Les rêves d’une Grande Belgique (1916-1921)

En raison de l’occupation allemande en Belgique, la presse belge est plus que jamais patriotique, exalte l’âme belge et l’Union sacrée, et en vient même à s’interroger sur les perspectives d’avenir du pays. Dans les milieux officiels désormais réfugiés au Havre, on évoque sérieusement la possibilité d’élargir les frontières de la Belgique, pour devenir maître de l’embouchure de l’Escaut, pour mieux contrôler les eaux de la Meuse, voire pour protéger davantage la cité de Liège. L’annexion du grand-duché de Luxembourg et celle de la Prusse malmédienne sont considérées comme acquises (fin 1914, début 1915). L’idée d’une ‘Grande Belgique’ est caressée dans certaines milieux où refait florès la théorie des ‘frontières naturelles’ qui permettrait à la Belgique de s’étendre jusqu’au Rhin et le long des bassins mosan et scaldien. Un manifeste, des livres entretiennent les revendications ; certains ministres couvrent aussi l’idée que la Belgique devienne le pays auquel on confierait la garde des Lieux-Saints. Ces idées comme celle d’un retour aux frontières d’avant 1839, encore défendues au moment des négociations de paix (1919), seront très mal accueillies par les « Grandes puissances ».

Références
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Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

La Révolution liégeoise de 1789

La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789 à Paris, donne l’impulsion à la révolution des Liégeois contre les représentants de l’ancien Régime. Successeur de Velbruck à la tête de la principauté (1784), Hoensbroech a fait naître contre sa personne une irrésistible opposition populaire qui se saisit du moindre prétexte pour dénoncer davantage le représentant de l’Église que celui du temporel. L’affaire des jeux de Spa avive les esprits.
 La défense des droits de l’homme est le leitmotiv des leaders démocrates liégeois de l’insurrection. Se référant à la Paix de Fexhe, aux traditions et libertés, ils contraignent le prince-évêque à la fuite, s’attèlent à la rédaction d’une constitution, après la prise de l’hôtel de ville de Liège et de la Citadelle (18 août 1789). Au nom du Cercle de Westphalie, la Prusse poste calmement 5.000 hommes de troupes dans la principauté. Des élections ont lieu dans la cité de Liège (juillet 1790) et le soutien de la France est vivement sollicité. Quand le Cercle de Westphalie fait mine de rétablir l’ordre en principauté, des troupes de volontaires prennent le dessus sur les armées de métier (Hasselt 27 mai, Genk 9 août, Visé 9 décembre). Ce sont finalement les troupes autrichiennes – qui viennent de mettre fin à la révolution brabançonne – qui imposent la restauration de l’Ancien Régime et le retour du prince-évêque (12 janvier 1791).
Quant au duché de Bouillon, petit Monaco du nord ayant accueilli des encyclopédistes en fuite (XVIIIe siècle), il prend une part active à la révolution de juillet 1789. Dès mars 1790, les Bouillonnais réunis à Paliseul décident de former une « Assemblée générale » sur le modèle de l'Assemblée nationale française.

Références
H80 ; Hahu147


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Le cercle de Westphalie (1512-1806)

Depuis le début du XVIe siècle, la principauté de Liège et l’abbaye de Stavelot font partie du Cercle de (Bas-Rhin)-Westphalie, notamment avec la principauté de Munster, les duchés de Juliers et de Clèves et les villes impériales de Cologne, d’Aix-la-Chapelle et Dortmund. Mis à part le Cambrésis conquis par les armées françaises, la composition de ce Cercle ne variera guère jusqu’en 1806 et sa disparition.

Références
GrossA02b ; H68 ; www_cm1512 ; www_cm1513


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La principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy (IXe siècle)

Au VIIe siècle, une active campagne de christianisation est menée en Austrasie ; elle se manifeste notamment par l’établissement de communautés de moines. Dans le pays mosan (vers 650), Remacle (aquitain formé à Luxeuil) contribue à la conversion des habitants de Stavelot, en bord de Warche, et de Malmédy, en bord d’Amblève, où il crée deux abbayes qui donneront naissance à des localités d’une certaine importance. Grâce aux donations des princes mérovingiens et carolingiens, les successeurs de saint-Remacle se retrouvent à la tête de territoires défrichés étendus. Après une période difficile (IXe siècle), les abbés de Stavelot rétablissent une discipline morale, résistent à la pression des princes laïcs (Xe et XIe siècles) et conservent leur relation directe, exclusive et immédiate avec l’empereur. Strictement impérial, le domaine abbatial se mue en principauté ecclésiastique sur le modèle, mais en plus modeste, de la principauté de Liège (à l’origine créée aussi par saint-Remacle).
En dehors des grandes voies de circulation, la principauté abbatiale vit en paix durant plusieurs siècles. Élus par les moines des deux abbayes, 77 princes-abbés se succèdent jusqu’en 1795. Si certains d’entre eux partagèrent leur titre (prince-abbé des monastères de Stavelot-Malmédy, prince du Saint-Empire et comte de Logne) avec d’autres fonctions (parfois celle de prince-évêque de Liège), la coutume s’impose, au XVIIIe siècle, de choisir le chef parmi les membres des deux monastères. Le 1er octobre 1795, la petite principauté disparaît et se fond à l’intérieur du département de l’Ourthe.

Références
Baix ; Brict-69-70 ; HPLg-41 ; HHWH59 ; HW04-113-114 ; LgBV ; LJGdLg-48


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