Cornez Emile

Politique

Dour 6/04/1900, Casteau 24/07/1967

Déporté comme travailleur obligatoire par les Allemands en 1917, Émile Cornez tient à compléter sa formation au lendemain de l’Armistice au moyen de cours par correspondance et en suivant en élève libre les cours de Sciences politiques et sociales à l’Université libre de Bruxelles. Entré à dix-huit ans comme employé à la Fédération des Mutualités socialistes du Borinage, il y gravit rapidement les échelons. Secrétaire général d’une des plus puissantes fédérations mutualistes du pays wallon (1923-1944), président des Jeunes Gardes socialistes, conseiller communal de Dour et député suppléant, il est choisi en 1935 comme chef de Cabinet du ministre du Travail et de la Prévoyance sociale, Achille Delattre, qu’il avait rencontré lors sa déportation. Il travaille alors sur les dossiers des congés payés, du salaire minimum garanti, de la reconnaissance syndicale et de la protection des mineurs.

Conseiller provincial élu en 1936, Émile Cornez succède à François André comme député permanent de l’arrondissement de Mons en juin 1939 et préside le Conseil provincial. Attaché au Commissariat belge pour les réfugiés au début du second conflit mondial, il revient rapidement au pays. Interdit de toute activité politique par les autorités allemandes, il entre dans la Résistance dès le mois d’août 1940, crée le journal clandestin montois Renaissance et organise un service de renseignements militaires dans la région de Mons. Démis de ses fonctions de député permanent en août 1940, écarté de la Mutualité le 8 mai 1941, interrogé par la Gestapo en décembre 1940, son domicile fait l’objet de trois perquisitions début mai 1942. Dès lors, du 19 mai 1942 au 10 septembre 1944, il préfère prendre le chemin de la clandestinité et se réfugie dans les Ardennes.

Dès la Libération, il s’attèle à la reconstruction du Hainaut. Déjà choisi pour cette fonction par le gouvernement belge de Londres en 1943, Émile Cornez se voit confier l’intérim du gouvernement de la province du Hainaut le 20 septembre 1944 et est désigné définitivement comme gouverneur le 22 décembre 1945. Sa priorité essentielle sera le redressement économique du Hainaut et de la Wallonie. Il prend de nombreuses initiatives en matière d’enseignement, de formation, d’éducation permanente, de civisme, d’aide aux familles d’ouvriers accidentés et de promotion des beaux-arts.

Élu à la présidence du Conseil économique wallon en 1947, il exerce cette fonction jusqu’en 1962, date à laquelle il se retire pour raison de santé, recevant alors le titre de président général honoraire. Le Conseil économique wallon est alors un organisme privé, né de la volonté de militants wallons de réunir industriels, syndicalistes et tout autre acteur préoccupé par la situation économique et sociale de la Wallonie. Porte-parole du Conseil économique wallon devant le Centre Harmel, il ne cesse de répéter, dans les années 1950, que la Wallonie doit obtenir auprès de la CECA un traitement spécial, et qu’elle doit faire l’objet de la reconnaissance et de la solidarité nationales. Sur le plan institutionnel, Émile Cornez déclarera en 1962 ne pas croire au fédéralisme et placer ses espoirs dans une déconcentration administrative et une décentralisation au niveau des provinces. À la même époque, il avait apporté sa caution au rapport Sauvy dénonçant les dangers encourus par la Wallonie sur le plan démographique.

Sources

Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 377-378

Mandats politiques

Conseiller communal de Dour
Conseiller provincial du Hainaut (1936-1939)
Député permanent (1939-1945)
Gouverneur du Hainaut (1944-1969)