Code postal
4000

Province de Liège, Musée de la Vie wallonne

Parc de la Boverie à Liège

Aujourd’hui parc de la Boverie, le lieu était autrefois champêtre ; les boeufs qu’on y faisait paître ont d’ailleurs donné leur nom à l’endroit. Il fut aménagé en parc à partir de 1853, lorsque les alentours devinrent un quartier chic après le percement de la dérivation de la Meuse. 

En 1865, un jardin d’acclimatation s’y installe et occupe alors la moitié du parc actuel : lieu de promenade recherché, agrémenté de plans d’eau et de plantes exotiques, il recèle également un jardin zoologique. Ce jardin prendra un essor considérable en devenant le lieu de l’exposition universelle de Liège en 1905. De cette exposition subsiste le palais des Beaux-Arts (aujourd’hui Musée d’Art moderne et d’Art contemporain, et Cabinet des Estampes) dont l’architecture Louis XVI, inspirée du Petit Trianon de Versailles, est due aux architectes Soubre et Hasse.

Outre une salle des fêtes, aujourd’hui disparue, le parc abrite de petites constructions (volière, centre nautique…), ainsi que, à la pointe de l’île, une roseraie et un jardin à la française agrémenté de bustes de Liégeois célèbres, tel Auguste Donnay. La passerelle Mativa, ou pont Hennebique, du nom de son ingénieur, date, elle aussi, de l’exposition et reste une prouesse considérable d’ingénierie pour l’époque, méritant protection.

1931, 1945, 1949 : lieu de Congrès disparu

Actuellement, le palais des Congrès a sa place exacte à l’endroit où se trouvait jadis la salle des fêtes du jardin d’acclimatation, aujourd’hui disparue. Celle-ci fut le théâtre de plusieurs événements majeurs du Mouvement wallon, déjà hôte du second Congrès de la Concentration wallonne le 18 octobre 1931. C’est dans cette salle que se sont déroulées deux sessions véritablement historiques du Congrès national wallon.

Le premier Congrès national wallon, organisé les 20 et 21 octobre 1945, avec plus de 1.500 participants, est le premier grand rassemblement wallon après le second conflit mondial. Il est l’occasion, pour les Wallons, de faire le bilan de la guerre, de mettre en commun leurs idées et leurs revendications, d’aborder les grands thèmes qui seront ceux des différentes sessions du Congrès national dans les années à venir : problèmes économiques de la Wallonie, problèmes linguistiques, menace sur la culture française, avenir du pays. Le but est clairement affirmé par le président Joseph Merlot : définir une politique commune à toute la Wallonie.

Un vote est organisé sur l’avenir de la Wallonie, et la réunion à la France emporte le plus de suffrages. Suite à de nombreuses interventions, la solution fédéraliste est adoptée au second tour. Une commission est chargée de plancher sur un projet concret. Une exposition sur le Mouvement wallon dans la Résistance est également organisée au même endroit, entre autres à l’attention des congressistes.

Les 1er et 2 octobre 1949, le jardin d’acclimatation accueille à nouveau le Congrès national wallon, qui se réunit alors pour la cinquième fois. En pleine question royale, les congressistes décident de demander un dépouillement régional en cas de consultation populaire. Une position finale dans la question royale aura lieu lors du Congrès suivant mais, déjà, les Congressistes se prononcent contre un retour de Léopold III.

 

« Le 20 octobre fut une belle journée d’automne, tiède et ensoleillée, qui rendait paisibles les rives de Meuse. Le Congrès se réunit dans la salle des fêtes du jardin d’Acclimatation. Au même endroit fut organisée une exposition sur le mouvement wallon dans la Résistance, et qui fut visitée par les participants au Congrès. Outre les participants au Congrès se pressèrent environ 80 journalistes belges, suisses, hollandais et bien sûr des Français, sollicités par les organisateurs, placés derrière le Comité organisateur ou dans la fosse de l’orchestre. À partir de 9 heures, les congressistes se présentèrent de plus en plus nombreux aux portes de la salle, accueillis par des commissaires de Jeune Wallonie. Sur la scène prit place le Comité organisateur, face à l’imposante assemblée, qui allait goûter à une liberté de parole retrouvée après des années de clandestinité et de souffrance. La séance du matin s’ouvrit à 10 heures 30, elle devait durer deux heures. » Philippe Raxhon, Histoire du Congrès wallon d’octobre 1945, Charleroi, 1995, p. 49.

