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Béatrice Dooms et Jean-Pierre Mathot : quand la pierre rencontre la peinture

Concilier la peinture et la sculpture en une même oeuvre, voilà qui n'est pas courant. Et qui l'est encore moins lorsque l'on sait que l'oeuvre est née de la collaboration entre deux artistes qui, jusqu'alors, n'avaient jamais travaillé ensemble. C'est pourtant ce à quoi la peintre namuroise Béatrice Dooms a immédiatement pensé lorsqu'elle a été approchée par la commission des Arts de Wallonie pour concevoir l'aménagement du hall (A) du premier immeuble de la rue du Tan, à Namur. L'artiste a alors invité le sculpteur Jean-Marie Mathot à réfléchir avec elle sur le projet d'intégration artistique.

Ensemble, ils ont imaginé d'occuper un pan de mur d'un triptyque peint bordé d'un cadre en petit granit dont la forme recoupe partiellement la toile. Ou plus exactement, il faudrait écrire que les ondulations de la pierre épousent les mouvements des personnages peints, sur lesquels elles recentrent l'attention. Figurative, la toile l'est assurément. Ce sont bien des êtres humains que le visiteur surprend au moment où les « portes » sculptées semblent se refermer sur eux. Mais il ne s'agit pas d'une figuration évidente, car la toiles portent des traces ostensibles de coups de peinture qui n'ont aucune fonction référentielle : Les formes humaines perceptibles se dissolvent dans un halo brumeux qui élimine les détails au détriment de la physionomie générale. La juxtaposition minutieuses de strates de couleurs, presque translucides, permet à Béatrice Dooms de plonger ses figures dans une atmosphère évanescente. Elle privilégie encore l'expression de points forts comme le visage, les yeux et les mains, par des rehauts lumineux. Une manière habile de dire beaucoup avec discrétion.

Deux autres sculptures de Jean-Marie Mathot complètent l'ensemble. L'une près des ascenseurs, destinée à recevoir le premier regard du visiteur ; l'autre devant le comptoir, composée d'un motif circulaire traversé par un triangle. Leurs surfaces ne sont pas uniformes, elles sont traversées de lignes incisées et griffées, comme lézardée d'un flux vital, d'une impulsion nerveuse qui tempère la froideur de la géométrie.

Le site : le complexe administratif de la rue du Tan à Namur – Services du Parlement wallon

Poursuivant son implantation namuroise, la Région a assuré l'affectation de ses services dans les nouveaux bâtiments prévus à cet effet. Aujourd'hui occupé par les services du Parlement wallon, l'immeuble de la rue du Tan est doté de deux entrées distinctes qui donnent sur deux halls symétriques.

C'est durant le mois de décembre 1993, que la commission des Arts de Wallonie a consulté deux artistes pour remettre des projets d'intégration artistique : la peintre Béatrice Dooms (hall A) et le céramiste Bernard Thiran (hall B). Ceux-ci ont choisi de s'associer à deux autres artistes, respectivement Jean-Marie Mathot (sculpteur) et Filip Roland (archiscénographe).

rue du Tan et rue Jean-Baptiste Brabant
5000 Namur

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Oeuvre Retour aux sources, Anne Mortiaux

Le hall d'entrée du troisième bâtiment du complexe administratif du SPW, à Jambes, est probablement le plus "ingrat" pour les artistes. Parce qu'il offre une surface de sol très étriquée, découpée par des parois verticales aux longueurs irrégulières, et qu'il est traversé en son milieu par deux colonnes massives. Pourtant, Anne Mortiaux y a trouvé une solution remarquable pour y intégrer une oeuvre d'art, conforme à sa démarche plastique : elle a associé le tracé irrégulier du plan aux relevés précis des méandres de la Meuse et de ses vingt-quatre affluents et confluents.

Sa première intervention a alors été d'inscrire le parcours de ces diverses rivières sur la pierre bleue du hall. Rompant la monotonie du plan, ce tracé qui commence à l'extérieur du bâtiment semble ainsi animer le sol d'un frissonnement intérieur, presque névralgique. Anne Mortiaux a ensuite disposé contre les parois vingt-quatre parallélépipèdes de verre contenant l'eau de chacune des rivières, puisée chaque fois à leur source ! Pour ce faire, elle a patiemment remonté le cours des rivières, jusqu'à leur point de jaillissement les plus reculés. Des photographies, apposées en frise au fond du hall, commentent ces "expéditions" menées jusqu'aux sources de ces rivières.

