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De Raedt Constant

Politique

Wavre 05/05/1853, Wavre 31/01/1934


Depuis 1831, les électeurs de la ville de Wavre font confiance au parti libéral ; le passage du suffrage censitaire au suffrage universel tempéré par le vote plural ne modifie en rien le paysage politique local. Paradoxalement, alors que libéraux et socialistes réalisent partout ailleurs en Wallonie leurs meilleurs résultats lors du scrutin d’octobre 1911, Wavre fait par contre davantage confiance aux catholiques et Constant-Louis De Raedt ceint l’écharpe maïorale en janvier 1912, en disposant de la majorité absolue.

Industriel, De Raedt tient un commerce de fer à hauteur de la rue de Bruxelles. Il étend d’ailleurs ses activités en acquérant une partie de l’ancienne propriété de la famille Haynin (1912). Après la Grande Guerre, il installera à Bierges, en bordure de la rue provinciale, un atelier de construction de pompes et de ventilateurs, activité qui traversera le XXe siècle, puisqu’en 1995 l’atelier est transféré à Nivelles. Dirigés par son fils, Constant De Raedt (1923-2005), ingénieur civil, les Ateliers De Raedt fourniront des ventilateurs pour les tunnels routiers, les mines, mais surtout les fours de sidérurgie, de cimenterie et de verrerie.

C’est par conséquent un notable bien établi à Wavre qui entame son maïorat en 1912 et se trouve rapidement confronté aux événements internationaux de 1914. Le 6 mois d’août, il accueille le roi Albert, venu inspecter les troupes. Depuis deux jours, les Allemands ont violé la neutralité belge et, dans le Brabant wallon, on ne semble pas encore trop conscient du danger que représente l’entrée en guerre. Néanmoins, faisant taire les oppositions traditionnelles, Constant De Raedt promulgue, comme partout ailleurs, une série d’avis enjoignant à la population déposer les armes et de ne pas s’en prendre aux soldats ennemis. Ceux-ci arrivent à Wavre le 20 août. En direction de Waterloo, un charroi considérable de plusieurs milliers d’hommes traverse la cité jusqu’au 21 août. Le calme règne jusqu’au moment où des coups de feu éclatent dans la soirée. 

Comme souvent, ce sont des soldats allemands qui s’entretuent en raison de leur nervosité, de leur fatigue ou de leur ébriété ; mais ce sont les civils qui paient. En l’occurrence, le bourgmestre De Raedt est pris en otage, avec un échevin et d’autres notables (du 22 au 24 août). Ils sont promenés dans la ville sous bonne garde et contraints de demander le calme ; une amende-contribution de guerre de 100.000 francs est exigée de la ville, tandis que les pillages et incendies perpétrés par les soldats allemands se multiplient. Au total, Wavre perd 54 maisons. Commandant de la 2e armée, von Bülow réclame trois millions de francs à Wavre en raison de la fusillade du 21 ; il menace d’incendier toute la ville et une vingtaine de civils seront gardés en otage pendant 2 mois. Finalement, en s’acquittant des 100.000 francs, Wavre évite de connaître les mêmes atrocités que d’autres cités wallonnes, voire les voisins de  Louvain et d’Aerschot. Le 27 août, de nouvelles unités allemandes arrivent et commence le régime d’occupation.

Comme de nombreux bourgmestres du pays, De Raedt restera dans ses fonctions pendant toute la guerre, veillant au ravitaillement et à la sécurité des habitants de sa ville. À la différence de beaucoup d’autres, cependant, il est mis devant le fait accompli de la séparation administrative imposée par les autorités allemandes de Bruxelles, et de ses conséquences pour la province de Brabant. En avril 1917, en effet, l’ensemble de l’arrondissement de Nivelles est détaché du Brabant et rattaché à la province du Hainaut. Jusqu’à l’Armistice, Constant De Raedt devra répondre d’un pouvoir de tutelle situé à Mons, puisque, incorporée à la région administrative wallonne, Wavre restera « en Hainaut » jusqu’en novembre 1918. Libérée à ce moment, Wavre accueille quelque temps l’armée canadienne et les autorités locales contribuent au rétablissement de l’ordre ancien.

Lors du scrutin de l’après-guerre, Constant De Raedt perd son maïorat, socialistes et libéraux s’alliant pour placer le parti catholique dans l’opposition ; lui succède Jean-Charles Piat qui retrouve ainsi le mandat perdu en 1911 et qu’il exerçait depuis 1900. De Raedt n’exercera plus de fonctions maïorales, se consacrant essentiellement au développement de son industrie, ainsi qu’à la présidence de la Socité de Saint-Vincent de Paul. En septembre 1921, il concrétise un projet qu’il partage avec l’industriel Auguste Lannoye (des papeteries de Genval) et le doyen de Wavre, Eugène Mottard. Sous le patronage du cardinal Mercier, voit en effet le jour une École professionnelle destinée, à l’origine, à former de jeunes mécaniciens.

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse (Le Soir, 8 décembre 1995 et 22 mai 1997, L’Avenir Brabant wallon, 31 juillet 2014, 5 août 2014 ; La Grande Guerre à hauteur d’homme, dans La Libre, août 2014, 3e partie, Bruxelles et Brabant wallon, p. 14)
Roland BAUMANN, Wavre, Août 1914, dans Wavriensia, 1999, t. XLVIII, n°1 et 2, p. 31-44
Informations communiquées par le Cercle historique et archéologique de Wavre
Jean MARTIN, La ville de Wavre et sa région pendant la guerre 1914-1918, dans Wavriensia, 2003, t. LII, n°6, p. 260
http://fr.geneawiki.com/index.php/Belgique_-_Wavre_%28Waver%29 (s.v. décembre 2014)