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Brusson Paul

Résistance

Ougrée 29/04/1921, Liège 27/10/2011

Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, Paul Brusson n’a pas vingt ans. Ayant grandi dans un milieu modeste, il a suivi une formation professionnelle à l’École de chaussure de la ville de Liège (1939) et c’est comme cordonnier-chausseur qu’il travaille jusqu’en 1949 chez plusieurs grands chausseurs de la Cité ardente. En 1949, il décide de changer de cap, répond à un concours de recrutement à la police d’Ougrée et est engagé. Il suit les cours d’officier de police de la province, est nommé Commissaire-adjoint en 1962, puis Commissaire en 1974. Il est également membre, pendant 20 ans, de la Commission d’Assistance publique d’Ougrée avant d’en être le président pendant 7 ans. En janvier 1977, au moment de la fusion des communes, il devient le commissaire en chef de la police du Grand Liège et de ses 200.000 habitants. Mais au-delà de ce parcours professionnel au demeurant déjà exceptionnel, Paul Brusson est d’abord un passeur de mémoire pour une période qu’il a particulièrement bien connue, puisqu’il l’a vécue et ressentie dans sa chaire.

Pour avoir grandi près de Seraing la Rouge, celui qui était déjà anti-rexiste avant la guerre ne peut être que résistant sous l’occupation allemande. Trop peu discret lors des services qu’il rend au nom du mouvement « Solidarité » du Front de l’Indépendance, il est arrêté par la Gestapo, la veille de ses 21 ans. Trois années de détention attendent celui qui est considéré comme dangereux : forteresse de Huy, Breendonk, Mauthausen, son annexe de Gusenen (Autriche), Natzweiler-Struthof (Alsace) et enfin Dachau-Allach (Bavière). Libéré le 30 avril 1945 par les troupes américaines, il est l’un des 15 survivants des 120 déportés du convoi du 8 mai 1942.

Dès son retour à Ougrée, Paul Brusson entame deux nouveaux combats : celui pour la reconnaissance d’un statut au sein de la Confédération nationale des Prisonniers Politiques et Ayants Droit de Belgique ; ensuite, un combat contre l’oubli. À l’heure où la liberté est retrouvée, il refuse de gommer un passé pénible que nul n’ose évoquer. À l’entame des années 1950, il convie des veuves de guerre et leurs enfants à un voyage commémoratif à Mauthausen. Ensuite, ce sont ses collègues de travail. La sortie du film Nuit et Brouillard d’Alain Resnais contribue à briser le mur du silence. Une fois retraité, Paul Brusson entreprend de guider des étudiants et professeurs vers les camps de la mort. Jusqu’à son dernier souffle, il renouvellera annuellement ce voyage de mémoire, contre l’oubli et contre la renaissance de l’extrême-droite.

En 1997, une Fondation Paul Brusson a vu le jour, créée par le Rotary de Liège-Sud, pour pérenniser son engagement. Par ailleurs, il est parmi les fondateurs des « Territoires de la Mémoire ». Président de l’Union liégeoise des Prisonniers Politiques des deux guerres mondiales, de l’Amicale de Mauthausen, du comité de restauration du Fort de Huy, vice-président et membre du Conseil d’Administration de l’Institut national des Invalides de Guerre, Paul Brusson avait reçu en 1996 la Croix d’Honneur d’Autriche. Citoyen d’honneur de Seraing, il s’est vu décerner et, à titre posthume, le titre de « citoyen européen de l’année 2012 », par le Parlement européen, et le rang d’officier du Mérite wallon, par le gouvernement wallon.
 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse  
http://www.seraing.be/Paul-Brusson.html 
Pierrot GILLES et Paul BRUSSON, De mémoire vive, Liège, 2004, livre-témoignage 
http://vimeo.com/31072170