Onkelinx Laurette

Politique, Député wallon

Ougrée 02/10/1958

Députée wallonne : 1988-1991 ; 1992-1995 ; 1999*

Docteur en Droit de l’Université de Liège (1981), avocate, spécialiste en droit social, chargée de cours en promotion sociale, la fille de Gaston Onkelinx est plongée très jeune dans l’action syndicale et politique. Secrétaire de la section locale d’Ougrée du PS (1985), elle entame sa carrière parlementaire au moment où son père met un terme à la sienne. Députée de l’arrondissement de Liège élue en décembre 1987, elle va également siéger au Conseil de la Communauté française et au Conseil régional wallon jusqu’en 1995.

D’emblée, elle est appelée à voter l’approfondissement de la réforme de l’État négocié par Guy Spitaels, dont la communautarisation de l’Enseignement, la régionalisation de nouvelles matières et la reconnaissance de Bruxelles comme Région-Capitale. S’intéressant aux aspects juridiques de la réforme de l’État, aux questions liées à la naturalisation, à l’immigration et à la lutte contre le banditisme, L. Onkelinx est membre de la Commission de la Justice de la Chambre. Rapporteur de la Commission qui amène à son terme le parcours législatif de la loi dépénalisant partiellement l’avortement (mars 1990), elle pilote, au sein du PS, une réflexion idéologique visant à actualiser la doctrine du parti. À titre personnel, elle insiste sur la place qu’il convient d’accorder aux femmes et aux jeunes dans la société. Rapporteur lors des travaux du Congrès des Socialistes wallons (1990-1991), elle n’évite pas les vifs débats internes à la Fédération liégeoise du PS. Propulsée tête de liste aux législatives de 1991, elle réalise le 2e score tous partis confondus, derrière J-M. Dehousse.

Vice-présidente de la Chambre pendant quelques semaines (janvier-mars 1992), elle est choisie comme ministre de la Santé publique, de l’Environnement et de l’Intégration sociale dans le gouvernement Dehaene Ier. À 34 ans, elle est la cadette de cet exécutif et dispose de compétences grignotées ou convoitées par les Régions. C’est à ce moment qu’elle fait adopter une loi qui porte désormais son nom et qui autorise les autorités publiques à réquisitionner des bâtiments inoccupés pour faire face à des besoins sociaux. Comme députée, elle vote aussi les diverses dispositions qui transforment la Belgique en un État fédéral et accentuent l’autonomie de la Wallonie (1993). La réforme de l’État n’est pas encore totalement votée quand Philippe Moureaux annonce son retrait du gouvernement national. Bernard Anselme le remplace et Laurette Onkelinx accède à la présidence de l’exécutif communautaire, en lieu et place du socialiste namurois (11 mai 1993). Elle est la première femme à accéder à ce poste et la première femme wallonne à entrer dans un exécutif communautaire. Outre la présidence, elle est en charge des Affaires sociales, de la Santé et du Tourisme. D’emblée, elle annonce que l’exécutif communautaire portera dorénavant le nom de gouvernement, et que la Communauté entend garder la main sur l’Enseignement, la Culture et l’Audiovisuel (mai). 

Trouvant rapidement ses marques, la ministre-Présidente veut faire vivre l’institution et non accompagner sa disparition. Elle est d’ailleurs la personnalité qui va exercer le plus longtemps la fonction de ministre et de ministre-Présidente à la Communauté française (près de 74 mois). Au moment du transfert des compétences, elle prend en charge la Fonction publique, l’Enfance et la Promotion de la Santé (29 décembre 1993-21 juin 1995) ; après les scrutins de mai 1995, où elle se présente au Sénat, elle est confirmée dans sa fonction de ministre-Présidente, mais cette fois avec des attributions plus conséquentes, puisqu’elle est en charge de l’Éducation, de l’Audiovisuel, de l’Aide à la Jeunesse, de l’Enfance et de la Promotion de la santé (21 juin 1995-13 juillet 1999). En termes budgétaires, cela représente plus de 85% des dépenses totales de la Communauté. Conformément aux accords de la Saint-Quentin, elle est la seule ministre exclusivement de la Communauté. 

