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Dehousse Fernand

Académique, Militantisme wallon, Politique

Liège 3/07/1906, Liège 10/08/1976


Sur le plan européen et international, Fernand Dehousse a joué un rôle prépondérant et marqué de sa forte pensée et de ses initiatives les grands débats de l’immédiat après-guerre ; rendu attentif à la question wallonne dans les années 1930, il ne cessera de soutenir le fédéralisme comme modèle destiné à améliorer la démocratie belge et à sauvegarder les intérêts wallons.
Docteur en Droit et licencié en Sciences sociales de l’Université de Liège (1929), Fernand Dehousse poursuit sa formation à Paris, Grenoble et Genève (1929-1931). Disciple et assistant du professeur Mahaim (1931-1935), il opte pour le domaine juridique et plus précisément le droit international. Chargé de cours (1935), il est nommé professeur ordinaire de l’Université de Liège en 1940. Démis de ses fonctions par les nazis, il retrouve sa charge après la guerre (1945) et est associé à l’Institut de droit international à partir de 1947.
Représentant de la Belgique à l’Assemblée générale de l’ONU (1946-1948, 1951-1952), participant aux travaux de la commission des Droits de l’Homme, Fernand Dehousse joue un rôle prépondérant à plusieurs niveaux et marque de sa forte pensée et de ses initiatives de grands débats européens et internationaux, ainsi que le fédéralisme en Belgique. Fernand Dehousse est membre du Conseil économique et social (1946-1947, 1950), et préside l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe de 1956 à 1959. Député de l’Assemblée européenne (ancêtre du Parlement européen) (1952-1965, 1966-1971), il se voit confier la présidence de la Commission européenne chargée d’accompagner le référendum en Sarre (1955-1956).
Membre des Étudiants libéraux lorsqu’il était à l’Université, défenseur d’un libéralisme social, il s’oriente vers le socialisme quand il contribue aux travaux du Rassemblement démocratique et socialiste wallon (1943), avant de contribuer à la (re)construction de la fédération liégeoise du PSB. Il y construit et y présente un nouveau projet d’instauration du fédéralisme en Belgique en tant que président de la Commission des Affaires wallonnes (1944). Coopté sénateur en 1950, il est régulièrement reconduit à la Haute Assemblée par son parti, jusqu’en 1968. De 1968 à 1971, c’est en tant que sénateur direct qu’il siège. Entre-temps, il exerça à trois reprises des fonctions ministérielles (1945, 1965-1966, 1971).
Militant wallon, membre de la Ligue d’Action wallonne et collaborateur du journal fédéraliste La Barricade puis de L’Action wallonne, il rédige avec Georges Truffaut un projet fédéraliste intitulé l’État fédéral en Belgique (1938). Ce texte est le premier à faire l’objet d’une proposition de loi, rejetée cependant en 1939 ; mais les principes fédéralistes qu’il contient seront les bases des projets wallons ultérieurs. Membre du Comité permanent du Congrès national wallon, il figure parmi les organisateurs du Congrès wallon qui se tient à Liège les 20 et 21 octobre 1945. Défenseur de l’option fédéraliste, il emporte la majorité des suffrages lors de la deuxième journée du fameux Congrès auquel il participe tout en étant ministre du Travail (octobre 1945). Rapporteur aux congrès des socialistes wallons (1947, 1961, 1962), il y défend aussi et encore le principe du fédéralisme. Avec François Perin, il rédige, au début des années 1960, un projet de Constitution fédérale, qui est adopté par le premier congrès du Mouvement populaire wallon (1961). Membre du comité liégeois d’Action wallonne (1962-1964), il participe au pétitionnement et s’oppose au passage des Fourons au Limbourg. La dernière mouture écrite de sa pensée fédéraliste wallonne et socialiste, il la signe, avec Raymond Costard, pour le Comité permanent d’Études et d’Action des Socialistes wallons (1962). En tant que sénateur socialiste, il participe activement aux travaux préparatoires à la révision de la Constitution de 1970, dont il adopte les dispositions, et il remplace Freddy Terwagne comme Ministre des Relations communautaires (1971). En juin 1976, il est encore parmi les rédacteurs et les 143 signataires de la Nouvelle Lettre au roi, destinée à dénoncer l’extrême lenteur mise dans l’application de l’article 107 quater de la Constitution ; il plaide ainsi en faveur d’un fédéralisme fondé sur trois Régions : Bruxelles, Flandre et Wallonie. Fils de Constant Dehousse, père de Jean-Maurice, il était marié à Rita Lejeune.



Philippe CARLIER, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, 2000, t. I, p. 420-423
Paul DELFORGE, Un siècle de projets fédéralistes pour la Wallonie. 1905-2005, Charleroi, Institut Jules-Destrée, 2005
Philippe CARLIER, dans Nouvelle Biographie nationale, t. III, p. 114-117
Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
Paul DELFORGE, Cent Wallons du Siècle, Liège, 1995
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Histoire, Economie, Société), Bruxelles, t. II, p. 283, 320, 330
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. IV, p. 263, 295, 478-479

sénateur coopté (1950-1968)
sénateur direct (1968-1971)
ministre (1945, 1965-1966, 1971)