Code postal
4000

SPW - G. Focant 

Pont de Fragnée à Liège

Érigé dans la foulée de l’Exposition universelle de 1905, le pont de Fragnée comprend trois travées métalliques qui reposent sur deux piles et deux culées en petit granit. Si les candélabres sont en bronze, les garde-corps – sauf leurs pilastres qui sont en fonte – sont constitués d’une ossature en fer forgé et d’un décor en laiton. Chaque entrée du pont est marquée par deux colonnes monumentales décorées en leur sommet d’une Renommée en bronze doré. Deux Poséidon et deux allégories de la Meuse, également en bronze, ornent la base des colonnes. 

Entre 1993 et 2001, une vaste campagne de restauration a rendu au pont son lustre d’antan.

Pont de Fragnée
4000 Liège

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Classé comme monument le 14 mars 1994
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon

 SPW - G. Focant 

Palais des princes-évêques à Liège

Le bâtiment que nous connaissons actuellement garde les traces des interventions de nombreux prélats liégeois et est l’héritier de plusieurs autres bâtiments défunts.

Les premières mentions d’un « palais épiscopal » remontent au IXe siècle, lorsque son occupant n’était encore qu’évêque de Liège. C’est toutefois sous l’épiscopat de Notger (972-1008), considéré comme le premier prince-évêque suite à la donation du comté de Huy en 985, que l’on trouve la trace d’un nouveau palais, que nous considérons aujourd’hui comme le « premier palais des princes-évêques ».

Le palais de Liège a connu les affres du temps, des raids normands de 881 au grave incendie de 1185 (le siège du pouvoir est immédiatement reconstruit par Raoul de Zähringen (1167-1191)) et aux conflits entre Liège et le duché de Bourgogne au XVe siècle.

C’est sous le règne du richissime bâtisseur Érard de la Marck (1505-1538) que la renaissance du palais a lieu. L’édifice actuel en est encore en grande partie l’héritier : articulation autour de deux cours en enfilade dont la première est caractérisée par une série de colonnes aux motifs Renaissance.

Tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles, les princes-évêques n’ont de cesse d’imprimer leur marque dans l’intérieur de leur résidence dont ils modernisent les locaux. L’extérieur connaît de lourdes modifications sous le règne de Georges-Louis de Berghes (1724-1743) lorsqu’un grave incendie ravage le palais dans la nuit du 23 mars 1734 et détruit intégralement la façade Renaissance construite sous Érard de la Marck.

L'histoire du bâtiment

Bâtiment emblématique du pouvoir et du centre de Liège, le palais des princes-évêques est la résidence du chef de l’État sous l’Ancien Régime. Il est également le lieu de réunion des États de la principauté et abrite les organes principaux du gouvernement.

S’il perd ses fonctions de résidence princière et épiscopale après la Révolution et l’annexion en 1795, le palais ne connaît pas de modification d’envergure depuis, si ce n’est l’ajout d’ailes néogothiques de part et d’autre. Le bâtiment est également resté au centre de la vie politique liégeoise et nationale depuis lors : investi par les Français pour ses qualités indéniables (situation géographique, superficie), il devient le siège des institutions judiciaires sous le régime républicain. Les institutions consulaires et impériales augmentent encore son importance sur l’échiquier politique.

Aux premières heures de la Révolution, le palais est épargné. Il faut dire que les premières années qui suivent le soulèvement populaire sont confuses à Liège où les deux derniers princes-évêques prennent la fuite et sont chacun rétablis dans leurs États à deux reprises. La bataille de Fleurus et l’arrivée des Français signent pour de bon la fin de l’occupation princière au palais de Liège. Le 27 juillet 1794, la foule envahit l’édifice et procède à un pillage en règle de tout ce que le prince-évêque n’a pu emporter, c’est-à-dire la majorité des richesses. Cet envahissement populaire fait disparaître les blasons et portraits rappelant le régime déchu. Ensuite, on procède à une totale laïcisation du bâtiment qui est préservé dans sa totalité pour des raisons pratiques évidentes. Déjà lors de la première occupation de nos régions par les armées républicaines, le général Dumouriez avait choisi le palais pour y loger lors de son passage en novembre 1792. Sous la seconde occupation, l’édifice devient le palais de Justice de la République et, en son sommet, un carillon vient remplacer le globe et l’aigle impériale.