 

Un 14 juillet typiquement liégeois

Toujours actuellement, le parc de la Boverie est le lieu choisi par les Liégeois pour fêter le 14 juillet. À l’initiative des Amitiés françaises de Liège, des concerts et des animations sont alors organisés pour s’associer à la fête nationale française. 

Véritable manifestation populaire, cette fête est idéale pour rappeler les nombreux liens historiques sentimentaux et culturels qui unissent la Ville de Liège avec la République française. Chaque année, la journée du 14 juillet est également l’occasion de plusieurs autres événements à Liège : réception donnée par le Consul général de France au palais des Congrès, dépôt de fleurs au monument à la Résistance et cérémonie d’hommage aux héros français et belges au cimetière de Robermont.

Parc de la Boverie
4000 lIège

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Province de Liège – Musée de la Vie wallonne. Photo G. Destexhe

Musée de la Vie wallonne à Liège

L’ancien couvent des Frères Mineurs, dont les bâtiments actuels ont été édifiés à partir de 1655, constitue un ensemble architectural d’une grande importance au cœur de Liège. De style Renaissance mosane, le couvent est construit autour d’un quadrilatère en brique et calcaire de deux étages percés de baies et couverts de bâtières d’ardoises. Gravement sinistrés au cours de la Seconde Guerre mondiale, les bâtiments conventuels ont été rénovés entre 1963 et 1970 en respectant le style ancien, tout en s’adaptant à une affectation muséale. Une nouvelle rénovation dans le même esprit est menée avec plus d’audace en 2008, dans la foulée du renouvellement de la scénographie du musée de la Vie wallonne.

Parmi les très riches collections de l’institution se trouve une guillotine, utilisée à Liège pour les exécutions capitales sous le régime français à partir de 1796. Conservée un temps par les Hollandais, elle fonctionne sur la place aux Chevaux (actuelle place de la République française) jusqu’en 1824. On y trouve aussi le sabre et la jambe de bois de Jean-Joseph Charlier dit « jambe de bois », héros de la Révolution belge de 1830 ayant vraisemblablement perdu sa jambe droite à la bataille de Waterloo. Dès l’âge de 20 ans, il entre dans l’armée et participe à la campagne d’Allemagne entre 1813 et 1814 dans les rangs de l’armée française.

carte

Cloître de l'ancien couvent des Frères Mineurs, actuellement Musée de la Vie wallonne, rue Moray, classé comme monument le 03 février 1953

Frédéric MARCHESANI, 2014

SPW - G. Focant

Monument Tchantchès à Liège

 

Née pour la première fois en 1914, l’idée d’élever un monument à Tchantchès est lancée par la société Le Vieux-Liège en 1922. Le monument, devant représenter le héros des pièces de marionnettes liégeoises et le véritable ardent liégeois personnifié, est érigé en 1936 dans le quartier populaire d’Outremeuse et réalisé par le statuaire Joseph Zomers. 

Inauguré le 27 septembre, dans le cadre des Fêtes de Wallonie, en présence du bourgmestre Xavier Neujean et de militants wallons parmi lesquels Georges Truffaut, il représente une hiercheuse brandissant la marionnette de Tchantchès. Réalisée en bronze, cette statue repose sur un imposant piédestal composé d’une fontaine et de petites vasques conçues par l’architecte Bernimolin. À l’arrière, un coq est figuré sur la plaque permettant d’accéder au mécanisme de la fontaine.

Monument témoin du folklore et de l’esprit wallon, il deviendra un lieu d’hommage du Mouvement wallon en 1959.

Rue Pont Saint-Nicolas
4000 Liège

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

 IPW

Monument Pierre VAN DAMME

Situé en bordure d’une pelouse entre les Terrasses et le pont Albert Ier à Liège, ce monument rend hommage au musicien wallon Pierre Van Damme (1867-1947), qui mit en musique bon nombre de textes d’auteurs wallons, dont le célèbre Li p’tit banc d’Émile Wiket. 

Composé d’un imposant bloc de pierre, il comportait auparavant un médaillon représentant Van Damme. Il a aujourd’hui disparu comme l’atteste l’important espace vide. Une phrase rappelle la place qu’avait la Wallonie dans l’œuvre de l’artiste : « À Pierre Van Damme qui transcrivit en pages musicales l’âme et les paysages de la Wallonie ».

