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G. Focant - SPW Patrimoine

Abbaye de Floreffe

Entre 1102 et 1121, le comte de Namur Godefroid Ier rachète l’alleu de Floreffe afin de le réunir à son comté. À partir de cet instant, le sort de Floreffe est lié à celui des destinées namuroises : l’endroit devient ville et franchise et le comte accorde des libertés aux Floreffois. En 1121, il donne à saint Norbert une partie de ses droits et fait de Floreffe un centre religieux en lui permettant de fonder une abbaye. En même temps, la localité devient un des centres administratifs et économiques importants du comté de Namur ; située dans le baillage de Fleurus, elle devient le chef-lieu d’une mairie et possède une halle. Autour de l’abbaye, la ville devient aussi une position défensive et se trouve au centre de la politique stratégique du comte Henri l’Aveugle au milieu du XIIe siècle : le comte érige des murailles ponctuées de tours et portes. En 1289, le comte de Namur y détient les droits seigneuriaux fonciers et hautains dont la haute justice et y possède d’importants domaines. En 1672, la seigneurie hautaine et foncière est cédée par Charles II à l’abbé Guillaume de Jallet ; le monastère restera seigneur hautain jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. De l’enceinte de l’abbaye subsistent quelques murs du XVIIe siècle et cinq tours carrées.
Le site de l’abbaye de Floreffe est exceptionnel à plus d’un titre ; l’ensemble est construit sur une pointe rocheuse qui domine la Sambre. 

De l’abbaye médiévale subsistent l’église, la salle du chapitre, le cellier, l’infirmerie et le moulin-brasserie. Des Temps modernes, un ensemble d’autres bâtiments parmi lesquels les quartiers abbatiaux. L’ancienne abbatiale retient ici particulièrement notre attention de par sa richesse architecturale et de par son rôle politique d’importance : le sanctuaire est une des sépultures des comtes de Namur au Moyen Âge. Bordant le côté nord du périmètre abbatial, l’église a été érigée par l’abbé Gerland entre 1165 et 1188 ; de cette campagne subsistent la dernière travée de la nef, le transept avec le bas-côté occidental, les chapelles flanquant le chœur et la crypte. Les nefs gothiques sont achevées en 1250, le transept en 1552-1578.

Le chœur de l’abbatiale de Floreffe avec, à droite, un monument funéraire. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

La grosse tour, construite au même moment, est achevée en 1563 comme l’atteste un millésime et un blason aux armes du comté de Namur présents sur la face sud. L’ensemble est coiffé d’une flèche baroque au XVIIe siècle. La superbe façade en briques et pierre bleue qui mélange l’esprit baroque et le style Louis XIV est construite sous l’abbatiat de Charles Dartevelle (1737-1756) ; l’intérieur sera pour sa part remodelé par Laurent-Benoît Dewez entre 1770 et 1775. Le chœur de l’abbatiale est encore orné de deux sépultures de comtes de Namur, reconstruits sous les travaux de décoration menés par Dewez. Du côté nord se trouve la tombe du comte de Namur Godefroid et de son épouse Ermesinde. Ce comte, né en 1067 et ayant régné entre 1102 et 1139, est à l’origine de la fondation de l’abbaye. Devenu comte de Namur, il répudia son épouse et se remaria en 1109 avec Ermesinde, fille de Conrad Ier, comte de Luxembourg, avec qui il aura cinq enfants. Il était également le frère du prince-évêque de Liège Frédéric de Namur (1119-1121). Avec son épouse Ermesinde de Luxembourg, ils reçurent à titre de fondateur de l’abbaye leur sépulture dans l’église, devant le grand autel. Cette tombe ancienne, avant d’être déplacée dans le nouveau chœur en 1642, disparut lors des transformations apportées en 1770-1775. Elle fut remplacée par le monument que nous connaissons encore aujourd’hui, conçu en harmonie avec le nouveau décor et comme élément de la composition de l’habillage architectural. 

