Code postal
7500

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Statue Pasquier GRENIER (par Christine Jongen)

Bénéficiant d’un financement inscrit dans le cadre du Phasing out de l'Objectif 1, la Ville de Tournai entreprend de valoriser davantage son patrimoine historique, au-delà du beffroi, de la cathédrale et du Pont des Trous. Via l’Intercommunale Ideta qui est le maître d’œuvre, un plan stratégique privilégie, en effet, depuis 1995 le développement touristique du Hainaut. 

Se concentrant sur le cœur historique de Tournai, les autorités locales confient à l’artiste plasticienne Christine Jongen (1949-) le soin de mettre en place une quinzaine de statues dans un parcours d’interprétation à travers la « Cité des cinq Clochers ». Une quinzaine de statues en bronze sont les étapes marquantes d’un circuit fortement balisé par une signalétique particulière. Touristes comme habitants de la cité sont ainsi invités à une promenade de deux heures, jalonnées de 43 étapes.

Afin de garantir la qualité de l’initiative communale, le bourgmestre, Roger Delcroix, a confié à un comité scientifique composé d’historiens, d’archéologues et de spécialistes des traditions locales la mission d’encadrer le projet. Répondant aux critères souhaités, Christine Jongen implante quinze statues sur les trottoirs de Tournai, entre la Grand-Place, l’Escaut, la Tour Saint-Georges et le Fort Rouge. 

Née à Bruxelles, formée en psychologie à l’université libre de Bruxelles, Christine Jongen travaille comme journaliste à l'hebdomadaire Notre Temps (1975-1976), avant de se consacrer entièrement à la sculpture. Laissant son inspiration se nourrir aux sources les plus variées, de la Renaissance européenne aux grandes traditions asiatiques ou d’Amérique, elle s’oriente vers la peinture abstraite quand elle s’installe en France au début des années 1980. Menant aussi une réflexion continue sur l’art dans son essai À la recherche de formes, paru pour la première fois à la fin les années 1980, elle présente ses œuvres à plusieurs reprises (Paris, Bruxelles, Genève, Bordeaux, Bézier, Montréal, Rome, Barcelone, Avignon, Padoue, etc.) et dans divers salons d'art français (2000-2003).

Pour Tournai, Christine Jongen crée quinze statues, en bronze, de 70 à 75 centimètres de haut, qui toutes sont déposées sur des piliers de 2,8 mètres de haut, en bois, renforcés par une structure en inox. Coulées selon la technique de la cire perdue dans les ateliers de la fonderie Francart, à Crisnée, les statues sont autant de références au passé de Tournai, évoquant des fonctions (chanoine, évêque) ou des « activités » (tailleurs de pierre, portier, arbalétrier), comme des personnages historiques. 

Parmi celles-ci, Pasquier Grenier (c. 1425-1493) est celui qui symbolise le mieux le succès de la tapisserie tournaisienne. Il a été réalisé dès 2003 et inauguré le 25 mars 2004.

Statue Pasquier Grenier (Tournai)

Au milieu du XVe siècle, les ateliers de Pasquier Grenier réalisent des œuvres remarquables et sont les fournisseurs attitrés de la cour de Bourgogne. Ils livrent aussi à Londres et à Paris. Homme d’affaires, riche collectionneur et diplomate, le plus célèbre des tapissiers tournaisiens exerce une forte influence sur la vie locale et peut aussi représenter la cité lors de missions à l’étranger. Grâce à la famille Grenier, Tournai est devenue le principal centre de l’industrie drapière en occident. 

D’une taille de 73 centimètres environ, du haut de son pilier, la statue de Pasquier Grenier jette un regard circulaire sur la Grand Place de Tournai, observant, sur sa droite, à quelques mètres, le monument Christine de Lalaing. Dans ses habits évoquant le XVe siècle, le personnage tient un parchemin dans sa main gauche.



Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
http://christine.jongen.pagesperso-orange.fr/GrilleJongen.htm (sv. septembre 2015)
http://www.badeaux.be/Balisages/Bal5/Site15/Site15.html

Grand-Place
7500 Tournai

carte

Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Statue Pasquier GRENIER (par Gigi Warny)

Au tournant des années 1970 et 1980, les autorités tournaisiennes procèdent à la rénovation de leur Conservatoire. Alors que le chantier se termine, six statuettes en bronze sont posées sur le toit-terrasse qui fait face au carrefour du beffroi. 

