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Godenne Léopold

Culture, Edition

Malines 19/03/1850, Malines 20/08/1922

Depuis le milieu du XIXe siècle, les Godenne sont imprimeurs à Namur et défendent la pratique du wallon. Frère de Paul Godenne, Alphonse Godenne (1819-1870) invente le procédé d’impression simultanée des couleurs, procédé qui révolutionna l’art du livre. Il quitte Namur pour s’engager chez Hanicq, l’imprimeur pontifical établi à Malines. C’est là que Léopold, son fils, aîné d’une famille de neuf enfants, grandit et apprend le métier, auprès de Dessain, le successeur de Hanicq, avant de s’établir à Namur, chez son oncle Paul Godenne, après le décès de son père. Au confluent de la Sambre et de la Meuse, Léopold Godenne va se distinguer, en 1883, en créant la toute première gazette jamais imprimée en langue wallonne.

À l’entame des années 1880, Léopold a ouvert sa propre imprimerie, rue du Collège, et est notamment chargé de l’impression d’un journal intitulé La Réclame ; il prend alors l’initiative d’y insérer des boutades et anecdotes en langue wallonne, racontées en quelques lignes. Devant l’engouement manifesté par les lecteurs, Godenne décide de créer un journal essentiellement wallon, qu’il intitule La Marmite. Son premier numéro paraît le 29 mars 1883 et, pendant 22 années, sans interruption, cet hebdomadaire satirique accueille toutes les plumes de qualité qui écrivent en wallon. Son tirage atteint 15.000 exemplaires la première année. Ne limitant pas sa diffusion au Namurois, il devient le lieu où se publie et se développe une littérature populaire wallonne. Son exemple est imité dans d’autres villes wallonnes.

Cherchant à développer ses activités d’imprimeur, notamment par l’édition de productions littéraires, Léopold Godenne tente de s’installer à Marcinelle, puis à Couillet, avant de se résoudre à s’installer dans sa ville natale, à Malines (1890). Léopold Godenne y emmène la gazette dialectale ; à partir de 1893, La Marmite devient l’organe du cercle bruxellois Nameur po tot, dont Louis Loiseau assure la direction littéraire. Entre la disparition des animateurs fondateurs de la société Moncrabeau (vers 1880) et la naissance des Rèlîs namurwès (1909), La Marmite assure en quelque sorte de l’extérieur, la continuation du mouvement littéraire wallon de Namur.

L’Aurmonaque del Marmite (1885-1904) est une autre publication de l’imprimeur Godenne à qui Léon Pirsoul confie son Dictionnaire du dialecte namurois, et Léon Loiseau ses Échos du terroir. Installé définitivement sur la place du Grand Marché à Malines, Léopold Godenne s’est associé à son frère Alexandre ; les maîtres-imprimeurs wallons y publient de nombreux volumes des Documents et Rapports de la Société paléontologique et archéologique de l’arrondissement judiciaire de Charleroi, une impressionnante histoire de Malines (Malines jadis et aujourd’hui, 1908), richement illustrée, puis un Guide touristique de la ville (1909), ainsi que le Bulletin du Cercle archéologique de Malines de 1890 à 1922.

Sources

Lucien MARÉCHAL, dans La Vie wallonne, 1922, p. 89-91
Oscar COLSON, La mort de La Marmite, dans Wallonia, t. XIII, 1905, p. 70-71
André-Marie GOFFIN, dans Françoise JACQUET-LADRIER (dir.), Dictionnaire biographique namurois, Namur, Le Guetteur wallon, n° spécial 3-4, 1999, p. 107
Félix ROUSSEAU, Propos d’un archiviste sur l’histoire de la littérature dialectale à Namur, 1ère partie, « Des origines à 1880 », dans Les Cahiers wallons (Namur), 1964, n°1-2-3, p. 80, 84-85, 101 ; 2e partie, « 1880-1965 », 1965, n°1-2-3, p. 6-22
Paul COPPÉ et Léon PIRSOUL, Dictionnaire bio-bibliographiques des littérateurs d’expression wallonne (1622-1950), Gembloux, Duculot, 1951, p. 179-180
Émile BROUETTE, dans Biographie nationale, t. 34, col. 414-416