Le palais abrite ainsi, jusqu’à l’annexion, le tribunal révolutionnaire de Liège, installé dans l’ancienne chapelle du prince. Ce tribunal criminel est installé le 12 octobre 1794, il est composé de dix membres et étend sa juridiction sur les anciens pays de Liège, Franchimont, Stavelot, Logne et Limbourg. On y trouve 8 juges, un greffier et un accusateur public. L’ancien « palais des princes-évêques » est rebaptisé « palais national ». En tant que chef-lieu de département, Liège devient le siège des juridictions d’instance et d’appel sous le régime français. Les salles jusqu’alors occupées par le Synode, la Cour féodale et l’Échevinage, institutions abolies, sont réaffectées en dépôt d’archives. Après l’annexion, le tribunal d’appel du département de l’Ourthe s’installe dans l’aile ouest. Le palais abrite alors non seulement les institutions judiciaires, mais également les institutions centrales. C’est au préfet Desmousseaux que l’on doit, en 1800, le départ de ces dernières vers l’hôtel de Hayme de Bomal. La destinée du palais est désormais écartée de celle du pouvoir central et conserve une fonction essentiellement judiciaire.

Chaque changement de régime en France à l’époque est accompagné de changements institutionnels : nouvelle constitution, réforme administrative, réforme judiciaire… L’Empire ne déroge pas à la règle. Créée par la loi du 20 avril 1810 et établie le 20 mai 1811, la cour impériale de Liège s’installe logiquement au palais. Sa juridiction s’étend sur les départements de la Lippe, de la Meuse inférieure, de l’Ourthe, de la Roer et de Sambre-et-Meuse. Il s’agit bien ici d’une « super » cour de justice dont l’importance est considérable qui est installée dans l’ancienne capitale principautaire. La cour impériale est divisée en quatre chambres : deux chambres civiles, composées de 7 à 9 conseillers et tenant chacune quatre audiences par semaine ; une chambre des mises en accusation, composée de 3 conseillers et tenant audience tous les lundis ; une chambre des appels de police correctionnelle, composée de 7 conseillers.

Hormis ces institutions strictement judiciaires, le palais abrite d’autres administrations parmi lesquelles celle des domaines nationaux, chargée de procéder à la vente d’immeubles déclarés « biens nationaux ». On y trouve également, à partir de 1800, une prison pour femmes, installée dans la partie orientale du palais, autour de la seconde cour, où les arcades des galeries sont murées afin d’augmenter l’espace carcéral.

De cette affectation judiciaire apportée par les Français, rien n’a changé. Aujourd’hui encore, le palais abrite, dans sa partie droite, le palais de justice. Le régime belge affecte également le bâtiment à la résidence du gouverneur de la province de Liège, fonction qu’il occupe toujours actuellement.

Les témoins du passé

Aujourd’hui, si les blasons, armoiries et portraits des princes d’Ancien Régime ont été restaurés, le palais garde encore quelques maigres traces physiques qui viennent rappeler la période française. Sur la façade principale, à gauche du porche d’entrée, une pierre discrète est encore visible. Appelée « pierre noire », il s’agit de l’endroit sur lequel étaient placardées les lois publiées dans le département et que le régime utilisa à partir du 12 mars 1796. On peut encore y lire, en lettres dorées sur sa partie supérieure « Loix publiées dans le département de l’Ourte ». Dans le grandiloquent programme iconographique du palais provincial, construit à partir de 1836 dans le but de célébrer plusieurs siècles d’histoire liégeoise, la période française ne fut pas oubliée. Parmi les noms présents dans les phylactères du plafond de la salle du Conseil provincial figurent les noms des deux préfets du département de l’Ourthe : Antoine Desmousseaux (1800-1806) et Charles-Emmanuel Micoud d’Umons (1806-1814).