Oeuvres de Gigi Warny, elles portent le nom de six Tournaisiens ayant acquis une forte notoriété dans différentes activités : Jacques Daret pour la peinture, Pierre de la Rue pour la musique, Lefebvre-Caters pour l’orfèvrerie, Michel Lemaire pour la dinanderie, François Joseph Péterinck pour la porcelaine et Pasquier Grenier (c. 1425-1493) pour la tapisserie.

Celui-ci est certainement le plus célèbre des tapissiers tournaisiens. Au milieu du XVe siècle, ses ateliers réalisent des œuvres remarquables et sont les fournisseurs attitrés de la cour de Bourgogne. Ils livrent aussi à Londres et à Paris. Homme d’affaires, riche collectionneur et diplomate, Pasquier Grenier exerce une forte influence sur la vie locale et peut aussi représenter la cité lors de missions à l’étranger. Grâce à la famille Grenier, Tournai est devenue le principal centre de l’industrie drapière en occident. Il n’est par conséquent pas étonnant que Pasquier Grenier soit considéré comme l’une des six personnalités les plus importantes de l’histoire culturelle et artistique de Tournai.

Car tel est bien le sens à donner aux six statuettes réalisées par Geneviève Warny. Née à Bruges en 1958, cette artiste autodidacte, qui offrait les petites statues qu’elle créait à ses amis, s’est laissée convaincre par l’architecte André Wilbaux de réaliser « six attitudes grandeur nature » pour le fronton de l’ancien Conservatoire de Tournai. Relevant le défi, en travaillant le bronze pour la première fois, Gigi Warny délaisse la psychologie qu’elle étudiait à l’université catholique de Louvain (1983) pour faire de la sculpture son activité principale. Installant son atelier à Louvain-la-Neuve, elle a fourni des œuvres variées à la cité universitaire (fontaine Léon et Valérie en 1984 sur la place de l’Université, La main en diplôme en 1995 près des Halles, Rêverie d’eau en 2001 à la piscine du Blocry). Améliorant et modifiant progressivement ses techniques, elle expose essentiellement en Belgique avant de traverser l’Atlantique et d’être connue aussi au Québec.

 

Statue évoquant Pasquier Grenier



Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
http://www.gigiwarny.be/Gallerie.html 
http://optimiste.skynetblogs.be/tag/conservatoire+de+musique (sv. février 2014)

Toit du conservatoire
7500 Tournai

carte

Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Jean NOTE

Lorsqu’il est inauguré, le 20 mai 1929, devant une foule impressionnante, le monument Jean Noté (1858-1922) est installé au coin du boulevard Léopold et de la chaussée de Lille. Depuis lors, il n’a pas changé de place, mais son environnement s’est modifié : le buste en bronze du chanteur lyrique a notamment vu se construire la Maison de la Culture de Tournai et a assisté au changement de nom de la chaussée, devenue avenue du Général de Gaulle.

Enfant de Tournai, où il est né en 1858 dans une famille modeste, Jean-Baptiste Noté vivote de divers métiers avant d’être tiré au sort pour le service militaire et d’entrer pour six ans dans l’armée belge (1880). Bon vivant, interprète spontané de toutes les chansons lors des réunions et fêtes amicales, il attire l’attention de l’un de ses supérieurs, qui l’incite à mettre ses talents au service de la musique. Celui qui a fréquenté quelques cours au Conservatoire de Tournai s’inscrit au Conservatoire de Gand, où il est caserné, et reçoit les premiers prix de chant et de déclamation lyrique en 1884. 

Commence alors une carrière de baryton qui permet au Tournaisien de fréquenter quelques grands opéras d’Europe, faisant essentiellement carrière en France : pensionnaire de l’Opéra de Lyon, puis premier baryton à l’Opéra de Paris. Comme nom de scène, Jean Noté a simplifié son prénom en éliminant Baptiste.

