Code postal
5580

Maison Jacquet

Rochefort est le centre de la principale seigneurie du sud de la principauté de Liège et la capitale du comté du même nom. 

Une partie du territoire du comté déborde des frontières liégeoises et fait partie de la terre de Hamerenne, seigneurie luxembourgeoise de la prévôté de Durbuy. 

Ses habitants sont dotés d’une charte de franchise en 1235 par le prince-évêque Jean d’Eppes. 

Érigée en comté en 1494 par Jean de Hornes, elle relève à la fois du prince-évêque et du duc de Luxembourg. 

L’histoire de Rochefort est aussi intimement liée à celle de l’abbaye Saint-Rémy, fondée à la fin du XIIIe siècle. 

La maison Jacquet, propriété au XVIIIe siècle de Pierre-Louis Jacquet (1683-1763), évêque suffragant de Liège, est située en contrebas du château des comtes de Rochefort. 

Cette longue bâtisse d’allure classique a été élevée en briques et pierre bleue à la demande de son propriétaire. À l’intérieur se trouve un corps de cheminée daté de 1763 portant les blasons de Monseigneur Jacquet et du prince-évêque François-Charles de Velbrück (1772-1784).

Rue Jacquet 76
5580 Rochefort

carte

Frédéric MARCHESANI, 2013

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Monument LA FAYETTE

Sur la petite place s’articulant autour d’un seul et unique arbre, un noyer en l’occurrence, un monument en pierre calcaire, d’inspiration art déco rend hommage au marquis de La Fayette en souvenir de son arrestation, à Rochefort, le 19 août 1792. Le projet est principalement porté par Ivan Paul (Jemelle 1887 – Macon-lez-Chimay 1949), qui jusqu’à sa démission en 1933, était un membre actif de l’Assemblée wallonne, son secrétaire politique (1929-1933) et le directeur du journal La Défense wallonne. Le motif de sa démission est politique : déclarant ne plus avoir foi en la Belgique, il s’engage résolument dans un combat en faveur du rattachement de la Wallonie à la France. Ce dessein politique n’est pas clairement affiché lorsqu’Ivan Paul s’adresse aux autorités communales de Rochefort. Mais il ne fait aucun doute qu’avec Paul Collet (Nivelles 1889 – Nivelles 1952), Ivan Paul entend rendre hommage à la France, à ses héros, à partir de monuments implantés en pays wallon. Le 18 juin 1933, un monument français élevé à la mémoire des deux premiers soldats de la république tombés le 21 août 1914 à Nivelles a été inauguré à l’initiative de Paul Collet, écrivain nivellois, lui aussi membre de l’Assemblée wallonne. Avec l’aide du sculpteur Marcel Collet, frère de Paul Collet, Ivan Paul trouve en Gilbert du Motier, marquis de la Fayette un personnage qui correspond à ses objectifs. L’occasion lui en est donnée en 1934, année  du centième anniversaire de la disparition de La Fayette, au cours de laquelle sont nombreuses les manifestations en l’honneur « du généreux apôtre de la liberté ».

Né Gilbert du Motier (Auvergne 1757 – Paris 1834), cet aristocrate avait acquis une forte notoriété en Europe depuis sa participation remarquée dans la guerre d’indépendance des colonies américaines contre l’Angleterre. Sa présence en Amérique (1775-1783) fait du marquis un personnage emblématique. Défenseur des idées libérales, il va siéger, en 1789, aux États-Généraux comme représentant de la noblesse d’Auvergne. Signataire de l’un des projets de Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen, inspirée de la déclaration des États-Unis, il est par ailleurs nommé commandant de la Garde nationale, née au lendemain de la prise de la Bastille, prison dont il ordonnera la démolition. Soutien de la Révolution tout en étant le partisan ferme du rétablissement de l’ordre et d’un aménagement de la monarchie, le marquis de La Fayette devient progressivement suspect de défendre la fonction royale. En octobre 1791, il se retire de ses activités parisiennes et s’engage dans les rangs de l’armée. En 1792, il commande des troupes de l’Armée du Nord, le long des frontières franco-wallonnes, guerroie sans succès contre les Autrichiens et n’est pas plus heureux en armes que lorsqu’il tente d’intervenir dans le débat politique de l’Assemblée nationale, à Paris. Ardent partisan d’une monarchie constitutionnelle, il critique vivement les Jacobins. Le 10 août, les portes de l’Assemblée nationale se ferment définitivement devant lui. Tentant de mobiliser des forces contre les Jacobins, il est rapidement jugé et déclaré traître à la nation (19 août 1792).

