De Lalieux de la Rocq Emile

Politique, Résistance

Nivelles 25/11/1862, Ouchy-Lausanne 7/09/1918

Docteur en Droit de l’Université catholique de Louvain, fils d’une famille de la noblesse terrienne, Émile Lalieux de la Rocq est actif dans les milieux catholiques où il entend contribuer à l’amélioration de la condition ouvrière tant par sur le plan politique que sur le plan social. Président de la Ligue des Capacitaires de Nivelles, créée dès 1889, Émile de Lalieux plaide en faveur d’un suffrage universel tempéré par le vote plural. Président de la Jeune Garde Catholique, il peut être considéré comme un des pionniers de la démocratie chrétienne dans le Brabant wallon, tâche difficile que la bulle Rerum novarum de Léon XIII vient renforcer (1891) : il crée dès lors une Ligue démocratique. À la même époque, il épouse Marie Simonis, une arrière-petite-fille de l’industriel verviétois Ywan Simonis.

Élu au conseil communal de Nivelles en octobre 1890, il devient d’emblée échevin (avril 1891). Quelques mois après l’entrée en vigueur du suffrage universel plural, de Lalieux entre à la Chambre des représentants, en tant que député de Nivelles (1896). Il siège à Bruxelles jusqu’en 1900, avant de retrouver un siège en avril 1908 quand il remplace J. Brabant décédé. Il ne renouvelle pas son mandat en 1910, mais retrouve place à la Chambre l’année suivante quand il remplace G. Snoy démissionnaire. Son mandat s’achève pendant la Grande Guerre à laquelle il ne survit pas.

En effet, désigné par le roi en 1905 comme bourgmestre de Nivelles, c’est lui qui se retrouve à la tête de la cité des Aclots quand éclate la Première Guerre mondiale. Nivelles échappe aux massacres de l’invasion allemande des mois d’août et septembre, mais n’évite pas les conditions d’occupation imposées par le Generalfeldmarschall Colmar von der Goltz, puis par son successeur, le Generalgouverneur von Belgien Moritz von Bissing à partir de décembre 1914. Poursuivant son mandat maïoral afin de venir en aide à ses administrés, Émile de Lalieux s’investit dans sa mission ; il en vient même à distribuer des secours à des ouvriers du chemin de fer qui refusent de travailler pour l’occupant et refuse de livrer la liste des « chômeurs » de sa ville. Cette résistance n’est pas tolérée par l’occupant qui met en prison le bourgmestre « rebelle ». L’enfermement dure quatre mois à Nivelles et est suivi d’une déportation en Allemagne. Gravement malade, « l’indésirable » – selon la terminologie allemande – est transféré en Suisse ; ayant perdu un fils qui s’était porté volontaire de guerre, Émile de Lalieux ne reviendra pas d’Ouchy-Lausanne.

Pendant l’occupation allemande, Charles Vanpée (1915-1916) puis Ferdinand Delcroix feront fonction de bourgmestre d’une ville de Nivelles qui a quitté la province du Brabant pour intégrer celle de Hainaut en vertu du décret de mars 1917 sur la séparation administrative. Après l’Armistice, c’est Pierre de Burlet qui succède au vaillant maire.

 
Sources

Paul VAN MOLLE, Le Parlement belge 1894-1972, Ledeberg-Gand, Erasme, 1972