Outre de nombreux portraits, plusieurs traces nous sont parvenues, la plupart témoignant des interventions ayant suivi l’incendie de 1734.

Le fronton courbe de la façade principale porte les armoiries de Georges-Louis de Berghes (1724-1743). Il est le témoin principal de la reconstruction par l’architecte bruxellois Jean Anneessens suite à l’incendie de 1734. Les armoiries datent de 1737 et présentent le blason du prince, entouré de deux lions et portant la couronne, la crosse et l’épée. Une inscription en-dessous de la composition rappelle l’incendie et la reconstruction suite à l’intervention des États : « Georges-Louis, évêque et prince de Liège, a restauré le palais, détruit partiellement par un incendie, grâce à la générosité des États, du Clergé et de la Cité – 1738 ». Disparues à la Révolution, ces armoiries furent rétablies vers 1905.

Les voûtes des galeries de la première cour sont ornées des armoiries de plusieurs princes-évêques au niveau des clés de voûte.

Seul témoin de la première campagne d’édification, les armes d’Érard de la Marck (1505-1538) se trouvent à l’angle nord-ouest. La fragilité de la construction obligea ses successeurs à ordonner des travaux de reconstruction et de consolidation tout au long du XVIe siècle.

Les armoiries de Gérard de Groesbeeck (1564-1580), présentes dans la galerie est, commémorent la réfection des voûtes en 1568 ; la première arcade au nord-est porte, quant à elle, un chronogramme daté de la même année témoignant également de cette reconstruction et portant une inscription latine signifiant « À l’exemple de ton prédécesseur, Gérard de Groesbeeck ». Les armes d’Ernest de Bavière (1581-1612) figurent, quant à elles, dans la galerie nord et commémorent la restauration des voûtes en 1587.

Un autre chronogramme, tracé non loin du premier témoigne lui aussi de cette campagne de restauration : « Ô chef et roi Ernest de Bavière, tu consolides les choses branlantes ».

Toutes les façades de la première cour sont ornées de nombreuses armoiries d’Érard de la Marck (1505-1538). Placées sous chaque baie, elles indiquent l’identité du commanditaire. Martelées à la Révolution, elles furent rétablies au XIXe siècle lors de la restauration des façades de la cour par l’architecte Lambert Noppius.

Le cabinet du Procureur général est notamment décoré d’une cheminée datée de 1742 dont le contre-cœur est orné des armoiries de Jean-Théodore de Bavière ; le cabinet du Premier Substitut du Procureur du roi abrite une brique de cheminée aux armes de Jean-Théodore de Bavière ; la salle du conseil de la 4e chambre de la Cour d’appel conserve une taque de foyer datée de 1744 aux armes de Jean-Théodore de Bavière. Celles-ci se présentent sous leur forme habituelle : le blason de Bavière est entouré de la couronne, de la crosse, de l’épée et de deux lions. Sous l’ensemble, un bandeau portant la mention « I.T.H.B. 1744 » ; la salle du Conseil de l’ordre des avocats abrite une taque de foyer aux armes et initiales de Jean-Théodore de Bavière. Datée de la même année que la précédente, elle est son exacte réplique et est, elle aussi, placée dans une cheminée en marbre de Saint-Rémy datée de 1750 ; le cabinet du secrétaire du Procureur du roi conserve une taque de foyer aux armes et initiales de Charles-Nicolas d’Oultremont (1763-1771). Située sur la paroi est et datée de 1767, elle représente les armes traditionnelles du prince, telles que l’on peut les voir sur le fronton de l’église du Saint-Sacrement. L’inscription « C.N.A.O.E.P.L. » (Charles-Nicolas-Alexandre d’Oultremont, Évêque et Prince de Liège) est gravée dans le bas de la composition. La même cheminée comporte aussi une brique de foyer de 1764 aux armes de Jean-Théodore de Bavière (1744-1763) ; l’escalier royal figure le monogramme de Georges-Louis de Berghes (1724-1743). Réalisé vers 1740, ce très bel ensemble en fer forgé présente les initiales G et L entrelacées, dans un médaillon surmonté du bonnet de prince du Saint-Empire romain germanique.

