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Florence Léon

Humanisme-Egalité

Liège ?, Heiligenbeil 25/03/1945


Expert-comptable de profession, Léon Florence est pris, comme nombre de Wallons de sa génération, dans la tourmente de mai 1940. Combattant lors de la Campagne des 18 Jours, le jeune milicien se retrouve captif au camp de Stablack et devient un des 65.000 prisonniers de guerre de cinq ans. Très vite, livres comptables et porte-plume sont transformés en fourche et autres ustensiles rudes. Bien malgré lui, il se retrouve dans la peau d'un aide-Bauer, au kommando de Schlossberg. Au bout d'une année, il rejoint le camp principal du Stalag IA, où il s'intéresse aux cercles d'études qui se forment. 

En novembre 1941, avec le lieutenant-médecin Paquay, il contribue à la mise en place d’une série de Cercles d’études belges, dont il est membre du Comité directeur. Il s’agit de faire partager les connaissances de chacun, afin de former ou de perfectionner le savoir-faire des jeunes prisonniers dans la perspective de leur futur retour à la vie civile. La section commerciale attire particulièrement Florence ; il en deviendra l'animateur, faisant profiter de son expérience et de ses connaissances ses compagnons d'infortune par des cours et des conférences. Son rayonnement dépassera les frontières puisque les aspirants français lui confieront des cours à la Faculté de commerce érigée au sein de leur université, instituée au creux des barbelés.

En raison de sa profession, Léon Florence sera aussi amené à gérer le Secours belge, mission que lui confie l'homme de confiance principal, Georges Smets. Le Secours belge est une caisse d'entraide qui recueille des fonds auprès des 7 à 8.000 prisonniers de guerre dispersés en Prusse orientale autour du stalag IA. Les quelques pfennigs gagnés dans les kommandos sont ainsi régulièrement versés en guise de solidarité auprès de cette œuvre dont les statuts sont rédigés et envoyés en Belgique. L'occupant refuse cependant de les enregistrer et de les publier au Moniteur. Il faudra attendre 1945 pour que le Secours belge soit reconnu comme asbl. Trésorier, Florence se retrouve à gérer plus de 7 millions de francs de l'époque qui sont répartis en indemnités de décès, en dons divers, en secours de diverses importances (aides aux familles nécessiteuses, aux orphelins, aux sinistrés). Le Secours belge avait obtenu l'autorisation de transférer son encaisse en Belgique, ce qui facilitait grandement le versement des sommes aux bénéficiaires.

Contrairement à ses compagnons d’infortune, Léon Florence ne reverra pas ses proches. Après l'évacuation du camp, en 1945, il est pris dans un bombardement à Heiligenbeil. Ayant cherché abri derrière un mur, il est enseveli sous des blocs de béton, en compagnie de deux amis très proches, Gilbert Cottin (de Leval) et Raymond Malherbe (de Grivegnée). En l'honneur de Léon Florence, les anciens prisonniers de guerre donneront à l’œuvre du secours d'hiver qu’ils créeront après la Libération le nom de Fonds Florence.

Sources

Combattants de ’40. Hommage de la Wallonie aux Prisonniers de Guerre, Charleroi, Institut Destrée et Gouvernement wallon, 1995