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Gilon Ernest

Culture, Edition

Verviers 28/02/1846, Verviers 09/11/1902

Dans la région verviétoise, le nom d’Ernest Gilon est indissociablement lié à celui de la lecture, non seulement parce que cette personnalité du XIXe siècle a tenu une librairie, non seulement parce qu’il était imprimeur et éditeur, mais surtout parce que sa passion de la lecture, il entendait la partager avec le plus grand nombre et qu’il consacra une partie importante de son existence à rencontrer cet objectif.

Fils de bonne famille, il vient d’avoir vingt ans lorsqu’il fonde, fin 1866, l’Œuvre des Soirées populaires de Verviers dans le but « d’éduquer et d’améliorer le bien-être des travailleurs par l’organisation de conférences et d’excursions », voire par la diffusion de livres à bon marché. Vraisemblablement inspirée par ce que réalisait à Liège la Société Franklin, l’idée verviétoise ne se répand dans les communes avoisinantes qu’à partir de 1875, au moment même où l’Œuvre rejoint le mouvement des bibliothèques populaires. En 1877, le modèle verviétois s’implante à Mons.

La démarche de Gilon n’est pas neutre ; elle est même guidée par un idéal libéral progressiste qui est développé au sein de la Loge Le Travail née en 1863 et dont il sera l’un des dignitaires vers 1892. Avec Karl Grün, Jules Lacroix et Armand Weber, Gilon anime les Soirées Populaires pendant de nombreuses années ; en 1869, il ouvre une librairie ; puis viendront une imprimerie et la création du journal Le Progrès. Il écrira lui-même plusieurs ouvrages à caractère social et politique. À partir de 1877, il crée une collection, sous le nom de La Bibliothèque Gilon, et édite des livres de vulgarisation à bas prix : jusqu’en 1899 ce sont 234 volumes qui sont ainsi rendus accessibles au plus grand nombre. L’initiative de Gilon était tout à fait originale et précéda de quelques années un projet que mènera le Parti ouvrier belge.

Président de l’Union syndicale de Verviers – fondée en 1877 – Ernest Gilon n’était cependant pas socialiste ; tout en privilégiant un rapprochement entre socialistes et libéraux, il se revendiquait du libéralisme, tendance progressiste, et c’est pour représenter cette mouvance qu’il accepte de siéger comme sénateur provincial de Liège du 12 novembre 1894 au 6 mai 1898. À partir de novembre 1895, il est élu conseiller communal sur une liste de cartel progressiste, lors des élections qui se déroulent au suffrage universel tempéré par le vote plural. Dans les deux assemblées, il est dans l’opposition. Ne dissimulant pas sa sympathie pour la franc-maçonnerie, Gilon avait contribué de manière significative à sortir Grégoire-Joseph Chapuis de l’oubli, tant en encourageant une production littéraire qu’en contribuant à l’érection de sa statue sur une place verviétoise rebaptisée pour l’occasion place du Martyr.

 

Sources

Histoire du Sénat de Belgique de 1831 à 1995, Bruxelles, Racine, 1999, p. 432
Joseph MEUNIER, Ernest Gilon. Homme d’œuvre et publiciste, dans La Vie wallonne, 1935, t. XVI, p. 311-315
Philippe RAXHON, La Figure de Chapuis, martyr de la révolution liégeoise dans l’historiographie belge, dans Elizabeth LIRIS, Jean-Maurice BIZIÈRE (dir.), La Révolution et la mort : actes du colloque international, Toulouse, 1991, p. 209-222
Bruno LIESEN, Bibliothèques populaires et bibliothèques publiques en Belgique (1860-1914), Liège, CLPCF, 1990, p. 70 et 106
 

Oeuvres principales

Misères sociales, la lutte pour le bien-être, 1887 et 1893
La Franc-maçonnerie moderne, 1894
Le conseil supérieur du commerce et de l’industrie, 1894
Souvenir du Barrage de la Gileppe, 1899