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Maison natale de Jean-Joseph Fyon

Cet édifice construit au début du XVIIIe siècle est de style Régence. Il s’agit d’une des belles constructions verviétoises de l’époque, caractérisée par l’usage du linteau appareillé, la présence de corbeaux apparents, d’un fronton triangulaire et d’un grand porche donnant sur une cour intérieure.

Cet immeuble fut la propriété d’Edmond Fyon, drapier cossu et bourgmestre de Verviers, et ensuite de son fils aîné.

Le frère de ce dernier, Jean-Joseph, entra lui aussi dans l’histoire mais pour d’autres raisons. Né dans cette maison en 1745, Jean Lambert Joseph Fyon entre tôt dans la vie politique verviétoise : il est conseiller en 1769 puis bourgmestre à deux reprises de 1772 à 1774 et de 1777 à 1778. Sous l’Ancien Régime, il est également maître des postes impériales.

Au moment de la Révolution liégeoise de 1789, Fyon s’érige en représentant de l’aile radicale du mouvement et parvient à se faire élire à nouveau bourgmestre ; il inaugure ainsi une carrière politique et militaire qui le conduira dans les plus hautes sphères du pouvoir. Devant l’intervention des troupes impériales dans le marquisat de Franchimont, il est nommé colonel du 2e régiment d’infanterie des forces liégeoises le 26 avril 1790.

Après la première restauration du prince-évêque, il s’exile à Paris où il prend la tête du « comité des Belges et des Liégeois réunis ». En 1792, il fait partie des troupes de La Fayette et puis entre à Liège avec le général Dumouriez. Il poursuit sa carrière militaire au sein de l’armée républicaine jusqu’en septembre 1793. Le 4 décembre de la même année, il est arrêté pour conspiration contre la République et interné à Saint-Lazare. Libéré grâce à l’aide de Bassenge et Robespierre, il est incarcéré une seconde fois entre avril et juillet 1794.

Après l’annexion de la principauté de Liège, il est élu député du département de l’Ourthe au conseil des Anciens. Resté fidèle à ses convictions révolutionnaires, il s’oppose au Directoire et à Napoléon, refusant de voir le régime changer à nouveau. Inscrit sur la liste de proscription en 1801, il rentre sur ses terres et décède à Liège le 2 septembre 1816.

Thier-Mère-Dieu 18
4800 Verviers

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Classée comme monument le 4 octobre 1974

Frédéric MARCHESANI, 2014

IPW

Cité des Grandes Rames

La cité des Grandes Rames, construite en 1808, est traditionnellement considérée comme la plus ancienne cité ouvrière d’Europe. C’est à nouveau aux familles Biolley et Simonis que l’on doit la construction de ces bâtiments où s’entasseront des générations d’ouvriers. Situés à la limite du territoire municipal, ils sont proches des usines et fabriques qui s’implantent en nombre au début de cette période prospère. Cette rapide explosion industrielle provoque rapidement des problèmes démographiques et dès lors de logement qui se posent d’ailleurs tout au long du XIXe siècle.

La construction de la première maison débute sur le site le 25 avril 1808 sous la direction de l’architecte Henri Douha. L’édifice doit être fonctionnel et bon marché, il est dénué d’ornements, d’esthétisme et de variété. Cinq autres maisons identiques sont construites par la suite et habitables dès août 1809 ; elles précèdent quatre autres habitations qui complètent l’ensemble après 1810. Mis à part les disgracieux escaliers extérieurs en béton ajoutés lors de sa restauration, le site est encore aujourd’hui l’héritier de cette époque et a conservé son aspect d’origine : dix maisons identiques et mitoyennes formant deux gros blocs parallèles. Chaque maison est élevée en brique rouge et calcaire sur quatre niveaux de cinq travées et couverte d’un long toit brisé. Chaque étage est divisé en quatre pièces organisées autour d’un couloir central. Chaque maison possède une cave, une cuisine et un grenier aménagé dans lequel sont installés, au XIXe siècle, des métiers à tisser. Chaque chambre abrite alors un ménage de quatre à six personnes pour une superficie de 23 m² ! L’eau courante n’est installée qu’en 1876 et le raccordement à l’égout en 1883…

Après avoir été désaffectés, inoccupés et menacés de démolition, les bâtiments sont vendus par le CPAS de Verviers à une société de logements sociaux en 1991 qui procède à une rénovation de l’ensemble et son aménagement en habitations. Le crucifix, les arbres et le grillage présents contre un des pignons de l’ensemble ont été classés en 1983. Les maisons sont pour leur part reprises à l’inventaire du patrimoine monumental de Belgique.