Craignant pour sa vie, il tente de s’échapper vers les forêts d’Ardenne, et cherche refuge à « Liège », pays neutre. C’est en entrant à Rochefort que le marquis de La Fayette et la cinquantaine d’hommes qui l’accompagnent sont arrêtés par des soldats autrichiens trop heureux de cette prise de guerre. Il est livré à la Prusse et restera captif dans différents endroits de l’empire germanique entre 1792 et 1797.  Lors de la signature du traité de Campo-Formio (19 septembre 1797), une clause prévoit la libération du marquis à condition qu’il ne rentre pas en France. Après trois ans d’exil, il rentre en Auvergne (1800) et ne reprendra une réelle activité politique qu’au moment de la restauration des Bourbons en 1814, mais surtout à partir de 1815. Il sera alors député, voyagera notamment en Amérique et sera encore à l’avant-scène politique lors des Trois Glorieuses (juillet 1830).

Dans la plaquette illustrée qu’il publie en 1934, Yvan Paul relate principalement les circonstances de l’arrestation de La Fayette à Rochefort, en 1792, et y livre une appréciation politique, en qualifiant de double attentat au droit des gens, l’arrestation réalisée par des Autrichiens sur le territoire neutre de la principauté de Liège. Yvan Paul évoque aussi un projet des révolutionnaires belges de 1830 : en raison de la popularité que le marquis jouissait dans les provinces wallonnes, l’idée aurait été émise de proposer à La Fayette de devenir le premier chef du nouvel État belge.

Le monument qui est inauguré en 1934, le 19 août – jour évoquant son arrestation –, sur la place du Noyer, rebaptisée place La Fayette, recèle dès lors des significations qui dépassent largement la simple portée événementielle de l’arrestation de La Fayette à Rochefort. Le texte gravé sur le monument est explicite à certains égards :

19 AOÛT
AU MÉPRIS DE TOUT DROIT
LA FAYETTE DÉFENSEUR DE LA LIBERTE
FUT ARRETE A ROCHEFORT

Monument Lafayette


PAR LES AUTRICHIENS

Vingt ans, presque jour pour jour, après l’entrée en guerre de l’Allemagne et de son allié autrichien, l’initiative du trio composé des frères Collet et d’Ivan Paul est officiellement motivée par un autre anniversaire : le centième du décès du marquis (le 20 mai 1834 à Paris). En mettant en place un Comité international La Fayette, les trois hommes espèrent recevoir une aide et un soutien venant de France, des États-Unis et de Belgique. Ce comité rassemble Paul Claudel, ambassadeur de France en Belgique, Thadée Jackowsky, ministre de Pologne, un ministre français, ainsi que les présidents des assemblées parlementaires belges (Émile Digneffe et Jules Poncelet), voire encore Charles Magnette et Xavier Neujean. De manière étonnante, l’initiative suscite pourtant un vent contraire.

Dans la presse quotidienne, les réactions se multiplient, pro-belges et antifrançaises. Bien renseigné, Octave Petitjean s’étonne des intentions d’honorer « un révolutionnaire écervelé » alors que l’on tiendrait sous silence le comte d’Hamoncourt, aristocrate « belge » qui a fait son devoir. Régicide, ennemi de la Belgique, libéral dépassé par les événements, révolutionnaire nommé chef de la Garde civique, l’ironie facile et les jugements de valeur hostiles à La Fayette se multiplient ; des experts (comme Maurice Wilmotte) sont appelés dans le débat alors que la France et les États-Unis célèbrent officiellement (20 mai) le glorieux marquis. Pour L’Action wallonne, cette ironie que l’on retrouve principalement dans les « journaux bruxellois » s’explique par la difficulté d’accepter la dette contractée, en 1830, par la Belgique envers la France.