Resté fidèle à sa ville de Tournai, Noté avait exprimé, de son vivant, le souhait qu’un buste (qu’il avait offert) soit installé dans le parc de l’Hôtel de ville. Peu de temps après son décès, un comité du Monument Jean Noté se met en place, à Tournai (septembre 1922) et il rencontre un tel succès, du côté flamand et du côté français, qu’un projet de monument grandiose représentant le baryton en pied voit le jour. Combattue, cette idée fait place au monument définitivement inauguré en 1929 : le buste offert et souhaité par Noté étant oublié. Commentant l’œuvre finalement réalisée par Fortuné Deroubaix (1879-1947), Walter Ravez devait regretter ouvertement les errements de ses contemporains : à ses yeux, le monument finalement retenu est « disgracieux, sans rythme ni noblesse (…) Noté méritait mieux », écrit-il en 1934.

Quoi qu’il en soit de cet avis, nombreux furent ceux qui se réjouirent de voir honorer l’illustre baryton quand fut révélé l’ensemble du mémorial : une allégorie de la musique tient l’avant-bras d’un très jeune enfant un peu potelé, tout en tenant une lyre dans sa main droite. Ce groupe femme/enfant orne la face avant de la longue colonne qui supporte le buste en bronze du chanteur. Un large socle en quatre parties soutient l’ensemble, avec un effet de marches arrondies sous l’allégorie à l’enfant. Une place est réservée pour l’inscription sobre :

« NOTÉ
1858 1922
DE L’OPÉRA ».
 

Quant à Fortuné Deroubaix, il s’agit d’un statuaire tournaisien, auteur de plusieurs commandes pour les autorités locales (notamment le monument du P’Tit chasseur).

Placé à un endroit de grand passage, le monument Noté a fait l’objet d’un important entretien à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance du « Pavarotti » tournaisien. Une série de manifestations remettent alors l’artiste à l’honneur, comme, par exemple, la mise en vente de 150 exemplaires numérotés d’un nouveau buste de Jean Noté, réalisé en pierre par le sculpteur tournaisien David Dos Santos.



Jacky LEGGE, Tournai, tome II : Monuments et statues, Gloucestershire, Éd. Tempus, 2005, coll. Mémoire en images, p. 89-91.
http://www.tournai.be/fr/officiel/index.php?page=71 (s.v. septembre 2013)
Walter RAVEZ, Jean Noté, Tournai, 1922.
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse

Avenue Charles de Gaulle
7500 Tournai

carte

Paul Delforge

Photo Jongen 

Statue Louis XIV

Bénéficiant d’un financement inscrit dans le cadre du Phasing out de l'Objectif 1, la ville de Tournai entreprend de valoriser davantage son patrimoine historique, au-delà du beffroi, de la cathédrale et du Pont des Trous. 

Via l’Intercommunale Ideta qui est le maître d’œuvre, un plan stratégique privilégie en effet depuis 1995 le développement touristique du Hainaut. Se concentrant sur le cœur historique de Tournai, les autorités locales confient à l’artiste plasticienne Christine Jongen (1949-) le soin de mettre en place une quinzaine de statues dans un parcours d’interprétation à travers la « Cité des cinq Clochers ». Une quinzaine de statues en bronze sont les étapes marquantes d’un circuit fortement balisé par une signalétique particulière. Touristes comme habitants de la cité sont ainsi invités à une promenade de deux heures, jalonnées de 43 étapes.

Afin de garantir la qualité de l’initiative communale, le bourgmestre, Roger Delcroix, a confié à un comité scientifique composé d’historiens, d’archéologues et de spécialistes des traditions locales la mission d’encadrer le projet. Répondant aux critères souhaités, Christine Jongen implante quinze statues sur les trottoirs de Tournai, entre la Grand-Place, l’Escaut, la Tour Saint-Georges et le Fort Rouge. Née à Bruxelles, formée en psychologie à l’Université libre de Bruxelles, Christine Jongen travaille comme journaliste à l'hebdomadaire Notre Temps (1975-1976), avant de se consacrer entièrement à la sculpture. Laissant son inspiration se nourrir aux sources les plus variées, de la Renaissance européenne aux grandes traditions asiatiques ou d’Amérique, elle s’oriente vers la peinture abstraite quand elle s’installe en France au début des années 1980. Menant aussi une réflexion continue sur l’art dans son essai À la recherche de formes, paru pour la première fois à la fin les années 1980, elle présente ses œuvres à plusieurs reprises (Paris, Bruxelles, Genève, Bordeaux, Bézier, Montréal, Rome, Barcelone, Avignon, Padoue, etc.) et dans divers salons d'art français (2000-2003).