Boulevard Saucy 14
4000 Liège

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

© SPW-Patrimoine-Guy Focant

Monument à la Résistance armée

Seul monument national érigé en hommage aux Résistants de 1940-1945, ce monument (récemment restauré) est dû à l’architecte Paul Étienne et au sculpteur Louis Dupont. Il fut inauguré le 8 mai 1955. Le groupe des statues à gauche évoque la résistance armée, celui de droite la résistante intellectuelle. Le choix de Liège – et de la Wallonie… – pour sa localisation s’expliquait par le rôle phare joué par certains de leurs citoyens dans la résistance à l’occupant. 

Le mouvement wallon dans la Résistance

« Tout concourt à montrer qu’une attitude, qu’un comportement différent se révéla au nord et au sud du pays face à l’occupation », écrivait dès 1976 un des meilleurs et des plus objectifs historiens de la Seconde Guerre mondiale, José Gotovitch. Ces dernières années, dans un climat où tout fait farine au moulin pour tenter d’occulter des disparités, d’aucuns se sont efforcés de monter en épingle, a contrario, les actes coupables de collaborateurs ou d’autorités politiques en Wallonie. C’est pourquoi il importe encore de rappeler ici, à la suite de Gotovitch toujours, que la collaboration dans le sud du pays ne put s’appuyer sur le mouvement wallon alors qu’en Flandre elle fut le fait d’un parti nationaliste disposant d’une réelle base populaire, et qu’au contraire « le caractère net et intransigeant du refus de l’occupation, l’engagement contre les Allemands et la volonté de libération nationale affirmés dès les premières semaines d’occupation, placent les militants wallons parmi les premiers à s’être relevés de la prostration générale ».

Outre la création envisagée dès le 2 juin 1940 (quatre jours après la capitulation !) de « Wallonie libre » par certains de ces militants réunis à Bruxelles, on signalera l’appel à la résistance de tous les Wallons lancé  depuis Paris par d’autres militants quatre jours plus tard, le rassemblement du 18 juin, la mise en place dès août 1941 d’un « Front wallon pour la Libération du Pays » antérieur au « Front de l’Indépendance » qui se constituera en mai 1942, la tentative de création d’un Rassemblement démocratique et socialiste wallon en 1943, mais aussi et surtout l’implication de dizaines de militants dans la presse clandestine, les filières d’hébergement et d’évasion de toutes sortes, les actions de sabotage, si bien que plus d’une cinquantaine des principaux dirigeants du mouvement wallon trouveront la mort dans la Résistance – au combat ou en déportation.

En ce qui concerne enfin les différences (aujourd’hui souvent minimisées) entre Flandre et Wallonie concernant l’implication respective de leur population dans la résistance à l’occupation et au nazisme, plus que de longs discours, on reproduit ci-dessus l’éloquente carte (publiée par l’Institut Jules Destrée en 1998) des actes de sabotage commis dans le pays durant les vingt derniers mois de l’occupation, à un moment où la défaite allemande se profilait pourtant. Elle se passe de commentaires.  

En 2008, le Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, sous la direction du même José Gotovitch et de Paul Aron, confirma la surreprésentation réelle de la Wallonie dans la Résistance, avec 71 % des journaux clandestins, 79 % des actes de sabotage… Le même ouvrage démonte plusieurs des mythes nationalistes flamands, qu’il s’agisse des martyrs de l’Yser ou de la répression de 1945, et souligne que cette dernière ne fut pas dirigée contre le mouvement flamand, mais que 62 % des condamnés pour collaboration furent néerlandophones. Les chiffres se passent, ici en tous cas, également d’autres commentaires.

Nous terminerons cette notice en rappelant que si durant quatre décennies au moins après la Libération, le monde politique flamand dans son écrasante majorité n’eut de cesse de réclamer l’amnistie des collaborateurs condamnés (et obtint progressivement « réparation » pour certains), c’est au monde politique wallon quasi unanime qu’il se heurta toujours sur cette question. À ce titre et par contrecoup, celle-ci fut elle aussi un des ferments d’une identité wallonne, comme devait l’observer le Ministre-Président Robert Collignon lors du cinquantenaire de la Libération : « Pour ce qui est des Wallons d’aujourd’hui, la Région wallonne est fière de constater qu’à chaque fois que le débat sur l’amnistie rebondit, la réaction unanime de la population et de la presse wallonnes est de rappeler les sacrifices de nos résistants, de nos martyrs massacrés par l’ennemi. Ailleurs, on semble plutôt enclin à débattre davantage du bien-fondé des réhabilitations et même de l’opportunité de réécrire l’histoire ».

