Delloye Nicolas

Socio-économique, Entreprise

Huy 11/04/1755, Huy 22/12/1818

Descendant de Materne Del Loye installé à Huy au début du XVIIe siècle, fils de Henri Delloye, bourgmestre de Huy à trois reprises sous l’Ancien Régime, Nicolas Delloye évolue dans une famille d’industriels notamment actifs dans le secteur du papier et propriétaires de plusieurs papeteries (Landrecy, Bouyart, Chinet) ; son frère, Henri-Joseph (1752-1810), est aussi un esprit curieux, visiteur de fabriques de laiton en Angleterre et chercheur de calamine et de zinc dans le bassin mosan.

Durant la période française, Nicolas Delloye est maire (1799-1800, 1809-1815) et membre du collège municipal hutois (1803-1815). En 1810 et 1811, il est nommé sous-préfet ad interim. Mais son activité principale est l’industrie. Maître de forges, il a repris les activités familiales et lancé une fabrique de toiles peintes et « imprimées à la mode de Jouy » (1793-1806). Son entreprise de papier dispose d’un carnet de commandes bien rempli et est certainement la deuxième en importance du département à la fin de la période impériale. Entrepreneur, il met à profit les informations rassemblées par son frère dans le domaine du laminage et de la ferblanterie. Il saisit surtout parfaitement l’intérêt du procédé mis au point par l’abbé Dony dans le secteur de la ferblanterie et, du fait du blocus continental imposé depuis 1806, s’attaque au traditionnel monopole anglais. 

Soutenu par des financements parisiens, Nicolas Delloye dispose déjà de ses laminoirs qu’il ne cesse d’améliorer et crée une ferblanterie à La Mosteye, au bord du Hoyoux, d’où vont sortir des millions de feuilles de fer blanc d’une exceptionnelle qualité. Aussi important que William Cockerill, le secteur d’activités de Nicolas Delloye pâtit cependant des événements de 1815, moment où l’Angleterre reprend pied sur le marché européen. Sans protection sous le régime des Pays-Bas, la ferblanterie Delloye ne peut concurrencer les bas prix pratiqués par Londres qui dispose, de surcroît, d’importantes mines d’étain dans ses colonies. Le brusque déclin de ses affaires ne doit pas priver Nicolas Delloye du rang de pionnier dans la grande industrie qui se met en place en Wallonie au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Quant à la plupart de ses nombreux enfants ils assurent, chacun à leur manière, la continuité familiale.
 

Sources

La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Histoire. Économies. Sociétés,  t. I, p. 269-293
Georges HANSOTTE, Des Forges au bord du Hoyoux, dans Jean-Marie DOUCET (dir.), Hommes de fer et de fonte, Huy, 1994, coll. Histoire d’une ville, p. 23-26
Claude-M. CHRISTOPHE, Une dynastie traditionnelle de maîtres de forges, les Delloye, dans Jean-Marie DOUCET (dir.), op. cit., p. 41-48
Jean-Marie DOUCET, L’imaginaire social, dans Jean-Marie DOUCET (dir.), op. cit., p. 94-95

 

Mandats politiques

Maire de Huy (1799-1800)
Membre du collège municipal (1803-1815)
Maire (1809-1815)
Sous-préfet ad interim du département de l’Ourthe (1810-1811)