Pour Tournai, Christine Jongen crée quinze statues, en bronze, de 70 à 75 centimètres de haut, qui toutes sont déposées sur des piliers de 2,8 m de haut. Coulées dans les ateliers de la fonderie Francart, à Crisnée, les statues sont autant de références au passé de Tournai, évoquant des fonctions (chanoine, évêque) ou des « activités » (tailleurs de pierre, portier, arbalétrier), comme des personnages historiques. Parmi ces derniers, Louis XIV symbolise une période particulière de l’histoire de Tournai. Investie en 1667, lors de la Guerre de Dévolution, Tournai redevient française jusqu’en 1713 et la signature du Traité d’Utrecht. Sous Louis XIV, la cité scaldienne connaît à la fois une longue période de prospérité et de profondes transformations (les berges du fleuve sont rectifiées et une nouvelle citadelle est édifiée sur les plans de Vauban dans le nord). Considérée par Louis XIV comme une place forte imprenable, Tournai devient un enjeu dans la Guerre de Succession d’Espagne. Sa capitulation devant les troupes du duc de Marlborough (1709) est un moment important, symbolisant la fragilité de la France de Louis XIV. D’une taille de 70 centimètres environ, la statue de Christine Jongen représente un roi de France debout, davantage en habits de cour qu’en guerrier.

 Sources 

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
http://www.badeaux.be/Balisages/Bal5/Site15/Site15.html
http://christine.jongen.pagesperso-orange.fr/GrilleJongen.htm (sv. juillet 2015)

 

Statue Louis XIV (Tournai)


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

place de Nédonchel
7500 Tournai

carte

Paul Delforge

Guy Focant

Monument à la littérature et à la chanson wallonnes

Érigé grâce à des fonds  provenant de la ville de Tournai, de la province du Hainaut et des « Amis d’Achille Viehard », le monument fut conçu par l’architecte Jules Wilbaux. Il s’inspire fortement d’une ancienne fontaine tournaisienne et se présente sous la forme d’un bloc de pierre sur lequel se trouve un cracheur d’eau (rappelant la fontaine) et un médaillon. 

Inauguré dans le bas de la rue des Jésuites le 15 août 1931, le monument à la littérature et à la chanson wallonnes devait être initialement un monument en hommage à l’auteur wallon Achille Viehard (1850-1926). L’idée de départ se transforma rapidement en un projet plus important dépassant la mémoire du père de la chanson et du théâtre wallons tournaisiens, pour englober celle de tous ses confrères. 

Le monument à la littérature et à la chanson wallonnes témoigne de l’engagement wallon des Tournaisiens. Parmi ceux-ci se détache la figure de Paul Gahide, un des plus précoces artisans de la promotion de la Wallonie. Né à Tournai en 1880, il est le premier à proposer, dès le Congrès wallon de Liège de 1905, la création d’un drapeau propre à la Wallonie. Cette initiative devait ouvrir la voie à la décision de l’Assemblée wallonne de 1913, consacrant le drapeau wallon tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Fervent militant pour l’autonomie de la Wallonie, Paul Gahide a fait partie des jeunes intellectuels tournaisiens qui ont fondé, dès 1907, la Ligue wallonne du Tournaisis qui est à l’origine du Cabaret wallon, toujours en activité. Résistant pendant les deux guerres mondiales, il devient bourgmestre de Callenelle (Péruwelz) en 1947 et le restera jusqu’en 1959.

Véritable référence au sein du Mouvement wallon, infatigable promoteur de l’intégrité culturelle et de l’autonomie politique de la Wallonie, Paul Gahide adhère encore au Rassemblement wallon naissant, en 1968, à l’âge de 88 ans. Paul Gahide a été élevé au rang d’Officier du Mérite wallon en 2012.

La dédicace « À la littérature et à la chanson wallonnes » rappelle la portée symbolique de l’œuvre, tout comme sur le support soutenant cette pierre une sculpture de Paul du Bois symbolise la terre wallonne au travers d’un titi tournaisien désinvolte et dynamique. Le monument est fleuri à l’occasion des Fêtes de Wallonie.

Rue des Jésuites
7500 Tournai

carte

G. Focant SPW

Enceintes communales de Tournai

Après avoir été défendue par une enceinte gallo-romaine et une enceinte épiscopale, Tournai est dotée d’une première enceinte communale dans la seconde moitié du XIe siècle. Elle protégeait les quartiers du Marché, de Saint-Piat et de Saint-Brice, soit 55 ha au cœur de la cité. Outre cette portion de courtine située aux abords du séminaire, ses portions conservées et protégées par le classement sont essentiellement la tour du Cygne, le Fort Rouge et la tour Saint-Georges. Cette muraille est octroyée par le roi de France Philippe-Auguste dans une charte royale conférant à Tournai le statut de commune. Plus étendue et plus imposante, nous en conservons des traces hors du sol contrairement à ses prédécesseurs.

La tour Saint-Jean, vestige des fortifications tournaisiennes construites à la fin du XIIIe siècle. © Ville de Tournai

Le Fort Rouge, tour d’angle greffée à cette première enceinte communale, est quant à elle un vestige des plus imposants des constructions défensives érigées à la suite de l’affranchissement de la ville par le roi de France en 1187. La bâtisse a été modifiée par les Français comme le témoigne une pierre de remploi, sculptée d’un écu aux armes de France porté par deux anges, présente au-dessus d’une baie du XVIIe siècle. Contemporaine et de même appareil, la tour Saint-Georges, de plan circulaire, est rattachée à un pan de muraille qui s’étend encore sur une bonne longueur.

La tour des Rédemptoristes, située dans le jardin du couvent de cet ordre et construite en moellons de calcaire tournaisien, affiche toujours un plan rectangulaire d’environ 1,50 m sur la courtine et rejoint la tour du Cygne, autre ouvrage défensif constitué de deux niveaux d’époques différentes. En juillet 2013, des archéologues du Service public de Wallonie ont retrouvé, non loin de celle-ci, une autre tour de la première enceinte communale de Tournai construite entre 1188 et 1202 sur la rive gauche de l’Escaut.

La Ville, à l’étroit dans ces murs, décide au tournant des XIIIe-XIVe siècles la construction d’une nouvelle enceinte englobant les nouveaux faubourgs de Tournai (seigneuries du Bruille et des Chaufours), soit une surface de 190 ha. L’enceinte comprenait 18 portes, dont deux portes d’eau fortifiées, et plus de 60 tours. Celles-ci étaient construites sur des plans circulaires, semi-circulaires et en U et étaient dotées d’archères philipiennes. Certaines d’entre elles étaient même renforcées d’étrier, sorte de baie placée sous l’archère qui permettait les tirs défensifs vers la base des tours.

Le pont des Trous à Tournai. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

Suite à l’extension démographique du XIIIe siècle liée à la nouvelle prospérité économique de la ville, une seconde enceinte communale est mise en chantier dans le dernier quart du siècle et achevée dans les premières années du XIVe siècle. Démolie au XIXe siècle, son tracé est encore bien clair aujourd’hui et plusieurs témoins nous sont parvenus parmi lesquels le pont des Trous, rare exemple conservé de porte d’eau. L’édifice constituait l’accès à Tournai en aval du fleuve et a été construit en trois étapes de 1281 à 1329 environ. Remanié à plusieurs reprises, il a dû subir une lourde restauration en 1947 suite aux dégâts causés lors de la Seconde Guerre mondiale. Les deux grosses tours situées aux extrémités étaient autrefois greffées sur la courtine et percées d’un passage. Parmi les tours et portes qui jalonnaient cette seconde enceinte, les tours de Marvis et Saint-Jean, ainsi que la porte de Marvis sont aujourd’hui conservées.

Actuellement, Tournai garde quelques vestiges de cette enceinte : le plus connu étant le Pont-des-Trous (seule porte d’eau fortifiée conservée de Belgique), mais également les tours Saint-Jean et de Marvis, situées le long du boulevard Walter de Marvis.

Jardins du Séminaire
7500 Tournai 

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Classée comme site le 5 décembre 1946 (portion de la première enceinte, tours, murs de courtine, jardins, plantations et restes de l’enceinte du XIIe siècle)

Frédéric MARCHESANI, 2013

no picture

Cimetières du sud et du nord de Tournai

Les cimetières de la ville de Tournai abritent plusieurs monuments funéraires de personnages liés au régime français. Dans le cimetière du sud se trouvent les sépultures suivantes :

Louis-Lamoral de Clément de Taintignies, né à Féchain (Nord de la France) le 5 août 1789, page à la cour de France, lieutenant dans le 1er hussards, officier d’ordonnance de Napoléon et chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur. Décédé à Tournai le 24 avril 1834

Louis-Charles Benjamin van der Burch, né à Aubry-du-Hainaut, dans le fief familial, le 18 juin 1786. Entré au service de l’armée comme ses frères, il sert dans le 27e chasseurs à cheval. Sous l’Empire, il termine sa carrière au grade de capitaine en 1813 et est fait chevalier de la Légion d’honneur. Il meurt à Bruxelles le 20 mai 1847. Il repose dans un monument entouré d’une grille en fer forgé et entouré des armoiries familiales ;à droite de la sépulture précédente se trouve la tombe de Jean-Baptiste Louis Joseph Deleplanque, volontaire au 2e chasseurs à cheval à partir de 1805. Il prend part aux batailles d’Iéna, Pułtusk, Eylau et au siège de Saragosse. Il est blessé au siège de Leipzig puis devient aide de camp du général Pajol pendant la campagne de 1815. Il est à nouveau blessé à la bataille de Waterloo et est décoré de la Légion d’honneur. Il termine sa carrière au grade de général de l’armée belge et repose aujourd’hui sous un obélisque décoré d’ornements militaires. Ce monument funéraire a été récemment restauré par l’association pour la conservation des monuments napoléoniens

Camille Ysebrant de Lendonck (1799-1863), sous-lieutenant au 4e bataillon belge pendant les campagnes de 1814 et 1815 ;Charles-Henri Joseph de Rasse, né à Tournai le 3 décembre 1774, chevalier d’Empire, maire et bourgmestre de la ville de 1804 à 1818. Sous le régime français, il met en place un corps de police municipal et un service d’incendie. Il contribue à l’amélioration de la ville par la construction de nouvelles routes et la création de parcs. Il décède à Tournai en janvier 1818.Dans le cimetière du nord, on peut observer deux autres sépultures 

Léopold Charles Lamoral van de Kerckhove d’Hallebast, né à Velaines le 30 juillet 1796. Colonel de cavalerie sous l’Empire et médaillé de Sainte-Hélène, il est également fait officier de l’ordre de Léopold sous le régime belge. Il décède à Tournai le 23 mai 1876 ;Jean Joseph Xavier Stienon, colonel sous l’Empire, chevalier de la Légion d’honneur et décoré de la médaille de Sainte-Hélène, décédé à Tournai le 20 juin 1869 à l’âge de 90 ans.

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Frédéric MARCHESANI, 2014

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Statue Jacques LEFEBVRE-CATERS

Statue d’hommage à Jacques Lefebvre-Caters, réalisée par Gigi Warny, 9 juillet 1983.


Au tournant des années 1970 et 1980, les autorités tournaisiennes procèdent à la rénovation de leur Conservatoire. 

Alors que le chantier se termine, six statuettes en bronze sont posées sur le toit-terrasse de la salle des Concerts du Conservatoire qui fait face au carrefour du beffroi. Mesurant environ 80 centimètres chacune, elles sont visibles depuis la rue de la Wallonie, à l’entrée de la rue du Parc. Œuvres de Gigi Warny, elles portent le nom de six Tournaisiens ayant acquis une forte notoriété dans différentes activités : Robert Campin pour la peinture, Pierre de la Rue pour la musique, Michel Le Maire pour la dinanderie, François Joseph Péterinck pour la porcelaine, Pasquier Grenier pour la tapisserie et Jacques Lefebvre-Caters (1744-1810) pour l’orfèvrerie.


Issu d’une famille qui exerce depuis le XVe siècle « une véritable hégémonie sur les métiers d’art » (Cassart), Jacques Lefebvre (1744-1810) est l’un des représentants illustres de la dynastie des orfèvres née dans le courant du XVIIe siècle. Premier prix de l’Académie de Paris, au concours de modèle (1771), celui qui avait appris les techniques du dessin à l’Académie de Tournai y est nommé professeur-adjoint (1771), avant d’accéder à sa direction en 1782. La même année, par son mariage avec Marie-Cécile Caters, il associe leurs deux patronymes et c’est sous le nom de Jacques Lefebvre-Caters qu’il se distingue des autres « fèvres » de son temps. 

Créateur de sa propre manufacture de bronze doré et ciselé et disposant d’un atelier pour travailler le marbre, il réalise des œuvres particulièrement appréciées dans les cours princières d’Europe, en dépit des soubresauts politiques que connaît la fin du siècle. Lefebvre-Caters n’est d’ailleurs pas étranger à la vie politique de son temps.

À la suite des victoires de Dumouriez (1792), il accepte de devenir administrateur provisoire de la ville de Tournai. Ensuite, il est nommé adjoint au prévôt et lors du retour des Français, en 1794, il accède à la fonction d’échevin pendant quelques mois. 

Conseiller communal de 1807 à 1810, l’entrepreneur avait tiré un important parti de la confiscation et de la nationalisation des biens du clergé (il s’était porté acquéreur de l’abbaye de Saint-Martin en 1796). À la mort de Jacques Lefebvre-Caters (1810), sa veuve reprit si bien les affaires qu’elles continuèrent de bien prospérer jusque dans les années 1820. Il n’est par conséquent pas étonnant que Jacques Lefebvre-Caters soit considéré (pour lui-même et comme représentant de sa dynastie) comme l’une des six personnalités les plus importantes de l’histoire culturelle et artistique de Tournai.


Car tel est bien le sens à donner aux six statuettes réalisées par Geneviève Warny. Née à Bruges en 1958, cette artiste autodidacte qui offrait les petites statues qu’elle créait à ses amis s’est laissé convaincre par l’architecte André Wilbaux de réaliser « six attitudes grandeur nature » pour le fronton de l’ancien Conservatoire de Tournai. 

Plutôt que de procéder à une reconstitution des portraits, l’artiste va donner à chaque statue tournaisienne une attitude qui évoque le métier illustré, ici en l’occurrence la tapisserie : on voit clairement le geste de l’accroche du fil. Relevant le défi de ce projet, en travaillant le bronze pour la première fois, Gigi Warny délaisse la psychologie qu’elle étudiait à l’Université catholique de Louvain (1983) pour faire de la sculpture son activité principale. 

Installant son atelier à Louvain-la-Neuve, elle suit des cours à l’Académie d’Anvers et va produire surtout des bronzes monumentaux, mais aussi des statuettes plus petites en bronze ou en terre cuite. Elle a fourni des œuvres variées à la cité universitaire (fontaine Léon et Valérie en 1984 sur la place de l’Université, La main en diplôme en 1995 près des Halles, Rêverie d’eau en 2001 à la piscine du Blocry). Améliorant et modifiant progressivement ses techniques, elle expose essentiellement en Belgique avant de traverser l’Atlantique et d’être connue aussi au Québec.
 


Sources


Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Jean CASSART, dans Biographie nationale, t. 32, col. 352-355
Gaston LEFEBVRE, Biographies tournaisiennes des XIXe et XXe siècles, Tournai, Archéologie industrielle de Tournai, 1990, p. 162-163
http://www.gigiwarny.be/Gallerie.html 
http://optimiste.skynetblogs.be/tag/jacques+lefebvre-caters (s.v. mai 2014)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 777

Statue d’hommage à Jacques Lefebvre-Caters

Rue du Parc 

7500 Tournai

carte

Paul Delforge

Collection privée

Siège des États du Tournaisis

En 1734, une élégante bâtisse est construite dans l’aile nord-ouest de l’évêché, situé à quelques pas de la cathédrale, dans le but d’y installer le siège des États du Tournaisis. De l’édifice lourdement endommagé au cours de la Seconde Guerre mondiale ne subsiste que la façade à rue, construite en briques et pierre sur quatorze travées de deux niveaux. La travée centrale est encadrée de pilastres et présente une large porte sous un arc en plein cintre. La composition est richement décorée : feuillages, coquille, cornes d’abondance, fleurs.

Ce palais prolonge le palais épiscopal, non loin de la cathédrale et témoigne encore de nos jours de l’importance de l’évêque de Tournai qui, sous l’Ancien Régime, était président en titre des États. Détachés progressivement des États du comté de Flandre, les États de Tournai-Tournaisis évoluent progressivement tout au long du XVIe siècle. Leurs délibérations sont enregistrées officiellement pour la première fois en 1556 et des députés de Tournai seront nommés pour représenter le baillage aux États généraux à partir de 1560. Un sceau leur est accordé en 1577. Leur compétence, fiscale au départ (voter les impôts), devint ensuite financière, politique (inaugurer le souverain par exemple), sociale et économique.

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Frédéric MARCHESANI, 2013

Collection privée

Séminaire épiscopal de Tournai

Le séminaire épiscopal de Tournai occupe depuis 1808 les anciens bâtiments conventuels du XVIe siècle d’un collège de la compagnie de Jésus construits et occupés par ceux-ci entre 1595 et 1773. De 1779 à 1797, les locaux sont habités par les religieux de l’abbaye de Saint-Médard. 

La façade classique de 1731, ou  « grand parloir », s’étale sur cinq travées de deux niveaux. Le frontispice est orné de pilastres en pierre à bossage et est marqué horizontalement par des cordons-larmiers. Au centre de celui-ci, un portail à pilastres toscans est surmonté d’un fronton triangulaire à tympan sculpté de cornes fleuries.  

Le portail donne accès à une cour intérieure bordée de trois ailes datées de 1640 et 1679.  Les façades sur soubassement appareillé s’élèvent sur deux niveaux rehaussés d’un étage récent. Elles sont percées de baies à petits-bois et montants harpés. Elles conservent deux portes gothiques (ailes de gauche et centrale), la première surmontée d’une niche baroque en pierre blanche accueillant une statue de saint Pierre et la seconde, abritant une sculpture de saint Charles Borromée. 

Fermant latéralement le complexe, la chapelle en style gothique tardif a été construite entre 1601 et 1604 en pierre de Tournai. En façade à rue, celle-ci s’ouvre par un portail Renaissance datant de 1603. L’édifice comprend trois nefs de six travées se terminant par un chœur à chevet plat.

ortrait de Monseigneur Hirn, évêque concordataire de Tournai, avec ses attributs de baron de l’Empire, propriété du séminaire épiscopal de Tournai. © Bruxelles, KIK-IRPA

Les événements révolutionnaires et l’arrivée des Français sonnent pour un temps le glas d’une occupation ecclésiastique des lieux. Dès juillet 1794, les bâtiments sont réquisitionnés au profit de l’armée républicaine. Le 16 janvier 1797, les religieux doivent abandonner leur abbaye qui est réaffectée immédiatement : le 23 janvier, un arrêté départemental affecte les locaux à l’entreposage et à la vente du mobilier national. Une fois les divers biens saisis vendus, le bâtiment se retrouve bien vite sans utilité. 

En 1799, le maire de Tournai sollicite l’autorisation du préfet pour transformer l’ancienne abbaye en manège pour les chevaux mais se heurte à un refus. En mai 1800, la création par Napoléon d’une sous-préfecture à Tournai bouleverse une nouvelle fois l’histoire des lieux. Les fonctionnaires s’y installent la même année. Le 8 septembre 1803, Monseigneur Hirn, nouvel évêque concordataire de Tournai, fait son entrée dans la cité. Rapidement, il demande la réaffectation des bâtiments de la sous-préfecture pour l’établissement d’un séminaire épiscopal qui faisait cruellement défaut à Tournai. L’évêque obtient finalement gain de cause le 7 janvier 1808 lorsqu’un décret impérial fixe la création d’un séminaire épiscopal dans l’ancien collège des Jésuites. 

Voilà ainsi plus de deux siècles que les prêtres du diocèse de Tournai sont formés à cet endroit et ont pris la place de fonctionnaires départementaux. Aujourd’hui, plus rien ne témoigne de cette très brève occupation des lieux par une sous-préfecture du département de Jemappes.

Rue des Jésuites 28
7500 Tournai

carte

Frédéric MARCHESANI, 2014