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7387

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Monument Charles BERNIER

La statue inaugurée à Angre, le 7 août 1949, en l’honneur de Charles Bernier, de son vivant, n’est pas celle que l’on peut voir désormais le long de la Honnelle. En effet, l’œuvre en bronze réalisée par le sculpteur français Elie Raset a été volée et jamais retrouvée. Afin de rendre hommage à l’enfant du pays, qui avait conservé de nombreuses attaches avec son village natal où il a souhaité reposer pour l’éternité, les autorités communales ont pris l’initiative d’un nouveau monument : sur son socle en briques rouges surmontées d’une dalle de pierre bleue, la statue n’a plus la dimension d’autrefois, mais en est néanmoins une reproduction fidèle.


Charles
BERNIER
Artiste Graveur
Angre 1871-1950


Fils de Théodore Bernier, le jeune Charles se révèle très tôt un dessinateur doué ; il quitte l’Athénée de Mons pour l’Académie des Beaux-arts de Mons, où Antoine Bourlard (dessin) et Auguste Danse (gravure) façonnent ce talent couronné, en 1891, par le second Prix de Rome en gravure.

Poursuivant sa formation à Paris (1892-1893), Bernier y remporte un prix au Salon des artistes français. D’autres récompenses saluent une production qu’il expose notamment à l’occasion des Expositions internationales. Ami d’Émile Verhaeren qui résidait régulièrement, avant-guerre, non loin du village de Bernier, au Caillou qui Bique, il sera séduit par l’impressionnisme, mais son œuvre se caractérise principalement par ses portraits ; il traite aussi de sujets inspirés des tableaux des maîtres anciens ou contemporains, il s’inspire encore de son village d’Angre et sa région pour ses paysages. Après la Grande Guerre, qui emporte notamment son ami Verhaeren, Bernier devient Inspecteur de l’Enseignement du dessin (1922). Il signera parfois « Charles Dubailly » en raison de la Cour du Bailly à Mons, dont il était le propriétaire. Il est le frère de Michel (1888-1942), lui aussi graveur et peintre.

Monument Charles Bernier (Angre-Honnelle)

Originaire de Valenciennes, l’auteur de la sculpture, Elie Raset (1874-1956) est bien connu dans l’espace public du nord de la France pour des œuvres illustrant des scènes de la vie quotidienne, ainsi que pour plusieurs monuments aux morts élevés après l’Armistice dans plusieurs villes et villages. Élève de Maugendre à Valenciennes et de Barrias à Paris, Raset a formé de nombreux artistes en tant que professeur de sculpture à l’Académie des Beaux-Arts de Valenciennes de 1903 à 1937. Son monument Bernier, inauguré à Angre en 1949, représente son « collègue et ami » les mains dans les poches, jetant sur les alentours un regard un peu narquois.
Suite à la disparition de l’œuvre originale, un nouveau monument est inauguré le week-end des 13 et 14 septembre 2008, dans le cadre des Journées du Patrimoine en Wallonie, en même temps qu’est organisée une exposition rétrospective des œuvres de Charles Bernier. Le prétexte est aussi et surtout le centième anniversaire de la fête organisée – en 1908 – par Émile Verhaeren pour féliciter Bernier d’avoir reçu la rosette française d’Officier de l’Instruction publique.


 

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, Vers l’Avenir, 22 août 2008
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 88
André HAVEZ, Catalogue des œuvres de Charles Bernier
Christiane PIÉRARD, Théodore, Michel et Charles Bernier
Louis PIÉRARD, Charles Bernier, un graveur wallon, dans Wallonia, 1908, n°7, p. 186-194
http://www.dailymotion.com/video/x6py4p_tele-mb-exposition-charles-bernier_creation 
http://www.haut-pays.be/angre.php 
http://www.ac-antique.com/product_info.php?products_id=311&osCsid=55a098161a2c94b25138b512dfa54ff6 
http://monumentsmorts.univ-lille3.fr/auteur/24/rasetelie/
http://300gp.ovh.net/~honnelle/bernier.html (s.v. novembre 2015)

rue de Dour 1
7387 Angre-Honnelle

carte

Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Buste Émile Verhaeren

Buste à la mémoire d’Émile Verhaeren, réalisé par Angelo Hecq, Roisin – 17 mai 1937 et Autreppe – 9 juin 2010.


