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Horion-Delchef Marguerite

Militantisme wallon

Liège 19/05/1874, Liège 6/11/1964


Première femme étudiante et diplômée en Philologie romane de l’Université de Liège, première femme acceptée à l’Assemblée wallonne, animatrice de l’Union des Femmes de Wallonie, Marguerite Delchef défend non seulement les intérêts et les droits de la Wallonie, mais elle se fait aussi la porte-parole des revendications féministes, réclamant le suffrage universel pour les femmes, ainsi que le droit au travail, s’opposant souvent au parti libéral dont elle était une affiliée.
Fille d’André Delchef (1835-1902), fabricant d’armes bien connu parce qu’il était musicien, écrivain et homme de théâtre (son Galant dèl Siervante était un grand succès du théâtre wallon à la fin du XIXe siècle), Marguerite Delchef est l’épouse d’Alexandre Horion, juge des enfants puis conseiller à la Cour de Liège. Son statut l’amènera à s’occuper de la population défavorisée et plus spécialement des femmes et des enfants.
Après ses humanités classiques, Marguerite Delchef décroche son diplôme en 1900. À l’Université de Liège, parmi les nombreux condisciples masculins qui l’entouraient se trouvait Olympe Gilbart avec lequel elle conservera des contacts dans ses nombreuses activités, culturelles et wallonnes. Co-fondatrice de l’Union des Femmes de Wallonie, avec Léonie De Waha, au moment où se constitue l’Assemblée wallonne (octobre 1912), elle s’occupera du secrétariat, avant de succéder à Léonie de Waha à la présidence, en 1926. Après l’Armistice, elle dirige le bulletin La Femme wallonne, dont elle est souvent la principale et seule rédactrice, avant que Marie Delcourt la rejoigne.
En 1921, avec Emma Protin, épouse Lambotte, Marguerite Delchef est l’une des deux premières femmes à entrer à l’Assemblée wallonne. Elle y représente l’arrondissement d’Arlon-Marche-Bastogne. Mais en 1923, lorsque Jules Destrée et les fédéralistes claquent la porte de ce qui aurait dû être une sorte de Parlement de la Wallonie, elle les accompagne ; son fils, Paul, autonomisme wallon affirmé, n’est pas étranger à ce choix qu’elle ne cessera d’affirmer, soit par des articles dans la presse d’action wallonne, ou en adhérant à la Ligue d’Action wallonne de Liège, voire en finançant certaines feuilles wallonnes.
Si l’Union des Femmes de Wallonie cesse ses activités fin 1936, Marguerite Delchef continue à organiser des conférences, des débats, des expositions-ventes ; elle compose chaque année des revues qu’elle met en scène et fait jouer, chanter, danser par des amis. Elle encourage les jeunes acteurs, aide des artistes à leurs débuts. Depuis longtemps aussi, elle s’occupe du groupe de Liège de la Fédération belge des Femmes diplômées des Universités (groupe fondé en 1921). Membre d’honneur de l’Association des Romanistes de l’Université de Liège, Marguerite Horion-Delchef est aussi l’auteur de nombreux articles sur le théâtre.



Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 434-435
Marie DELCOURT, dans La Vie wallonne, IV, 1964, n°308, p. 285
Jean PUISSANT, Marguerite Horion, dans Dictionnaire des femmes belges, Bruxelles, Racine, 2006, p. 168-170
Bernadette LACOMBLE-MASEREEL, Les premières étudiantes à l’Université de Liège : années académiques 1881-1882 à 1919-1920, Liège, Commission communale de l’histoire de l’ancien Pays de Liège, 1980, coll. Documents et mémoires n°14