Esthétiquement très harmonieuse, l'intégration d'Anne Mortiaux s'enrichit encore d'une épaisseur conceptuelle. Le patient retour aux sources qui a guidé sa recherche est plus qu'une démarche, c'est une manière de voir le monde, une philosophie de vie, serait-on tenté d'écrire. Une manière de remonter à l'origine des choses, y compris à l'origine de soi même. L'eau, source de toute vie, devient prétexte à un voyage introspectif extrêmement personnel. L'oeuvre suggère une manière de regarder au fond des choses, de traverser les cloisons,  de surmonter obstacles et embûches qui se dressent, avec l'irrésistible détermination de l'eau qui coule vers la mer.

 

Le site : le centre administratif du Service public de Wallonie à Jambes

L'évolution constitutionnelle de la Belgique accordant de plus en plus de compétences aux pouvoirs fédérés, la jeune Région wallonne a, dès le début des années 1990, dû trouver l'espace nécessaire à l'installation de ses nouveaux services administratifs. Lors des premières constructions des futurs bâtiments régionaux, c'est le décret pris par la Communauté française (pourcents applicables à l'intégration d'oeuvre d'art) qui fut d'application (immeubles Tilot et Bovesse II).

Rapidement toutefois, la Région, pressée de réussir son implantation dans sa nouvelle capitale, a mis en place sa propre commission des Arts. Avant même d'être officiellement créée, celle-ci a dû plancher sur l'organisation de quatre concours, destiné à l'aménagement du nouveau complexe architectural que la Région était en train d'ériger, sur la nouvelle place de la Wallonie, à Jambes.

Ces concours portaient sur l'aménagement du patio principal et des halls d'accueil des trois bâtiments. Les lauréats désignés ont été Françoise et Georges Pirson (Patio), Costa Lefkochir (Hall du bâtiment I), Francis Dusépulchre (hall du bâtiment II), et Anne Mortiaux (hall du bâtiment III)

place de la Wallonie 1
5100 Jambes

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Monochromes polychromes de Francis Dusépulchre

Dans le hall du bâtiment n° 2, quand Costa Lefkochir joue des infimes variations de teintes et des nuances raffinées qu'offre sa palette, Francis Dusépulchre choisit une autre voie. L'une n'est pas meilleure que l'autre, que du contraire ! Chaque artiste cherche la manière la plus adéquate de s'exprimer et les formes plastiques se distinguent les unes des autres. Amené à traiter un important pan de mur saccadé de décrochages et perturbé par deux colonnes imposantes, Dusépulchre décide d'amplifier la présence plastique de ce mur par un arc géant, jeté de part et d'autre des deux colonnes. Ce "pont" visuel se compose de panneaux de métal, teints d'un rouge incandescent et d'un bleu profond. La première teinte répond à une fonction de "signal", la seconde à une fonction de "dialogue".

Bien que rigoureusement monochromes, ces panneaux éclatants réagissent différemment à la lumière. Les éclats lumineux approfondissent ou éclatent les couleurs, selon une modulation qui varie en fonction de la place que l'on occupe dans le hall. Le spectateur a alors l'impression que les teintes se modifient en fonction de ses déplacements. C'est particulièrement le cas du bleu que l'artiste a choisi pour ses qualités de modulation à la lumière.

Ce phénomène est accentué par la caractéristique essentielle de la démarche artistique de Francis Dusépulchre : l'animation sculpturale des surfaces. Les panneaux qui forment l'arc ne sont pas simplement apposés à même le mur. Au contraire, ils s'en démarquent et cherchent à prendre leur distance avec sa planéité verticale. Les plaques sont accrochées dans des plans différents, légèrement décalées par rapport aux autres et vis-à-vis du mur. De la sorte, elles absorbent et réfléchissent toujours différemment les diverses impulsions lumineuses. L'évidence simple du monochrome cède ainsi à un jeu subtil de nuances, à un théâtre d'ombres floues dont l'obscurité et la lumière sont les principaux protagonistes.