Parc d'Avroy 
4000 Liège

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

IPW

Mémorial aux auteurs wallons morts pour la Patrie

Installé sur la façade d’une annexe de l’Athénée Destenay située à l’angle du boulevard Saucy et de la rue Damery, ce petit mémorial rend hommage à des auteurs wallons victimes de la Première Guerre mondiale. Réalisé en bronze au début des années 1930, il est l’oeuvre du sculpteur Jean Bury, originaire de Ghlin, qui avait servi sur le front de l’Yser au cours de la Grande Guerre. 

Représentant en son sommet un coq au milieu de rameaux, lançant un cri en direction du ciel, il comporte le nom de sept auteurs wallons entourés par deux figures féminines :

Raymond Hynstens (1894-1918), originaire de Tournai, qui collabora au journal des tranchées Les infants d’Tournai dans lequel on retrouve plusieurs de ses chansons, et mourut à Kippe (Merckem) ; 
Jean Istace (1887-1917), originaire de Vedrin, auteur de quelques poésies et d’une comédie, décédé au camp de Guben, en Allemagne ; 
Ernest Lambotte (1883-1926), originaire de Ciney, collaborateur de la gazette L’arsouye et qui laissa également deux comédies en un acte ; 
Jules Leruth (1871-1925), originaire de Herve, fondateur et collaborateur de L’Almanak dè pays d’Haive ; 
Georges Pelouse (1891-1918), président-fondateur du cercle littéraire Les rèlis Namurwès en 1909, mort dans le secteur de Boesing; 
Alphonse Ramet (1873-1916), originaire de Verviers, fusillé par les Allemands à Liège le 19 mai 1916 et 
Maurice Turc.

Boulevard Saucy 14
4000 Liège

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

G. Focant - SPW

Cinéma Palace de Liège

L’hôtel Mohren, devenu par la suite Liège-Palace, puis le cinéma Palace, est un des premiers grands music-halls de la ville. Construit dans la rue Pont d’Avroy lorsqu’elle fut considérablement élargie (12 m de plus) en vue de l’exposition universelle de 1905, il intègre les bâtiments d’un premier hôtel Mohren, aménagé en 1876 par l’architecte Castermans. Bâtiment de deux travées courant jusqu’à la place Saint-Paul, il est doté d’une nouvelle façade donnant sur la rue Pont d’Avroy en 1905-1906. 

Il s’agit d’un bâtiment asymétrique dont le rez-de-chaussée et le premier étage ont été plusieurs fois remaniés (dont une dernière fois en 2006), les étages supérieurs restant intacts. Les éléments architectoniques, composites, sont très travaillés : bossages, ressauts, volutes, pilastres engagés, chapiteaux corinthiens, frontons, modillons, balustrades… L’immeuble s’intègre parfaitement au style éclectique des bâtiments de la rue. 

L’étonnante façade de la place Saint-Paul, datant quant à elle de 1910, est l’oeuvre de l’architecte Clément Pirnay.

1909 : l’Assemblée constitutive des « Amitiés françaises »

Les Amitiés françaises sont constituées à Liège, à l’initiative d’Émile Jennissen, le 2 septembre 1909, pour faire connaître la culture française en faisant plus que les associations de défense de la langue française. Le siège social est fixé à Liège et Jennissen est élu secrétaire général.

Ce premier groupement liégeois est rapidement suivi par d’autres, à commencer par les Amitiés françaises de Mons le 10 mai 1910. Ensuite, la plupart des villes wallonnes créeront leur groupe, chacun composé d’intellectuels attachés à la Belgique, mais animés d’une réelle volonté de bénéficier et de faire profiter leur pays de la richesse de la culture française. Ces ligues locales se retrouvent au sein de la Ligue internationale des Amitiés françaises, une structure de plus grande ampleur regroupant des Français de France et d’ailleurs. Cette structure est dirigée depuis Paris et organise les Congrès internationaux. Le premier Congrès international se déroule à Mons en 1911. En dehors de ces manifestations internationales, chaque section est libre d’agir de son propre chef, via notamment l’organisation de conférences.

Après 1945, les diverses sections se maintiennent essentiellement à Liège, Mons, Charleroi et Namur. Aujourd’hui, un siècle après leur création, elles subsistent à Liège (surtout), Charleroi et Bruxelles même si leurs activités sont fortement restreintes.

Ancien hôtel Mohern

Rue Pont d'Avroy 21

4000 Liège

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Archives Fonds Desarcy-Robyns, Fonds d’histoire du Mouvement

Hommage à Georges Truffaut (1963)

Cimetière de Sainte-Walburge

Le premier cimetière de Sainte-Walburge était situé autour de l’église du même nom, mais il fut désaffecté en 1866. Le cimetière actuel fut inauguré le 20 mars 1874 et était alors quelque peu à l’écart du quartier. Doté d’une entrée monumentale en 1907, le cimetière n’a cessé de se développer depuis. Entièrement clos, il a accueilli les dépouilles de nombreuses personnalités liégeoises liées au Mouvement wallon, ainsi qu’une importante manifestation récurrente.

 

Le pèlerinage à Sainte-Walburge

Le cimetière de Sainte-Walburge contenait un monument aux héros de la révolution de 1830 et les tombes de nombreux révolutionnaires, parmi lesquels le mythique Charlier-Jambe-de-Bois. Un pèlerinage devant ces monuments fut organisé dès les années 1890 et la Ligue wallonne de Liège s’y associa dès sa création en 1897, les journées de septembre étant alors perçues surtout comme une révolte contre la politique de néerlandisation de Guillaume Ier. C’est dans le même esprit qu’avant le Congrès wallon de 1905, les congressistes se rendaient au monument de Sainte-Walburge le 30 septembre. Le pèlerinage se poursuivrait lors des premières fêtes de Wallonie, ainsi qu’en d’autres occasions : une cérémonie en présence des membres de la Concentration wallonne eut lieu le 28 septembre 1930 au cours des fêtes du centenaire de l’indépendance et des résistants du Front wallon pour la libération du pays s’y rendirent le 30 septembre 1941 pour y déposer symboliquement leur charte.

 

Plusieurs belles figures du mouvement wallon sont enterrées dans le cimetière de Sainte-Walburge et la symbolique de certaines tombes est parfois très forte.

 

Théophile Bovy (1863-1937), auteur des paroles du Chant des Wallons(dont Louis Hillier composa la musique) est inhumé dans le caveau de la famille Bovy. Classique, le monument funéraire comporte l’inscription « Théophile Bovy. Auteur wallon. Chevalier de l’Ordre de Léopold. 1863-1937 ». Auteur de pièces en wallon, Bovy fut membre du comité exécutif de la Ligue wallonne en 1897 et président de l’Association des auteurs wallons.

 

 

Toussaint Brahy (1821-1888), poète wallon, fonda le Caveau liégeois en mars 1872, une association toujours active actuellement sous la présidence du folkloriste Jean-Denys Boussart. Le monument funéraire de Brahy comporte une colonne surmontée d’une pomme de pin, symbolisant le perron liégeois.

 

 

Maurice Destenay(1900-1973), député libéral de 1949 à 1965, échevin (1953), puis bourgmestre (1963) de Liège jusqu’à sa mort, développa une action wallonne énergique dès les années 1930, qui culmina dans sa défense des Fourons dans les années 1960. Outre sa tombe à Sainte-Walburge, on peut signaler le petit monument qui lui a été dédié au centre de Liège à proximité de la bibliothèque des Chiroux, à côté de l’avenue portant son nom.

 

 

 

Eugène Duchesne (1901-1966), inhumé dans le caveau familial, s’illustra comme militant wallon, puis comme résistant au cours de la Seconde Guerre mondiale et reçut la médaille d’or de Wallonie libre en 1959. Sa tombe conserve, posée sur la pierre tombale, un macaron figurant le drapeau wallon.

 

Jean Haust (1868-1946), originaire de Verviers, fut, selon l’Encyclopédie du Mouvement wallon, la figure la plus marquante et la plus connue de la dialectologie wallonne, qu’il fit entrer à l’Université en 1920, et un militant wallon très actif jusqu’au Congrès de 1945.

 

 

Alphonse Tilkin (1859-1918), auteur wallon et président de la Société des auteurs wallons en 1887, puis de celle des Auteurs dramatiques et chansonniers wallons en 1895, participa notamment au comité des Congrès wallons de 1890 à 1893. Sa sépulture porte à son sommet un coq prenant le perron liégeois sous son aile, la patte posée sur un exemplaire de Li Spirou, journal fondé par Tilkin. La dédicace (Di main d’maisse i scriya noss’ wallon) résume l’action du défunt.

