Tournai et le Tournaisis sous influence anglaise (1513-1519)

En 1513, Tournai, ville française, tombe aux mains du roi d’Angleterre. Obligés de loger plusieurs milliers de soldats britanniques, Tournai et le Tournaisis entrent dans le système politique anglais, deviennent une constituency et sont autorisés à envoyer deux députés à la Chambre des Communes. Cette période anglaise est de courte durée. En 1519, François Ier rachète la ville, mais le retour à la couronne de France est éphémère. En 1521, Charles Quint prend Tournai et le Tournaisis après un long siège (1521) et les détourne de l’influence de la France pour les annexer aux Pays-Bas dont le souverain devient seigneur de Tournai. Théoriquement annexée à la Flandre (essentiellement en matière judiciaire), Tournai et le Tournaisis continuent, dans les faits, de disposer d’une certaine autonomie politique.
En 1668, Louis XIV reconquiert Tournai qui redevient française jusqu’en 1713, date à laquelle elle échoit à l’Autriche, de même que le Tournaisis, hormis Saint-Amand.


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L’empire de Maximilien en 1500

À la tête de l’empire germanique – dont fait partie l’essentiel des terres wallonnes actuelles, hormis les régions de Tournai et Mouscron –, la maison de Luxembourg a laissé la main aux Habsbourg. En plus de résister aux Ottomans et de résoudre les problèmes dus aux Hongrois et en Bohême, l’empereur Frédéric III (1415-1493) parvient à écarter les Wittelsbach de la maison de Bavière et à résister aux Bourguignons. À la mort de Charles le Téméraire, les possessions patiemment rassemblées par les ducs de Bourgogne sont convoitées notamment par le roi de France qui s’emparera de la Bourgogne en 1480 et de la Franche-Comté en 1678.
Pour résister aux principautés, souvent poussées par la France, et qui veulent récupérer leur charte, voire obtenir de nouveaux privilèges et profiter de l’inexpérience de la jeune héritière de Bourgogne, Marie épouse l’archiduc d’Autriche, Maximilien. La mort accidentelle de Marie (1482) conduit Maximilien à devoir assumer la régence. Il renoue avec le centralisme et l’autoritarisme du Téméraire et s’aliène les villes de Flandre et certaines du Brabant, alors qu’il obtient le soutien des États en Hainaut, Namur et Luxembourg. Après avoir réussi à mâter les villes rebelles au terme d’une guerre qui dura une dizaine d’années, Maximilien confie « les Pays-Bas bourguignons » à son fils, Philippe le Beau (1482-1506), puis à son petit-fils, alors Charles II et bientôt mieux connu comme empereur sous le nom de Charles-Quint. Sacré roi des Romains en 1508, Maximilien se consacre entièrement à l’empire germanique et à ses territoires étendus.
On constate que le tracé le plus occidental de la limite impériale est toujours fixé sur l’Escaut. Dès lors, les biens de la maison de Habsbourg se situent de part et d’autre de cette limite, la Flandre demeurant alors vassale de la France.

Références
FH04-310 ; GM02-267 ; GrossA02a ; H68 ; TrauLxb-150


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Expansion bourguignonne sous Charles le Téméraire (1467-1477)

Servie par d’heureux concours de circonstances, la maison de Bourgogne parvient à se substituer aux dynasties locales et à régner sur d’immenses domaines sans rencontrer de résistance, hormis en principauté de Liège et en Lorraine.
Abandonné par Louis XI, l’armée liégeoise va de défaite en défaite (Montenaken, 20 octobre 1465). Avec l’approbation du pape, le duc soumet la principauté à sa personne (décembre 1465). Placée sous l’orbite bourguignonne, la principauté voit sa capitale transférée à Huy, saccagée par les Liégeois qui considèrent les Hutois comme des traîtres (septembre 1467). Après avoir pillé de manière systématique et détruit par vengeance la ville de Dinant qui aurait offensé la famille de Bourgogne (18-31 août 1466), Liège paye à son tour sa révolte contre Huy : après la bataille de Brustem (1467), des mesures expiatoires touchent les Liégeois, pires qu’en 1408 après Othée : suppression de la Paix de Fexhe et de toutes ses lois et coutumes, indemnités annuelles, scission du pays, transfert du perron à Bruges, destruction de murailles, etc. (18 et 27 novembre 1467).
Réduite à l’état de vassal, la principauté de Liège paraît morte. Pourtant, à la fin de l’été 1468, des leaders populaires parviennent à reprendre l’ascendant et espèrent à nouveau dans l’aide du roi de France. Lui ayant imposé le traité de Péronnes (14 octobre), le duc de Bourgogne revient sur Liège décidé à éliminer définitivement toute forme de rébellion. L’ultime tentative de Gosuin de Steel conduisant un groupe de plusieurs centaines d’hommes (600 ?) provenant pour la plupart du Franchimont se solde par un échec (29 octobre 1468). Sur les hauteurs de Sainte-Walburge, à la faveur de la nuit, ils ne parviennent pas à capturer le duc de Bourgogne et le roi de France ; la répression est terrible ; pour l’exemple, et sous les yeux du roi de France, la cité est mise à feu et à sang ; elle est systématiquement pillée et détruite par le feu. Avec les églises – épargnées – un tiers de la ville seulement échappa à la dévastation.
 Poursuivant ses conquêtes, Charles le Téméraire s’empare des territoires lorrains, mais sa puissante armée est repoussée tant au nord de la Seine qu’en Lorraine. Lors du siège de Nancy (janvier 1477), il perd la vie. C’est la fin du rêve bourguignon.

