Code postal
4317

 © Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Plaque Hubert KRAINS

Plaque commémorative sur la maison natale d’Hubert Krains, réalisée à l’initiative de l’Association des Écrivains belges, 10 mai 1936.

En 1926, les autorités locales des Waleffes, ses habitants, ainsi que les amis de l’écrivain Hubert Krains s’étaient fortement mobilisés pour rendre hommage à l’auteur du Pain noir. Un bas-relief réalisé par Jules Brouns fut inauguré en présence du jubilaire qui reçut, à cette occasion, une véritable ovation. Dix ans plus tard, l’événement est encore dans toutes les mémoires, mais Hubert Krains n’est plus. Le 10 mai 1934, il a connu une fin tragique en étant happé sous les roues d’un train qui entrait en gare de Bruxelles. Afin de témoigner que son souvenir reste vivace, l’Association des Écrivains belges dont il était le président décide d’apposer sur le mur « aveugle » de sa maison natale une plaque commémorative en pierre bleue où sont gravés les mots suivants :

Plaque Hubert Krains (Les Waleffes)

DANS CETTE MAISON EST NÉ
HUBERT KRAINS
ROMANCIER DE LA HESBAYE
30 NOVEMBRE 1862 - 10 MAI 1934


 

 

 

 

 

Pour la circonstance, le mur de la maison a été chaulé et un portrait d’Hubert Krains y a été accroché. Comme en 1926, les autorités locales se chargent d’accueillir les délégations de l’Académie de Belgique et de l’Association des Écrivains belges. Un peu plus d’un mois plus tard, la même AEB inaugurera un buste de Krains au parc Josaphat, à Schaerbeek. Auguste Vierset et Alix Pasquier prennent la parole aux Waleffes, au nom de l’AEB, tandis qu’Hubert Stiernet s’exprime au nom de l’Académie et Poussart au nom du comité organisateur.
 

L’écrivain Hubert Krains (1862-1934) a déjà publié quelques contes et nouvelles quand il achève Pain noir, en 1904, l’œuvre qui fera sa réputation : écrit en Suisse où ce fonctionnaire à l’administration des postes occupe le secrétariat de l’Union postale universelle (1895-1911), ce roman qui évoque la question sociale et le machinisme est un hymne à sa terre natale hesbignonne. Devenu directeur général des Postes de Belgique (1925-1928), Hubert Krains devra attendre l’après Première Guerre mondiale pour obtenir une reconnaissance officielle comme écrivain et conteur. Son roman Mes Amis reçoit le prix quinquennal de littérature (1921). Depuis 1920, il est aussi l’un des tout premiers membres de l’Académie de Langue et de Littérature françaises (1920-1934), institution fondée à l’initiative du ministre Jules Destrée.

 

Sources

Le Thyrse, 1er mai 1936, n°5, p. 176 ; 1er juin  1936, n°6, p. 200-202 ; 1er juillet-1er août 1936, n°7-8, p. 225
Charles DELCHEVALERIE, dans L’Action wallonne, 15 mai 1936, p. 3
Paul ARON, dans Nouvelle Biographie nationale, t. VI, p. 257-259
Grands hommes de Hesbaye, Remicourt, éd. du Musée de la Hesbaye, 1997, p. 41-44
Olympe GILBART, Hubert Krains, écrivain classique dans La Vie wallonne, t. XIV. 1933-1934, p. 330-331
Charles BERNARD, Discours de réception à l’Académie ravale de langue et de littérature françaises, Bruxelles, 1935
Arsène SOREIL, Hubert Krains dans Histoire illustrée des lettres françaises de Belgique, p. 495-499
Jules DECHAMPS, Hubert Krains, Bruxelles, s.d., ‘Collection anthologique belge’
Paul DELFORGE, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 898-899

Rue du Bec 3
4317 Les Waleffes

carte

Paul Delforge

© Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Bas-relief Hubert KRAINS

Bas-relief « Pain noir » Hubert Krains, Réalisé par Jules Brouns, 18 juillet 1926.


L’écrivain Hubert Krains (1862-1934) a déjà publié quelques contes et nouvelles quand il achève Pain noir, en 1904, l’œuvre qui fera sa réputation : écrit en Suisse où ce fonctionnaire à l’administration des postes occupe le secrétariat de l’Union postale universelle (1895-1911), ce roman qui évoque la question sociale et le machinisme est un hymne à sa terre natale hesbignonne. Devenu directeur général des Postes de Belgique (1925-1928), Hubert Krains devra attendre l’après Première Guerre mondiale pour obtenir une reconnaissance officielle comme écrivain et conteur. Son roman Mes Amis reçoit le prix quinquennal de littérature (1921). Depuis 1920, il est aussi l’un des tout premiers membres de l’Académie de Langue et de Littérature françaises (1920-1934), institution fondée à l’initiative du ministre Jules Destrée.