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G. Focant © SPW

Ancienne usine Simonis de Verviers

L’ancienne usine textile Simonis est résolument un des plus beaux témoins de l’architecture industrielle du début du XIXe siècle conservé en Wallonie. Situé le long de la Vesdre, le bâtiment est le plus ancien témoin d’une époque où bon nombre de ces usines s’implantaient à cet endroit. L’entreprise, une foulerie, appartient à la famille Dauchap au XVIIIe siècle avant d’être successivement vendue à Jean-François Biolley en 1760 puis Jean-François Simonis le 23 avril 1801. Ces deux grandes familles d’industriels verviétois provoquent le déclic qui fera de Verviers une des plus importantes villes industrielles d’Europe au XIXe siècle. Dans les dernières années du siècle précédent, Biolley et Simonis désirent acheter des machines textiles anglaises mais les droits d’invention exorbitants en empêchaient l’exportation. William Cockerill enfreint cette défense et débarque avec ses deux fils sur le continent, en Russie puis en Allemagne. Il arrive à Verviers en 1799 et conclut un contrat d’exclusivité avec les familles Simonis et Biolley qui se voient réserver le monopole par le mécanicien anglais. La production explose instantanément : les machines textiles permettent en effet de remplacer deux cents bras et connaissent un important succès.

L’édifice le plus ancien des usines Simonis est érigé à la même époque, dans les premières années du XIXe siècle. De plan rectangulaire, l’usine compte sept niveaux, dont deux sous le toit, de dix-huit travées de long et trois travées de large. La façade ouest est percée au rez-de-chaussée de trois portes-fenêtres cintrées, et de baies à linteaux droits aux étages. Le long de la rue de Limbourg, la façade principale comporte des baies à linteaux droits et trois hautes portes-fenêtres à arcade en plein cintre d’une hauteur de deux niveaux à l’extrémité droite. La bâtisse, de style néoclassique, diffère des bâtiments industriels qui sont construits par la suite en Wallonie. Avant le véritable départ de la Révolution industrielle, l’architecture dans le domaine est encore très influencée par l’architecture traditionnelle régionale dont on retrouve toutes les caractéristiques ici : utilisation mêlée de brique et pierre calcaire, baies à linteaux droits, toitures mansardées la plupart du temps percées de lucarnes. L’ensemble a depuis été brillamment restauré et réaffecté en logements et constitue un bel exemple de réhabilitation d’un bâtiment industriel.

Rue de Limbourg
4800 Verviers

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Frédéric MARCHESANI, 2014

SPW - G. Focant 

Bureau d'Octroi du boulevard des Gérardchamps, à Verviers

En juillet 1803, la municipalité de Verviers décide d’appliquer la loi du 19 mai 1802 qui lui permet d’établir un bureau public de pesage, mesurage et jaugeage, autrement dit un bureau d’octroi. L’autorisation officielle parvient à la mairie le 21 avril 1804, et le système est inauguré le 21 mai suivant. La ville conclut également un partenariat avec la municipalité toute proche de Hodimont afin de mettre la perception des taxes en commun. 

Sous le régime français, six bureaux d’octroi sont édifiés sur le territoire des deux communes. Le bureau central se trouve dans le couvent des Sépulcrines, qui sera ensuite transformé en collège impérial en 1807, lequel donnera son nom à la rue du Collège et dont ne subsiste aujourd’hui que la chapelle Saint-Lambert.

Actuellement, il ne reste que deux témoins, dont un situé dans rue de la Grappe, érigé sous le régime hollandais. 

