1092
La peste à Tournai

Louis Gallait, La peste à tournai en 1092, Musée des Beaux-Arts de Tournai,

extrait de Serge LE BAILLY DE TILLEGHEM, Louis Gallait (1810-1887). La gloire d’un romantique, Bruxelles, Crédit communal, 1987

Les abbayes du VIIe au IXe siècle

L’introduction du christianisme se réalise par vagues successives. Il s’agit d’abord d’un phénomène urbain ; le culte est attesté aux IIIe et IVe siècles par la présence des premiers évêques à Trèves et à Tongres notamment. Il se répand ensuite dans les campagnes à partir des grandes voies de communication, des garnisons romaines placées sur le Rhin, voire de certains grands domaines agricoles. Le ralliement de Clovis au christianisme romain favorise l’expansion rapide de la religion ainsi reconnue officiellement (VIe - VIIe siècles). Les nombreuses abbayes fondées entre Moselle et Meuse soutiennent cette 2e grande vague de christianisation. Les églises essaiment dans les campagnes.
Bon nombre de grandes familles franques font don de terres et de biens aux missionnaires, si bien que les abbayes disposent rapidement de vastes terres et de richesses qui en font aussi un lieu de pouvoir. La plupart des abbayes seront le berceau de nouvelles agglomérations. Au cours des VIIIe et IXe siècles, il n’est pas rare (c’est un euphémisme) que les abbayes soient régies par des laïcs. Dans le but évident de rompre le caractère héréditaire des successions d’abbaye et d’en maîtriser le pouvoir, l’empereur Otton Ier impose une réforme monastique qui lui permet, désormais, de désigner lui-même les abbés, pour les affaires spirituelles, et, à côté de lui, un avoué, gestionnaire du volet temporel (Xe siècle).


Références
Delm ; deMoAbb ; FrPtP99 ; TrauLxb95


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Organisation administrative mérovingienne (fin du VIIIe siècle)

Selon les textes officiels de l’époque, on sait que le territoire des royaumes mérovingiens est divisé en pagi, circonscriptions administratives héritées, pour une grande partie, de l’époque romaine, et pour l’autre partie, de l’époque mérovingienne (VIIe siècle). Chaque pagus est administré par un fonctionnaire royal, un comte (comes) ; ce dernier reçoit son bannum (droit de commander) des mains du roi qui est libre de le reprendre. Le nombre des pagi et leurs frontières évoluent selon les impératifs du moment. Au VIe siècle, de nouveaux pagi ont été créés. Au VIIIe siècle, les démembrements ou les fusions dues à la présence d’un même comte à la tête de plusieurs pagi rendent la structure confuse, même si le cadre du diocèse ou de la civitas demeure rigide. À cette organisation politico-administrative, s’ajoutent, sur la présente carte, les grandes abbayes de l’époque ayant une influence sur l’espace wallon, ainsi que les principaux palais mérovingiens puis carolingiens.

Références
Ar69 ; GuerB ; Haspinga ; MoDic ; Nonn ; RolCha ; VDKR ; www_cm0999_ard


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Le Regnum Francorum en 630

La succession de Chilpéric (584) est l’occasion de luttes terribles entre les fratries, auxquelles se mêlent aussi les « Grands », fonctionnaires et aristocrates vivant dans la proximité des sphères dirigeantes. Malgré les haines entre Neustriens et Austrasiens, le Regnum Francorum survit, trouvant de temps à autre une personnalité qui parvient à écraser les rivalités, comme Clotaire II (613-629) ou son fils Dagobert Ier (629-639), et à rassembler l’ensemble des couronnes. Profitant des rivalités entre Neustrie, Austrasie et Burgondie, les Aquitains se révoltent. Pour calmer leurs ardeurs, ils obtiennent d’être reconnus comme royaume (629), à la tête duquel est casé un rival de Dagobert.
Roi d’Austrasie, celui-ci lutte contre des ennemis extérieurs à l’est, se fait nommer roi de Burgondie à la mort de son père Clotaire II, et chasse Calibert pour s’emparer de la Neustrie (630). Ayant récupéré l’Aquitaine, il se retrouve, dès ce moment, à la tête de la quasi-totalité du Regnum Francorum. Partout, il introduit de profondes réformes afin d’unifier le gouvernement du pays, parvient à réorganiser l’administration et la justice, favorise les foires et le développement d’abbayes, et fixe sa capitale à Paris. Pour affaiblir les maires du palais, il écarte Pépin de Landen, mais, en 634, la noblesse d’Austrasie se révolte, imitée par celle de Neustrie (635) qui exige l’union des royaumes de Neustrie et de Burgondie. À sa mort, ses deux fils-héritiers sont âgés de 4 et 8 ans : les maires du palais vont en profiter pour étendre leur pouvoir et finalement le confisquer aux rois dit Fainéants (l’expression date du règne de Charlemagne), dans la mesure où ils se reposent sur leurs « servants ».