Références
DCM22 ; Er43a ; Er43b ; FH04-311 ; H56 ; H65 ; Rol60


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Expansion bourguignonne de Philippe le Hardi à Philippe le Bon (1363-1467)

En 1361, la lignée de Robert le Pieux, détenteur du duché de Bourgogne s’éteint faute d’héritier. Roi de France, Jean II récupère les possessions de cette ancienne branche des Capétiens et les attribue à son dernier fils, de la lignée des Valois. Nouveau duc de Bourgogne (1363-1404), Philippe le Hardi épouse Marguerite de Flandre, veuve du… dernier duc de Bourgogne. À la mort de son beau-père (Louis de Male), Philippe le Hardi hérite des comtés de Flandre, Artois, Rethel et Nevers, ainsi que du comté de Bourgogne situé en terre d’empire (1384). Avec ses huit enfants, il développe une politique matrimoniale active. Son aîné, Jean Sans Peur épouse la fille du comte de Hainaut et de Hollande ; sa fille s’unit avec le fils du même comte, nouant ainsi une solide alliance entre les Wittelsbach et les Valois. Quant à Antoine, il devient duc de Brabant et de Limbourg.
Petit-fils et arrière-petit-fils de Philippe le Hardi, Philippe le Bon (1419-1467) et Charles le Téméraire (1467-1477) poursuivent le projet familial : réunir tous les « pays de par-deçà » (Pays-Bas) et les « pays de par-delà » (Bourgogne et Franche-Comté), en annexant la Lorraine (autour de Nancy) et en mettant un terme au territoire d’entre d’eux que représente la principauté épiscopale de Liège. L’unification politique des états laïcs et ecclésiastiques entre le Rhin et la mer du Nord devait conduire à construire un nouvel état concentré, entre France et Germanie, qui tiendrait en équilibre la puissance de la France en occident. Leurs desseins auraient pu se réaliser si le roi de France – Louis XI – n’était entré en scène et n’avait tablé, lui aussi, sur la principauté liégeoise pour faire échouer le projet bourguignon. Mettant fin au conflit avec le roi de France, le premier traité d’Arras (1435) accroît les possessions de Bourgogne qui continue de se heurter à la résistance des villes de la principauté de Liège.
Dépourvu d’héritiers, le comte de Namur – Jean III – vend sa terre au duc de Bourgogne Philippe le Bon (1421) qui en hérite en 1429. Par héritage encore, à la mort du duc de Brabant Philippe de Saint-Pol sans descendant (1430), les possessions de Bourgogne s’étendent au Limbourg et au Brabant. Héritier du Hainaut, Hollande, Zélande, Frise en 1428, Philippe le Bon entre en possession de ces terres en 1433. Dix ans plus tard, la mort de sa tante place le Luxembourg entre ses mains.
En plaçant des membres de sa famille sur les sièges ecclésiastiques de Tournai (1436), Cambrai (1439), Thérouanne (1451), Liège (1455) et Utrecht (1456), il poursuit la construction des Pays-Bas bourguignons. Il ne lui reste plus qu’à unir les possessions d’en haut avec celles d’en-bas et à percer l’obstacle que représentent les villes liégeoises.

Références
Ar71 ; DCM22 ; Er43a ; Er43b ; FH04-311 ; GM02-140 ; H65 ; Rol60 ; www_cm1404 ; www_cm1477

 


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