Coulon Marion

Académique, Pédagogie, Militantisme wallon

Aubechies 28/04/1907, Ath 02/03/1985


Directeur général de l’ancien département de l’Éducation nationale, Marion Coulon a été un rénovateur en matière d’enseignement, expert reconnu au niveau international, qui nourrissait pour la Wallonie un solide projet culturel régional spécifique, fondé sur le principe de l’autonomie.

Issu d’un milieu rural, Marion Coulon s’oriente vers le métier d’enseignant. Diplômé de l’École normale primaire de Mons, puis de l’École normale secondaire de Nivelles, instituteur à Pâturages, enseignant à l’Institut pour Aveugles de Ghlin, régent à l’École moyenne de Molenbeek, ses dons intellectuels et sa puissance de travail l’incitent à poursuivre des études de Philologie romane qu’il achève brillamment à l’Université libre de Bruxelles, en 1934. 

Jeune Président de la Fédération de l’Enseignement normal (1939), Marion Coulon rédige pendant la guerre, les six volumes de l’ouvrage iconoclaste et novateur qui consacre sa réputation pédagogique Jeunesse à la dérive (6 vol., Mons, Silène, 1940-1948). Dans un style incisif, ce pédagogue dérangeant dénonce les faiblesses du système éducatif en place, et propose des réformes pédagogiques qui sont mises en œuvre au ministère de l’Éducation nationale (1945-1972). La promotion de l’enseignement technique constitue pour Marion Coulon, une priorité absolue de l’action pédagogique. L’École normale ménagère et agricole, aménagée dans le parc d’Irchonwelz, près d’Ath (1948) fait figure d’école modèle.

Professeur à l’École normale de l’État à Mons, conseiller pédagogique (1945), inspecteur (1946), inspecteur général (1958), directeur général des services de programmation et de documentation du ministère de l’Éducation (1972-1978), Marion Coulon exerce des responsabilités sur le plan international : délégué de la Belgique aux conférences de l’Unesco (1955) ; président du Conseil du Bureau international de l’Éducation, à Genève (1960) ; expert de l’Unesco à la Consultation mondiale de Stockholm (1971).

Francophile passionné, militant wallon (il prend notamment part au Congrès national wallon de 1945), partisan farouche de l’autonomie culturelle, il est l’animateur enthousiaste de la Fondation Charles Plisnier à partir de 1956, où il publie plusieurs cahiers (L’autonomie culturelle en Belgique, n°3 ; Le souvenir d’Albert Mockel et l’origine du mot Wallonie, n°6). Si le second s’inspire de son mémoire de licence, le premier est une référence incontournable pour la compréhension de la dimension culturelle du problème wallon. En juin 1976, il figure parmi les 143 signataires de la Nouvelle Lettre au roi pour un vrai fédéralisme, destinée à dénoncer l’extrême lenteur mise dans l’application de l’article 107 quater de la Constitution et à plaider en faveur d’un fédéralisme fondé sur trois Régions : Bruxelles, Flandre et Wallonie.

Président-fondateur de la Maison culturelle d’Ath (1978), vice-président du Cercle d’Archéologie d’Ath (1955-1985), ce défenseur de la culture française fut honoré du titre de Commandeur de l’Ordre des Palmes Académiques (France, 10 mars 1984).

Sources

Jean-Pierre DELHAYE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 379
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. IV, p. 291
Jean DUGNOILLE, dans Nouvelle Biographie nationale, t. IV, p. 76-78