Au sommet de cet escalier, une large baie est surmontée par le monogramme du même prince et ouvre sur la grande galerie Détail de la rampe de l’escalier du Synode avec le monogramme stylisé de Jean-Théodore de Bavière. Installé entre 1762 et 1764, l’ensemble réalisé en fer forgé présente, en médaillon, les initiales J et T entrelacées, surmontées du bonnet de prince du Saint-Empire ; l’escalier des États conserve des motifs au monogramme de Jean-Théodore de Bavière (1744-1763) ; les galeries de la seconde cour sont aujourd’hui transformées en « galerie lapidaire » et conservent des pierres aux armes d’Érard de la Marck (1505-1538) et de Maximilien-Henri de Bavière (1650-1688); la salle de l’ancienne chancellerie du Conseil privé, dite aussi « salle bleue » est entièrement lambrissée d’armoires aux initiales de Maximilien-Henri de Bavière, entrelacées et placées sous le bonnet de prince du Saint-Empire, rappelant que le prince était également Électeur de Cologne. Ces monogrammes constituent un témoin rare et privilégié de la décoration intérieure liégeoise de l’époque

La salle du Conseil provincial, bien que datée du XIXe siècle, conserve la tribune de l’ancienne salle des échevins. La haute tribune en chêne sculpté et polychrome, portée par des atlantes et des putti, date en effet du siècle précédent. Elle présente, en son centre, le blason des princes de Bavière: crosse, épée et couronne sur un grand manteau de prince du Saint-Empire, doublé d’hermine. Le tout est l’œuvre du sculpteur Jean Del Cour, sculpteur officiel de Maximilien-Henri de Bavière (1650-1688) mais ornait vraisemblablement le trône édifié pour Joseph-Clément de Bavière (1694-1723) ou Jean-Théodore de Bavière (1744-1763) ; le palais provincial abrite également l’escalier de la maison des États, dans les appartements du gouverneur de la province. Dessiné en 1749 par l’architecte Charles-Antoine Galhausen et réalisé par Jean-François Ermel en 1752, il comporte des motifs évoquant le monogramme de Jean-Théodore de Bavière.
 

Square Notger
4000 Liège
 

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Classé comme monument le 22 octobre 1973
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon

© SPW-Patrimoine-Guy Focant

Mémorial interallié

Majestueux ensemble planté bien en vue sur les hauteurs de Liège, le mémorial interallié de Cointe, inauguré en 1937, comporte, en réalité, deux parties distinctes. 

L’esplanade civile se caractérise par sa haute tour votive (75 m), conçue comme un gratte-ciel et dont la crypte contient les monuments les plus anciens : roumain, franco-belge, espagnol (1937) ; la salle des Pylônes, dénommée ainsi en raison de ses huit piliers décoratifs, encadre quatre monuments : italien (1936), grec (1988), anglais (1994) et polonais (1996). 

L’église, inachevée, est un édifice centré sous une coupole ornée de feuilles de cuivre, avec une abside et quatre chapelles diagonales. 

La Régie des Bâtiments a réalisé la restauration de la tour  et des esplanades en 2006-2008.

Rue des Moineaux
4000 Liège

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Classé comme monument (avec zone de protection) le 24 janvier 2011

Institut du Patrimoine wallon

G. Focant SPW

Forum de Liège

De style Art déco, le Forum, fait de béton, de fer et de verre, a été construit entre 1921 et 1922. Il possède deux façades, dont la plus belle, rue du Mouton blanc, est entièrement cimentée, sculptée de motifs floraux divers et percée d’une vaste baie en anse de panier ornée d’un superbe vitrail figurant une salle de spectacle stylisée. D’autres vitraux éclairent, en partie de manière artificielle, le péristyle et les escaliers menant aux étages. La salle de spectacle, sous une voûte sans appui central et longue de 25 m, possède un décor fait de staffs peints à motifs géométriques et dorés à la feuille de laiton. L’ensemble de l’édifice a été restauré dans les années 1980.