Références
Dor30 ; Duby38 ; EHA356 ; Er33aFrancs ; GeniMA25 ; H43 ; HGTG23 ; Pu14a ; RF01-141 ; Rol42 ; Sel11 ; www_cm0511 ; www_cm0531 ; www_cm062


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Expansion de la Neustrie à la mort de Chilpéric (584)

Au sein du Regnum Francorum, la Neustrie connaît une grande expansion, au VIe siècle, essentiellement sous le règne de Chilpéric (assassiné en 584). Au siècle suivant, l’Austrasie prend l’ascendant, notamment grâce aux maires du palais péppinides. Pour diriger leur pays, les rois francs sont en effet accompagnés d’un intendant, le maire du palais, qui supervise l’exploitation du domaine royal et le volet financier. Héritier du modèle romain du préfet du prétoire, le maire du palais représente à l’origine les puissantes aristocraties régionales et n’est appelé à être en charge que durant une période limitée. Progressivement, il s’établit à vie, et sa charge devient héréditaire. Chaque roi a son propre maire du palais, dont le pouvoir viendra à déborder celui du maître.

Référence
www_cm0581


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Troisième partage du regnum Francorum (567-568)

À la mort de Clotaire Ier, les guerres fratricides reprennent de plus belle, notamment entre les frères voisins que sont Chilpéric (525-584) et Sigebert. La mort de Caribert Ier sans héritier mâle conduit à un 3e partage du Regnum Francorum au détriment du royaume de Paris (567-568). C’est pour désigner ce moment qu’apparaît le mot Neustrie (« nouveau royaume de l’ouest ») qui remplace le royaume de Soissons, ville dont s’est emparée Sigebert qui avait lui-même dû déplacer sa capitale de Reims à Metz. L’ancien royaume de Reims est lui-même désigné sous le nom d’Austrasie, alors que le 3e royaume est désigné sous le nom de Burgondie. Ce partage n’a pas d’incidences directes sur l’espace wallon actuel. L’ouest wallon se trouve cependant indirectement associé à l’expansion neustrienne des années suivantes, qui voit Chilpéric user des mêmes méthodes que ses prédécesseurs pour atteindre les Pyrénées, tout en déplaçant constamment sa capitale, hésitant entre Soissons et Paris ville maintenue un certain temps en indivision.

Référence
Dor30 ; Duby38 ; EHA356 ; Er33aFrancs ; GeniMA25 ; H43 ; HGTG23 ; Pu14a ; RF01-141 ; Rol42 ; Sel11 ; www_cm0511 ; www_cm0531 ; www_cm0567

 


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Le partage du royaume des Francs à la mort de Clotaire Ier (561)

Guerres, mariages, expéditions punitives, alliances, disparitions et petits arrangements modifient régulièrement les limites des royaumes. Ayant régné de longues années, Clotaire Ier prend l’ascendant sur nombre de ses parents et fait tomber nombre de territoires dans son escarcelle, achevant son existence à la tête d’un royaume réunifié et plus étendu que celui de Clovis. La carte représente cependant le nouveau partage qui suit le décès de Clotaire : il laissait quatre fils. Le pays wallon actuel glisse du royaume de Soissons (Chilpéric) vers celui de Reims (Sigebert), l’essentiel se situant dans ce qui deviendra l’Austrasie, elle-même héritière de la Gaule Belgique.

