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Bidez Joseph

Académique, Philologie

Frameries 11/04/1867, Gand 20/09/1945

Helléniste distingué, Joseph Bidez accomplit toute sa carrière de professeur à l’Université de Gand, jusqu’au moment où il est contraint d’arrêter son enseignement, lors de la flamandisation de l’institution, au début des années 1930.

Docteur en Philosophie et Lettres de l’Université de Liège (1888), après des études en Philosophie et en Littérature durant lesquelles il rencontre le jeune Albert Mockel, docteur en Droit de la même université (1891), Bidez est précepteur des enfants de Sélys Longchamps au moment où il prépare un troisième doctorat, en Philologie classique cette fois. Il s’est inscrit comme stagiaire chez Me Van Marcke et paraît promis à une carrière d’avocat. Pourtant, il est surtout attiré par l’Antiquité ; il séjourne à Berlin, auprès du professeur Hermann Diel, et y étudie les philosophes grecs ; et en 1894, sa dissertation doctorale à l’Université de Gand sur Empédocle lui donne un troisième titre de docteur qui lui ouvre surtout les portes d’une carrière scientifique. Chargé de cours et professeur extraordinaire (1895), il est nommé professeur ordinaire à l’Université de Gand dès 1907, année où les cours sont dispensés en français.

Après avoir étudié l’époque des origines de la philosophie grecque, Joseph Bidez s’intéresse ensuite aux auteurs grecs de l’époque chrétienne, avant de se consacrer à l’empereur Julien, dit l’Apostat. Auteur d’une biographie de cet empereur romain en 1930, il établit et traduit tous ses textes dans la collection des Œuvres complètes aux Belles Lettres ; on lui doit aussi Les Mages hellénisés, ouvrage écrit en collaboration avec Franz Cumont (1938). Prix Zographos pour sa Vie de Porphyre (mars 1914), il reçoit le Prix décennal pour l’ensemble de ses travaux en 1920. Membre correspondant (1913), puis effectif (1919) de l’Académie de Belgique, correspondant de l’Institut de France, conférencier apprécié, Bidez était membre de nombreuses académies internationales et fut plusieurs fois docteur honoris causa. Ses ouvrages continuent d’être considérés comme des références dans leur domaine.
Historien des religions, spécialiste de la pensée antique, philologue classique, ce collègue de Franz Cumont et de Henri Pirenne, notamment, est un admirateur de la pensée allemande, comme nombre d’intellectuels au XIXe et au début du XXe siècle. Pour lui comme pour eux, l’invasion allemande d’août 1914 est un traumatisme d’autant plus grand qu’il met fin, du jour au lendemain, à des relations de longue date avec des scientifiques allemands. Sous l’Occupation, Bidez rompt un contrat d’édition – signé avant-guerre – avec une maison d’édition allemande ; il refuse aussi de soutenir l’initiative allemande de flamandisation de l’Université de Gand ; il apporte encore sa contribution à plusieurs services de Résistance (L’Action patriotique à Gand ; il est aussi le principal rédacteur du journal L’Autre cloche, dont il était le fondateur).

Après l’Armistice, Joseph Bidez vit avec passion les péripéties qui conduisent à la flamandisation de l’Université Gand et s’engage dans les mouvements favorables au maintien d’un foyer de culture française à Gand. En 1922, il figure parmi les fondateurs de l’École des Hautes Études de Gand, destinée aux étudiants flamands désireux de poursuivre leur formation en langue française. De 1923 à 1940, Joseph Bidez siège à l’Assemblée wallonne ; il y est l’un des délégués de l’arrondissement de Mons. En 1938, il accepte d’être membre du comité d’honneur du premier Congrès culturel wallon qui se tient à Charleroi. En 1933, à la suite de l’adoption des lois linguistiques, ce scientifique de renommée internationale est privé de sa chaire à l’Université de Gand.

Sources

Albert SEVERYNS et Paul MERTENS, dans Biographie nationale, t. 31, col. 78-80
Adolphe LODS, Éloge funèbre de Joseph Bidez, dans Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et des Belles Lettres, Paris, 1945, vol. 89, n°4, p. 476-481
Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. I, p. 151