Rue Pont d'Avroy 14
Rue du Mouton Blanc 18-20
4000 Liège

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Classé comme monument le 24 juillet 1979 et le 4 juillet 1989
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon

Salle académique de l'Université de Liège

L’Université de Liège, fondée en 1817 par Guillaume Ier, roi des Pays-Bas, est l’œuvre de l’architecte Jean- Noël Chevron. Le portique originel, totalement occulté par le bâtiment des années 1890, accueille le mémorial en bronze et marbre dédié aux victimes universitaires de la Première Guerre mondiale. 

Terminée en 1824, la salle académique, hémicycle néoclassique à vaste galerie à deux étages avec colonnes ioniques et corinthiennes recouvertes de dorures, est couverte d’une demi-coupole avec plafond à caissons ornés de stucs à motifs de rosaces. De nombreuses niches abritent des statues dont celles d’Athéna et de Mercure. Au-dessus de la tribune, une élégante grisaille, œuvre du peintre Alexandre Rifflaert, représente Guillaume d’Orange offrant à un jeune diplômé guidé par Minerve une couronne de laurier tendue par la Justice. 

Elle a fait l’objet d’une restauration complète de 2003 à 2005.

Place du XX-Août 9
4000 Liège

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Classée comme monument le 24 janvier 1983 
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon

Guy Focant (SPW)

Cathédrale Saint-Paul de Liège

Entre les XIIIe et XVIe siècles, la collégiale Saint-Paul, fondée vers 965, fut reconstruite en style gothique. C’est au XVIe siècle que sa voûte fut décorée de très beaux rinceaux peints et que furent placés les vitraux Renaissance du choeur et du transept. Devenue cathédrale en 1801, Saint-Paul fut enrichie du mobilier d’églises détruites après la Révolution, comme le Christ gisant de Delcour (XVIIe siècle), et elle devint le dépositaire du trésor de l’ancienne cathédrale Saint-Lambert, dont les pièces majeures sont le reliquaire en or de Charles le Téméraire et l’imposant buste-reliquaire en or et argent de saint Lambert, patron du diocèse

Héritière de la défunte cathédrale Saint-Lambert, Saint-Paul est aussi une des sept collégiales historiques construites à Liège aux Xe et XIe siècles. Très bel exemple du style gothique mosan, l’édifice actuel a été reconstruit entre 1230 et 1579. Il est aujourd’hui devenu un lieu de la mémoire du pouvoir princier disparu à la fin du XVIIIe siècle.

Le portail gothico-renaissant situé du côté de la place Saint-Paul, édifié sous le règne de Corneille de Berghes (1538-1544), porte les armoiries de celui-ci qui surmontent un grand médaillon où est sculptée une « Conversion de saint Paul ». Mais les principaux souvenirs liés aux prélats liégeois conservés dans l’édifice sont toutefois liés à la disparition de la principauté et à la destruction de la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert. Dans le fond du collatéral nord, une dalle de marbre située au niveau de la crypte indique l’emplacement du caveau où furent transférés les restes de trois princes-évêques après la Révolution : Érard de la Marck (1505-1538), Georges d’Autriche (1544-1557) et César-Constantin-François de Hoensbroeck (1784-1792). Ils côtoient de nos jours les dépouilles d’évêques de Liège. Les restes d’ Albert de Cuyck (1194-1200) ont rejoint la crypte par la suite.

