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5060

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Monument Jean-Baptiste SCORIEL

Monument  Jean-Baptiste Scoriel, 18 septembre 1954.
Réalisé par Victor Demanet.

Pour découvrir le monument Scoriel, à Tamines, il convient, en venant de Fosses, de bifurquer à droite, à hauteur des feux qui précèdent l’accès au pont sur la Sambre. En prenant la direction de l’ancien abattoir, apparaît non loin de l'écluse de Moignelée, en bord de Sambre, un médaillon incrusté sur une stèle en marbre de Bioul qui rend hommage à 

Jean-B SCORIEL
PEINTRE DE LA SAMBRE

Certaines lettres de la dédicace se sont décrochées avec le temps et ont été repeintes de manière à identifier ce monument solitaire, loin du centre de Tamines, implanté à quelques mètres du chemin de halage, dans un endroit particulièrement calme, en d’autres termes dans un environnement que recherchait particulièrement le peintre honoré.

« Maître de la Sambre », mais aussi « maître de la neige », Jean-Baptiste Schorielle est l’aîné d’une famille de cinq enfants dont le père, venu de Flandre, est mineur au Roton, à Farciennes. Passionné par le dessin et la peinture dès son plus jeune âge, J-B. Schorielle (Lambusart 1883-Tamines 1956) se retrouve orphelin dès 1895 et contraint de subvenir aux besoins vitaux. Dès lors, il travaille en usine (briqueterie et fonderie), mais s’efforce néanmoins de suivre les cours de l’École des Beaux-Arts de Namur, dont Théodore Baron est le directeur. À Tamines où sa famille s’était établie depuis 1886, l’artiste s’imprègne de son environnement immédiat : la Sambre et la Biesme s’imposent comme ses sujets de prédilection, le peintre paysagiste s’attachant à la campagne comme à l’habitat ouvrier. Signant J-B. Scoriel, il s’inscrit dans le courant de l’École d'Émile Claus. Mobilisé durant la Grande Guerre, il est blessé sur le front. En convalescence à Dieppe, il y reste quelque temps, y poursuit sa production picturale, avant de revenir à Tamines, trop attiré par le cadre sambrien. En 1922, il réalise une toile représentant le massacre du 22 août 1914.

À partir des années 1920, s’ajoute à ses sujets de peinture une prédilection pour les paysages enneigés. Les « Neiges de Scoriel » fascinent. Elles lui valent son second surnom. « Maître de la Sambre » et « maître de la neige », Scoriel est en recherche permanente du calme et d’une lumière « du Nord ». L’exode forcé de mai 1940 place Scoriel en face de la lumière du Sud (il est réfugié dans le Tarn et Garonne). Il ne s’agira que d’une parenthèse dans l’œuvre de cet artiste dont le style n’a cessé d’évoluer et qui reste difficile à catégoriser, même si d’aucuns ont identifié cinq périodes dans son œuvre : la période réaliste, sous l’influence de son maître Baron, la période luministe, la période dieppoise, la notoriété et l’après-guerre. Plusieurs jeunes artistes trouvèrent des conseils auprès du maître, dont son fils Jean-Marie devenu peintre lui aussi.

Monument  Jean-Baptiste Scoriel – © Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

L’amitié de Scoriel avec le sculpteur Victor Demanet désignait naturellement celui-ci comme exécuteur du médaillon destiné au monument du peintre. Né à Givet de parents namurois, Victor Demanet (1895-1964) a grandi au confluent de la Sambre et de la Meuse, où ses parents tenaient un commerce d’antiquités. Appelé à leur succéder, Demanet f

