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Ruines du château de Beaufort de Lovegnée

Mentionné pour la première fois en 1194 dans la chronique de Gislebert de Mons, chancelier du comte de Hainaut Baudouin V, le Bealfort castellum était à l’époque une possession liégeoise. Cité à nouveau en 1227, il est alors la propriété d’Arnold de Beaufort, chef des ministériaux du prince-évêque de Liège, avoué de Huy et premier seigneur du lieu. La seigneurie était puissante et s’étendait sur un territoire non négligeable. 
En 1276, en pleine guerre de la Vache, le seigneur de Beaufort se rallia au comté de Namur. Ce conflit entre Namur et Liège avait été déclenché par le vol d’une vache par un habitant de Jallet (fief namurois) à un habitant de Ciney (Bonne Ville liégeoise). Le voleur fut arrêté et pendu par les gens du bailli de Condroz : par vengeance, le seigneur Henri de Beaufort décida le pillage de Ciney. En représailles, les Hutois assiégèrent le château de Beaufort et obligèrent le seigneur à demander l’aide du comte de Namur Guy de Dampierre dont il dut se reconnaître vassal. Cette guerre, déclenchée par un événement anodin, fit donc passer Beaufort de Liège à Namur. La seigneurie devint un des points stratégiques d’importance du comté de Namur, une enclave de plus sur l’important territoire namurois ; dès lors, le château constitua une menace constante et directe pour la ville liégeoise de Huy, située à quelques encablures. 

En 1330, le comte de Namur Jean II acquit définitivement et personnellement la seigneurie pour la donner en apanage à son frère Robert de Namur. Entre 1344 et 1353, la comtesse douairière de Namur, Marie d’Artois, fit un séjour prolongé dans le château de Beaufort avec ses trois fils. La place forte fut à nouveau assiégée et rasée en juin 1430 par les Hutois, au cours d’une nouvelle guerre d’importance entre le prince-évêque de Liège Jean de Heinsberg et le comte de Namur Philippe le Bon. À partir de ce moment, la forteresse fut progressivement abandonnée et ne subsiste de nos jours qu’à l’état de ruines.

Le donjon, construit entre 1184 et 1194 sur un éperon rocheux en forme de triangle, est aujourd’hui réduit à des vestiges d’un pan de mur de 14 m de hauteur, de culées et d’une pile de pont-levis, élevés probablement par Lambert et Arnould de Huy où se devinent les caractéristiques du bâtiment (entrée par l’étage grâce à un escalier escamotable, latrine, meurtrière). Au point culminant de l’éperon se dresse encore l’angle nord du donjon et une partie de sa face nord-est, alors que le reste des ruines ne dépasse pas un mètre de hauteur. Un oratoire fondé par les seigneurs de Beaufort en 1127 est lui aussi encore visible au sud-ouest du donjon. Il est le survivant d’un ensemble religieux construit suite à l’autorisation conférée par une charte du prince-évêque de s’installer à cet endroit. Les fouilles menées entre 1969 et 1971 ont ainsi permis de mettre à jour bon nombre de vestiges et de découvrir avec certitude l’existence de deux complexes architecturaux : une communauté religieuse et un château fort.
 

Château de Beaufort
4500 Lovegnée 

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Classées comme site le 18 novembre 1982
Classées comme monument le 3 juillet 1984

Institut du Patrimoine wallon