Dans le cloître, parmi de nombreuses pierres tombales de chanoines, se trouvent deux monuments funéraires provenant de l’ancienne cathédrale. Le premier est le cénotaphe de Georges-Louis de Berghes (1724-1743). Du monument d’origine réalisé par Guillaume Évrard en 1744, on n’a malheureusement conservé qu’un médaillon représentant le prince-évêque ainsi qu’une paire d’anges portant les symboles du pouvoir : la mitre (pouvoir spirituel) et des faisceaux à l’antique (pouvoir temporel). Ces éléments ont été intégrés à un monument neuf en 2002, reconstruction réalisée d’après une recherche menée en archives. Dans le bas de la composition, faite d’un monolithe noir de forme pyramidale, une plaque commémorative a été insérée. Elle reprend l’épitaphe du prince : «Ci-gît Georges-Louis, des comtes de Berghes, évêque et prince de Liège, troisième du nom, dernier de sa lignée. Il dirigea l’église durant près de vingt années. Il comprit si bien les pauvres et les démunis qu’il les nourrit de son vivant (…)». Ce monument, autrefois dans le déambulatoire de Saint-Lambert, fut miraculeusement sauvé en partie et échoua au séminaire épiscopal où il décora longtemps un mur du réfectoire jusqu’à son transfert à la cathédrale.

Un second cénotaphe évoque le souvenir du prince-évêque François-Charles de Velbrück (1772-1784). Tout comme pour le précédent, il s’agit d’une œuvre contemporaine réalisée en 2000 incorporant des éléments du mausolée d’origine, réalisé par le sculpteur François Dewandre. De style néoclassique, il se compose également d’un médaillon représentant le défunt et de deux imposants groupes sculptés : une figure féminine tenant une lyre appuyée sur une urne funéraire et un angelot assis sur les attributs des arts (un livre, une palette de peintre, un maillet, un compas, une équerre). Ces figures rappellent le goût de Velbrück pour l’art, la culture et la philosophie des Lumières ainsi que sa grande action de mécène. Une copie de l’inscription commémorative conservée au château de Hex fait partie intégrante de la nouvelle composition : « À la mémoire de François Charles, né des comtes de Velbrück le 11 juin 1719, élu évêque et prince de Liège le 16 janvier 1772 et décédé le 30 avril 1784. Au généreux protecteur des arts, au père des démunis, au compagnon des bons vivants, au soutien de la patrie, les arts recommandent l’immortalité». Les ailes du cloître abritent également les très riches collections du Trésor de la cathédrale. Centre d’interprétation d’art et d’histoire de la principauté de Liège, il conserve de nombreuses pièces qui permettent d’embrasser huit siècles d’histoire liégeoise. Parmi les œuvres présentes figurent plusieurs portraits de princes-évêques. Le blason de François-Charles de Velbrück autrefois présent sur son mausolée est également conservé au Trésor.

Place de la Cathédrale
4000 Liège

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Classée comme monument le 24 juillet 1936 
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon

Guy Focant-SPW

Basilique Saint-Martin

Bâtiment emblématique du Mont-Saint-Martin, l’ancienne collégiale Saint-Martin a été fondée vers 963 par l’évêque de Liège Éracle. Devenue paroissiale après la Révolution et ensuite élevée au rang de basilique, l’église actuelle a été érigée à partir du XIVe siècle pour remplacer l’édifice primitif, ravagé par le feu en 1312. C’est de cette même époque que date le très bel ensemble de vitraux Renaissance. Sa splendide chapelle du Saint-Sacrement avec ses quatorze bas-reliefs baroques rappelle que Saint-Martin fut, en 1246, le point de départ de la Fête-Dieu, dédiée au culte du saint Sacrement. C’est le souvenir de cet événement qui incita en 1886 le pape Léon XIII à lui octroyer le titre de basilique mineure. Le chœur a été édifié de 1511 à 1530 et la nef de 1540 à la fin du XVIe siècle.