Durant la législature (1995-1999), de profondes réformes sont introduites, dans un cadre budgétaire strict. Ses « quarante propositions pédagogiques » présentées en 1996 se transformeront en un décret-cadre définissant durablement les missions prioritaires de l’enseignement fondamental et de l’enseignement secondaire. Adopté le 17 juillet 1997, le « Décret Missions » est un contrat entre l’école et la société, outil de synthèse qui détermine les orientations de l’école, ses objectifs et ses moyens. Par ailleurs, la ministre-Présidente conduit également à son terme un autre gros dossier préparé par ses prédécesseurs en faisant voter la transformation de la RTBf en une entreprise publique culturelle autonome (8 juillet 1997). À l’heure du bilan et donc de se présenter devant l’électeur en juin 1999, Laurette Onkelinx a donné une image plus positive à la Communauté française vis-à-vis de l’extérieur, celle d’une institution qui ne mendie plus de moyens financiers, cela grâce à l’intervention du fédéral et surtout de la Région wallonne. La ministre-Présidente a également décidé des mesures drastiques qui ont touché les principaux « acteurs » de la Communauté : les enseignants (personnel), les Hautes Écoles et les Universités par le blocage des budgets, ainsi que les secteurs de l’ONE, de la Culture et de l’Éducation permanente.

Quittant le Sénat pour emmener la liste socialiste dans l’arrondissement de Liège au scrutin régional de juin 1999, Laurette Onkelinx est élue au Parlement wallon, mais n’y siège pas. Désignée au fédéral, elle devient vice-Première ministre au sein du gouvernement fédéral de Guy Verhofstadt I (1999-2003). En charge de l’Emploi, du Travail et de l’Égalité des Chances, elle lance rapidement un plan pour l’Emploi des jeunes, baptisé « Plan Rosetta ». Ayant quitté Seraing pour Bruxelles, sœur cadette d’Alain Onkelinx et épouse de Marc Uyttendaele (depuis 1998), L. Onkelinx siège dans l’opposition au Conseil communal de Schaerbeek depuis décembre 2006.

Candidate tête de liste du PS dans la circonscription électorale de Bruxelles-Hal-Vilvorde, elle est régulièrement élue députée fédérale, mais elle doit tout aussi régulièrement renoncer à siéger à la Chambre, ce mandat étant incompatible avec les fonctions ministérielles qu’elle continue d’exercer : ministre de la Justice dans le gouvernement Verhofstadt II (12 juillet 2003-21 décembre 2007), ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, chargée de l’Intégration sociale dans le gouvernement Verhofstadt III (21 décembre 2007-20 mars 2008), Leterme Ier (21 mars-2008), Van Rompuy (30 décembre 2008) et Leterme II (25 novembre 2009). Durant la longue crise consécutive aux élections de juin 2010, celle qui est vice-Première ministre depuis 1999 et le chef de file des socialistes au fédéral conserve ses prérogatives dans un gouvernement en affaires courantes, tout en exerçant son mandat de députée fédérale dans l’attente d’un nouvel exécutif.

En décembre 2011, elle reste Vice-Première ministre, en charge des Affaires sociales et de la Santé publique, dans le gouvernement présidé par Elio Di Rupo. Elle est aussi responsable de Beliris et des Institutions culturelles fédérales. C’est durant cette courte législature 2011-2014 que sera voté, parmi beaucoup d’autres textes législatifs l’ensemble des dispositions de la 6e Réforme de l’État qui comprend notamment la scission de BHV, la réforme du Sénat, l’accroissement tangible de l’autonomie fiscale des Régions et le transfert d’importantes compétences vers les entités fédérées. Le 25 mai 2014, dans la circonscription de Bruxelles-Capitale cette fois, Laurette Onkelinx emmène la liste PS vers le succès (24,9%). La formation du gouvernement Michel rejette cependant le PS dans l’opposition et, à la Chambre, elle devient la cheffe de son groupe politique.

 

Mandats politiques

Députée (1988-1995)
Membre du Conseil régional wallon (1988-1995)
Ministre (1992-1993)
Ministre-présidente du gouvernement communautaire (1993-1999)
Sénatrice (1995)
Députée wallonne (1999)
Vice-Première ministre fédérale (1999-2014)
Conseillère communale de Seraing (2001-2003)
Conseillère communale de Schaerbeek (2006-)
Députée fédérale (2010-2011, 2014-)

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 2009-2014
Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 472-476