L’inauguration d’une plaque commémorative « Hubert Krains », à Waleffes, en juillet 1926, va donner lieu à d’importantes réjouissances. Venant de Bruxelles et de Liège, des délégations officielles se joignent aux Hesbignons qui veulent rendre un vibrant hommage à l’écrivain du pays : on évoque l’âge de l’écrivain (près de 65 ans) comme prétexte à la manifestation. En fait, il n’y a aucun prétexte objectif aux démonstrations d’amitié réciproque qui se déroulent alors : les gens de Hesbaye ne veulent pour rien au monde manquer l’occasion d’exprimer leurs sentiments à l’endroit de celui qui a si bien réussi à parler d’eux-mêmes. Après une matinée relativement protocolaire, le reste de la journée du 18 juillet 1926 prend un caractère résolument populaire, même si d’autres discours sont prononcés, annonçant notamment le promotion de Hubert Krains au grade de chevalier de la Légion d’honneur. Accompagné par les musiques interprétées par les fanfares locales, le jubilaire parcourt les rues de son village à la tête d’un imposant cortège où se mêlent agriculteurs, académiciens, hommes politiques locaux, parlementaires, représentants ministériels, hauts responsables de la Poste, écrivains, représentants de la Section liégeoise des Amis de l’Art wallon, membres de l’Association des Écrivains belges (que Krains préside depuis 1919), et bien d’autres. Ils sont nombreux ceux qui ont fait le déplacement pour saluer l’auteur de Mes Amis. Une séance littéraire et dramatique clôture la manifestation, l’occasion pour Charles Delchevalerie d’analyser l’œuvre de l’écrivain et aux organisateurs de remettre le Livre d’or des souscripteurs. Un drame lyrique en 3 actes est interprété, adaptation scénique du célèbre Pain noir. Et même si Hubert Krains n’est pas l’auteur de ce seul roman, le succès de Pain noir est tel que même le bas-relief en bronze réalisé par Jules Brouns y fait référence.


Présidé par M. Fossoul aidé de Wood de Trixhe et surtout de Céleste Bada, un Comité d’organisation s’était entouré d’un Comité d’honneur, d’un Comité de patronage et de Comités régionaux, pour réussir « la Manifestation Hubert Krains aux Waleffes » et la rendre plus mémorable encore par la réalisation d’un « monument ». La souscription fut l’occasion pour plusieurs centaines de personnes d’exprimer leur admiration à Hubert Krains. Remis officiellement au bourgmestre des Waleffes, le mémorial représente une jeune femme assise offrant à deux enfants un livre ouvert où s’inscrit ostensiblement le titre Pain noir. Le nom de l’écrivain est gravé dans la partie inférieure du bas-relief scellé dans le mur du cimetière, devant l’église du village. « Visant à la finesse et à l’élégance, [la plaque] est, à ce point de vue, une œuvre bien wallonne, où la distinction s’unit à une grâce sensible » (cité par S. Alexandre).
Auteur du bas-relief officiellement intitulé « L’adolescence hesbignonne offrant le Pain noir à l’Immortalité qui trône dans son sanctuaire de laurier et de chêne », Jules Brouns (Ivoz-Ramet 1885 - Herstal 1971) est un sculpteur surtout actif en région liégeoise. Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Liège où Joseph Rulot est l’un de ses professeurs, récompensé par plusieurs prix, le jeune Brouns est d’abord tailleur de pierre dans l’entreprise paternelle, avant de devenir professeur de modelage et de dessin à l’École technique de Huy, ensuite à Seraing. Après la Grande Guerre, il reprend l’atelier de Rulot dont il est le légataire universel. Poursuivant tous les projets entamés par son prédécesseur, il s’attache à défendre la mémoire de son maître. Brouns ne parviendra cependant pas à achever le monument Defrecheux, dit aussi de l’âme wallonne. Comme ses collègues, il reçoit plusieurs commandes pour des monuments aux victimes de la guerre, essentiellement dans la région liégeoise, dans des cimetières comme sur la place publique. Souvent avec une allégorie féminine, debout regardant vers le ciel et de grande dimension, les monuments commémoratifs constituent l’essentiel de l’œuvre de celui qui est aussi un excellent portraitiste. Intervenant sur plusieurs édifices publics (école technique de Seraing, orphelinat du Vertbois, Lycée de Waha), il signe aussi, en 1952, la statue du mémorial Walthère Dewé.

