La grève wallonne de l’hiver 1960-1961 : journées de grève (19 décembre-20 janvier)

Durant les 34 journées de mobilisation contre la Loi unique, de nombreux secteurs d’activités ont été paralysés. Une manière de quantifier l’importance de la mobilisation est de comptabiliser les manifestations. Une autre consiste à comptabiliser les journées de travail qui n’ont pas été prestées. Cette méthode, suivie par Robert Gubbels, fait apparaître la carte suivante.

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Gubbels33


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

La grève wallonne de l’hiver 1960-1961 : actes de sabotage entre le 20 et le 30 décembre 1960

Au-delà des arrêts de travail et des manifestations, la Grande Grève est marquée par de nombreux actes de sabotage. Entre le 20 et le 30 décembre, 270 auraient été commis.

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Gubbels79


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

La grève wallonne de l’hiver 1960-1961 : division régionale au sommet de la FGTB sur la stratégie de lutte contre la loi unique (16 décembre 1960)

En raison de l’émergence manifeste d’une opposition populaire aux projets gouvernementaux, le Comité national de la FGTB se résout à convoquer une réunion, le 16 décembre 1960, au cours de laquelle deux motions sont proposées au vote des régionales et centrales syndicales. L’une émane d’André Renard au nom de la Centrale des Métallurgistes : il s’agit de décider du principe de la grève générale, avec un programme d’actions échelonnées dans le temps, dont une journée de grève générale d’ores et déjà fixée entre le 1er et le 15 janvier. La seconde, défendue par Dore Smets au nom de la Centrale générale (Bâtiment et Industries diverses), est la confirmation officielle de l’opposition de la FGTB à la loi unique et attribue au Bureau national de la FGTB le soin de fixer la date d’une journée nationale de lutte à organiser. Entre une action immédiate et l’attente, le Comité national de la FGTB opte pour l’attente (496.487 pour, 475.823 contre et 53.112 abstentions). Le détail du vote par régionales révèle le profond fossé qui sépare Wallons et Flamands au sein de la FGTB, Bruxelles s’étant abstenu. Cet épisode confirme une tendance lourde déjà présente au moment de la création de la FGTB en 1945 et plus fortement ressentie depuis la Question royale au sein de la FGTB : il y a des divergences profondes entre, d’une part, les « renardistes » et, d’autre part, ceux – majoritairement flamands – qui acceptent le cumul des mandats politiques et syndicaux, refusent l’action directe et ne sont guère partisans des réformes de structure.

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MoreauR136


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La grève wallonne de l’hiver 1960-1961 : journée de mobilisation du 14 décembre 1960

Au nom d’un gouvernement tout récemment remanié, Gaston Eyskens annonce le dépôt de mesures de restriction budgétaire, ce qui deviendra la Loi unique, ainsi que l’abandon du volet linguistique qui accompagne le recensement décennal de la population (27 septembre 1960). Dans l’opposition, le parti socialiste s’allie au syndicat FGTB pour mener dès l’automne une campagne de mobilisation (Opération Vérité). Avec le soutien d’André Renard, une série d’actions (meetings, réunions, manifestations) sont organisées pour montrer l’opposition des travailleurs à la politique jugée antisociale du gouvernement et populariser les réformes de structure. « Notre action se déroulera suivant un plan strict », déclare A. Renard à Liège le jour où le Parlement reçoit le texte du gouvernement (9 novembre). Après une douzaine d’assemblées d’information et un arrêt de travail (21 novembre), le 14 décembre est choisi comme journée de mobilisation afin de mesurer les forces en présence. Déjà, la mobilisation des effectifs FGTB est plus forte en Wallonie qu’en Flandre, confortant les régionales wallonnes de la FGTB à établir une coordination entre elles. Quelques années plus tard, cette coordination donnera naissance à l’Interrégionale wallonne de la FGTB.

Références
Gubbels33


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La Question royale et la consultation populaire du 12 mars 1950

Au moment de la Libération, Léopold III est dans l’impossibilité de régner ; son frère, le Prince Charles, assume l’intérim : il est le régent. Les discussions portant sur la question du retour de Léopold III en Belgique divisent le pays jusqu’en 1950. Les passions sont vives. À côté des traditionnelles fractures entre laïcs et chrétiens, progressistes et conservateurs, républicains et royalistes, apparaît une divergence profonde entre Wallons et Flamands. La consultation populaire organisée en mars 1950 confirmera cette différence de sensibilité entre les régions du pays : si 58% des Belges se disent favorables au retour de Léopold III, ils sont 72% de Flamands à avoir dit OUI, contre 58% de Wallons à avoir dit NON. Les Bruxellois, quant à eux, comptent autant de OUI (49,8%) que de NON (50,2%). Lorsque le gouvernement catholique homogène décidera de la fin de l’impossibilité de régner de Léopold III, nombreuses seront les manifestations d’opposition dans le pays wallon et à Bruxelles. Juillet 1950 verra la tension atteindre son paroxysme. Au lendemain de la mort de trois manifestants tués par les balles de la gendarmerie à Grâce-Berleur, Léopold III abdique. Son fils lui succédera un an plus tard, à sa majorité.