Le site : centre administratif du Service public de Wallonie à Jambes

L'évolution constitutionnelle de la Belgique accordant de plus en plus de compétences aux pouvoirs fédérés, la jeune Région wallonne a, dès le début des années 1990, dû trouver l'espace nécessaire à l'installation de ses nouveaux services administratifs. Lors des premières constructions des futurs bâtiments régionaux, c'est le décret pris par la Communauté française (pourcents applicables à l'intégration d'oeuvre d'art) qui fut d'application (immeubles Tilot et Bovesse II).

Rapidement toutefois, la Région, pressée de réussir son implantation dans sa nouvelle capitale, a mis en place sa propre commission des Arts. Avant même d'être officiellement créée, celle-ci a dû plancher sur l'organisation de quatre concours, destiné à l'aménagement du nouveau complexe architectural que la Région était en train d'ériger, sur la nouvelle place de la Wallonie, à Jambes.

Ces concours portaient sur l'aménagement du patio principal et des halls d'accueil des trois bâtiments. Les lauréats désignés ont été Françoise et Georges Pirson (Patio), Costa Lefkochir (Hall du bâtiment I), Francis Dusépulchre (hall du bâtiment II), et Anne Mortiaux (hall du bâtiment III)

Place de la Wallonie 1 
5100 Namur (Jambes)

Conditions d'accès : halls et patio accessibles aux heures de bureau

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Costa Lefkochir : la mémoire révélée

Pour animer le premier hall d'accueil du bâtiment, l'artiste Costa Lefkochir a donné la pleine mesure de ses qualités de peintre, sur deux grandes peintures murales couvrant la totalité des murs (3 x 12 m chacune). Au coeur d'un jaune solaire, se répand une forme noire, freinée dans son explosion par le poids de sa propre matière. Epaisse, elle se développe et libère des émanations sombres qui se mélangent au jaune dominant pour produire une gamme de teintes, allant des brunes terriennes à des oranges lumineuses. La grande peinture murale permet au peintre d'instaurer un dialogue dynamique avec l'espace pictural. Son geste doit être juste : il faut masquer les surfaces qui doivent s'ouvrir, laisser saillantes les autres, amplifier les nuances. Plus que jamais, la peinture exige l'engagement du peintre dans un corps à corps intense. Le mur en porte les traces, mais celles-ci ne sont pas les cicatrices douloureuses qu'il faudrait cacher. Elles sont justes et mesurées. L'épanchement lyrique reste précis ; il ne cède ni au hasard, ni à l'aléatoire.

Au coeur même de la forme, se révèlent en filigrane des fragments de papier journal. C'est là, en son noyau vital, que la forme noire conserve la mémoire du temps qui s'écoule. Des extraits où sont compilés les catastrophes humaines, les événements planétaires, les drames et déceptions qui peuplent le quotidien, et parfois les instants de bref bonheur qui éclairent la vie et la rendent possible. La peinture de Lefkochir se veut un appel à la conscience, à la compréhension de l'histoire comme moyen de progrès pour l'humanité. "Qui ne connaît pas le passé est condamné à le revivre" avait écrit le philosophe américain d'origine espagnole, George Santayana (1863-1952). Cette phrase résume parfaitement la démarche de l'artiste. Cette réalisation monumentale clôt d'ailleurs un cycle que l'artiste avait consacré au Mahatma Ghandi.

Le site : le centre administratif du Service public de Wallonie de la place de la Wallonie à Jambes

L'évolution constitutionnelle de la Belgique accordant de plus en plus de compétences aux pouvoirs fédérés, la jeune Région wallonne a, dès le début des années 1990, dû trouver l'espace nécessaire à l'installation de ses nouveaux services administratifs. Lors des premières constructions des futurs bâtiments régionaux, c'est le décret pris par la Communauté française (pourcents applicables à l'intégration d'oeuvre d'art) qui fut d'application (immeubles Tilot et Bovesse II).

Rapidement toutefois, la Région, pressée de réussir son implantation dans sa nouvelle capitale, a mis en place sa propre commission des Arts. Avant même d'être officiellement créée, celle-ci a dû plancher sur l'organisation de quatre concours, destiné à l'aménagement du nouveau complexe architectural que la Région était en train d'ériger, sur la nouvelle place de la Wallonie, à Jambes.

