Jean Lemaire de Belges

Culture, Littérature

Bavay 1473, lieu de décès inconnu c. 1525


Historiographe, poète et chroniqueur, Jean Lemaire de Belges est entré tardivement dans la mémoire historique pour s’être employé à démontrer, dans son Illustration de Gaule et Singularité de Troie, que les Gaulois – descendants de Noé – ont été à l’origine de la fondation de Troie…

Originaire du grand Hainaut, cultivé, il travaille auprès de son oncle Jean Molinet, à Valenciennes, qui a succédé à Chastellain en qualité d’indiciaire archiducal. Traducteur de Virgile et d’Ovide, Jean Lemaire part ensuite pour Châlon-sur-Saône, où il est placé comme précepteur. En 1498, il est clerc de finances au service du roi de France et de Pierre II de Bourbon, frère de l’évêque de Liège, Louis de Bourbon, à Villefranche. À la mort de Pierre de Bourbon, le 10 octobre 1503, il compose le Temple d’Honneur et de Vertu, poème allégorique où sont figurées, sous la forme de six statues, les vertus cardinales du duc de Bourbon. 

Il devient ensuite secrétaire de Louis de Luxembourg, le cousin du duc de Bourbon, jusqu’à sa mort, le 3 décembre 1503. Il dédie à la mémoire de Louis de Luxembourg une déploration allégorisante, la Plainte du désiré, dont l’épilogue prouve que dès la fin de l’année 1503 ou au tout début de 1504, Marguerite d’Autriche l’avait accueilli à son service. En 1505, pour commémorer la mort de l’époux de celle-ci, il compose la Couronne margaritique, poème mettant en scène dix nymphes désignant les dix qualités éminentes de la princesse.

En 1507, il succède à son oncle Jean Molinet comme indiciaire et bibliothécaire et compose les Chansons de Namur, poème à sujet politique dans lequel il glorifie le combat livré par des paysans et des charbonniers du Hainaut, du Namurois et du Luxembourg contre une troupe de guerriers français venus prêter main-forte au duc de Gueldre dans sa guerre contre Maximilien.

D’un séjour à Rome, il revient tout empreint de la Renaissance. À l’Université de Dôle, il se lie d’amitié avec le savant Agrippa. S’attachant de plus en plus aux intérêts français, malgré ses obligations envers Marguerite d’Autriche, au service de la politique de Louis XII, il compose divers pamphlets politiques, qui ne sont pas du tout du goût de Marguerite.

En 1509, Jean Lemaire de Belges commence la rédaction de son célèbre ouvrage Illustration de Gaule et Singularité de Troie, dont le premier livre paraît en 1511 et les deuxième et troisième en 1512. Il s’agit d’une fresque mythique en prose dans laquelle l’auteur, à la suite d’autres auteurs médiévaux, cherche à démontrer que les Gaulois descendent de Noé et sont à l’origine de la fondation de Troie. Puisant largement aux sources de la mythologie antique, Jean Lemaire de Belge fait figure de pré-humaniste. 

En 1511, il rédige un nouveau pamphlet politique, le Traité de la différence des schismes, dirigé contre le pape Jules II. Remplacé comme indiciaire, devenu historiographe de la reine Anne de Bretagne, Jean Lemaire décrit, en 1513, dans la Concorde des deux langages, le temple de Vénus en vers italiens puis en prose et en vers français, le temple de Minerve, espérant voir ainsi s’opérer la « concorde » des deux langues. La mort d’Anne de Bretagne et de Louis XII lui enlevèrent toute ressource. Il meurt dans l’indifférence de ses contemporains. Sa mémoire est réhabilitée par les écrivains de la Pléiade.

 

Sources

Marcel DE GREVE, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres. Arts. Culture, t. II, Bruxelles, La Renaissance du Livre, p. 35-36
Léopold GENICOT (dir), Histoire de la Wallonie, Toulouse, Privat, 1973, p. 265
Léopold GENICOT, Racines d’espérance. Vingt siècles en Wallonie, par les textes, les images et les cartes, Bruxelles, Didier Hatier, 1986, p. 136
Jean STECHER, dans Biographie nationale, t. 11, col. 769-778


Œuvres principales

Temple d’Honneur et de Vertu (1503) 
Plainte du désiré
Couronne margaritique (1505)
Chansons de Namur (1507)
Illustration de Gaule et Singularité de Troie (à partir de 1511)
Traité de la différence des schismes (1511)
Concorde des deux langages (1513)