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Englebert Albert

Socio-économique, Entreprise

Liège 1917, Liège 17/02/1997

Arrière-petit-fils d’Oscar et d’Adélaïde Englebert, les fondateurs de la société liégeoise produisant des articles en caoutchouc puis des pneumatiques à partir de la fin du XIXe siècle grâce à leur collaboration avec la société allemande Continental Caoutchouc et Guttapercha, Albert Englebert fait ses débuts dans la société en 1938. À ce moment, la Société du Pneu Englebert a digéré les années difficiles de la Grande Guerre, ouvert une usine à Aix-la-Chapelle et a racheté une succursale à Clairoix, en France, témoignant de son ouverture sur les marchés internationaux, du moins jusqu’en 1940, moment où la société, avec ses 4.000 ouvriers, cesse ses activités à Liège.

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, Albert Englebert prend la tête de l’usine des Vennes, comme co-gérant de la société en commandite Englebert et Cie. Mais les événements ont immobilisé totalement la production et, comme au lendemain de la Grande Guerre, il faut repartir de zéro, notamment en reconstruisant des bâtiments détruits par des bombardements. Rapidement, les quatre usines Englebert fournissent du travail à 6.500 personnes et produisent 10.000 pneus par jour (1947), tandis que de nouvelles innovations soutiennent la marque, comme le Volumax pneu à basse pression ou le Max, radial à structure textile.

Albert Englebert introduit, dès les années 1950, un tout nouveau management, après la signature d’un accord de coopération technique avec l’Américain US Rubber International. Le succès est au rendez-vous et se manifeste notamment par la présence des pneus Englebert sur les bolides Ferrari qui participent aux grands prix de F1 entre 1950 et 1958. La période est faste et l’entreprise – qui emploie une importante main d’œuvre féminine – se hisse au premier rang mondial. Elle fabrique des lances à incendie, des bonnets de natation, voire des balles de golf…, mais c’est dans le domaine du pneumatique qu’elle s’affirme comme référence. Les innovations se multiplient.

En 1958, la société américaine et la société liégeoise fusionnent au sein d’une nouvelle société anonyme dont Albert Englebert est nommé directeur général. Englebert entre ainsi dans le groupe Uniroyal et, en 1963, les pneus sont commercialisés sous le nom Uniroyal-Englebert. Dans le processus de modernisation de l’outil, l’usine des Vennes est abandonnée en 1965 lorsque « Uniroyal-Englebert » prend ses quartiers dans le parc industriel des Hauts Sarts ; l’entreprise y occupe un espace de 300.000 m² (dont plus d’un quart construit). L’innovation reste son point fort : en 1969, le premier pneu pluie « The Rallye 180 » fait son apparition sur le marché. À cette occasion, la communication de l’entreprise utilise un parapluie qui sera systématiquement associé aux pneumatiques et deviendra le logo de la marque Uniroyal.

En 1976, la société française du Pneu Englebert – née dans l’Entre-deux-Guerres – intègre le groupe Europe Uniroyal International. Ensuite, dans un marché qui s’internationalise de plus en plus, Uniroyal est repris en 1979 par la société… allemande, Continental Gummi-Werke AG. Jusqu'en 1994, Albert Englebert garde des responsabilités dans la direction des sociétés produisant le pneu Uniroyal ; l'usine de fabrication de Herstal est alors soutenue par une entité commerciale installée à Londerzeel. Près de 8.000 personnes y sont employées.

À la fin du XXe siècle, les pneus pour poids-lourds deviennent la spécialité des Hauts Sarts, mais quand le marché entre en crise, des menaces pèsent sur le site de Herstal (printemps 1997) qui a pourtant été le premier à bénéficier de la certification ISO 14001 en Wallonie. Au sein du groupe Continental, le site de Herstal reste alors la seule implantation en Belgique, n’employant plus qu’un millier de personnes. En février 2001, Continental annonce son intention de fermer le site wallon ; après un violent conflit social qui dure trois mois et une tentative de reprise par un groupe autrichien, l’usine ferme ses portes le 15 mars 2003. C’est la fin de ce qui était devenu la branche liégeoise d’un grand groupe international. Une page se tourne, ouverte en 1877 lorsqu’Oscar Englebert installa son usine aux Vennes.

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, dont La Wallonie, 21 août 1997
Uniroyal-Englebert. 1877-1977, s.l., 1977
Nicole CAULIER-MATHY, dans Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 273-274