Jaumotte Jules

Militaires, Science, Météorologie

Namur 14/04/1887, Uccle 06/07/1940

Après ses humanités à l’Athénée de Namur (1905), Jules Jaumotte s’engage à l’armée avant d’entrer à l’École royale militaire (1906). Officier du Génie (1911), élevé au rang de lieutenant (1912), il est tenté par l’aviation naissante et commence l’École de pilotage de l’aviation civile à Sint-Job-in-’t-Goor, puis à l’École militaire de vol à Brasschaat (1913), avant d’être transféré à Belgrade dans la 2e Escadrille de la Compagnie des aviateurs (1914). C’est à bord d’un Farman HF20 qu’il participe aux opérations aériennes dans le ciel de Namur et d’Anvers durant le lourd été 1914, puis au-dessus de l’Yser. Entre 1914 et 1919, il accomplira plus d’un millier d’heures de vol essentiellement pour surveiller les positions de l’ennemi. Dès 1915, il est en effet chargé de mettre sur pied un service photographique pour l’armée de l’air belge. Il fait œuvre de pionnier par la mise au point d’un procédé d’examen stéréoscopique des images aériennes verticales qu’il teste lui-même au sein d’une escadrille ; il reçoit d’ailleurs le commandement d’une nouvelle unité en 1918. En 1919, il est affecté dans l’armée d’occupation en Rhénanie, avant d’être rappelé à Bruxelles où il est nommé directeur de l’Institut royal météorologique.

De septembre 1919 à juillet 1940, Jules Jaumotte va diriger cette jeune institution, lui donner sa crédibilité, développer ses activités et participer à son déploiement tant en termes d’infrastructures, de personnel que de productions scientifiques et d’expériences nouvelles. Membre du Comité de l’Organisation météorologique internationale (1919-1940), il est l’auteur de nombreuses publications qui, toutes, visent à faire de la météorologie une science à part entière. Depuis la station d’observation d’Uccle, il met en place des instruments de mesure et d’observation dans tout le pays. De ses contacts avec le professeur norvégien Vilhelm Bjerknes, J. Jaumotte introduit les méthodes de l’École de Bergen et devient un pionnier de la frontologie qui révolutionne la jeune météorologie. Tant pour les ballons sondes que pour les avions, il met lui-même au point un météorographe qui continue de porter son nom ; mais il ne s’agit là que d’une de ses nombreuses inventions. En 1927, il est chargé du cours de météorologie à l’Université de Liège : c’est la première fois que cette matière est inscrite au programme d’une université belge. À la fin des années 1920, il développe encore le service de météorologie aéronautique. Membre de nombreux cercles, sociétés et comités spécialisés, belges et internationaux, il met à profit l’Année polaire internationale 1932-1933 pour convaincre les pouvoirs publics de soutenir son secteur d’activité. Approuvé par le gouvernement en 1938, le plan de décentralisation de l’IRM que Jules Jaumotte avait conçu se mettra finalement en place, malgré la guerre et surtout la disparition du directeur de l’IRM : alors qu’il tentait de transférer ses services en Angleterre, il est victime d’un bombardement à Knokke le 1er juin 1940 et meurt de ses blessures un mois plus tard.

 

Sources

http://www.vieillestiges.be/fr/rememberbook/contents/44 
Andrée DESPY-MEYER, Institutions et réseaux, dans Robert HALLEUX, Geert VANPAEMEL, Jan VANDERSMISSEN et Andrée DESPY-MEYER, Histoire des sciences en Belgique, 1815-2000, Bruxelles (Dexia/La Renaissance du livre), 2001, t. I, p. 86-87
Jacques VAN MIEGHEM, dans Florilège des Sciences en Belgique, t. 2, Bruxelles, 1980, ARB, p. 337-346.
Jacques VAN MIEGHEM, dans Biographie nationale, t. XXXVIII, 1974, col. 358-370.
Théophile DE DONDER, Jules Jaumotte, dans l’Annuaire de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 1941, p. 191-207