Le Boulengé Ernest

Politique

Dinant 3/03/1860, Chacoux-Annevoie 10/09/1939

Avant 1914, la ville de Dinant a pu compter sur Ernest Le Boulengé, son bourgmestre, pour se transformer en cité plus moderne pour ses habitants et plus attrayante pour les touristes. Après la Grande Guerre, elle peut compter sur le même personnage, devenu Haut-Commissaire royal, pour effacer rapidement la désolation laissée par l’occupant allemand.

Au terme d’une scolarité exemplaire au Collège de Bellevue et à la Faculté de Droit de l’Université catholique de Louvain, Ernest Le Boulengé entame une carrière d’avocat au Barreau de Dinant. Dans le même temps, il manifeste son intérêt pour la politique. Membre du parti catholique, il est élu conseiller communal en 1889 et siège dans l’opposition. Les libéraux sont en effet au pouvoir depuis plusieurs années et, en novembre 1895, ils s’apprêtent à reconduire le mandat de Victorien Barré, lorsque le ministre de l’Intérieur répond favorablement à la plainte des catholiques vaincus, annule l’élection et la fait recommencer en janvier 1896. Sur fond de polémique au sujet du directeur d’une importante maison de jeux de Dinant, le résultat du scrutin précédent est retourné et, fin janvier, Ernest Le Boulengé est désigné comme bourgmestre de Dinant.

L’ancienne « bonne ville » connaît alors une série de travaux d’aménagements, facilitant la mobilité, éliminant des maisons vétustes et améliorant la qualité de vie : restauration du Carillon, eau potable, éclairage public, construction de maisons ouvrières… En 1903, un important projet d’exposition voit le jour : dans un bâtiment reconstituant celui de l’ancienne Régence, l’Exposition d’Art dinantais qui se tient en 1907 mobilise les forces locales et donne un nouvel essor à l’industrie du cuivre. Le duo que forme le bourgmestre avec son échevin Georges Cousot paraît inamovible aux opposants progressistes, quand, début 1910, Ernest Le Boulengé remet sa démission et se retire de la vie politique. Échevin des Travaux publics depuis 1890, Augustin Degraux lui succède, mais décède quelques semaines après avoir fêté ses 70 ans. En janvier 1912, le libéral Victorien Barré redevient bourgmestre, avant que le catholique Arthur Defoin ne soit désigné à la tête d’une cité qui va devenir martyr, le 23 août 1914.

Avec 674 civils exécutés et plus d’un millier de maisons détruites, Dinant est la cité la plus meurtrie de Wallonie au cours de l’invasion allemande de 14-18. Après l’Armistice, un vaste programme de reconstruction est mis en place. L’architecte Paul Jaspar est chargé de la supervision des travaux, ainsi qu’Ernest Le Boulengé nommé Haut-Commissaire pour la reconstruction tant des immeubles sinistrés à Dinant, que ceux de l’ensemble de la province de Namur. Six années intensives seront nécessaires pour éliminer les traces qui pouvaient l’être.

Après cette mission, Le Boulengé se retire totalement de l’action publique et consacre ses loisirs au Collège de Bellevue ainsi qu’au cercle de délassement « Patria » dont il est le président.

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Chambre des Représentants, Annales parlementaires, séances du 12 décembre 1900 et du 2 mars 1909

 

Mandats politiques

Conseiller communal de Dinant (1890-1910)
Bourgmestre (1896-1910)
Haut-Commissaire à la Reconstruction