Georges Truffaut (1901-1942) : membre fondateur et ardent animateur de la Ligue d’Action wallonne (1923), ce député socialiste de Liège, figure emblématique du Mouvement wallon durant l’Entre-deux-Guerres, poursuit le combat contre les Allemands en Angleterre dès mai 1940, tout comme le Namurois Luc Javaux. Lui aussi y perd la vie, le 3 avril 1942. Sa dépouille fut rapatriée en 1947 et sa sépulture, outre un buste, comporte un bas-relief représentant un flamboyant coq wallon. La dédicace est faite à : « Georges Truffaut, échevin, député, fondateur du Grand Liège, ardent wallon, capitaine de l’armée belge, mort pour la liberté, 1901-1942 ». La citation « Mieux vaut mourir de franche volonté que du pays perdre la liberté » rappelle la devise des Universitaires wallons et de Luc Javaux.

 

 

Le monument aux écrivains wallons. Un monument en forme d’obélisque au sommet duquel se trouve un flambeau, placé en face de la sépulture de Georges Truffaut, rend hommage aux écrivains wallons de manière générale : « À la mémoire de nos écrivains wallons regrettés » dit la dédicace de cette pierre, érigée en 1938 à l’initiative du Souvenir wallon.

 

 

 

Boulevard Fosse-Crahay 69

4000 Liège

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Statue Jehan LE BEL

Statue de Jehan Le Bel, réalisée par Alphonse de Tombay, entre 1881 et 1884.

Au milieu du XIXe siècle, afin de doter l’institution provinciale de Liège d’un bâtiment digne de ce niveau de pouvoir, d’importants travaux sont entrepris autour de l’ancien palais des princes-évêques. Propriétaire des lieux (1844), l’État belge retient le projet du jeune architecte Jean-Charles Delsaux (1850) et lui confie la mission de réaliser la toute nouvelle aile, en style néo-gothique, sur le côté occidental du Palais. Face à la place Notger, Delsaux (1821-1893) achève l’essentiel du chantier en 1853, mais des raisons financières l’empêchent de réaliser la décoration historiée qu’il a prévue pour la façade du nouveau palais provincial. Vingt-cinq ans plus tard, le gouverneur Jean-Charles de Luesemans prend l’avis d’une commission pour déterminer les sujets et les personnes les plus dignes d’illustrer le passé de « la Nation liégeoise ». Placés sous la responsabilité de l’architecte Lambert Noppius (1827-1889), une douzaine de sculpteurs vont travailler d’arrache-pied, de 1877 à 1884, pour réaliser 42 statues et 79 bas-reliefs qui racontent l’histoire de Liège.

Parmi les 42 personnages illustres, Jehan Le Bel (Liège circa 1290 – 1370) ne pouvait être oublié en cette seconde moitié du XIXe siècle dans la mesure où Les Vraies Chroniques de Messire Jehan le Bel venaient tout juste d’être retrouvées (1861). De plus, ce texte oublié pendant un demi-millénaire venait d’être publié par l’historien liégeois Mathieu Polain (1863). En retenant Jehan Le Bel, que le grand Froissart lui-même reconnaissait comme son maître, la Commission ne s’était pas trompée. Par la suite, Henri Pirenne reconnaîtra en Jehan Le Bel le premier grand prosateur du XIVe siècle.

Patricien ayant grandi dans une famille liégeoise aisée, chanoine de Saint-Lambert, amoureux du luxe, Le Bel devient un familier de Jean de Beaumont, le fils cadet du comte de Hainaut. Il s’intéresse en particulier à la destinée de Philippa, l’épouse wallonne du roi Édouard III d’Angleterre. Vers 1326-1327, Jehan Le Bel aurait guerroyé du côté de l’Écosse et c’est de cette époque que remonterait le début de la chronique qu’il dédie à Jean de Beaumont. Écrite en français (et non en latin), elle s’étend jusqu’en 1361 et se révèle un exposé remarquable sur les origines de la Guerre de Cent Ans. Lassé des épopées rimées qui vantent sans retenue les exploits des « grands » de ce monde, Jehan Le Bel entreprend d’écrire, avec sobriété et précision, un petit livre destiné aux gens raisonnables, et consacré au règne d’Édouard III. Il y ajoute des considérations personnelles sur l’état du monde, du moins sur une partie de celui-ci. Jehan Le Bel limite en effet son sujet au territoire des provinces wallonnes (y compris le nord de la France) et à une partie de la Grande-Bretagne. Il en ressort un modèle du genre que Froissart est le premier à saluer. Si ses chroniques ont (peut-être partiellement) traversé le temps, il n’en est pas de même de poèmes que certains de ses contemporains lui attribuent.

