Halkin Léon-Ernest

Académique, Histoire, Militantisme wallon

Liège 11/05/1906, Liège 29/12/1998

Docteur en philosophie et lettres de l’Université de Liège (1927), ancien élève de la Sorbonne et de l’École normale supérieure de Paris, agrégé de l’enseignement supérieur de l’Université de Liège (1936), Léon-E. Halkin est jeune assistant quand il se voit confier un cours nouvellement créé à l’Université de Liège : l’Histoire de la principauté de Liège (1937). L’année suivante, il est chargé des cours d’histoire moderne et de critique historique, puis est promu professeur ordinaire (1943). 

Professeur émérite (1975), docteur honoris causa des Universités de Strasbourg et de Montpellier, ainsi que de la faculté de théologie protestante de Bruxelles, titulaire du Prix Montaigne (1977), directeur et collaborateur de revues historiques liégeoises, il s’est intéressé, dans nombre d’études et d’articles, à l’histoire et aux institutions de l’ancien diocèse et de la principauté de Liège. 

L’historien est l’auteur de très nombreuses publications scientifiques où l’élégance du style et la rigueur de la recherche se fondent harmonieusement. Par ailleurs, l’enseignement de la critique historique a donné naissance à plus de trente écrits. Le simple cahier dactylographié de 1939 (124 pages), sans cesse remanié et enrichi, s’est transformé au fil des années et sous des titres divers en une série de volumes de 200 à 300 pages, édités à Liège, Tongres ou Paris. Cette œuvre consacrée à définir le métier de l’historien est la “ Bible ” des étudiants formés à l’Université de Liège depuis de nombreuses années.

Très tôt, Léon-E. Halkin a été attentif à la question wallonne. Il fournit des comptes rendus d’ouvrages historiques à L’Action wallonne (1933). On y remarque déjà son intérêt pour une histoire où les régions sont prises en considération. Ses lectures l’amènent à aborder la question de la prise en considération de l’histoire de la Wallonie. Auteur d’un important article sur La Wallonie devant l’histoire (1938) – qu’il réédite dans La Cité chrétienne du 20 mai 1939 –, il confirme, au sein de la commission d’histoire de l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie qu’il préside (1945), sa conception de l’histoire, une pensée qui mène à l’histoire générale par l’histoire régionale. Marquant son indépendance à l’égard de Pirenne, Léon-E. Halkin propose de choisir le régionalisme féodal et donc l’histoire de l’occident chrétien, comme cadre historique fondamental et comme base d’enseignement. On retrouve ces principes tant dans le manifeste Pour Renaître que dans la brochure L’enseignement de l’histoire en Wallonie.

Dès les premières heures de l’occupation allemande, Léon-E. Halkin est entré en Résistance et a manifesté son opposition à Léon Degrelle. Membre du Front de l’Indépendance, directeur du service Socrate, il est arrêté par la police allemande suite à une dénonciation (17 novembre 1943). Il passe quatre mois à Breendonck, puis connaît les camps de concentration de Gross-Rosen, Dora et Nordhausen. Libéré le 11 avril 1945, il écrit un livre poignant, inspiré de sa déportation : À l’ombre de la mort (1947, réédité en 1965 et en 1985), tout au long duquel l’historien et sa rigueur ne cèdent en rien à la souffrance.

Membre du Congrès national wallon de Liège (1945), de son Comité permanent (1945-1947), membre d’honneur du mouvement catholique wallon, Rénovation wallonne, il y a adhéré dès 1945 et y est demeuré actif jusqu’à la fin des années soixante. Membre du comité provincial liégeois, il figure aux côtés de Paul Harsin, Maurice Piron et Léopold Levaux. Au début des années cinquante, il est l’un des représentants wallons au sein du Conseil culturel français relancé par le ministre Harmel. Chrétien soucieux d’œcuménisme, défenseur des droits de l’homme, sa vie est marquée par de nombreux engagements citoyens, notamment contre le régime de Franco et la Guerre du Vietnam, et pour la justice envers le Tiers-Monde et au Chili, la création d’une Europe humaniste et le développement d’un urbanisme éclairé.

Sources

HALKIN Léon-E.    DELFORGE Paul, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, 2001, t. II 
HALKIN Léon-E.    Le Cardinal de la Marck, prince-évêque de Liège 1505-1538 (1930)

Oeuvres principales

Introduction à l’histoire paroissiale du diocèse de Liège (1935)
La réforme en Belgique sous le règne de Charles Quint (1957)
Le premier congrès international des étudiants à Liège en 1865 (1966)
Chronique de l’Université de Liège (1967) en collaboration avec Marcel Florkin
Érasme et l’humanisme chrétien (1969)
Les colloques d’Érasme (1971)
Érasme parmi nous (1987, 1992, 1997)
Initiation à la critique historique (5e édition en 1982)
À l’ombre de la mort (1947, réédité en 1965 et en 1985)