Espace mosello-mosan confié à Sigefroid (959)

Dès le début de la période carolingienne, au cœur de l’espace entre Meuse et Moselle, propriété des Pépinides, Arlon a perdu l’importance qu’elle avait sous l’empire romain. D’autres centres se sont créés. Rayonnent surtout deux grandes abbayes (saint-Willibrord à Echternach et saint-Maximim à Trèves) qui disposent elles-mêmes d’importantes propriétés dans l’Ardenne et l’Eifel et qui s’étendent jusque dans l’espace wallon actuel. Lieu de chasse et de résidence des Carolingiens (Thionville), cette zone comprise entre Meuse, Moselle et Rhin, entre les cités épiscopales de Verdun, Liège, Cologne, Trèves et Metz comprend encore l’abbaye impériale de Prüm et celles de Stavelot-Malmedy, Mouzon et Saint-Hubert.
Ayant subi les dévastations normandes (IXe siècle), cette région située à cheval sur les deux Lotharingie (Xe siècle) voit émerger Gislebert, de la famille des Régnier, qui est le propriétaire des principaux biens et domaines, abbayes comprises. Il est cependant éliminé par le roi de Germanie, Otton Ier (939). Émerge alors un autre clan, les d’Ardenne, fondateurs de l’abbaye d’Hastière et petits propriétaires de terres éparses entre Meuse inférieure et Moselle. Les ramifications des d’Ardenne sont multiples et conduisent même parfois à des confrontations intrafamiliales. Mais la présence de ce nom parmi les évêques voire archevêque, les comtes et les ducs en dit long sur l’importance prise progressivement par le clan d’Ardenne, dont l’influence dépasse l’espace géographique désigné par ce nom. Bénéficiant de la confiance de celui qui est désormais empereur, Sigefroid est un membre du clan qui se voit confier des charges comtales et d’avoué sur les deux grandes abbayes d’Echternach et de Trèves. Il prend la place de Gislebert.
En 963, il devient le propriétaire d’un éperon rocheux, le « Lucilinburhuc », où il fait construire un château. Situé sur le plateau de l’Alzette, le château de Luxembourg est sa seule réelle propriété quand il fait construire trois églises et délimite ainsi un espace protégé où peut se développer une vie religieuse, économique et administrative. Il inaugure un lignage qui va faire souche, avec la bénédiction de l’empereur germanique. La maison d’Ardenne devient la maison de Luxembourg.

Références
AzKG-94 ; DHGe14 ; ErCover ; TrauLxb86 ; TrauLxb92


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

Les tombelles celtiques laténiennes en Ardenne (Ve – IIe siècles av. J-C)

À partir du Second Âge du Fer, le rite de l’incinération en tombe plate se répand partout sauf en Ardenne qui connaît alors l’inhumation sous des tertres. Cette zone n’avait guère attiré les populations préhistoriques avant l’arrivée des Celtes. Les tertres funéraires celtiques retrouvés et dénommés « tombelles » par les archéologues (on dénombre actuellement plus de 140 sites pour 600 tombelles) sont pratiquement les seuls vestiges dont on dispose. Ils révèlent l’existence de deux groupes.
Le premier, localisé au nord-est de l’actuelle province du Luxembourg, s’étend jusqu’au grand-duché et au sud de la province de Liège. Dans chaque tombelle fouillée, on n’a retrouvé qu’une sépulture, à inhumation pour la plupart, ainsi qu’un mobilier funéraire limité le plus souvent à un vase en céramique.
L’autre groupe a été découvert entre Bertrix et Bastogne. Cette-fois, les sépultures sont majoritairement collectives et enferment des corps inhumés dans une fosse. D’autres tombes de ce groupe ont été retrouvées autour de Neufchâteau à Léglise, Hamipré, Longlier, Juseret, Assenois, Saint-Pierre, Grapfontaine, et Witry. De dimensions plus importantes, elles renferment le défunt, un char, ainsi que de nombreux accessoires. Ces « tombes à char » révèlent l’existence d’une société hiérarchisée au sein de laquelle il semblait important pour les élites d’être inhumées avec leurs richesses, symboles de leur pouvoir.


Références :
CDr ; CDt ; Cor ; Guid


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)