Saint-Martin conserve toujours actuellement le souvenir de son fondateur : le mausolée d’Éracle (959-971), qui se trouve de nos jours dans le chœur, est une reconstruction d’un monument du XVIe siècle détruit en 1746 et réalisé en 1939-1940 à partir d’un dessin d’époque. Des fragments du monument disparu dont une lame de laiton portant l’inscription funéraire et deux pilastres de pierre décorés d’arabesques ont été intégrés au projet contemporain. La plaque en question porte l’inscription «À Éracle, fils d’un duc de Pologne et d’une fille d’un duc de Saxe, évêque de ce pays et fondateur de cette église où il fut très noblement inhumé (…)». La crypte de Saint-Martin conservait elle aussi un souvenir de son fondateur. Un fragment du même monument représentant la tête de l’évêque en gisant a été volé en 1970.

L’édifice renferme également le souvenir d’un autre grand prince liégeois. Parmi son imposante action de mécénat, Érard de la Marck fit don de vitraux à de multiples sanctuaires parmi lesquels la collégiale Saint-Martin, dont les travaux de reconstruction s’opéraient sous son règne. En 1527, le prince offrit donc trois verrières historiées représentant la vie de saint Martin, celle de saint Lambert et celle de la Vierge. Dans cette dernière, Érard se fit représenter sous un baldaquin carré, revêtu de la cappa magna de cardinal et agenouillé devant un autel sur lequel repose un calice que surplombe l’enfant Jésus tenant une hostie et la croix. Dans le bas et le haut de la composition figurent les armoiries du prince, surmontées du chapeau de cardinal.

Mont Saint-Martin
4000 Liège

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Classée comme monument classé le 15 janvier 1936
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon

SPW

Maison Curtius

Exemple le plus abouti du style mosan, la maison Curtius a été construite de 1597 à 1605 par Jean Curtius, munitionnaire des armées du roi d’Espagne, pour abriter ses activités commerciales. Composé de quatre niveaux en brique et pierre de Meuse, l’édifice est complété par une tour reconstruite en 1904 et par un vaste portail cintré. L’intérieur conserve, au premier étage, deux cheminées monumentales polychromées (1604). 

À cette partie publique s’ajoute une autre privée qui servit à la résidence de Jean Curtius, mais qui fut dénaturée au fil des siècles. 

Ces deux éléments sont de nouveau réunis dans le cadre de l’ensemble muséal du Pays de Liège, « Le Grand Curtius ».

Quai de Maestricht 8
4000 Liège

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Classée comme monument le 14 janvier 1950
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon

Guy Focant

Hôtel Hayne de Bomal

Patrimoine exceptionnel de Wallonie

L’hôtel Hayme de Bomal, de style classique, a été construit en pierre calcaire vers 1775. L’imposante façade présente un soubassement percé de cinq baies et les cinq travées des deux étages sont encadrées de pilastres. La qualité du décor intérieur du bâtiment réside notamment dans les décors en bois peint de style Louis XVI. L’hôtel a été le siège de la Préfecture du département de l’Ourthe. Écrin jusqu’il y a peu du musée d’Armes, l’hôtel a été rénové pour être intégré dans le futur parcours muséal du Grand Curtius.

Quai de Maestricht 8 
4000 Liège

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Classé comme monument le 24 juillet 1936

Institut du Patrimoine wallon

Guy Focant

Hôtel de Ville de Liège

Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Bâtiment d’importance et lieu de pouvoir depuis le Moyen Âge, l’hôtel de ville de Liège garde lui aussi plusieurs traces, liées à Joseph-Clément de Bavière (1694-1723), sous l’épiscopat duquel le bâtiment fut édifié.

Héritier du Conseil de la cité installé sur la place du Marché dès le XIIIe siècle et d’un hôtel de ville bâti au début du XVe siècle, l’édifice fut construit de 1714 à 1718 après la destruction de l’ancienne maison gothique par les troupes françaises du maréchal de Boufflers en 1691. Surnommé « La Violette », le bâtiment est édifié en briques et calcaire sur trois niveaux.

Accessible par un imposant escalier à double rampe et triple volée, le vaste hall d’entrée est orné de huit colonnes, de quatre pilastres en pierre noire et d’une tribune soutenue par quatre atlantes en chêne (1717/1718). Il comporte de nombreux salons richement décorés dont la majestueuse salle du Conseil communal et l’ancienne salle des mariages, décorées de stucs, marbres, tapisseries et toiles peintes.