Nà Saint-Amand-lez-Puers, au bord de l’Escaut, le poète flamand Émile Verhaeren (1855-1916) s’est imposé comme un des grands écrivains de langue française, au tournant des XIXe et XXe siècles. Issu d’une famille bourgeoise anversoise où le français était d’évidence la langue véhiculaire, il fréquente des établissements scolaires francophones et, quand il étudie le Droit à l’Université de Louvain (1875-1881), il fait la rencontre de jeunes écrivains qui animent La Jeune Belgique dans le sillage d’Edmond Picard dont Verhaeren sera un éphémère stagiaire dans son bureau d’avocats bruxellois. C’est de cette époque que remontent ses premiers écrits publiés. Attentif à la question sociale, touché par le mouvement symboliste dont il devient l’un des éminents représentants, il se fait un nom dès 1883 en publiant un provoquant recueil de poèmes intitulé Les Flamandes. Par la suite, son œuvre est traversée par une courte période caractérisée par sa « trilogie noire », avant de s’apaiser et de traiter de sujets de société : en particulier le poète est frappé par la transformation de son environnement, singulièrement de l’opposition entre le monde des villes et celui des campagnes. Publiant notamment dans La Wallonie d’Albert Mockel, auteur de pièces de théâtre, critique, Verhaeren est en contact avec nombre d’écrivains, poètes et artistes de son temps. Réfugié en Grande-Bretagne au moment de l’invasion allemande d’août 1914, il y publie des poèmes pacifiques et mène campagne en faveur des alliés. Après avoir visité un champ de bataille, il donne d’ailleurs une conférence à Rouen, en novembre 1916 et c’est là, dans la gare, qu’il décède tragiquement. En divers endroits (Rouen dès 1918, Paris, Bruxelles…), le souvenir d’Émile Verhaeren est entretenu par un monument implanté dans l’espace public. C’est aussi le cas en Hainaut où le poète et son épouse, l’aquarelliste Marthe Massin, ont disposé d’une maison pendant plusieurs années.

Parmi les auteurs qui évoquent son séjour en Hainaut, les uns attribuent à la peintre Cécile Douard, les autres à la veuve de Georges Rodenbach (Verhaeren avait connu Rodenbach au collège à Gand) l’honneur d’avoir fait découvrir au couple le Caillou-qui-Bique, à Roisin, au cœur des paysages de Honnelles. À partir de 1899, Émile Verhaeren et Marthe Massin – installés officiellement aux portes de Paris – vont progressivement résider régulièrement à la ferme Laurent, dans une partie de l’habitation aménagée spécialement pour eux. C’est là, entre l’étable et les communs, qu’ils recevront à leur table les Jules Destrée, Charles Bernier, Louis Piérard, James Ensor, Constant Montald, Théo Van Rysselberghe, Stephan Zweig, Camille Lemonnier, Maeterlinck et autres personnalités marquantes séduites par le charme du « vert Haut-Pays » et attirées par la conversation du poète. Se promenant régulièrement dans les alentours, conversant avec les gens du pays, Verhaeren composera une partie de son œuvre dans ce petit coin de Wallonie qui était pour lui comme un havre de paix.

Buste Émile Verhaeren (Roisin – Caillou qui bique, Autreppe)

Au lendemain de la Grande Guerre, en plus de la perte de son mari, Marthe Massin constate que leur « maison » de Roisin a été détruite dans la tourmente. En mémoire du poète, sa veuve la fait reconstruire à l’identique (1928) et y reconstitue son cabinet d’écriture et le salon. Au tournant des XXe et XXIe siècles, le site devenu propriété de l’Office du tourisme du Hainaut se transforme profondément, tout en conservant plusieurs traces de son illustre prédécesseur. Outre l’espace muséal Verhaeren ouvert dans l’écurie (2010) et un circuit de promenade, l’asbl « Mémoire d’Émile Verhaeren à Roisin » veille notamment à la conservation et à l’entretien de plusieurs monuments.Alors que le nom de Verhaeren figure parmi les victimes civiles du monument aux morts de Roisin, le premier mémorial dédié au poète remonte à mai 1937, sans que la date corresponde à un quelconque anniversaire. À l’initiative des Jeunes Auteurs du Hainaut et sous le patronage d’un Comité Verhaeren composé de Louis Piérard, du chanoine Desmedt, de Constant Montald et de l’avocat Joye, un buste en pierre, sculpté par Angelo Hecq (Piéton 1901-1991), est inauguré dans la clairière du Caillou qui Bique, à la lisière du bois d’Angre. Une souscription publique a été lancée et le Ministère des Sciences et des Arts a accordé son « haut patronage » à l’initiative. Le buste de Verhaeren surmonte alors un piédestal composé de sept niveaux de blocs de pierre ; l’inscription « À Verhaeren » le complète.