Le second, établi à la limite de Verviers-Centre, est un petit édifice néoclassique édifié au début du XIXe siècle. Élevé en brique peinte et calcaire, il est caractérisé par son péristyle formé de trois arcades cintrées retombant sur des colonnes et des pilastres d’ordre toscan. L’édifice, déplacé de quelques dizaines de mètres en 1969, est un bel exemple de style Empire dans nos régions.

L’octroi

Aboli le 19 février 1791 par l’Assemblée nationale, l’octroi est une taxe créée sous l’Ancien Régime dont devait s’acquitter tout qui souhaitait entrer dans les murs d’une ville. Les finances de l’État sont toutefois toujours aussi désastreuses après la Révolution, et de nombreuses villes accumulent rapidement un déficit important. L’octroi est donc progressivement rétabli sous le Directoire pour subvenir aux besoins des communes, des hôpitaux et des hospices. Il est rétabli par le gouvernement par les lois des 18 octobre et 1er décembre 1798. 

Cette taxe locale frappe les boissons, le bétail, le bois, le fourrage et les produits alimentaires. Malgré le fait que l’octroi constitue la source principale de revenus de la municipalité, il est extrêmement impopulaire. La mesure se poursuit pendant quelques décennies et est supprimée en Belgique en 1860. En France, l’octroi ne disparaît officiellement qu’en 1948.

Boulevard des Gérardchamps
4800 Verviers

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Frédéric MARCHESANI, 2014

IPW

Hôtel Raymond de Biolley

Parmi les grandes figures verviétoises de la fin de l’Ancien Régime figurent les membres de la famille Biolley. Raymond Biolley est le troisième de la lignée après l’installation de Jean Biolley au début du XVIIIe siècle et conduit la famille au sommet de la gloire. Pour la signifier, il désire se faire construire une demeure élégante et confie sa réalisation à l’architecte Henri Douha. De style Louis XVI et situé aux numéros 28-34 de la place Sommeleville, l’immeuble d’origine comporte neuf travées, dont trois en avant-corps légèrement en saillie, trois niveaux et une toiture à la Mansart avec deux lots de trois lucarnes et un fronton triangulaire. La composition est parfaitement symétrique bien que l’avant-corps soit traité différemment. Le premier étage est décoré de panneaux sculptés de draperies et de guirlandes. L’intérieur est lui aussi richement décoré, surtout dans les trois salons. Depuis l’époque de son édification sous le régime français, l’immeuble a subi les affres du temps. À droite est construite une annexe dont l’intégration est assez réussie bien que l’ensemble ait perdu sa symétrie. L’action des propriétaires successifs au XXe siècle est, elle, bien plus discutable. En 1932, les lucarnes, brisis et fronton sont supprimés pour transformer l’étage en appartements. En 1952, le rez-de-chaussée est défiguré à des fins commerciales : les bossages des façades disparaissent sous un enduit, les baies de l’avant-corps sont modifiées et de nouvelles ouvertures sont percées ! Un projet de réaffectation en espace muséal rendra à l’avenir son lustre d’antan à l’hôtel de Biolley en corrigeant les erreurs du siècle dernier.


 

Vue d’un salon intérieur de l’hôtel de Biolley © IPW

 À quelques pas de là, le bâtiment situé au 8 de la place Sommeleville était lui aussi lié à la famille Biolley. Il appartenait à Édouard de Biolley (1799-1851), bourgmestre de Verviers, colonel de la garde civique sous le régime belge mais surtout industriel de premier plan. Construit dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, l’édifice est toutefois profondément remodelé dans les premières années du XIXe siècle en style Empire. Cette rénovation apporte à la façade principale un balcon, un troisième étage ainsi qu’une travée supplémentaire percée d’un portail.

Place Sommeleville 28-34 
4800 Verviers

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Classé comme monument le 28 mai 1973

Frédéric MARCHESANI, 2014

IPW

Ancien hôtel Simonis à Verviers

Actuelle maison décanale de la paroisse Saint-Remacle et maison des vicaires, l’ancien hôtel Henri Simonis compte au nombre des demeures de prestige du centre de Verviers. Cette demeure aristocratique a été érigée en 1806 et constitue encore aujourd’hui un témoin de l’importance de Verviers sur le plan industriel dès les premières années du XIXe siècle. La façade, de style néoclassique, compte trois niveaux de cinq travées, dont les deux de gauche pourraient avoir été construites ultérieurement. La dernière travée à droite est percée d’une porte cochère s’ouvrant sur un vestibule qui traverse l’édifice de part en part et permet d’accéder à la cour intérieure et le jardin, où se trouvent également les dépendances, construites quant à elles en 1727 par le propriétaire précédent. La maçonnerie de l’ouvrage est mixte et traditionnelle de nos régions : les façades alternent brique et pierre bleue. 

L’intérieur est lui aussi caractéristique de l’époque de son édification au temps de l’Empire ; il comporte notamment de beaux plafonds en stuc et des cheminées en marbre.

La maison est cédée en 1830 par la veuve de Henri Simonis à son neveu, l’industriel Raymond de Biolley qui l’échange en 1839 contre l’ancienne église désaffectée de la place du Marché. Le conseil de fabrique dispose ainsi depuis lors d’une résidence pour le curé-doyen.

Rue des Raines 6
4800 Verviers

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Classé comme monument le 19 octobre 1984

Frédéric MARCHESANI, 2014

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Statue Charles de MÉAN

Statue dédiée au jurisconsulte Charles de Méan, réalisée par Guillaume Geefs, 1853.


Dans l’expansion urbanistique exceptionnelle de la ville de Verviers au XIXe siècle, la construction du Palais de Justice constitue l’une des toutes premières étapes. Sur les plans de l’architecte Joseph Dumont, l’édifice voit le jour entre 1850 et 1853 ; il sera agrandi après 1896. Sur la façade, un hommage est rendu à quatre jurisconsultes « liégeois » de l’Ancien Régime : Toussaint Dandrimont, Olivier Leclercq, Mathias-Guillaume de Louvrex et Charles de Méan. 

Surnommé « le Papinien liégeois », de Méan (1604-1674) a également accédé à la fonction de bourgmestre de Liège, en 1641, en tant que représentant des Chiroux. Réélu en juillet 1646, il préfère démissionner lorsqu’éclatent de violents incidents entre Grignoux et Chiroux (26 juillet : la « Saint Grignou »). Il est remplacé par Renard Jaymaert du parti des Grignoux. Ce n’est pas cet événement qui motive le choix d’une représentation dans la pierre de Charles de Méan, sur la façade du Palais de Justice de Verviers. Ayant étudié en profondeur le droit romain comme le droit liégeois, Charles de Méan avait rédigé un code qui fera référence après sa mort. Pendant un siècle, chaque nouveau magistrat liégeois recevait en effet « le code de Méan » lorsqu’il entrait en charge.


C’est à ce titre que le jurisconsulte est statufié : de grande taille, sa statue en pierre de sable est logée dans une niche située au premier étage de la façade en calcaire du Palais de style néo-classique. Sans doute serait-elle tombée dans l’oubli, voire en poussière, si l’on avait procédé en 1978 à son enlèvement et à son remplacement. Comme celle de ses trois confrères, la statue de Ch. de Méan devait être mise au vert dans le parc de Séroule et laisser la place à des œuvres contemporaines, en aluminium, réalisées par l’artiste Serge Gangolf. Le tollé provoqué par les « nouveautés » engendra une « guerre des statues » qui divisa tout Verviers pendant des mois. Finalement, les « Gangolf » sont déplacées pour trouver place sur la nouvelle aile (plus moderne) du Palais de Justice (1994-1995), tandis que la vétusté des quatre statues originales des jurisconsultes empêche de les remettre en place : ce sont dès lors des copies à l'identique qui occupent les quatre niches. Réalisées dans un mélange de pierre et de résine par Jacqueline Hanauer et André Bernard, elles sont réapparues en 1986.


En juste au corps, se tenant debout et coiffé d’une perruque, de Méan a été immortalisé par le sculpteur anversois Guillaume Geefs (1805-1883) qui signe aussi le symbole de Thémis sur l’édifice verviétois. Formé à l’Académie d’Anvers, le jeune Geefs est très rapidement repéré par ses professeurs ; une bourse lui permet de parfaire sa formation à Paris et, à son retour, il est nommé professeur de sculpture de l’Académie d’Anvers (1833-1840). Présent dans différents salons, il s’impose avec le modèle de la statue du Général Belliard et le monument funéraire du comte Frédéric de Mérode. Le jeune royaume de Belgique venait de trouver l’un de ses sculpteurs capables de figer dans la pierre les personnes et les événements les plus illustres du pays. Statuaire du roi, Geefs s’installe à Bruxelles où son atelier répond aux multiples commandes destinées à orner les églises, les places, les édifices, les cimetières ou les salons de toute la Belgique. Ses statues de Léopold Ier se déclinent en diverses versions, dont l’une sur la colonne du Congrès, à Bruxelles. À Anvers, il livre une statue de Rubens (1840) ; à Liège, celle de Grétry (1842) ; à Huy, celle de Lebeau (1868). Membre de la classe des Lettres de l’Académie dès 1845, il la préside de 1858 à 1883. Il était membre de l’Institut de France.

 

Sources


Catherine BAUWENS, dans Freddy JORIS (dir.), Le XIXe siècle verviétois, Verviers, CTLM, 2002, p. 98
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Paul BERTHOLET, Verviers et sa région en gravures, Verviers, éd. Desoer, 1981, p. 62-63
Sybille VALCKE, dans Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 415-417

Statue Charles de Méan

Façade du Palais de Justice

4800 Verviers

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Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Emplacement de la statue dédiée au jurisconsulte Mathias-Guillaume de Louvrex

Statue dédiée au jurisconsulte Mathias-Guillaume de Louvrex, réalisée par Guillaume Geefs, 1853.


Dans l’expansion urbanistique exceptionnelle de la ville de Verviers au XIXe siècle, la construction du Palais de Justice constitue l’une des toutes premières étapes. Sur les plans de l’architecte Joseph Dumont, l’édifice voit le jour entre 1850 et 1853 ; il sera agrandi après 1896. Sur la façade, un hommage est rendu à quatre jurisconsultes « liégeois » de l’Ancien Régime : Toussaint Dandrimont, Olivier Leclercq, Charles de Méan et Mathias-Guillaume de Louvrex.


Comme sur la façade du Palais provincial de Liège, bâtiment dont la décoration lui est postérieure, la statue de Matthias-Guillaume de Louvrex est placée, à l’origine, à côté de celle de Charles de Méan. Les deux jurisconsultes liégeois partagent par conséquent les mêmes honneurs à Verviers et à Liège, hormis le fait qu’à Verviers, en 2014, la statue de Louvrex ne s’affiche plus en façade. Jurisconsulte, magistrat de la cité en 1702, diplomate, conseiller du prince-évêque, Mathias-Guillaume de Louvrex possédait une bibliothèque exceptionnelle. Par ailleurs, il avait rassemblé dans un impressionnant Recueil, en quatre volumes, des édits, règlements, privilèges, concordats et traités du pays de Liège et du comté de Looz.
C’est à ce titre qu’il est statufié, tant à Verviers qu’à Liège. 

De grande taille, sa statue en pierre de sable était logée dans une niche située au premier étage de la façade en calcaire du Palais de style néo-classique ; la deuxième en commençant par la gauche du bâtiment. Avant qu’elle ne soit enlevée récemment de la façade, la statue de Louvrex avait déjà connu des « mésaventures ». En 1978, les autorités locales avaient procédé à son enlèvement et à son remplacement. Comme celle de ses trois confrères, la statue de M-G. de Louvrex devait être mise au vert dans le parc de Séroule et laisser la place à des œuvres contemporaines, en aluminium, réalisées par l’artiste Serge Gangolf. Le tollé provoqué par les « nouveautés » engendra une « guerre des statues » qui divisa tout Verviers pendant des mois. Finalement, les « Gangolf » furent déplacées et trouvèrent place sur la nouvelle aile (plus moderne) du Palais de Justice (1994-1995), tandis que la vétusté des quatre statues originales des jurisconsultes empêcha de les remettre en place, telles quelles : ce sont dès lors des copies à l'identique qui occupent les quatre niches. Réalisées dans un mélange de pierre et de résine par Jacqueline Hanauer et André Bernard, elles sont réapparues en 1986. Celle de Louvrex est repartie à l’entretien.


En juste au corps, se tenant debout et coiffé d’une perruque, de Louvrex a été immortalisé à Verviers par le sculpteur anversois Guillaume Geefs (1805-1883) qui signe aussi le symbole de Thémis sur l’édifice verviétois. Formé à l’Académie d’Anvers, le jeune Geefs est très rapidement repéré par ses professeurs ; une bourse lui permet de parfaire sa formation à Paris et, à son retour, il est nommé professeur de sculpture de l’Académie d’Anvers (1833-1840). Présent dans différents salons, il s’impose avec le modèle de la statue du Général Belliard et le monument funéraire du comte Frédéric de Mérode. Le jeune royaume de Belgique venait de trouver l’un de ses sculpteurs capables de figer dans la pierre les personnes et les événements les plus illustres du pays. Statuaire du roi, Geefs s’installe à Bruxelles où son atelier répond aux multiples commandes destinées à orner les églises, les places, les édifices, les cimetières ou les salons de toute la Belgique. Ses statues de Léopold Ier se déclinent en diverses versions, dont l’une sur la colonne du Congrès, à Bruxelles. À Anvers, il livre une statue de Rubens (1840) ; à Liège, celle de Grétry (1842). Membre de la classe des Lettres de l’Académie dès 1845, il la préside de 1858 à 1883. Il était membre de l’Institut de France.

 

Sources


Catherine BAUWENS, dans Freddy JORIS (dir.), Le XIXe siècle verviétois, Verviers, CTLM, 2002, p. 98
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Paul BERTHOLET, Verviers et sa région en gravures, Verviers, éd. Desoer, 1981, p. 62-63
Sybille VALCKE, dans Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 415-417

Emplacement de la statue dédiée au jurisconsulte Mathias-Guillaume de Louvrex (2014)

 

Façade du Palais de Justice

4800 Verviers

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Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Charles de GAULLE

Monument à la mémoire de Charles de Gaulle, réalisé par les architectes Charles Vivroux et Jean Burguet, 21 juin 1980.


Au lendemain du décès de Charles de Gaulle, le 10 novembre 1970, la section de Verviers de Wallonie libre prend la décision de rendre hommage à l’Homme de l’Appel du 18 juin, référence historique de la création du mouvement wallon. À l’initiative de Jules Nissenne, Joseph Gélis et Robert Moson, des contacts sont pris tant au niveau local qu’en France (André Malraux, le maire de Colombey-les-deux-Églises, la fondation Charles de Gaulle, le Cabinet des Estampes de Paris, etc.), afin que le projet respecte le testament politique de l’ancien président de la République. Philippe de Gaulle marque son soutien inconditionnel à l’initiative en rappelant que son père fut blessé, le 15 août 1914, à Dinant. Mais ce n’est pas la participation de Charles de Gaulle à la Grande Guerre, ni son rôle militaire dans l’Entre-deux-Guerres que veulent honorer les Verviétois, encore moins son parcours politique durant la IVe République, la fondation du RPF, son retour en 1958, la guerre d’Algérie, sa présidence de la Ve République ou le référendum du 27 avril 1969. C’est « l’homme du 18 Juin », celui des Forces Françaises libres et de la résistance opiniâtre de 1940 à 1945 qu’ils veulent honorer.


Le Comité provisoire qui est mis en place à l’entame des années 1970 éclate cependant en raison des différends qui opposent les associations patriotiques. Prenant seul en mains les opérations (1979), Jules Nissenne choisit un emplacement à quelques dizaines de mètres de son domicile et du Grand hôpital de Verviers, au parc de la Tourelle, mais se heurte cette fois à la ville de Verviers qui refuse d’autoriser l’érection d’un monument et, de facto, son patronage à l’initiative.