réquente l’Académie des Beaux-Arts (1916-1919) où il est l’élève de Désiré Hubin, mais la révélation lui vient des œuvres de Constantin Meunier et surtout de la thématique sociale et ouvrière développée par le peintre/sculpteur bruxellois. Lors d’un séjour à Paris, les œuvres de Rude, Carpeaux et Rodin finissent par convaincre Demanet que sa voie est dans la sculpture. Remarqué au Salon des Artistes français de Paris, en 1923, pour son buste de Bonaparte à Arcole, Victor Demanet s’impose rapidement comme un portraitiste de talent auquel sont confiées de nombreuses commandes publiques. Comme d’autres artistes de son temps, il réalise plusieurs monuments aux victimes des deux guerres. Il est aussi l’auteur de plusieurs dizaines de médailles, ce qui ne l’empêche pas de poursuivre une œuvre plus personnelle à l’inspiration comparable à celle de Constantin Meunier, avec de nombreux représentants du monde du travail. C’est par conséquent un artiste en pleine maturité de son art qui signe le médaillon Scoriel.

En 1954, une rétrospective des œuvres du « peintre de Tamines » se déroule dans sa ville natale qui honore ainsi l’enfant du pays et, à cette occasion, inaugure, en sa présence, le monument du bord de Sambre. La pierre est orientée de telle manière que le portrait du peintre, dans le médaillon, semble continuer à observer le paysage pour ses toiles d’éternité. Des témoignages locaux rapportent que l’emplacement du monument était l’un des endroits préférés du peintre qui y posait une toile de petite taille, avant de rentrer à son atelier, où il donnait libre cours à son talent sur une toile plus grande.

 

Informations communiquées par M. Bernard Janssens (mai 2014)
http://www.sambreville.be/culture-et-loisirs/tourisme/syndicat-d-initiative/patrimoine/tamines (s.v. juillet 2013)
http://www.galeriedupistoletdor.com/gdpo/Scoriel.html (s.v. mai 2014)
Edmond DOUMONT, Jean-Baptiste Scoriel, Tamines 1954, p. 7
Jean FICHEFET, Nouvelle Histoire de Tamines, Gembloux, J. Duculot, 1963
Frédéric MAC DONOUGH Abécédaire des peintres du Pays de Charleroi, Bruxelles, Labor, 2006.
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 417

Rue de l'abbaye, en bord de Sambre
5060 Sambreville

carte

Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Pierre commémorative Pierre LEFEUVRE

Pierre commémorative Pierre Lefeuvre sur le monument aux soldats français tombés en août 1914. Réalisée par Allard et Eugène Miche-Delfosse.


Sur le haut de la rue des Français, à Tamines, un monument rend « hommage de reconnaissance et d’admiration aux glorieux soldats français tombés en août 1914 ». 

Cette dédicace est inscrite sur une des faces du monument collectif érigé à l’initiative du cercle « Les Amitiés françaises » de Tamines ; mais il comporte aussi un volet individualisé destiné à saluer l’exploit du caporal Pierre Lefeuvre, du 70e d’infanterie. 

La statue du soldat placée au haut de l’imposant mur construit en pierre d’Écaussinnes symbolise l’ensemble des soldats français venus combattre en Wallonie contre l’envahisseur allemand et en particulier Pierre Lefeuvre qui bénéficie ainsi d’un traitement particulier sur un monument collectif, ainsi que l’atteste la présence d’une autre pierre commémorative qui stipule que :

C’EST ICI QUE LE SOLDAT PIERRE LEFEUVRE DU 70ME REGIMENT
D’INFANTERIE S’EST HEROIQUEMENT SACRIFIE

Inauguré le 29 juillet 1923, ce monument des « Amitiés françaises » a, semble-t-il, été détruit par les Allemands en 1940. Relevé après la Libération, il s’est abimé avec le temps et, à l’entame des années 1970, les autorités locales de Tamines ont pris l’initiative de le reconstruire, de manière différente, avec une partie des matériaux du monument original, en l’installant à quelques mètres de l’emplacement initial. L’ensemble monumental actuel est construit de manière telle qu’il rend compte du caractère à la fois collectif et individuel de l’hommage. Donnant accès au monument, un large escalier de 3 marches est centré par rapport à la partie du « monument collectif », en particulier vis-à-vis de la statue du soldat français, tandis que la partie du mur qui rend hommage à Lefeuvre donne l’impression d’une excroissance, par son volume et son caractère décentré.


Le monument actuel est bien différent de celui érigé en 1923. À ce moment, la même statue du soldat culmine au sommet d’un mur beaucoup plus haut et imposant que celui reconstruit en 1974. Dans un large cercle central sont incrustées les pierres commémoratives (trois), tandis que de part et d’autre du cercle se dressent des contreforts surmontés de chapiteaux arrondis en pierre bleue. En donnant un aspect massif au mur du monument, le sculpteur semble avoir voulu dresser un rempart permanent « face à l’ennemi » ; synthèse symbolique de l’individu et du groupe, le soldat n’est pas représenté dans la position d’un tireur, mais son attitude est ferme et résolue, un drapeau dépassant dans son dos, et son regard est tourné vers Velaine, d’où venait l’ennemi.


Soldat français, d’origine bretonne, Lefeuvre (Bédée 1891 – Tamines 1914) a quitté les campagnes de la région où ses parents sont agriculteurs depuis plusieurs générations pour se retrouver sur des champs de bataille. Né en 1891, il a incorporé l’armée française depuis peu quand éclate la Grande Guerre. Son régiment, le 70e d’infanterie, est l’un des premiers à être envoyé au front, en août 1914. Le jeune caporal se retrouve ainsi à hauteur de Tamines où, le 21 août, les forces allemandes d’invasion se sont livrées à un massacre de civils qui ne peut trouver aucune justification, pas même le prétexte d’une vive et solide résistance de la part de l’armée française. En effet, la veille du massacre des civils, les Uhlans qui pensaient traverser la Wallonie sans encombre ont été refoulés par des soldats de l’armée française, inférieurs en nombre, mais aidés par la population locale. Néanmoins, le 21 août, lors d’une manœuvre de repli, l’armée française protège ses arrières et se doit de retarder le passage des Allemands à hauteur du pont de Tamines. 

Pierre commémorative Pierre Lefeuvre sur le monument aux soldats français tombés en août 1914

Tireur patenté, Lefeuvre est posté de manière telle qu’il parvient à toucher quiconque se présente à l’entrée du pont. Pendant plusieurs heures, il parvient ainsi à tenir tête à un ennemi supérieur en nombre. Empruntant un autre chemin, l’armée allemande parvient à contourner le tireur et à le prendre à revers. Sommé de se rendre, le caporal refuse et perd la vie après avoir accompli un acte jugé héroïque. Pour galvaniser le moral des troupes, la bravoure de Pierre Lefeuvre est rapportée, avec force détails. Dans cet épisode de la bataille de Charleroi, il aurait tué plus de 50 soldats de la Garde impériale allemande ; les blessés dans les rangs de l’ennemi sont innombrables ; le nombre de douilles vides retrouvées à côté de Lefeuvre achèvent de convaincre de la vivacité et de la bravoure du Breton. Dix ans après le monument de Tamines, une autre pierre est élevée dans le village natal du caporal Lefeuvre, en Bretagne, et une rue porte aussi son nom.


Les initiateurs du monument de Tamines sont groupés au sein des Amitiés françaises, groupement où l’on retrouve des notables de la région, dont Émile Duculot qui fut propulsé bourgmestre sous l’occupation allemande et tint cette fonction jusqu’en 1921. Le projet de monument remonte au début des années vingt et une souscription publique permet de rassembler les fonds nécessaires, grâce notamment à sept entreprises de la région (dont des charbonnages). La statue originale du soldat a été réalisée par Eugène Miche-Delfosse, artisan local spécialisé dans les monuments funéraires. Le sculpteur Allard a également travaillé sur le monument. 

