Jo Van Hove

Musée Wellington à Waterloo

Demeure de style Louis XV, l’actuel musée Wellington a été érigé dans le troisième quart du XVIIIe siècle, sur deux niveaux de six travées, en brique et pierre bleue. Cette belle auberge typiquement brabançonne sert de relais de poste au moment de son édification.

Cette affectation spécifique et sa bonne situation géographique ont attiré l’attention du duc de Wellington. Le 17 juin 1815, il choisit l’endroit pour y installer son quartier général d’état-major. Il y séjourne personnellement les 17 et 18 juin et y rédige, au soir de la bataille, le communiqué de la victoire.

L’auberge abrite aujourd’hui un musée dédié à la personnalité du duc de Wellington et, au sens large, à la bataille de Waterloo. Le bâtiment, en danger, fut sauvé en 1955 à l’initiative de l’historien Jacques-Henri Pirenne et reconverti en espace muséal. La commune de Waterloo acquit le bien en 1958, le terrain situé à l’arrière en 1961 et les dépendances en 1972. On y trouve notamment les chambres de Wellington et du colonel Gordon, son aide de camp, décédé le 18 juin 1815. Différentes pierres tombales ont été transférées à cet endroit et plusieurs plaques commémoratives y trouvent leur place.

Dans le jardin se trouve la stèle funéraire du major Arthur Rowley Heyland. Né en 1781 à Belfast, il participe aux guerres continentales de 1811 à 1814, notamment en Espagne et en France. Membre du 14e régiment de ligne britannique, il participe également à la campagne de 1815. Tué d’une balle dans la nuque le 18 juin 1815, il est enterré en face de l’hôtel des Colonnes à Mont-Saint-Jean. Il repose sous un monument cubique en pierre bleue, entouré d’une grille en fer forgé.

Des travaux d’élargissement de la route, en 1889, provoquent le déplacement du monument funéraire, sans respect pour le corps du défunt, qui bizarrement n’est pas transférée au monument d’Evere comme cela fut le cas pour d’autres soldats. La pierre tombale est, par la suite, transférée au musée Wellington. On y trouve l’inscription suivante : « Sacred to the memory of Major Arthur Rowley Heyland of his Britannic Majesty’s fortieth Regiment of foot, who was buried on this spot. He fell gloriously in the Battle of Waterloo on the 18th June 1815. At the moment of victory and in command of the regiment age 34 years » (dédié à la mémoire du major Arthur Rowley Heyland, du 40e régiment à pied de sa majesté britannique, qui a été enterré à cet endroit. Il tomba glorieusement à la bataille de Waterloo le 18 juin 1815. Au moment de la victoire et aux commandes de son régiment, il était âgé de 34 ans). Le monument tient lieu de cénotaphe.

À côté se trouve la pierre tombale du colonel Henry Walton Ellis. Né en 1783 à Worcester, il sert en Espagne et au Portugal entre 1810 et 1814 avec le 23e régiment des Foot Guards. Chevalier de l’Ordre du Bain, il est nommé colonel en juin 1814, un an avant de prendre part à la bataille de Waterloo. Touché à la poitrine à Mont-Saint-Jean, il décède le 20 juin 1815 des suites de ses blessures. Il est d’abord enterré à Braine-l’Alleud, puis transféré au cimetière de Wavre. Le déplacement de ce cimetière à deux reprises, en 1909 et 1920, et sa désaffectation entre 1955 et 1975 provoquent la perte du corps du colonel. Sa pierre tombale est alors transférée au musée Wellington. Elle comporte une double inscription en français sur une face et en anglais sur l’autre : «To the memory of colonel Sir H. W. Ellis K.C.B. Knight Commander of the Order of the Bath 25th reg[iment] of Welsh fusiliers, killed in action at Waterloo 18 June 1815 / À la mémoire du chevalier H. W. Ellis, K.C.B., colonel du 25e régiment des fusiliers royaux de Galles, tué au combat à Waterloo le 18 juin 1815 ».

Contre un mur se trouve un fragment de la pierre tombale du lieutenant-colonel Richard Fitzgerald. Né en 1774, il sert en Espagne en 1814 et est tué d’un coup de feu à la tête pendant la bataille de Waterloo. Il est enterré dans le cimetière de Wavre, mais sa sépulture disparaît lors du transfert du champ des morts en 1909. Seule une pierre subsiste et a été déposée au musée Wellington. Elle porte l’inscription suivante : « D.O.M. Sacred to the memory of Lieutenant-Colonel Richard Fitz-Gerald of the 2nd regiment of Life Guards of his Britannic Majesty’s who fell gloriously at the Battle of Belle Alliance, near this town on the 18 June 1815 in the 41st year oh his life, deeply and deservedly regret by his family and friends. To a manly loftinefs [sic] of soul he united all the virtues that could render him an ornament to his profession and to private and social life ». (À la mémoire du plus vertueux des hommes, généralement estimé et regretté de sa famille et de ses amis, le Lieutenant-Colonel Richard Fitz-Gerald de la Garde du Corps de Sa Majesté Britannique, tué glorieusement à la bataille de la Belle Alliance le 18 juin 1815. R.I.P.).

Dans le jardin a été reconstruit un monument autrefois situé dans le jardin de la maison Pâris. Il est censé renfermer la jambe de Lord Uxbridge, amputé suite à la blessure infligée pendant la bataille de Waterloo. Après l’opération, le tenancier de l’auberge enterra la jambe dans son jardin et la recouvrit d’un monticule de fleurs. Le membre fut par la suite exhumé et placé dans une boîte de verre dans le but d’être exposé aux visiteurs du champ de bataille. La visite de son fils, en 1876, provoqua l’indignation de la famille. En 1880, la jambe de Lord Uxbridge fut enterrée dans le cimetière de Waterloo ; elle fut perdue après la désaffectation de la nécropole. L’endroit qui avait alors « abrité » la jambe à Waterloo fut transformé en mausolée. Détruit en 1991, il fut reconstruit au musée Wellington. Une dalle de pierre bleue a ainsi été encastrée dans un mur de briques rouges. Elle porte une inscription bilingue dont voici l’épitaphe : « Ci est enterrée la jambe de l’illustre, brave et vaillant comte d’Uxbridge, lieutenant général de S.M. britannique, commandant en chef de la cavalerie anglaise, belge et hollandaise, blessé le 18 juin 1815, à la mémorable bataille de Waterloo, qui par son héroïsme, a concouru au triomphe de la cause du genre humain, glorieusement décidée par l’éclatante victoire du dit jour ».

D’autres plaques rappellent le passage à cet endroit du roi d’Angleterre Georges IV en 1821 et du roi de Prusse Frédéric III en 1825. Lord Uxbridge, mort en 1854, est pour sa part enterré en Angleterre, sans une de ses jambes.
 

Chaussée de Bruxelles 147
1410 Waterloo

carte

Classé comme monument et comme site le 12 octobre 1981

Institut du Patrimoine wallon