 

Sources

La Vie wallonne, septembre 1926, LXXIII, p. 12-16
La Vie wallonne, novembre 1926, LXXV, p. 172-174 
La Vie wallonne, 1994, n°425-428, p. 209-201
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 157
Paul DELFORGE, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 898-899
Paul ARON, dans Nouvelle Biographie nationale, t. VI, p. 257-259
Grands hommes de Hesbaye, Remicourt, éd. du Musée de la Hesbaye, 1997, p. 41-44
Olympe GILBART, Hubert Krains, écrivain classique dans La Vie wallonne, t. XIV. 1933-1934, p. 330-331
Charles BERNARD, Discours de réception à l’Académie ravale de langue et de littérature françaises, Bruxelles, 1935
Arsène SOREIL, Hubert Krains dans Histoire illustrée des lettres françaises de Belgique, p. 495-499
Jules DECHAMPS, Hubert Krains, Bruxelles, s.d., ‘Collection anthologique belge’
Serge ALEXANDRE, Joseph Rulot et Jules Brouns. Deux Sculpteurs à Herstal, dans Art & Fact. Revue des Historiens d’Art, des Archéologues, des Musicologues et des Orientalistes de l’Université de l’Etat à Liège, (1993), vol. 12, p. 124-148
Serge ALEXANDRE, dans Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996, p. 137-148

 

 

 

Bas-relief « Pain noir » Hubert Krains


 

 

 

Rue Hubert Krains
4317 Les Waleffes - Faimes

carte

Paul Delforge

Guy Focant (SPW)

Château de Waleffe-Saint-Pierre

Le site de Waleffe-Saint-Pierre abrite plusieurs bâtiments d’exception qui gardent encore aujourd’hui le souvenir de princes-évêques liégeois ainsi que de souverains étrangers.

Du XIIIe siècle à 1619, la plus grande partie du territoire de Waleffe-Saint-Pierre relevait du domaine allodial légué à l’Église de Liège en 1220 par le comte de Moha. La seigneurie fut mise en engagère en 1619 par Ferdinand de Bavière (1612-1650).

La ferme-château de Waleffe-Saint-Pierre, dite aussi ferme du château, ancienne résidence d’un échevin de Huy décédé en 1573, se réduit de nos jours à une longue aile à front de rue, entre deux tours cylindriques.

La cour d’honneur est décorée de groupes sculptés en terre cuite (vers 1725). Un splendide escalier d’honneur est orné d’une très belle rampe en fer forgé de style Louis XV et sa cage est garnie d’une galerie de portraits de famille. Le salon chinois présente, aux murs, des stucs à décors en papier de riz à motifs chinois. La chapelle se caractérise par une architecture en trompe-l’œil.

L’accès au bâtiment se fait par une tour-porche de trois niveaux de la fin du XVIe siècle inscrite dans une maçonnerie de grand appareil calcaire. Au-dessus de la porte se trouve une dalle représentant saint Antoine et les blasons de familles ayant possédé le lieu. De part et d’autre de cette petite dalle figurent les armes du prince-évêque Georges d’Autriche (1544-1557) et de l’empereur Charles Quint. L’association de ces deux armoiries ne doit rien au hasard. Fils de Maximilien Ier de Habsbourg, le prince-évêque de Liège est l’oncle de Charles Quint.

Enclavée dans les Pays-Bas bourguignons, propriété de l’empereur, la principauté de Liège a tout à gagner d’une entente avec Charles Quint et le règne de Georges d’Autriche sera ainsi marqué d’une alliance forte avec le roi et son fils Philippe II.

À rue, à droite de la tour-porche, une porte cintrée conserve une autre trace liée aux Habsbourgs. Une dalle calcaire du XVIe siècle porte en effet les armes de l’empereur d’Autriche Ferdinand Ier et le millésime de 1562. Empereur et archiduc d’Autriche (1556-1564), roi de Bohême et de Hongrie, Ferdinand était le frère de Charles Quint, nommé empereur du Saint-Empire par ce dernier en 1556 et dès lors à la base de la division entre Habsbourgs d’Espagne et Habsbourgs d’Autriche. Tout comme Charles Quint, Ferdinand était évidemment lui aussi neveu du prince-évêque de Liège.

Plus loin dans le domaine se trouve la ferme Saint-Pierre, imposant édifice en quadrilatère situé à l’est du château. Édifiée en plusieurs phases de travaux aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, elle conserve deux traces liées au prince-évêque Érard de la Marck (1505-1538) : à l’intérieur, une belle cheminée gothique du XVIe siècle dont le manteau fut toutefois remanié en 1625 est décorée en son centre des armes et du cartouche «erard de marcka», avec croix et lambrequins et, une fois de plus, des armes d’Autriche ; plus loin, la porte de l’étable est surmontée d’une dalle calcaire portant également les armes du même prince-évêque. Cette dernière provient probablement du manteau de cheminée d’origine, déplacé au moment de son remaniement.
 

Rue de Borlez 45
4317 Faimes (Waleffe-Saint-Pierre)

carte

Classé comme monument le 29 mars 1976
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon