Libération de la majeure partie de la Wallonie par les troupes américaines (septembre 1944)

C’est essentiellement sous un commandement américain que la Libération des villes et communes wallonnes s’effectue entre le 2 et le 18 septembre 1944. Le maintien de troupes allemandes aux frontières, les V1 tombant sur Liège notamment, et la contre-offensive Von Rundstedt en Ardenne prolongeront cependant la situation de guerre jusqu’au printemps 1945.

Référence
VDL136


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

La Résistance en Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale (1943-1944)

Ne rien décider qui engage l’avenir de l’État belge, favoriser autant que possible les Flamands, mais n’accorder aucune faveur aux Wallons. Tel est l’ordre que Hitler en personne donne le 14 juillet 1940, à propos de l’avenir de la Belgique. Il faut attendre 1944 pour que les intentions d’Hitler se précisent : création d’un Reichsgau Flandern et d’un Reichsgau Wallonien. Entre-temps, une Flamenpolitik introduira une surreprésentation flamande dans les rouages de l’État et les régions industrielles – essentiellement wallonnes – seront l’objet d’une exploitation maximale : matières industrielles puis main-d’œuvre. Le rapatriement des soldats flamands alors que les Wallons demeurent en captivité accentuera encore cette différence de sensibilité et d’attitude par rapport à l’occupation allemande.
Dans les quelques lignes qu’il consacre à Résistance et collaboration dans l’encyclopédie La Wallonie, Le Pays et les Hommes, José Gotovitch décrit succinctement la situation vécue en Belgique durant l’occupation allemande de 1940 à 1945 et met en évidence le fossé qui sépare Wallons, Flamands et Bruxellois. Sa conclusion, prudente, souligne que La Résistance ne fut pas un phénomène spécifiquement wallon, ni la collaboration exclusivement flamande. Ces deux clichés sont également faux. Mais tout concourt à montrer qu’une attitude, un comportement différent se révéla au Nord et au Sud du pays face à l’occupation. En Flandre, la collaboration fut le fait d’un parti disposant au départ d’une réelle base populaire. Mais comme en 1914-1918, elle put apparaître à certains comme un moyen d’assurer la réalisation d’aspirations nationalistes ancrées dans la tradition du mouvement flamand. À aucun moment, par contre, en Wallonie, cette collaboration ne put prendre un contour effectivement wallon, s’appuyer sur une réalité nationaliste. La déconfiture des organismes de collaboration d’appellation wallonne aboutit même à la pantalonnade du discours impérial de Degrelle en 1943 : les Wallons étaient des Germains ! Même le chef de Rex ne pouvait renverser l’histoire avec un discours ! Hors ce nationalisme impossible, la collaboration wallonne ne pouvait dès lors que rassembler – après décantation – d’authentiques nationaux-socialistes engagés d’autant plus avant qu’ils se mouvaient dans un terrain hostile.
Pour manifester son opposition à l’occupant, la Résistance prit des risques importants pour publier des journaux clandestins. Une équipe dirigée par José Gotovitch a identifié 674 titres différents, publiés dans toute la Belgique, dont 417 titres différents en Wallonie, 183 en Flandre et 64 « nationaux ». En région liégeoise, près de 140 titres ont été identifiés. Quant aux actes de sabotage violent, ils témoignent également d’une forte activité dans le pays wallon, en zone rurale comme en zone industrielle.