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WTcM-carte-25


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Le Congrès national wallon des 20 et 21 octobre 1945

Durant la guerre, des mouvements wallons de résistance sont unanimes lorsqu’il s’agit de se défaire du joug nazi mais les notes sont discordantes quand il faut présenter un projet politique commun pour la Wallonie à l’heure de la Libération. Pour construire un consensus, le mouvement Wallonie libre, créé en juin 1940, propose d’organiser, dès la libération venue, un Congrès qui définirait ce projet. Les 20 et 21 octobre 1945, le Congrès national wallon organisé à Liège est le premier grand rendez-vous de toutes les forces vives de la Wallonie libérée et consciente de son identité. Il va permettre à toutes les opinions de s’exprimer, les plus radicales comme les plus modérées. Plus d’un millier de personnes sont présentes.
Quatre solutions seront proposées au vote des congressistes qui ont le loisir de les défendre, discuter et argumenter :
- le maintien de la structure unitaire de la Belgique avec des modifications plus ou moins importantes dans l’appareil constitutionnel ou légal ;
- l’autonomie de la Wallonie dans le cadre de la Belgique ;
- l’indépendance complète de la Wallonie ;
- la réunion de la Wallonie à la France.
Un double vote est officiellement prévu. Le premier qualifié de sentimental permettra aux congressistes de laisser parler leur cœur. En effet, sur 1048 votants, il y a :
- 17 voix en faveur de la première solution - le maintien de la structure unitaire de la Belgique avec des modifications plus ou moins importantes dans l’appareil constitutionnel ou légal ;
- 391 voix en faveur de l’autonomie de la Wallonie dans le cadre belge ;
- 154 voix en faveur de l’indépendance complète de la Wallonie ;
- 486 voix en faveur de la réunion de la Wallonie à la France.
Après de nouveaux débats, c’est à main levée qu’une proposition favorable au projet fédéraliste est approuvée (à l’unanimité moins 12 voix). Ce second vote sera présenté comme un vote de raison. Une commission sera créée au sein du Congrès national wallon afin d’étudier les modalités du fédéralisme ainsi retenu. Le Congrès national wallon s’entoure de juristes et rédige un projet de réforme institutionnelle visant à introduire le fédéralisme en Belgique. Une proposition de loi est déposée à la Chambre en 1947 mais elle est rejetée sous prétexte qu’aucune modification institutionnelle ne peut intervenir en période de Régence. Le combat pour l’instauration du fédéralisme sera encore long.

Références
Pôle Recherche et Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

Comment la Belgique a défendu la Wallonie en 1914

Reproduction à l’identique d’une carte postale de propagande diffusée par l’Assemblée wallonne : Comment la Belgique a défendu la Wallonie en 1914. Carte publiée par l’Assemblée wallonne, La Défense wallonne, 1928

Référence
RemJM


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Origine des corps de volontaires de septembre 1830

La question de l’origine géographique des volontaires de 1830 fait débat depuis de longues années. Comme le montre la carte postale éditée par la Ligue wallonne de Charleroi en 1913, les Wallons qui vivaient au tournant des XIXe et XXe siècles étaient convaincus que leurs ancêtres étaient les fondateurs de la Belgique et, dans leur lecture de l’histoire, ils étaient persuadés de la participation déterminante des Wallons lors des événements de septembre 1830.
Au début des années 1980, cette conception est remise en question par les scientifiques qui acceptent les conclusions d’une étude menée par l’historien américain J.W. Rooney. Selon ce dernier qui dessine un profil du combattant de 1830 à partir de sources originales (quatre listes de près de 3.000 noms), il s’agirait avant tout d’une révolution d’ouvriers et de journaliers à majorité bruxelloise écrasante et dont la langue maternelle est le flamand. La participation des volontaires accourus des provinces wallonnes serait donc minime dans les combats de Bruxelles contre les troupes « hollandaises ». L’historiographie intègre prestement cette interprétation des événements.
En 2008, cependant, dans une biographie consacrée à Franz Foulon, l’historien J-P. Delhaye montre les limites de l’analyse de Rooney et invite à mener de nouvelles recherches. Par exemple, il incite à examiner tous les documents qui recensent les volontaires aux journées révolutionnaires et à réaliser un recomptage précis. Peut-être comprendra-t-on mieux, alors, pourquoi les citoyens des années 1890/1900 – dépourvus de toute étude historique et statistique – étaient persuadés du caractère « wallon » de la Révolution de 1830.

Références
DELH_Foul ; RooJW


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