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Deprez Jules

Socio-économique, Entreprise

Seraing 1833, Liège /05/1889

Créés en 1825, établis en Société Anonyme en 1826, les verreries et établissements du Val Saint-Lambert sont d’abord dirigés par leurs deux fondateurs, François Kemlin de 1826 à 1838, puis Auguste Lelièvre de 1838 à 1863 qui, en 1836, ont dû se résoudre à l’entrée majoritaire de la Société générale dans le capital. Parmi leurs premiers collaborateurs, on trouve des verriers transfuges de Vonêche et un certain Lambert Deprez. Son fils, Jules, formé à l’École des Mines de Liège et diplômé en 1856, va donner au Val Saint-Lambert l’envol international qui lui faisait encore défaut.

Entré au Val en 1857, nommé sous-directeur en 1860, Jules Deprez va remplacer Auguste Lelièvre en 1863 et donner un nouveau dynamisme à la société, lui faisant franchir un cap décisif. S’appuyant sur un réel savoir-faire, bénéficiant d’un catalogue rédigé en plusieurs langues et présentant, dès 1843, les services qui font sa réputation (Poniatowski, Metternich, Lalaing), le nouveau directeur met davantage l’accent sur l’innovation, l’exportation et la rationalisation dans une démarche d’expansion s’appuyant sur un apport massif de capitaux. Une série de perfectionnements techniques (notamment pour améliorer la gravure et la décoration), l’introduction de nouvelles machines et de nouveaux fours (Boëtius en 1870) contribuent à accroître la productivité et la qualité. L’acquisition par le Val de la cristallerie Zoude à Jemeppe et à Herbatte (1879), de la verrerie de Jemeppe-sur-Meuse (1883) et surtout de la Compagnie des Verreries et Cristalleries namuroises, déjà en 1879, conduit à une fusion et à la naissance de la Société anonyme des cristalleries du Val Saint-Lambert, qui retrouve pleinement son indépendance par rapport à la Société générale. 

Localisant et rationalisant la production du cristal soufflé et moulé à Seraing, du demi-cristal soufflé à Herbatte, des cheminées de lampe à Jambes et diverses productions à Jemeppe, Jules Deprez attaque le marché mondial et y impose une marque, Le Val Saint-Lambert, une seule adresse de commande et un catalogue diversifié (verres à vitre, glaces, cristaux). Grand voyageur, Deprez vend ses produits à travers le monde, est présent dans les grandes expositions. Occupant 2.800 personnes et produisant 120.000 pièces par jour en 1880 et bientôt 4.000 ouvriers en 1889, le Val est bien loin de la vingtaine de collaborateurs des origines pas si lointaines, c’était en 1826. Cette expansion formidable c’est à Jules Deprez qu’elle la doit. 

Cet entrepreneur perçut aussi très vite l’intérêt de prendre en compte le volet social : école gratuite de dessin, coopérative d’achat des produits alimentaires et de première nécessité, prise d’eau potable sur le site de Seraing, infirmerie pour les premiers soins, assurance accidents du travail (1880). Membre de la Chambre de commerce de Liège, il était aussi conseiller communal à Seraing (1864-1872).
 

Sources

Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 212
L’art du verre en Wallonie de 1802 à nos jours, Charleroi 1985
Le centenaire du Val-Saint-Lambert, 1826-1926, Seraing, 1926