Le blason du comté de Namur sur la tour de l’abbatiale de Floreffe. Photo de 1992 © KIK-IRPA, Bruxelles

Le monument est résolument de son temps et comporte une riche décoration : un sarcophage, une tête de mort, une colonne et un pot-à-feu, assemblés avec draperie et fronton. Du côté sud, une composition analogue abrite la sépulture du comte de Namur Henri l’Aveugle et de son épouse Anne de Gueldre. Successeur de Godefroid et né en 1112, il règne sur le comté de Namur et le comté de Luxembourg, hérité de sa mère, entre 1139 et 1196. Une grave maladie lui fera perdre la vue en 1182, ce qui lui vaudra son surnom. L’histoire de ce monument est analogue au précédent, seule la composition est différente : sarcophage convexe, médaillon portant les armes du comté de Namur porté par deux angelots, tenture suspendue à une couronne et placée devant un obélisque.

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Frédéric MARCHESANI, 2013

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Tombe Corneille STEVENS

Né à Wavre en 1747 et ordonné prêtre en 1774, Corneille Stevens devient chanoine de la cathédrale de Namur peu après. Après la bataille de Fleurus de 1794, il fuit en Allemagne en compagnie de l’archevêque de Malines dans le but d’éviter de se voir imposer la constitution civile du clergé. Il rentre à Namur après le coup d’état de Napoléon en 1799 et devient grand vicaire du diocèse le 4 septembre. Le siège est alors vacant dans le chef-lieu de Sambre-et-Meuse et Stevens occupe le poste jusqu’à la nomination d’un premier évêque concordataire en 1802. Stevens rejette ce concordat, estimant que Napoléon s’y voit accorder trop de pouvoirs. Influent et actif dans l’opposition à la politique religieuse de l’empereur, il se retrouve à la tête d’un mouvement de protestation, le Stévenisme, et passe à la clandestinité. 

Sa tête est mise à prix et il est traqué durant tout le reste de la période française. Après la chute de l’Empire, il se réconcilie avec l’évêque de Namur Charles Pisani de la Gaude et quitte le mouvement qu’il avait jusque-là dirigé. 

Il meurt à Wavre en 1828 et est inhumé dans l’église Saint-Jean-Baptiste. Une dalle funéraire est apposée contre le mur du champ de repos et comporte une inscription latine. 

Lorsqu’un nouveau cimetière est aménagé à Wavre en 1855, la pierre est enlevée de l’endroit et placée au nouveau champ des morts. 

Ce n’est que par la suite que cette sépulture est transférée à l’abbaye de Floreffe.

Abbaye de Floreffe
Rue du Séminaire 7
5150 Floreffe

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Frédéric MARCHESANI, 2014

SPW - G. Focant

Ancienne abbaye de Floreffe

Implantée sur un éperon rocheux, l’ancienne abbaye de Floreffe domine la vallée de la Sambre. En 1121, sous l’impulsion de saint Norbert, une communauté de quelques moines construisit les bâtiments conventuels de la troisième maison en importance de l’ordre de Prémontré. 

Édifiée à partir du XIIe siècle, l’église abbatiale est à la fois romane et gothique, tout en ayant été remaniée au XVIIIe siècle dans le style néoclassique. Elle abrite d’imposantes stalles en bois sculpté et une belle bibliothèque baroques. D’intéressants vestiges médiévaux subsistent, comme la salle des frères convers, ornée de peintures anciennes, le réfectoire voûté et le moulin. Les nouveaux bâtiments scolaires, grâce à un apport contemporain de qualité dû à l’architecte Roger Bastin, prolongent l’histoire architecturale séculaire de Floreffe.

Rue du Séminaire 2
5150 Floreffe

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Classée comme monument le 6 août 1942 et le 8 novembre 1977 et comme site le 8 novembre 1977
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

www.abbaye-de-floreffe.be

Institut du Patrimoine wallon