Au sein du Regnum Francorum, la Neustrie connaît une grande expansion, au VIe siècle, essentiellement sous le règne de Chilpéric (assassiné en 584). Au siècle suivant, l’Austrasie prend l’ascendant, notamment grâce aux maires du palais péppinides. Pour diriger leur pays, les rois francs sont en effet accompagnés d’un intendant, le maire du palais, qui supervise l’exploitation du domaine royal et le volet financier.

En 687, Bérégise, ancien moine de l’abbaye de Saint-Trond, devenu aumônier de Pépin II de Herstal, fonde l’abbaye d’Andage, devenue plus tard Saint-Hubert. Pépin lui avait accordé une charte de fondation et l’avait chargé de réunir une première communauté religieuse. À la fin du siècle, des clercs réguliers s’établissent à Andage, sous la direction de Bérégise. Celui-ci reste le supérieur de l’abbaye durant près de vingt-cinq ans.

Autour de l’année 670, Madelgaire se retire à Soignies, avec quelques compagnons, où il fonde un monastère qui deviendra le berceau de la ville. Marié jusque-là à Waudru, il adopte Vincent comme nom de moine, les deux époux ayant décidé d’entrer en religion. Il restera dans le monastère de Soignies jusqu’à sa mort, en 677.

Évêque de Noyon et de Tournai, Eloi fonde à Tournai l’abbaye de Saint-Martin, vers 650, pour promouvoir l’activité missionnaire dans la vallée de l’Escaut. Né dans le Limousin, Eloi est aussi conseiller des rois Francs, dont Clotaire II et Dagobert Ier. Outre son œuvre d’évangélisation dans le diocèse, il se fait lui-même missionnaire du côté de la Flandre et des îles hollandaises. C’est la date de son décès, le 1er décembre 659 (ou 660) qui est ici retenue.

Autour des années 655-660, Waudru, sur le conseil de Ghislain, son confesseur, aurait convaincu Hidulphe, un membre de l’aristocratie neustrienne, de se porter acquéreur de quelques terres, pour y fonder le monastère double dont elle devient l’abbesse. C’est autour de ce monastère que se développera la ville de Mons.

Vers 651, le moine irlandais Berthuin fonde une abbaye à Malonne. Il bénéficie de la générosité de plusieurs grands de l’époque. Ainsi Roga, une châtelaine pieuse, lui cède sa propriété de Malonne où le moine fonde un oratoire ; Odoacre lui donne les terres situées depuis le Tombois jusqu’au Landoir et Pépin de Herstal lui fait don de cinq métairies. Le moine irlandais fonde une abbaye, quelques maisonnettes, une chapelle et entoure la propriété d’un mur de pierres.

Forcé de quitter le monastère anglo-saxon de Cnobheresburg dont il était devenu l’abbé, Feuillen s’embarque pour le continent emmenant les reliques et les objets de culte de son abbaye (650). Accueilli à Nivelles par Itte, la veuve de Pépin et la mère de Gertrude,  il en reçoit un domaine – la villa de Bebrona – pour établir un monastère d’hommes. Autour de l’année 651, Feuillen est aidé par d’autres moines qui, comme lui, sont originaires d’Irlande, quand il fonde ce monastère à Fosses-la-Ville. En 654, Feuillen est assassiné et un culte lui est rapidement consacré.

Aux environs de l’année 650, saint Hadelin, originaire d’Aquitaine, se retire dans un ermitage des alentours de Dinant, dans une région bordée par la Lesse. Rejoint par plusieurs compagnons, il y fonde un monastère et la communauté se charge de l’évangélisation de la région. La celle ou cellule que saint Hadelin occupait est à l’origine du nom du village. 

L’introduction du christianisme se réalise par vagues successives. Il s’agit d’abord d’un phénomène urbain ; le culte est attesté aux IIIe et IVe siècles par la présence des premiers évêques à Trèves et à Tongres notamment. Il se répand ensuite dans les campagnes à partir des grandes voies de communication, des garnisons romaines placées sur le Rhin, voire de certains grands domaines agricoles. Le ralliement de Clovis au christianisme romain favorise l’expansion rapide de la religion ainsi reconnue officiellement (VIe - VIIe siècles).

En 648 ou 649, Itte, qui est la veuve de Pépin l’Ancien, transforme son riche palais et fonde l’abbaye de Nivelles, sur le conseil d’Amand, évêque de Tongres. La fille d’Itte, Gertrude est nommée abbesse de Nivelles. Durant les premières années, l’abbaye dispose d’un double couvent : l’un pour les moines venus d’Irlande, l’autre pour les nonnes.