Bailleux François

Culture, Lettres wallonnes

Liège 23/08/1817, Liège 04/01/1866


À la suite du parisien Pierre-Jean de Béranger, la mode est à la chanson dans la première moitié du XIXe siècle. Et comme en général ce qui vient de Paris plaît en pays wallon, le genre fait des émules, à Liège notamment, où François Bailleux en saisit tout l’intérêt politique (dès les années 1840). Partisan des idées libérales progressistes, Bailleux usa très tôt de la chanson en wallon et de la satire pour exprimer son anticléricalisme.

Pourtant, les amateurs de parlers wallons ne retiennent pas cette production « politique » ; ils lui préfèrent son Choix de chansons et poésies wallonnes, livre paru en 1844 et où il rassemble une sélection de paskèyes liégeoises antérieures à 1830 ; toute sa vie, François Bailleux a en effet été à la recherche de textes, poésies et chansons en wallon anciens. En 1854, il fait d’ailleurs paraître Théâtre Liégeois, une édition nouvelle et critique des quatre opéras comiques wallons du XVIIIe siècle que sont Li voyèdje di Chaufontainne (ou Tchafontaine), Li lidjwè ègagï, Les Hypocontes et Li Fièsse di Hoûte-si-ploût. Par ailleurs, il fait paraître dans le premier numéro de l’Annuaire de la Société liégeoise de littérature wallonne une étude sur le patois à Liège au XVIIIe siècle. En 1856, il figurait parmi les fondateurs de la Société et en sera surtout l’une de ses principales chevilles ouvrières. Il en était le secrétaire.

« Archiviste attitré des lettres wallonnes » (Droixhe), Bailleux se fait aussi poète et « la fraîcheur accorte et juvénile de Marèye » (Maquet) est particulièrement appréciée ; elle paraît en 1845 dans le discret recueil intitulé Passe-Tins ; cette poésie ne sera vraiment connue qu’en 1881, lorsqu’elle est mise en musique par Eugène Hutoy. Enfin, le mérite de François Bailleux est aussi d’avoir excellé dans l’art de transformer les fables de La Fontaine et de leur donner une nouvelle vie en profitant au maximum des tournures et des expressions typiques de la langue wallonne. De cette manière de faire, il n’était pas le pionnier et si elle sera plusieurs fois imitée, le talent de Bailleux traverse le temps et s’impose comme la référence la plus réussie. Ses principales adaptations – en partie avec Dehin – remontent au début des années 1850.

Docteur en Droit de l’Université de Liège (1841), avocat inscrit au Barreau de Liège, juge suppléant au Tribunal de 1ère instance (1859), il usera de ses talents de juriste pour faire valoir les droits des auteurs wallons contre la contrefaçon. Par ailleurs, sur le plan politique, on observe que Bailleux s’interroge sur le sentiment national, hésitant entre « belge » et « liégeois ». Enfin, il avait manifesté très tôt son attachement au programme libéral, signant plusieurs articles dans le Libéral liégeois ; lors du premier congrès libéral de 1846, il publie, avec J-G. Macors, un exposé Au Congrès libéral, sur la question du programme. Farouche partisan de l’indépendance du pouvoir civil à l’égard de l’autorité ecclésiastique, particulièrement préoccupé à améliorer les conditions de vie de la classe ouvrière, secrétaire de l’Union libérale de Liège (1847), il est élu conseiller provincial en 1859 et reste en fonction jusqu’à son décès en 1866.

 

Sources

La Vie wallonne, IV, 1961, n°296, p. 268- et ssv
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 403
Albert MAQUET, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, p. 466-467, 481
Musée des Beaux-Arts, Exposition Le romantisme au pays de Liège, Liège, 10 septembre-31 octobre 1955, Liège (G. Thone), s.d., p. 62-63
Mémorial de la Province de Liège, 1836-1986, Liège, 1987, p. 173
Alphonse LE ROY, François Bailleux, dans Annuaire de la Société liégeoise de littérature wallonne, Liège, 1867, t. III, p. 43-76, avec la bibliographie de ses œuvres, p. 77-84
Maurice PIRON, dans Biographie nationale, t. 29, col. 181-185
Daniel DROIXHE, Une Pasquèye istorique so tote li sinte botique. Le jubilé de 1846 à Liège selon Hasserz, chanteur de rues, http://orbi.ulg.ac.be/bitstream/2268/11530/1/HasserzBotique.pdf (s.v. décembre 2014)
Daniel DROIXHE, Lettres de Liège. Littérature wallonne, histoire et politique (1630-1870), s.l., Le Cri – ARLLFB, 2012


Œuvres principales
Choix de chansons et poésies wallonnes, 1844 (avec Joseph Dejardin)
Passe-Tins, 1845
Deux fâves da m'veye grand'mére par F. D..., 1852
Treuzême fâve da m'grand'mère, 1854
Théâtre Liégeois, 1854
Fâves da Lafontaine, traduction et adaptation libre des fables de La Fontaine, 6 volumes, 1851-1856

 

Mandats politiques

Conseiller provincial de Liège (1859-1866)