S’il est le lieu du pouvoir communal où siègent les deux bourgmestres de la ville, le souvenir du prince est toutefois très présent. Les armoiries des deux bourgmestres Michel-Nicolas de Lohier et Louis-Lambert de Liverlo présentes dans un fronton millésimé de 1718, date de la première réunion des bourgmestres, côtoient ainsi, au centre, celles du prince-évêque. Les armes de Joseph-Clément de Bavière, comportant elles aussi le blason azur et argent de Bavière ainsi que deux lions, sont encadrées par l’aigle bicéphale impériale et, comme il se doit, par la représentation de la couronne, de la crosse et de l’épée. Le fronton actuel est une copie conforme de l’original, réalisé par Oscar Berchmans en 1923-1924. Les armes de Joseph-Clément se retrouvent également à l’intérieur, sur la balustrade du vestibule. La coupe du corps central montre en effet les armoiries du prince-évêque. L’édifice conserve enfin l’ancienne tribune épiscopale, située dans l’actuelle salle du Conseil communal.

Liège, ancienne capitale d’État, a toujours joué un rôle moteur dans le Mouvement wallon et son hôtel de ville a été le témoin de nombreux événements importants.

Constitué dans la salle du Conseil communal le 16 novembre 1913, le Comité d’Action wallonne regroupe plusieurs associations parmi lesquelles les Amitiés françaises de Liège, la Ligue wallonne de Liège ou l’Union des femmes de Wallonie. En différend avec l’Assemblée wallonne, le Comité verra naître en son sein en 1923 la Ligue d’Action wallonne de Liège, plus radicale. Au fil des années, les deux associations finiront par se confondre.

L’hôtel de ville fut également le théâtre privilégié d’un événement symbolique de la plus haute importance pour les Wallons qui résistèrent à l’envahisseur en 1914 dans les forts de la ceinture liégeoise : le 24 juillet 1919, en présence des Souverains, les autorités communales recevaient la Légion d’Honneur des mains du Président français en personne, Raymond Poincaré. Cette cérémonie fut également l’occasion pour les Amitiés françaises de Liège de remettre une épée au Maréchal Foch, sur laquelle étaient ciselés un coq et le perron liégeois. 
L’Assemblée wallonne, qui se réunira à deux reprises à Liège dans l’Entre-deux Guerres, est le premier organisme wallon unifié. Sorte de parlement du Mouvement wallon, elle est créée en 1912 et étudie toutes les questions en rapport avec la Wallonie. Issue du Congrès wallon du 7 juillet 1912, elle fonctionne en constituant des commissions chargées de réfléchir chacune sur un thème différent. Sans couleur politique, elle se réunit deux fois par an sous la présidence de Jules Destrée. Volontairement inactive au cours de la guerre au contraire des mouvements flamingants les plus radicaux, elle se retrouve à Liège le 27 avril 1919 et élimine tout collaborateur qui se trouverait parmi ses membres. L’hôtel de ville de Liège accueille encore l’Assemblée wallonne le 27 mai 1922, en plein débat politique sur la flamandisation de l’Université de Gand.

À partir de 1924, il accueille la réception des fêtes de Wallonie et des discours d’une grande importance politique y sont prononcés. Le bourgmestre et les autorités se réunissent alors sur le balcon devant la foule massée place du Marché et, après les discours, assistent au passage d’un cortège folklorique. La séance matinale du troisième Congrès wallon, le 20 novembre 1892, se déroule dans l’ancienne salle des mariages. Les Congrès tenus à Liège sont l’occasion d’une réception d’ouverture ou d’une soirée où les autorités communales convient les congressistes. Ce fut notamment le cas à l’occasion du premier congrès de la Concentration wallonne le 27 septembre 1930, à l’invitation du bourgmestre Xavier Neujean.
 

Place du Marché
4000 Liège

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Classé comme monument le 13 novembre 1942

Institut du Patrimoine wallon