Monument Charles de Gaulle


Alors que le Comité du Souvenir Charles de Gaulle - Verviers qui s’est constitué autour de J. Nissenne se tourne vers d’autres communes de l’arrondissement, on assiste à un revirement du côté du Conseil communal de la Cité lainière. Ayant inscrit la proposition à un ordre du jour du Conseil, un membre de l’opposition veut « tester » la solidité de la coalition en place ; finalement, le projet reçoit l’aval communal, mais sans soutien financier. C’est une souscription publique qui permet sa réalisation par les architectes Charles Vivroux (1890-1985) et Jean Burguet, tous deux expérimentés, actifs au XXe siècle, et appartenant à des familles d’architectes/sculpteurs bien connus dans l’est de la Wallonie.


Le 21 juin 1980, le monument est officiellement inauguré : il s’agit d’une stèle en granit de 3,3 mètres de haut ; sur la face principale, sous une Croix de Lorraine gravée, se trouvent un médaillon en bronze de 40 cm de diamètre à l’effigie de Charles de Gaulle et l’inscription :

« Charles de Gaulle
Appel du 18 juin 1940 »

Sur les faces latérales, on peut lire :

« Honneur et Patrie » et
« Hommage à la Résistance »

Sur la face arrière est inséré le fac-similé de l’Appel du 18 juin. Le médaillon a été réalisé d’après un dessin du peintre verviétois Albert Dummers.


En juin 1982, l’îlot est officiellement dénommé square Charles de Gaulle et l’Union française de Verviers prend l’initiative de l’hommage entre 1982 et 1987. À partir de 1988, le Comité du Souvenir Charles de Gaulle prend le relais, par fidélité envers la Résistance, par reconnaissance envers le chef de la France libre, et par engagement wallon. Depuis 2008, la ville de Verviers prend le relais des militants wallons, suite au décès de Joseph Gélis (2007), le dernier du trio des principaux protagonistes de ce mémorial, depuis la disparition de Jules Nissenne (1907-1991) et Robert Moson (1925-1995). Leurs noms sont gravés au pied du monument.
 

 


Paul DELFORGE, Essai d’inventaire des lieux de mémoire liés au Mouvement wallon (1940-1997), dans Entre toponymie et utopie. Les lieux de la mémoire wallonne, (actes du colloque), sous la direction de Luc COURTOIS et Jean PIROTTE, Louvain-la-Neuve, 1999, p. 285-300
Paul DELFORGE, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 1116

 

Square de Gaulle

4800 Verviers

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Paul Delforge

G. Focant - SPW

Ancien manège de Verviers

La très belle façade située devant vous n’est que la partie visible d’un vaste édifice situé à l’arrière et qui, jusqu’en 1931, date d’un incendie qui le détruisit en partie, servit de cirque, manège, music-hall, cinéma et théâtre ! Conçu à l’origine pour une société privée d’équitation, le Grand Manège reçoit, dès son inauguration en 1892, des cirques de passage à Verviers. La société qui en était propriétaire s’y réunissait régulièrement pour y pratiquer l’équitation et le dressage des chevaux. 

Le bâtiment, de style mauresque, est l’œuvre du prolifique architecte Charles Thirion (1838-1920). L’architecture arabe inspirait souvent les hippodromes, manèges et autres cirques construits à cette époque. La façade à rue est longue de 50 mètres et est constituée d’un parement de briques jaunes et rouges dont les reliefs forment des losanges, dents de scies et motifs de broderies. La façade avec les entrées, les halls, le café et les appartements constituent la première partie du bâtiment. La seconde, de forme hexagonale, se situe à l’arrière et était composée de la piste, de la scène et des balcons destinés au public. 

Menacé de démolition au début des années 2000, l’édifice est protégé par une mesure de classement sur proposition de l’Institut du Patrimoine wallon avant d’être brillamment restauré. Il a ensuite été réaffecté en immeuble à appartements et commerces.

Rue du Manège 12-16
4800 Verviers

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Classement comme monument le 28 mars 2003

Institut du Patrimoine wallon