La statue de Jehan Le Bel est l’un des six personnages illustrés par Alphonse de Tombay (Liège 1843 – Bruxelles 1918). Et force est de constater que le « chevalier » a été privilégié au « chroniqueur ». Coincé dans son armure et appuyant la main gauche sur une haute épée, Le Bel n’a pas droit au même traitement qu’un Jean D’Outremeuse qui tient un livre entre ses mains, tandis qu’un autre gît à ses pieds. La statue de Jehan Le Bel trouve place sur la partie inférieure de la façade occidentale, à l’intersection entre celle-ci et le marteau gauche, sur la colonne de droite : le chevalier est placé à la droite de son « confrère », le chroniqueur Jean d’Outremeuse qui est aussi une statue réalisée par de Tombay. 

Fils et petit-fils de sculpteurs liégeois, en plus de son apprentissage dans l’atelier paternel, il a fréquenté l’Académie de Liège où il a reçu notamment les conseils de Prosper Drion. Ami de Léon Mignon, de Tombay a bénéficié comme lui d’une bourse de la Fondation Darchis. Il vient de séjourner plusieurs mois à Rome (1874-1878) quand il est engagé à Liège, sur le chantier de décoration du Palais provincial. Répondant à plusieurs commandes officielles dont un buste de Charles Rogier (1880) à Bruxelles qui aura beaucoup de succès, de Tombay signe à Liège six statues et trois bas-reliefs évoquant des scènes historiques (L'exécution de Guillaume de la Marck, La mort de Louis de Bourbon, L'octroi de la Paix de Fexhe). Exposant ses propres œuvres tout en répondant à de nombreuses commandes officielles à Bruxelles (Jardin botanique, Parc du Cinquantenaire) comme à Paris (Arc de Triomphe), il devient professeur à l’Académie de Saint-Gilles, avant d’en assurer la direction (1902). 

Sources 

Julie GODINAS, Le palais de Liège, Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2008, p. 82
http://www.chokier.com/FILES/PALAIS/PalaisDeLiege-Masy.html
Hugo LETTENS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 350-351
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 457-458
Serge ALEXANDRE, Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996
Henri PIRENNE, dans Biographie nationale, t. 11, col. 518-525
Marguerite DEVIGNE, Alphonse de Tombay, dans Biographie nationale, t. 25, col. 415-416
Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. I, p. 146, 177-179
 

Statue de Jehan Le Bel

Façade du Palais provincial
Face à la place Notger
4000 Liège

carte

Paul Delforge

Province de Liège-Musée de la Vie wallonne

Athénée Léonie de Waha

L'athénée Léonie de Waha porte le nom d’une grande pédagogue, par ailleurs promotrice pionnière de la conscience wallonne.

Issue d’une illustre famille liégeoise – son aïeul de Chestret a participé à la révolution de 1789 comme bourgmestre de Liège – elle consacre sa vie à la collectivité et s’investit dans l’éducation des jeunes filles. C’est ainsi qu’en plus de patronner de très nombreuses œuvres caritatives, elle crée, en 1868, l’Institut supérieur de Demoiselles.

Parallèlement à cette action émancipatrice pour les femmes, elle s’investit dans le Mouvement wallon du début du XXe siècle. Le 28 octobre 1912, elle fonde l’Union des Femmes de Wallonie, avec pour ambition de stimuler, chez celles-ci, une conscience politique wallonne.

En 1913, lors des débats conduisant à l’adoption du drapeau wallon, elle plaide, avec d’autres, pour qu’il reprenne les couleurs liégeoises, à savoir le jaune et le rouge, contribuant ainsi à fixer l’emblème officiel d’une Wallonie pour laquelle elle n’a cessé de se battre. Elle est aussi à l’initiative du choix de la gaillarde comme emblème floral de sa patrie wallonne.

Léonie de Waha fut élevée, à titre posthume, au rang d’Officier du Mérite wallon en 2012.

Boulevard d’Avroy 96
4000 Liège

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