Ces concours portaient sur l'aménagement du patio principal et des halls d'accueil des trois bâtiments. Les lauréats désignés ont été Françoise et Georges Pirson (Patio), Costa Lefkochir (Hall du bâtiment I), Francis Dusépulchre (hall du bâtiment II), et Anne Mortiaux (hall du bâtiment III)

Place de la Wallonie 1 

5100 Namur (Jambes)

Halls et patio accessibles aux heures de bureau
 

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Ondulations telluriques de François et Georges Pirson

Le premier concours organisé, en 1993, par la commission des Arts fraîchement installée n'était pas un cadeau. Il était en effet demandé à des artistes, architectes ou paysagistes de concevoir l'aménagement du patio ouvert de l'immeuble des services centraux du Service public de Wallonie à Jambes ; soit un quadrilatère de vingt mètres de côté, entouré de hautes façades à l'apparence de jeux de construction : signes architecturaux divers, alternance de couleurs, oppositions légères de courbes et droites etc. L'ensemble architectural se lit comme une déclinaison épurée et contemporaine du vocabulaire de l'architecture classique.

Conscients que, dans un espace fermé comme celui-ci, il est inutile de rivaliser avec les façades, les deux lauréats, Françoise et Georges Pirson, respectivement sculpteur et architecte, ont préféré mettre l'accent sur les qualités essentielles du sol. Leur projet repose sur l'idée que le sol jaillisse naturellement, comme une excroissance régulière provoquée par des mouvements telluriques. La partie centrale du patio, couverte de dalle de grès ocre (psammite du Condroz), paraît gondoler sous l'effet d'une irrépressible force intérieure. Cette douce courbure s'oppose au mouvement vertical qu'impose l'architecture et concrétise un principe de travail auquel Georges Pirson tient beaucoup : "L'architecture adhère au corps de la terre qu'elle marque et épaissit de sa propre matière."

Des éléments verticaux en fer jaillissent du sol auquel les rattachent des tendeurs. Ce mouvement d'élévation évoque la présence de l'Homme (homo sapiens), dont l'une des étapes majeures du développement morphologique fut le passage à la station debout. A même le sol également, cinq sphères en fer oxydé, disposées selon une courbe exponentielle, suggèrent un long mouvement circulaire. Leur présence autorise des lectures plurielles. Elles peuvent évoquer la course des planètes autour du soleil, suggérer des masses de fer pur crachées par la terre nourricière, la représentation des électrons etc. Enfin, cinq blocs quadrangulaires recouverts de fines plaques de pierre composent un nouvel alignement régulier dont l'interrelation avec les autres mouvements contribue à amplifier la perception construite que l'on peut avoir de l'espace.

Le site : le centre administratif du Service public de Wallonie de la plance de la Wallonie à Jambes

L'évolution constitutionnelle de la Belgique accordant de plus en plus de compétences aux pouvoirs fédérés, la jeune Région wallonne a, dès le début des années 1990, dû trouver l'espace nécessaire à l'installation de ses nouveaux services administratifs. Lors des premières constructions des futurs bâtiments régionaux, c'est le décret pris par la Communauté française (pourcents applicables à l'intégration d'oeuvre d'art) qui fut d'application (immeubles Tilot et Bovesse II).

Rapidement toutefois, la Région, pressée de réussir son implantation dans sa nouvelle capitale, a mis en place sa propre commission des Arts. Avant même d'être officiellement créée, celle-ci a dû plancher sur l'organisation de quatre concours, destiné à l'aménagement du nouveau complexe architectural que la Région était en train d'ériger, sur la nouvelle place de la Wallonie, à Jambes.

Ces concours portaient sur l'aménagement du patio principal et des halls d'accueil des trois bâtiments. Les lauréats désignés ont été Françoise et Georges Pirson (Patio), Costa Lefkochir (Hall du bâtiment I), Francis Dusépulchre (hall du bâtiment II), et Anne Mortiaux (hall du bâtiment III).

