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Mariotte Jean

Socio-économique, Entreprise

Verviers 1601, Liège 18/11/1667

Dans la première moitié du XVIIe siècle, Jean Mariotte fait figure d’un homme d’affaires particulièrement entreprenant et prospère. Né d’un père originaire d’Argonne et d’une mère venant d’un milieu commerçant liégeois, Jean Mariotte est d’abord fabriquant d’armes à Liège, avant de se lancer à la conquête de marchés extérieurs, principalement du côté du Rhin. Vers 1630, la métallurgie liégeoise atteint un premier sommet, le nombre de hauts-fourneaux étant alors au plus haut. Mariotte participe à ce mouvement, mais sa fréquentation régulière des foires étrangères lui ouvre les yeux sur de nouveaux débouchés potentiels.

De Francfort à Vienne, Jean Mariotte développe à son compte des circuits commerciaux. En 1637, il se porte acquéreur du fourneau de l’usine des Vennes, à Liège, mais il prend surtout conscience des possibilités de développement qu’offre la région du Rhin moyen. Par rapport à Liège, le sous-sol semble plus riche, le Rhin plus porteur que la Meuse et l’accueil du prince-électeur de Trèves lui est d’emblée favorable. En 1639, Mariotte obtient une concession pour l’extraction de minerais à Montabaur, l’autorisation de construire un haut-fourneau et, plus tard, le droit d’exploiter les forêts de Dernbach (pour le charbon de bois). En dix ans, l’industriel wallon ouvre une pléiade d’usines à Weinähr, Vallerau, Stromberg, Nievern, Katzenellenbogen, Rimbel, Fachbach, formant, avec ses fils, un complexe métallurgique de 14 usines dans le  Westerwald (situation en 1662). Dans une certaine mesure, il développe là-bas des complexes similaires à ce que les Godefroid et autres Butbach avaient réalisé à Liège quelques années plus tôt. On assiste ainsi à un véritable transfert de technologies de la Meuse vers le Rhin, du moins vers le Westerland et le Nassau.

Ayant acquis l’expérience de déjouer légalement les multiples obstacles douaniers de l’époque, Mariotte dispose aussi de comptoirs à Francfort, Coblence, Bingen et Amsterdam. Depuis Liège, il pilote ainsi un important ensemble commercial et industriel. Ce succès, Mariotte le doit à son esprit d’entreprise, mais aussi à la qualité du savoir-faire et d’innovation liégeois (les fenderies, l’affinage au martinet) qu’il exporte ainsi à l’intérieur du Saint-Empire romain germanique, en faisant venir des ouvriers mosans. Sur les bords de la Lahn s’établit ainsi durablement une petite colonie wallonne.

 

Sources

Revue du Conseil économique wallon, n°32, mai 1958, p. 69-71
Revue du Conseil économique wallon, n°64, septembre-octobre 1963, p. 69-71
Maurice YANS, dans Biographie nationale, t. XXX, col. 542-545