 

 


Simon ALEXANDRE, Étude des monuments aux morts de la Grande Guerre à Tamines

Daniel CONRAADS et Dominique NAHOÉ, Sur les traces de 14-18 en Wallonie, Namur, IPW, 2013, p. 119

Au lieu-dit Tienne d’Amion

Rue de Falisolle, puis avenue des Français, à hauteur de la rue du Triage 

5060 Tamines

carte

Paul Delforge

Boulet de canon français à Auvelais

Le moulage d’un boulet de la bataille de Fleurus est entouré de l’inscription «24 juin 1794», gravée dans la pierre.

rue du Pont à Biesmes
5060 Auvelais

carte

Frédéric MARCHESANI, 2014

 F. Dor 

Maison de l’octroi, rue de Fleurus

Située rue de Fleurus, une petite maison basse en briques autrefois chaulées construite dans les premières années du XIXe siècle, servait autrefois d’octroi.

L’octroi

Aboli le 19 février 1791 par l’Assemblée nationale, l’octroi est une taxe créée sous l’Ancien Régime dont devait s’acquitter tout qui souhaitait entrer dans les murs d’une ville. 

Les finances de l’État sont toutefois toujours aussi désastreuses après la Révolution et de nombreuses villes accumulent rapidement un déficit important. L’octroi est donc progressivement rétabli sous le Directoire pour subvenir aux besoins des communes, des hôpitaux et des hospices. 

Il est rétabli par le gouvernement par les lois des 18 octobre et 1er décembre 1798. Cette taxe locale frappe les boissons, le bétail, le bois, le fourrage et les produits alimentaires. Malgré le fait que l’octroi constitue la source principale de revenus de la municipalité, il est extrêmement impopulaire. 

La mesure se poursuit pendant quelques décennies et est supprimée en Belgique en 1860. En France, l’octroi ne disparaît officiellement qu’en 1948.

rue de Fleurus
5060 Moignelée

 

carte

Frédéric MARCHESANI, 2014

D. Nahoé

Cimetière des Fusillés à Tamines

Après la prise des derniers forts de Liège, le 16 août 1914, la deuxième armée allemande circonvient Namur et fonce vers la Sambre dès le 20 août, à proximité de Tamines. Les troupes belges ont alors entamé leur repli sur Anvers. L’envahisseur fait face à la 19e division Bonnier du 10e corps d’armée français. Celle-ci tient fermement les passages de la rivière. La bataille de la Sambre va commencer. Elle fera officiellement 613 victimes militaires. Mais les Allemands, rendus furieux par leur revers, se livrent à des représailles sur les civils. Exactions et prises d’otage se termineront dans un bain de sang : 383 habitants de Tamines, de l’enfant au vieillard, rassemblés sur la place, tomberont sous les mitrailleuses, périront noyés ou brûlés vifs. Un ensemble de monuments en témoigne aujourd’hui. 

Le souvenir le plus spectaculaire est un haut socle de pierre sur lequel se dresse une statuaire qui évoque le massacre. Une femme debout, symbolisant la ville frappée à mort, lève le bras vers le ciel. À ses pieds, trois corps rappellent les victimes. « Aux Martyrs de Tamines » est l’œuvre des sculpteurs Henri Mascré et Hector Brognon. L’ensemble a été inauguré le 22 août 1926 sur les lieux même, en bordure du pont de Sambre. 

Plusieurs pelouses encadrent les stèles sur lesquelles sont alignés les noms des victimes. Le chemin de mémoire se prolonge au long des murs extérieurs de l’église paroissiale toute proche, encore entourée de son ancien cimetière, dénommé depuis ce temps le « cimetière des Fusillés ».

Cimetière des Fusillés

5060 Sambreville (Tamines)

carte

Classé comme site le 2 juillet 2009 (cimetière des Fusillés, Enclos des Fusillés et monument commémoratif)
 

Institut du Patrimoine wallon