À la fois sculpteur et architecte, Angelo Hecq est sollicité à diverses reprises durant sa carrière, comme de nombreux artistes de sa génération, pour réaliser des monuments aux victimes des deux guerres ou en faveur de la paix (Tamines, Andenne, Pâturages, etc.). Même pour de telles commandes officielles, celui qui signe parfois Angelo ne renoncera pas à son style d’inspiration cubiste. Professeur de sculpture à Saint-Luc Mons, il signera des réalisations originales pour la manufacture Boch frères Kéramis, peu avant la Seconde Guerre mondiale, et il travaillera aussi pour les céramistes d’Andenne. Auteur de bustes en terre cuite, de céramiques et de portraits, Angelo Hecq venait d’achever le monument Simonon, réalisé conjointement avec Cécile Douard, quand il est sollicité pour le buste en pierre dédié à Émile Verhaeren. Son œuvre va reposer sur un socle constitué de six niveaux de pierres assemblées ; sur la face avant une plaque indique sobrement : « A Verhaeren ».

Après la Seconde Guerre mondiale (en 1955, à l’occasion du centième anniversaire de la naissance du poète), un autre monument Verhaeren, dû à Charles Van der Stappen, est inauguré dans la clairière du Caillou-qui-Bique, près de là où se trouvait le buste d’Angelo Hecq. Celui-ci avait été déplacé à Saint-Ghislain aux Écoles techniques féminines du Hainaut. Procédant à d’importants travaux de rénovation, cet établissement provincial s’interrogera plus tard sur la présence en son sein d’un tel buste et les autorités communales de Honnelles organisèrent son retour en l’installant devant la maison communale d’Autreppe en juin 2010. Le nez cassé du buste fut réparé bénévolement par le marbrier Michel Ovart qui s’occupa aussi de l’aménagement du socle, beaucoup moins haut que l’original. Sur une base en briques correspondant au mur du bâtiment communal, une pierre carrée soutien une autre pierre en forme de cube où ont été gravées plusieurs inscriptions.

Sur la face avant, la même inscription qu’en 1937 :


A
VERHAEREN


Sur le côté gauche :


ERIGÉ LE 17 MAI 1937
SOUS LES AUSPICES
DES JEUNES ÉCRIVAINS
DU HAINAUT ET DES
AMIS DU POÈTE


Désormais, l’inclinaison de la tête de Verhaeren vers l’avant prend une nouvelle signification ; elle donne l’impression que l’écrivain lit la citation gravée au pied de la statue sur une pierre bleue :


LE TRAVAIL LARGE ET CLAIR QU’ONT ILLUSTRÉ NOS MAINS
QU’IL TENTE ET MAGNIFIE ET UNISSE SOUDAIN
LES VÔTRES !
AYEZ DES CŒURS PLUS HAUTS, DES GESTES PLUS PARFAITS
ET FAITES MIEUX QUE NOUS CE QUE NOUS AVONS FAIT.
                                                                A CEUX QUI VIENNENT


Il s’agit des 5 derniers vers du 13e paragraphe du poème À ceux qui viennent, œuvre inédite de Verhaeren, imprimée pour la première fois en décembre 1920, pour l’hommage rendu au poète par Les Amitiés françaises, à l’occasion du quatrième anniversaire de sa mort.
 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse (dont Le Soir, 14 juillet 2011)
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Fonds Collet
Informations communiquées par René Legrand, président de l’asbl Mémoire d’Émile Verhaeren à Roisin (juillet 2015)
Bulletin de l’Académie de Langue et Littérature françaises, Bruxelles, 1955, t. XXXIII, n°3, p. 179-204
Georges DOUTREPONT, Verhaeren, dans Biographie nationale, t. 26, col. 623-633
Roland MORTIER, Verhaeren, dans Biographie nationale, t. 32, col. 
Christiane PIÉRARD, dans Biographie nationale, t. 31, col. 260-269
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 688
Norbert POULAIN, Angelo Hecq, dans Interbellum, bulletin…, 2005, n°25-3, p. 7-15

 

Buste Émile Verhaeren (Roisin – Caillou qui bique) – Carte postale du buste original

Caillou qui bique (1937) 
7387 Roisin  
Rue Grande 10 (2010)
7387 Autreppe

carte

Paul Delforge

© Office du Tourisme - Béatrice Caufriez

Le crossage de rue en Wallonie picarde

Le mercredi des Cendres, dans quelques rares localités du Hainaut occidental, a lieu le crossage de rue. Le principe du jeu est le suivant : des tonneaux sont installés devant les cafés du village. Les participants doivent atteindre ces cibles en cognant sur une boule en bois avec un maillet à long manche. L’originalité repose sur le principe de « deux coups en avant, un coup en arrière », les premiers effectués par la première équipe, le deuxième effectué par l’équipe adverse qui tape dans l’autre sens. 

A chaque partie, on parie sur le nombre de « coups » qu’il faudra pour toucher la cible. La journée est ponctuée par des haltes dans les cafés. Le crossage de rue est réservé à la gente masculine… Il est pratiqué, par exemple, à Chièvres, à Blaton, à Stambruges et à Angre.

Mercredi des Cendres

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Musée international du Carnaval et du Masque, Emilie Botteldoorn et Sabine Maüseler, mai 2013