Place de la Wallonie 1 
5100 Namur (Jambes)

Conditions d'accès : halls et patio accessibles aux heures de bureau

Syndicat d’Initiative de Jambes

Jean-Claude Heupgen : le regard dispersé

L'occupation du hall de l’immeuble situé à l’angle de la rue commandant Tilot et de l’avenue prince de Liège (Direction générale de l’Agriculture, des Ressources naturelles et de l’Environnement), à Namur, a requis toute l'attention du sculpteur Jean-Claude Heupgen. Convaincu que l'homme est incapable d'appréhender l'espace sans le délimiter (« comme nous sommes incapables d'appréhender l'infini », dit-il), il a choisi de moduler cet espace très étroit en favorisant la dispersion du regard. Comment ? Par un tracé géométrique au sol qui concentre l'attention du visiteur, dès qu'il franchit le sas d'entrée, et dirige sa vision sur le centre du hall. Le revêtement en pierre noire de Denée, près de Maredsous, est adouci par les traits d'un dessin géométrique effectué à la fraise. Deux lignes de carrés, séparés en leur milieu par une ligne fraisée conduisent à un pavement uni, cette fois. Cette rythmique régulière a pour fonction d'attirer le regard et de dynamiser la déclinaison trop terne du sol jusqu'aux pieds des trois sculptures en bois taillés, qui s'élèvent entre deux colonnes.

Les trois oeuvres de bois (2,5 x 0,3 x 0,3 m) s'élèvent selon une disposition  triangulaire de manière à ce que les faces tournées vers l'intérieur forment un triangle équilatéral resserré. Leurs surfaces sont sculptées de motifs réguliers en saillie de plusieurs centimètres, selon un dessin géométrique qui tient du labyrinthe. En se déplaçant dans le hall, le passant perçoit différemment les sculptures qui modulent la lumière naturelle qui se répand dans l'espace par les baies vitrées. Son regard rebondit sur les traits sculptés et s'échappe sans cesse vers d'autres formes qui le renvoient encore. Accoutumé à suivre les lignes en creux qui le balade de gauche à droite et de haut en bas, l'oeil ne cesse de circuler le long de la sculpture.  La représentation que se fait le spectateur de l'espace est modifiée par les circonvolutions incessantes qu'a suivi son regard.

https://www.sijambes.be/le-regard-disperse-oeuvre-de-jean-claude-heupgen-cj75-2011/

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Hall d'entrée de l'Immeuble Bovesse II, rue des Brigades d’Irlande n° 1 

L'espace du hall d'entrée de l'immeuble Bovesse II, à Jambes est très aéré bien qu'il doive concéder un important sas d'entrée quadrangulaire. Dans son projet, l'artiste a tenu à respecter cette ouverture spatiale, sans pour autant opter pour une intervention discrète, quasi minimaliste. Son choix s'est ainsi porté sur deux « gestes » complémentaires.

Au mur, une œuvre sous verre représente un terril de charbon percé d'une ligne blanche. Le thème est fort adéquatement exprimé par une technique mixte, que domine le fusain, matière à dessiner extraite du charbon. De sombres traits campent cette forme triangulaire à la symbolique plurielle, tout en l'inscrivant dans un arrière-plan très ombrageux. Une sorte de « triangle noir sur fond noir ». La brutalité du tracé, presque instinctif, évoque le dur combat des hommes pour arracher l'or noir aux entrailles de la terre, mais sans excès de pathétisme et de surcharge signifiante. L'expression est extrêmement condensée et la vision se veut plus abstraite qu'anecdotique. Le thème renvoie en outre à l'affectation administrative du bâtiment : l'Aménagement du territoire.

Au sol, une mosaïque blanche incrustée dans un revêtement en pierre bleue découpe les courbes de relief du terril. A la représentation plus émotionnelle que propose l'oeuvre accrochée, au mur répond la visualisation rationnelle de la même réalité, incrusté dans le sol cette fois. Ces deux procédés de représentation correspondent à la position du spectateur. A hauteur de son regard, se présente la toile où le terril apparaît de profil, tel que les habitants des régions charbonnières pouvaient les voir jadis (Ils sont aujourd'hui rasés ou couverts de verdure). Au contraire, lorsque le spectateur qui entre dans le hall regarde au sol, il se place dans une position aérienne, telle que peut l'avoir un aviateur, par exemple. C'est la vision de la cartographie qui comprime en deux dimensions les reliefs. C'est donc fort adéquatement que l'artiste a choisi ici une représentation cartographique. L'oeuvre utilise ainsi deux modes de représentation de la réalité, en condensant les suggestions rationnelles et émotionnelles qui s'y rattachent.