Référence
VDL118


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

Les camps de concentration et leurs commandos (1940-1945)

À partir de l’arrivée au pouvoir d’Adolphe Hitler (1933), l’Allemagne se couvre d’un réseau serré de camps de concentration. Au début, ils sont destinés à « rééduquer » des Allemands – communistes, intellectuels rebelles, délinquants, homosexuels, etc. – le plus souvent envoyés là sans procès et sans peine déterminée. Rares sont ceux qui en seront libérés. Livrés à la SS qui en assure la gestion, les camps sont souvent construits par les internés eux-mêmes, qui sont employés à de multiples autres tâches épuisantes.
Avec l’entrée en guerre de l’Allemagne nazie contre ses voisins, arrivent des soldats ennemis (les prisonniers de guerre sont traités séparément dans les stalags (pour les soldats) et les oflags (pour les officiers) comme le montre une autre carte), mais surtout des résistants condamnés ou ramassés, des juifs, des tsiganes, des slaves, etc. À partir de 1941, les camps se transforment en gisements de travailleurs exploités au seul profit de la SS qui fournit, à bas prix, à l’industrie allemande une main-d’œuvre organisée en kommandos opérationnels.
Lorsqu’est lancée la solution finale (été 1941), un certain nombre de camps développe des structures annexes qui deviennent des lieux d’extermination pour les Juifs d’Europe. La première chambre à gaz fonctionne à Auschwitz dès septembre 1941. Tout en étant à proximité l’un de l’autre, camps de concentration et camps d’extermination répondent à des objectifs différents dans l’esprit des nazis, mais tous ont conduit à la mort des millions d’innocents. Dans le Militärbefehlshaber Belgien und Nordfrankreich, la SS disposait de deux lieux d’incarcération, le fort de Breendonck et la forteresse de Huy. D’autres prisons ont renfermé des civils – résistants ou non – condamnés par l’occupant allemand ; parfois, ces prisonniers eurent la chance de regagner leur domicile ; le plus souvent, ces lieux d’enfermement n’étaient qu’une étape de transition avant l’expédition dans les camps allemands.

Référence
HiG114 ; VDL71


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

La Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale

C’est cette forme graphique que les diverses activités de la Résistance ont été illustrées dans le Livre d’or de la résistance belge, publié par la Commission de l’historique de la Résistance instituée par le Ministère de la Défense nationale (Bruxelles, 1946).


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

La nouvelle carte de la Belgique et de la France imposée par le Reich (1940-1942)

Il est malaisé de connaître précisément les intentions allemandes à l’égard de leurs voisins. Néanmoins, le nouveau statut imposé à l’ouest rencontre plusieurs des intentions (résumées à la carte précédente). Le nord de la France est rattaché à l’autorité militaire allemande établie à Bruxelles. À la tête du Militärbefehlshaber Belgien und Nordfrankreich, le Général Von Falkenhausen exerce ainsi conjointement ses prérogatives sur ces départements français et sur une Belgique amputée des communes romanes et des cantons dits rédimés. Au sein de la zone occupée est aussi créée une zone "interdite", rattachée au commandement militaire de Bruxelles ; elle s’étend de la mer du Nord jusque quasiment au lac de Genève. Quant à l’Alsace-Lorraine, elle est annexée de fait (7 juillet - 30 novembre 1940), tout comme le grand-duché de Luxembourg. Malgré quelques aménagements cette situation se poursuivra durant toute la durée de la guerre ; à partir de novembre 1943, l’Allemagne occupe la totalité de la France ; il n’y a plus alors de ligne de démarcation.