Références
Er33aFrancs ; www_cm0561 ; www_cm0567


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Les pagi francs (550)

Les Francs n’ont pas bouleversé l’organisation juridico-administrative mise en place par les Romains depuis Tibère. Si certaines capitales ont été transférées et si les noms ont évolué, ils ont conservé la structure des civitates. Ces unités politiques et administratives disposent d’une large autonomie, tout en dépendant des rois mérovingiens. Le territoire des civitates (appelé la pertica) reste divisé en pagi, souvent hérités du passé. Ici aussi le nom de la ville principale finit par désigner le pagus.
Comme les Francs, l’Église de Rome contribue au maintien des structures ancestrales en inscrivant ses diocèses dans les limites de la civitas. Le nom de cette dernière finit dès lors par désigner le diocèse et la ville où se trouve le siège épiscopal.
Concernant la précision des frontières, elle reste relative. Seules quelques implantations permettent d’estimer de manière vague l’étendue probable des territoires ; on ne passera de la « frontière-zone » à la « frontière-ligne » qu’au XIIIe siècle.

Références
Ar69 ; GuerB ; Haspinga ; MoDic ; Nonn ; RolCha ; VDKR ; www_cm0999_ard ; www_cm0999_cz ; www_cm0999_MA


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Extension maximale du royaume des Francs sous les Mérovingiens (milieu du VIe siècle)

Après les conquêtes du début, justifiées par les besoins alimentaires de leurs populations, les rois francs poursuivent désormais des buts politiques. Reconnu consul par l’empereur romain d’orient et salué comme « Auguste » (Tours, 508), Clovis décide de faire de Paris (511), plus précisément du territoire actuel de l’île de la cité, la capitale de son royaume, après Tournai (466-486) et Soissons (486-511). Au même moment (peut-être), est promulguée la Loi salique (pactus legis salicæ). Considérée par certains comme une adaptation germanique du Code de Théodose, il s’agit du code pénal et civil qui s’applique à l’ensemble des Francs. La clause relative au droit de succession est importante.
À la mort du « chef de l’État », la tradition romaine prévoyait le maintien de l’unité de l’État et une succession ouverte entre les prétendants à la plus haute autorité ; la mort d’un homme ne doit pas influer sur la marche de la res publica, la chose publique étant bien distincte de la sphère privée.
Au contraire, la tradition « royale » germanique, à laquelle les « fédérés » n’ont pas renoncé, reposait sur d’autres principes. Ainsi, le regnum est-il considéré comme propriété de son chef et, à sa mort, la succession au trône se règle entre frères, de l’aîné au benjamin, voire entre oncles et neveux. Le royaume est considéré comme patrimoine privé.
Imposée par Clovis, la loi salique modifie le mode successoral traditionnel des Germains au profit des seuls enfants du roi défunt ; dans les faits, subsiste ainsi une certaine unité lorsque les membres du « clan » parviennent à s’entendre.

Référence
Dor30 ; Duby38 ; EHA356 ; Er33aFrancs ; GeniMA25 ; H43 ; HGTG23 ; Pu14a ; RF01-141 ; Rol42 ; Sel11 ; www_cm0511 ; www_cm0531


 


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Le partage du royaume des Francs à la mort de Clovis Ier (511)

À la mort de Clovis qui avait eu deux femmes, le regnum Francorum est géré collégialement par les quatre fils du roi défunt, chacun disposant d’un territoire situé pour partie sur les terres d’origines, pour l’autre sur les terres conquises, sans qu’il ait homogénéité territoriale. Fils de la 1ère femme de Clovis, Thierry hérite de la part la plus importante (r. de Reims). Fils aîné de la 2de épouse, Clotaire partage l’autre part avec ses deux frères. Clodomir devient roi d’Orléans, Childebert roi de Paris et Clotaire hérite du royaume de Soissons. L’éparpillement des « propriétés » et la très grande proximité des 4 capitales témoignent de la tension entre volontés centrifuges et centripètes, entre recherche d’autonomie et maintien d’un royaume des Francs « puissant ». Le partage consécutif à la disparition de Clovis place le territoire wallon actuel essentiellement dans le royaume de Soissons dont Clotaire Ier sera le roi pendant un demi-siècle (511-561), avec quelques zones dans le royaume de Reims dont hérite Thierry Ier (511-534).

Références
Dor30 ; Duby38 ; EHA356 ; Er33aFrancs ; GeniMA25 ; H43 ; HGTG23 ; Pu14a ; RF01-141 ; Rol42 ; Sel11 ; www_cm0511 ; www_cm0531


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