Rue des Brigades d’Irlande 1  
5100 Namur (Jambes)

Hall accessible aux heures de bureau

© IPW

Immeuble, rue des Brasseurs n° 107

Ce bel exemple d’habitation bourgeoise a été construit entre 1550 et 1565 à l’initiative de Godefroid Gaiffier, drapier et bourgmestre de Namur. 

La façade d’esprit gothique, érigée en calcaire appareillé et largement ouverte, est clairement divisée en registres par des cordons saillants. Le dernier de ceux-ci, identifiable à ses petites baies rectangulaires, relève peut-être d’un ajout. 

La porte, privée de sa triple baie d’imposte, tout comme les baies de leur croisée, témoigne d’autres évolutions. 

Le pignon, modifié lui aussi, conserve néanmoins ses épis et ancres en S. 

La façade arrière, en brique blanchie et pierre bleue, est beaucoup plus sobre.

Rue des Brasseurs 107
5000 Namur 

carte

Classé comme monument le 20 novembre 1972

Institut du Patrimoine wallon

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Église Notre-Dame du Rosaire à Wierde

Cette  construction romane remonte aux XIe et XIIe siècles bien qu’elle ait été largement modifiée au XIXe siècle (ajout de la sacristie, de la flèche, du portail sud, suppression de deux piliers de la nef, etc.). Elle se compose d’une puissante tour à l’ouest, de trois nefs de six travées, d’un chœur à chevet plat et d’une absidiole greffée sur le collatéral nord. 

Expliquant sa forme particulière, l’église tire son origine d’un donjon seigneurial du XIe siècle contre lequel s’adossait probablement une mononef. Cette masse de quatre niveaux était presque aveugle à l’origine, à l’exception d’archères, peut-être déjà percées au XIIe siècle. Ce massif est coiffé d’une flèche octogonale en 1837, date qui est également celle de la sacristie qui remplace l’absidiole du collatéral sud.

Le vaisseau et les bas-côtés jadis ornés, comme le chœur, d’arcades aveugles sur lésènes, enlevées presqu’entièrement après 1850, ont été reconstruits dans la première moitié du XIIe siècle. L’édifice a bénéficié d’une restauration dans la seconde moitié du XXe siècle par les architectes R. Bastin et M. Genot.

Rue de Jausse 168
5100 Namur (Wierde)

carte

Classée comme monument le 4 avril 1939

Institut du Patrimoine wallon

IPW

Ferme à Wierde

Déjà cité à la fin du XIVe siècle, ce vaste ensemble architectural constitue l’arrière-fief de Reppeau, appartenant au comté de Namur. Il se compose principalement d’une ferme en U constituée d’une grange en long datée de 1571, d’un logis traditionnel en L de la deuxième moitié du XVIIe siècle (dont la porte est en outre millésimée de 1764), d’étables du XVIIIe siècle et d’une aile des XIXe et XXe siècles, encadrant l’ancien porche d’entrée du XIXe siècle. Un colombier complète l’ensemble.

À l’ouest de l’église se dresse un petit château en calcaire de la première moitié du XVIIIe siècle, remanié au siècle suivant, par l’ajout notamment d’une bâtisse à rue. Il dessine également un ensemble en U composé de deux courtes ailes greffées sur un volume central. Une annexe aménagée contre le pignon oriental abrite une petite chapelle.

Outre d’autres habitations et bâtiments à vocation agricole, l’ensemble protégé comprend également la chapelle Notre-Dame de Lourdes, petit édicule d’esprit classique érigé vers 1800.

Rue de Jausse 137-139, 158 (en face), 168 et à gauche, 178, 179, 182
Rue Fond du Village 32 et à gauche
5100 Namur (Wierde) 

carte

Ferme et mur de clôture classés comme monument, ensemble du site et bâtiments comme ensemble architectural (avec zone de protection) le 10 mars 1995

Institut du Patrimoine wallon