Bodson Herman

Conception-Invention

Odeur 1er/12/1806, Liège 28/05/1871

Ingénieur diplômé de l’École des Mines de Liège (1828), Herman Bodson entre au Corps des Mines où il exerce tour à tour les fonctions de conducteur et géomètre. Conducteur des travaux sur le chantier du canal Meuse-Moselle, où il s’affaire sur le Tunnel de Baret (Luxembourg), il s’engage ensuite dans le secteur charbonnier : ingénieur-directeur des charbonnages de La Nouvelle Haie, à Liège (1833-1834), il exerce ensuite les mêmes fonctions à Epinac (France), puis aux Grands Makets à Jemeppe (1840-1845), au « Paradis » à Liège (1845-1853), et aux Bonniers à Grâce-Berleur (1849-1852). Nommé géomètre des mines en 1833, ingénieur-conseil dans diverses administrations, il entreprend par ailleurs plusieurs voyages à l’étranger à la recherche de gisements de minerais (Espagne, Pologne, Allemagne, Silésie, Hongrie, Styrie, Angleterre, Suède, Croatie, France, Bavière) entre 1843 et 1862. En Wallonie, il recherche également des gisements de plomb du côté du Luxembourg, contribue à l’ouverture de la mine du « Paradis », et participe aux projets de construction du pont de chemin de fer à Dinant (1862), et des écluses à Namur, Bas-Oha et Huy au début des années 1860. C’est alors qu’il est détaché par l’administration pour s’occuper spécialement du projet de barrage sur La Gileppe.

Herman Bodson est l’un des cinq ingénieurs qui mènent sur le terrain, pendant trente mois, les études nécessaires pour déterminer l’endroit où pourrait être construite une vaste retenue d’eau destinée à régulariser les eaux de la Vesdre. Pour l’avenir de l’industrie lainière verviétoise, dans les années 1860, il s’agit d’une question cruciale. Avec l’ingénieur Bidaut, Bodson défend un projet ambitieux : l’érection d’un seul barrage, situé en amont d’une bande calcaire dans la vallée de la Gileppe. Le mur en moellons haut de 47,5 mètres sera en mesure de retenir, jusqu’à une hauteur de 45 mètres, un volume maximum de 12 millions de m³. Suite au décès de Bidaut, quelques mois après le dépôt du projet définitif, Bodson, ainsi que Detienne et Leclercq poursuivent l’œuvre entamée et sont les auteurs de la première étude technique relative au prestigieux barrage. Décédé en 1871, Bodson n’assistera pas à l’inauguration du projet achevé et son nom sera accroché à titre posthume à un Mémoire décrivant le projet publié en 1877. Personnage essentiel de cette construction exceptionnelle, le nom de Bodson (comme celui de Bidaut et des autres ingénieurs) n’est pas entré dans beaucoup de livres d’histoire. Son visage est pratiquement inconnu, alors qu’il figure pourtant sur de nombreuses toiles réalisées par son ami, le peintre verviétois Barthélemy Vieillevoye, par ailleurs directeur de l’Académie des Beaux-Arts de Liège. Ainsi, étrangement, sur la toile de grand format (4,5 m x 5,5 m) représentant L’Assassinat du bourgmestre Laruelle (conservée au Musée des Beaux-Arts de Liège), l’artiste a représenté Bodson dans le personnage qui soutient le corps du bourgmestre assassiné, en plein centre de sa toile. Le tableau date de 1854, Bodson avait 48 ans.
 

Sources

BODSON, DETIENNE, DECLERCQ, Le barrage de la Gileppe, Mémoire rédigé à la demande de la section de Liège de l’Association des ingénieurs sortis de l’École  de Liège, Liège, 1877
Une certaine idée de la Wallonie. 75 ans de Vie wallonne, Liège, 1995, numéro spécial de La Vie wallonne, t. LXIX, p. 260
La Vie wallonne, I, 1962, n°297, p. 5-29