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Delwart Jean-Marie

Socio-économique, Entreprise

Bordeaux 30/05/1940


Arrière-petit-neveu d’Ernest Solvay, Jean-Marie Delwart connaît un parcours atypique dès sa naissance. Elle se déroule fin mai 1940, à Bordeaux, au moment où ses parents sont contraints de passer sur les routes de l’exode. Après la Libération, tournant le dos à la tradition familiale de juriste, il s’essaye avec succès à la Philosophie thomiste au Séminaire, avant de goûter à la Physique et à la Chimie (licences à l’Université catholique de Louvain en 1963), puis de se perfectionner à Paris en Biologie ; c’est là qu’il croise la route de Jacques Monod. Plusieurs séjours linguistiques à l’étranger (notamment aux États-Unis) lui donnent d’autres atouts dans la deuxième moitié des années 1960. Il travaille dans le secteur de la fibre de verre (chez Owens-Corning Fiberglas US et Europe entre 1966 et 1969), puis il fait un court passage chez Citibank, avant d’être employé dans une société d’électro-chimie à Grenoble.

En 1970, le scientifique est engagé comme chercheur à la Floridienne. Créée par un Liégeois en 1898, pour extraire des phosphates en Floride, ce qui explique l’origine de son nom, cette entreprise wallonne s’est d’abord implantée à Ath (1928) où elle s’est spécialisée dans le traitement du nickel, du zinc, du cadmium et du plomb basée, avant de se transformer sous la conduite de Jean-Marie Delwart. Engagé en tant que « physicien polyglotte, J-M. Delwart gravit les échelons d’une société dont il devient le patron administratif et le principal actionnaire. Administrateur-directeur (1970), administrateur délégué en charge de la recherche (1973), il préside Biotec SA (1976), puis devient président directeur général de la Floridienne (1981). Avec la fermeture des usines métallurgiques, une profonde restructuration s’impose.

Sous sa conduite, la Floridienne se transforme en holding spécialisé dans la chimie, la société évitant la faillite grâce à une intervention de la SRIW. Dans le même temps, J-M. Delwart devient le président d’Hoccinvest, invest du Hainaut occidental actif depuis 1988 pour soutenir nombre d’initiatives industrielles en Wallonie picarde. Progressivement, la Floridienne installée à Waterloo développe des activités dans quatre domaines spécifiques : la chimie, l’agroalimentaire, la biologie et les placements boursiers. La spécialité de ce holding (qui aura un chiffre d’affaires de 259,2 millions d’€ en 2013) est d’occuper « des positions de leader européen ou mondial dans des niches de marché et des marchés de niche ». Comptant une trentaine de sociétés dans lesquelles il est généralement majoritaire, le groupe, côté à la Bourse Euronext de Bruxelles, est notamment actif dans le secteur du recyclage des batteries, dans la production et la commercialisation de technologies et de produits naturels en agriculture, de produits alimentaires de luxe tels que les escargots, les coquilles Saint-Jacques, le saumon fumé, ainsi que dans la parapharmacie, la cosmétique, les soins de santé, etc.

À partir de 1989, parallèlement à ses activités au sein de la Floridienne, Jean-Marie Delwart crée à Louvain-la-Neuve la Fondation Jean-Marie Delwart pour la Recherche en Communication biochimique et l’Évolution des Plantes, des Animaux et de l’Homme. En septembre 2004, il fait l’acquisition du domaine d’Argenteuil qu’il rénove afin d’accueillir, à partir de 2006, le premier centre privé d’éthologie au monde, au sein duquel des chercheurs étudient le comportement humain et végétal. Le scientifique passionné d’éthologie concrétise ainsi un vieux rêve. Ce centre va devenir la principale occupation de Jean-Marie Delwart car, au sein de la Floridienne, un conflit interne a dégénéré en conflit entre deux groupes en désaccord sur la stratégie d’avenir du holding.

À partir de juin 2004, Jean-Marie Delwart cède (progressivement) les rênes de sa société, Philippe Bodson devenant le Président du Conseil d’administration. Jusqu’à la mi-2007, il chapeaute encore les secteurs biologie et placements boursiers du groupe. Mais en juin 2007, le groupe d’actionnaires de la famille Waucquez, le plus important avec celui de Jean-Marie Delwart, acquiert une partie des actions du holding Bois Sauvage, une opération qui amène les Waucquez à détenir 33,2 % de la Floridienne, soit davantage que J-M. Delwart (22 %) qui rachète des actions durant l’été 2007. En septembre, Jean-Marie Delwart décide cependant de céder ses parts du capital à l’homme d’affaire français Joël Picard, patron d’Aurea – celui-ci voyant sa participation dans la société passer de 5 à 36 % – ; le groupe Beluflo (famille Waucquez) conteste alors la vente devant les tribunaux, estimant avoir un droit de préemption. En juin 2008, le jugement rendu ordonne à Joël Picard la cession de ses parts à Beluflo qui détient désormais 70 % du capital. Jean-Marie Delwart, révoqué par l’Assemblée générale tenue en juin 2008, quitte la Floridienne. En décembre 2008, les deux groupes annoncent dans un communiqué officiel qu’ils mettent fin aux litiges qui les opposent. Mais la Floridienne n’est désormais plus la priorité de J-M. Delwart. Il se concentre sur la relance de la SA Biotech, holding dédié à la biochimie de l’olfaction. Avec le laboratoire Chemcom et Biotech, il entend prendre place sur le marché du parfum et des cosmétiques en nouant des contacts étroits avec d’importantes sociétés. Le domaine d’Argenteuil sert aussi à accueillir nombre de chercheurs qui partagent les idées novatrices de J-M. Delwart.

Il est le cousin de Jean-Pierre Delwart, le patron d'Eurogentec et président de l'Union wallonne des entreprises (2009-2012).

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse (-2014)