels. Des phrases de l’historien Carl Havelange prolongent le contenu visuel.

Quant au mobilier, entièrement en bois (merbau), chaleureux et sobre, il trouve la meilleure adéquation entre l’esthétique inhérente aux matériaux traditionnels et les technologies nouvelles qui les mettent en œuvre. Cet équilibre est l’un des leitmotive du travail de Naos Design.

Le complexe administratif de l’îlot de l’Écluse regroupe divers services régionaux*. Ce quartier au bord de la Sambre, situé entre les rues de l’Écluse, de Marcinelle et le quai de Brabant, a connu de profondes transformations au cours des années 1990. On est bien loin de l’époque où un pont et une écluse donnaient des accents pittoresques au lieu. Dès les années 1930 déjà, le cours initial de la Sambre fut modifié pour céder sa place à l’un des principaux boulevards de la Ville basse : le boulevard Joseph Tirou. Aujourd’hui, c’est le pont de la Résistance qui sépare ce quartier du centre de la commune de Marcinelle. 

Paysage urbain éclectique, prédominé par l’industrie lourde, une gare tentaculaire, un périphérique en viaduc, un quai de Sambre avec ses bâtisses patriciennes Art déco et ses immeubles à appartement modernistes, une statuaire de Constantin Meunier (1903), etc., les abords de l’îlot de l’écluse constituent l’un des lieux les plus contrastés de Wallonie.

Réalisation des Sociétés interprofessionnelles d’architectes Dooms en collaboration avec le bureau Nokerman, le complexe immobilier de l’îlot de l’Écluse s’étend sur 14.000 m². Sa sobriété est celle qui caractérise différents édifices érigés par le Service public de Wallonie, à Jambes notamment.

Rue de l'Écluse 22  
6000 Charleroi

(*) Le site de l’îlot de l’Écluse à Charleroi regroupe les services extérieurs du SPW Mobilité et Infrastructures, du SPW Agriculture, Ressources naturelles et Environnement et du SPW Aménagement du Territoire, Logement, Patrimoine et Énergie.

Conditions d'accès : hall d'entrée accessible aux heures de bureau

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Jardin Dominique Bonsang

Concevoir un jardin destiné à accueillir des sculptures des artistes "différenciés" du Créahm et situé entre des bâtiments à l'architecture contemporaine classique était une tâche difficile ! Autant essayer de concilier, l'informel et le formel, l'irrationnel et le rationnel. Ce pari, l'architecte paysagiste, Dominique Bonsang, l'a pourtant relevé, lors de la conception du jardin de plantations de l'Agence wallonne pour l’intégration des personnes handicapées (AWIPH), où prennent place les êtres imaginaires du fabuleux "zoo" inventé par les artistes du Créahm.

Un réseau d'allées rectilignes découpe l'espace de manière à faciliter les déplacements. Mais l'itinéraire amène invariablement les passants à circuler autour d'une fontaine centrale en forme de pyramide. Celle-ci concrétise symboliquement le glissement imperceptible de l'organisation rationnelle du jardin vers le monde irrationnel des sculptures. Les oeuvres sont entourées d'écrins de verdure qui forment des enclos, à la géographie informelle, qui assurent une transition entre l'esprit des sculptures et celui de l'architecture du bâtiment. La traversée du parc se mue alors en une promenade surprenante à travers un monde fantastique.

Le site : le site Saint Charles à Charleroi - Agence wallonne pour l'intégration des personnes handicapées (AWIPH)

Depuis 1994, la Région wallonne est compétente pour certaines matières relatives à la politique en faveur des personnes handicapées. C'est pourquoi, par un décret de son conseil régional, daté du 6 avril 1995, elle a créé l'Agence wallonne pour l'intégration des personnes handicapées (AWIPH). Dans la foulée, le Gouvernement wallon a également décidé d'ériger le siège de cette nouvelle institution sur le site Saint-Charles, à Charleroi. 

Le ministre régional wallon de l'Action sociale, Willy Taminiaux, a alors suggéré d'insérer des oeuvres d'artistes handicapés mentaux, sur ce nouveau site. Il a confié au centre liégeois d'accompagnement aux handicapés mentaux adultes, Créahm (Création - Handicap mental), le soin de coordonner ce projet qui doit, toujours selon la volonté d'ouverture du ministre, impliquer d'autres institutions de ce type, établies en Wallonie.

La Commission des arts de la Région wallonne a alors été chargée d'assurer la bonne implantation de ce parc de sculptures et d'organiser un concours, afin de choisir un projet d'architecture paysagère pour conformer le jardin à ces nouveaux occupants ! C'est à l'architecte paysagiste Dominique Bonsang (bureau Verazur) qu'a été confiée cette délicate mission.

Rue de la Rivelaine 21
6061 Charleroi

Conditions d'accès : zone de jardin accessible sans restriction

IPW

Ancien prieuré Saint-Michel de Roux

Fondé au début du XIIe siècle par Pétronille de Roucy, épouse du seigneur de Gosselies Raoul de Viesville, le prieuré bénédictin de Sart-lez-Moines relevait autrefois de l’abbaye de Liessies (Nord-Pas-de-Calais, à la frontière belge, non loin de Beaumont et Sivry-Rance). 

Une vaste campagne de reconstruction, menée à partir de 1730 par le prieur Dom Maur Levache et par l’abbé Dom Agapit Dambrinne, confère à l’ensemble son allure actuelle. Transformés en exploitation agricole et en tannerie dès 1804, les bâtiments sont réinvestis en 1903 par des pères assomptionnistes français. 

Abandonné en 1955 et perturbé par les travaux d’aménagement du canal Charleroi-Bruxelles, le prieuré est, depuis 1990, l’objet d’une importante restauration. L’ensemble, érigé en briques et calcaire, se compose de différents bâtiments cernant une petite cour. L’aile située au nord est occupée par la chapelle, datée par chronogramme de 1732 ; composée d’une seule nef, elle est ornée d’une façade baroque.

Rue du Canal
6044 Roux

carte

Classé comme monument le 25 juin 1986

Institut du Patrimoine wallon

IPW

Église Notre-Dame de l'Assomption à Roux

L’église paroissiale de la Sainte Vierge ou église Notre-Dame de l’Assomption a été construite en 1775 à l’initiative des moines de l’abbaye de Lobbes pour remplacer une chapelle dédiée à saint Antoine. Après l’édification de la tour et du clocher en 1785, le sanctuaire est ouvert au culte en 1786. De premiers travaux d’agrandissement et de réparation ont lieu en 1855. Une importante restauration est à nouveau entreprise en 1979.

De style classique, elle a été érigée avec les matériaux traditionnels de nos régions : brique et calcaire. Le mobilier exceptionnel qu’elle renferme a joué en faveur de son classement. Le maître-autel est un chef-d’œuvre de l’art baroque. De style Louis XV, il date de 1730 et provient de l’abbaye de Liessies (nord de la France). Transféré en 1791 au prieuré Saint-Michel de Sart-lez-Moines, situé lui aussi à Roux (rue du Canal), il a été acquis par la paroisse de Notre-Dame en 1853. Taillé dans le chêne, il est notamment orné d’un contre-retable, d’un tabernacle néogothique. L’église conserve également un orgue moderne, réalisé par le facteur d’orgue Émile Marchand de Malonne et inauguré le 29 septembre 2000.

Rue des Alliés
6044 Roux

carte

Classement comme monument le 23 septembre 1987

Institut du Patrimoine wallon