Référence
DamiA99


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

Projets allemands concernant la frontière occidentale du Reich

On ne sait rien de précis sur les intentions du régime nazi à propos de la réorganisation de l’Europe. Plusieurs hypothèses ont circulé, pour « après la victoire du Reich sur la France ». Dans les milieux tournant autour d’Abetz, on ambitionnait de laisser le territoire français intact – l’Alsace et la Lorraine mises à part – afin d'assurer à la France le second rang en Europe, derrière l'Allemagne mais devant l'Italie. D’autres, au contraire, projetaient de ramener la France à ses frontières antérieures aux traités de Westphalie et même, pour certains, à 1552, (donc sans Metz, Toul et Verdun), correspondant sensiblement à la ligne de partage des eaux entre, d'une part, la Manche (Somme et Seine), et, d’autre part, la Mer du Nord (Escaut, Meuse, Moselle et Rhin), plus la Franche Comté, et même (projet le plus extrême) de soustraire à la France la Bourgogne (ducale) proprement dite. L’idée de rendre la Bretagne indépendante est aussi avancée, comme celle de l’intégrer à une confédération celte comprenant l'Ecosse, l'Irlande et le Pays de Galles.
Il ressort aussi de certains projets, vagues et non publiés, que l'Allemagne aurait annexé directement non seulement l'Alsace-Lorraine, le territoire de Belfort et le bassin de Briey, mais aussi le Nord (Flandre française de langue flamande étendue jusqu'au Cap Gris Nez), plus Lille (Ryssel), rattaché à une « grande Néerlande future », faisant elle-même partie plus ou moins intégrante du Reich ; de plus, aurait vu le jour une « Lotharingie » avec Nancy comme capitale et Léopold III comme roi, et composée des parties orientales de l'Artois et de la Picardie, de la Wallonie moins Eupen-Malmedy, de Bruxelles, de la Lorraine française (avec ou sans le Barois) et de la Franche-Comté. Cette « Grande-Bourgogne » (sans la Bourgogne…) – rêvée également par des rexistes belges – aurait formé un État tampon entre la France et l'Allemagne. La France n'aurait conservé qu'un petit fragment de sa frontière, à la source de l'Oise. Cette ligne Bruxelles-Morez correspond sensiblement à l'ancienne frontière entre la Neustrie et l'Austrasie, à celle du Saint-Empire avant les annexions françaises.

Références
DamiA98 ; FH05-228


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

La Résistance dans le Grand Liège en 1942

Parmi les grandes réformes politico-administratives imposées par l’occupant allemand en Belgique figure la constitution de grande agglomération urbaine. Anvers, Bruxelles, Charleroi et Liège sont notamment concernées. Ainsi par exemple, dès l’automne 1940, l’autorité allemande d’occupation impose la constitution d’un Grand Liège par la réunion des mandataires de 24 communes du bassin liégeois et la gestion commune de cette grande agglomération. Les statuts du Grand Liège – désormais composé de 30 localités – et les modifications profondes qui l’accompagnent n’entreront en vigueur que fin 1942, début 1943. Cette initiative a comme conséquence indirecte de permettre une lecture globale de phénomènes touchant 410.000 Liégeois, dont leur résistance à l’occupant et à ses valets.
Dès 1940 et 1941, les actes de résistance se multiplient : ce ne sont pas de simples badigeonnages de mur ou des arrachages d’avis officiels allemands. Malgré les arrêtés d’interdiction des autorités allemandes, les mineurs débrayent dès novembre-décembre 1940. Au printemps, la mobilisation atteint son paroxysme. Réclamant une hausse des salaires, les mineurs et sidérurgistes sont encadrés par des militants communistes et syndicaux qui parviennent à structurer un vaste mouvement de grève et de protestation qui atteint son point culminant le 10 mai 1941. Soutenus par une population hostile à l’occupant, ils parviennent à mobiliser 100.000 personnes et à contraindre les autorités allemandes à consentir une augmentation des salaires de 8%. Les signes de résistance à l’occupant se multiplient et se diversifient.
La résistance se manifeste en effet en recourant à la force par divers sabotages. Au moyen d’explosifs, sont tour à tour visés l’infrastructure ferroviaire, les pylônes et cabines électriques, les usines, le ravitaillement, mais aussi les locaux de l’autorité allemande, ceux des « collaborateurs » rexistes ou de commerçants profiteurs. Il y a parfois mort d’hommes, de sympathisants nazis, de gardes wallons voire de soldats allemands. Sur le seul territoire du Grand Liège, ce sont près de 250 actes de résistance qui ont été enregistrés sur 24 mois, entre 1941 et 1943 et surtout en 1942, malgré la répression allemande qui est particulièrement sévère : amende – jusqu’à un million de francs –, confiscation – notamment de vélos ! –, obligation de surveillance imposée aux civils, couvre-feu, prise d’otages voire exécution capitale à titre d’exemple.

Références
Pôle Recherche et Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

La Résistance dans le Grand Liège (janvier-décembre 1941)

Parmi les grandes réformes politico-administratives imposées par l’occupant allemand en Belgique figure la constitution de grandes agglomérations urbaines. Anvers, Bruxelles, Charleroi et Liège sont notamment concernées. Ainsi par exemple, dès l’automne 1940, l’autorité allemande d’occupation impose la constitution d’un Grand Liège par la réunion des mandataires de 24 communes du bassin liégeois et la gestion commune de cette grande agglomération. Les statuts du Grand Liège – désormais composé de 30 localités – et les modifications profondes qui l’accompagnent n’entreront en vigueur que fin 1942, début 1943. Cette initiative a comme conséquence indirecte de permettre une lecture globale de phénomènes touchant 410.000 Liégeois, dont leur résistance à l’occupant et à ses valets.
Dès 1940 et 1941, les actes de résistance se multiplient : ce ne sont pas de simples badigeonnages de mur ou des arrachages d’avis officiels allemands. Malgré les arrêtés d’interdiction des autorités allemandes, les mineurs débrayent dès novembre-décembre 1940. Au printemps, la mobilisation atteint son paroxysme. Réclamant une hausse des salaires, les mineurs et sidérurgistes sont encadrés par des militants communistes et syndicaux qui parviennent à structurer un vaste mouvement de grève et de protestation qui atteint son point culminant le 10 mai 1941. Soutenus par une population hostile à l’occupant, ils parviennent à mobiliser 100.000 personnes et à contraindre les autorités allemandes à consentir une augmentation des salaires de 8%. Les signes de résistance à l’occupant se multiplient et se diversifient.
La résistance se manifeste en effet en recourant à la force par divers sabotages. Au moyen d’explosifs, sont tour à tour visés l’infrastructure ferroviaire, les pylônes et cabines électriques, les usines, le ravitaillement, mais aussi les locaux de l’autorité allemande, ceux des « collaborateurs » rexistes ou de commerçants profiteurs. Il y a parfois mort d’hommes, de sympathisants nazis, de gardes wallons voire de soldats allemands. Sur le seul territoire du Grand Liège, ce sont près de 250 actes de résistance qui ont été enregistrés sur 24 mois, entre 1941 et 1943, malgré la répression allemande qui est particulièrement sévère : amende – jusqu’à un million de francs –, confiscation – notamment de vélos ! –, obligation de surveillance imposée aux civils, couvre-feu, prise d’otages voire exécution capitale à titre d’exemple.

Références
Pôle Recherche et Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

Stalags et oflags (1940-1945)

Convaincus de retrouver rapidement leur liberté, les soldats belges ne résistent pas quand ils sont faits prisonniers en mai 1940. Pourtant, Hitler n’entend pas les libérer de sitôt, ou plutôt il fait établir une distinction entre les soldats flamands et les soldats wallons. Les premiers sont libérés durant les premières semaines de l’occupation ; les seconds resteront enfermés dans les stalags (soldats) et des oflags (officiers) pendant les cinq années de guerre.
50.000 soldats auraient été capturés durant la Campagne des Dix-Huit Jours, 175.000 au lendemain de la capitulation. Sur ces 225.000 prisonniers de guerre belges, soit 30% de l’effectif mobilisé (650.000 hommes), l’ensemble des travaux sur le sujet estime à 145.000 le nombre de Flamands et à 80.000 les Wallons et Bruxellois. Au même moment, 200.000 autres soldats se trouvent encore libres en France ; au lendemain de l’armistice français, 25.000 de ces militaires sont transférés dans des camps en Allemagne tandis que les 175.000 autres rentrent chez eux ; dans ce cas-ci encore, l’arbitraire des Allemands ainsi que la confusion dans les ordres donnés expliquent la discrimination introduite entre des soldats partageant exactement le même sort. En tout, il y eut donc 250.000 soldats faits prisonniers et envoyés en Allemagne.
Jusqu’en février 1941, les Allemands procèdent systématiquement au rapatriement massif des prisonniers flamands, du moins des conscrits et des réservistes, ainsi que des Wallons des pays dits rédimés : entre 100.000 et 130.000 militaires retrouvent ainsi leur famille. Les Allemands rassembleront à Tibor des prisonniers de guerre originaires des provinces flamandes voire de Bruxelles. Dans les camps de l’Allemagne du Sud seront versés les soldats wallons. Progressivement, une « unification belge » se réalisera à Prenzlau puisque seuls y seront maintenus les officiers d’active alors que l’on ne trouvera à Fischbeck que la « réserve francophone ».
Le chiffre des prisonniers de guerre varie suivant les sources et les moments. Il reste en septembre 1944 66.481 soldats prisonniers ; et seulement un millier rentrera entre le 4 septembre 1944 et le 1er avril 1945… Pendant les cinq années de guerre, 65.000 prisonniers de guerre, essentiellement des Wallons, sont gardés en captivité dont 4.000 officiers.

Références
LoPG-621 ; PG30 ; VDL94


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

L’armée belge en position de paix renforcée (10 mai 1940)

Les années trente, marquées par des tensions croissantes sur le plan international, vont voir se modifier les orientations de la Belgique au point de vue de sa politique étrangère. Aux groupements flamands qui réclament la fin des accords militaires avec la France (Los van Frankrijk !) s’oppose un Mouvement wallon partisan d’un renforcement des accords avec la France, notamment sur le plan économique. Le 6 mars 1936, invoquant le Pacte de Locarno, les gouvernements belge et français signifient la fin de l’accord militaire. Le lendemain, l’armée du Reich réoccupe la rive gauche du Rhin, violant ainsi les articles 42 à 44 du Traité de Versailles et les articles 1 et 2 du Pacte de Locarno, sans provoquer de réactions autres que verbales chez les anciens alliés. Au contraire. Dès l’été 1936, la nouvelle ligne politique de la Belgique sera celle « des mains libres » ou politique d’indépendance, plaçant sur le même pied l’Allemagne hitlérienne et la France du Front populaire, demandant des garanties aux grandes puissances sans être elle-même garante. Au contraire, la position des militants wallons consiste à affirmer que « la Belgique doit assistance à ses garants comme ceux-ci lui doivent assistance en raison même de la communauté d’intérêt et du même souci de liberté et d’indépendance ».
À ces orientations en matière de politique étrangère s’adapte la politique militaire de défense. La critique des dispositions prises avant 1914 conduit à l’établissement de nouveaux plans de défense. Sous la pression flamande, la stratégie consiste à abandonner une politique de défense à la frontière et à se protéger également de la France. Dans une confidence à son conseiller militaire, à l’entame des années ’30, le roi Albert constatait déjà que deux camps s’affrontent désormais sur le terrain de la défense nationale : « pour l’un, tout repose sur l’aide de la France ; l’autre veut le retour au neutralisme ». Fin 1936, la ligne officielle du gouvernement consiste à créer un système militaire belge « qui ne soit tourné contre personne mais qui puisse pivoter suivant les exigences de l’heure » (la défense sur plaque tournante). Pour les parlementaires wallons, les lacunes des fortifications sur la frontière de l’Est ouvrent la voie à l’Allemagne, plaçant la Wallonie en première ligne. Les retards dans la construction d’un fort à Sougné-Remouchamps concentrent toutes les attentions. La politique officielle de neutralité sera appliquée jusqu’au bout et le dispositif militaire restera inchangé, à tel point que le général Van den Bergen, chef de l’état-major général qui, en janvier 1940, avait fait enlever des barricades à la frontière française, sera démis de ses fonctions. Quelques mois plus tard, c’est l’invasion allemande.

Références
HBC359 ; P695 ; VDL54 ; www_cm1940


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)