Dès lors, la cérémonie officielle du 19 août 1934 se déroule dans une atmosphère contrastée. L’ambassadeur de France a fait le déplacement, mais des doutes ont envahi les esprits, malgré une excellente conférence donnée sur les ondes de l’INR par Yvan Paul et la présentation détaillée de la manifestation publiée dans Le Flambeau par Jules Garsou qui insiste sur le rôle joué par La Fayette dans les événements « belges » de 1789 et 1790 et dans ceux de 1830.

La polémique qui entoure l’inauguration du monument n’enlève rien au travail réalisé par le sculpteur Marcel Collet. À la fois sculpteur et architecte, dessinateur et graveur, prix Godecharle 1907, Marcel Collet (Nivelles 1894 – Nivelles 1944) a surtout été actif à Nivelles, où les autorités locales lui ont passé plusieurs commandes. Ainsi, la célèbre statue de l’archange saint Michel, patron originel de la ville, qui couronne le perron depuis 1922, du moins quand elle n’est pas prise à partie par des chapardeurs. Il est encore l’auteur du mémorial Georges Willame, ainsi que diverses maisons de particuliers dans le style Art Déco à Bruxelles.

 

 

Armand COLLARD, Cahier du Cercle Culturel et Historique de Rochefort, décembre 2013, n°47, p. 105-129
Cahier du Cercle Culturel et Historique de Rochefort, Rochefort, 1971, n°3, p. 14
Ivan PAUL, L’arrestation de La Fayette à Rochefort (19 août 1792), Imprim. scient. et litt., Rue des Sables, 17, Bruxelles, 16 pages.
Georges LECOCQ, Pierre HUART, Dis, dessine-moi un monument… Nivelles. Petite histoire d’une entité au passé bien présent, Nivelles, Rif tout dju, mars 1995, p. 24-25
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 238
L’Action wallonne, septembre 1934, p. 3
Jules GARSOU, La Fayette en Belgique, dans Le Flambeau, septembre 1934, p. 299-313

Place La Fayette
5580 Rochefort

carte

Paul Delforge

Guy Focant (SPW)

Château de Lavaux

Érigé au XVe siècle sur un marécage, le château, ceint de douves, possède encore ses quatre tours circulaires d’angle, dont la plus importante constituait le donjon. Celui-ci, avec un aménagement intérieur sobre, est surmonté d’un dernier niveau, en encorbellement, à vocation défensive : quatre fentes de tir pour petits canons et de quatre niches basses qui alimentaient en projectiles divers les mâchicoulis. 

Au début du XVIIe siècle furent aménagées les ailes d’habitation, qui remplacent les courtines, et les puissantes colonnes annelées du passage d’entrée. 

Depuis 1958, le château, entièrement rénové au XXe siècle, abrite le musée de la Chasse. En 2004, le château est à nouveau rénové, tout comme l’espace d’accueil et le parking. Aujourd’hui, il compte trois  musées entièrement repensés pour rendre la visite attrayante.  Ces musées sont respectivement consacrés à la vie des  seigneurs aux XVIIe et XVIIIe siècles, la vie rurale en Famenne et XIXe siècle et la chasse et la nature en Famenne. 

Le programme de requalification du site a été conduit par  l’asbl Les Amis du Château de Lavaux-Ste-Anne dans le cadre de l’action menée par les Fonds européens Feder, Objectif II rural.

Rue du Château 8
5580 Rochefort (Lavaux-Sainte-Anne)

carte

Classé comme monument le 1er février 1937
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon