Lefrancq Marcel-G.

Culture, Photographie

Mons 09/10/1916, Vaudignies Chièvres 15/11/1974

Surnommé le « Man Ray du Hainaut » par certains critiques, Marcel-G. Lefrancq est un photographe autodidacte qui a poursuivi une expérience artistique tout à fait singulière, proposant tantôt des compositions et photomontages surréalistes, tantôt des portraits de qualité et des instantanés poétiques de Mons. Après avoir participé à l’expérience du Groupe surréaliste du Hainaut, il participe à l’aventure Cobra. Par ailleurs, passionné d’art et d’archéologie, il apporte une forte contribution à la préservation des monuments et œuvres d’art du Hainaut ; poète, il laisse une œuvre moins connue et quelques textes en wallon sont publiés dans la revue No Catiau.

Passionné très jeune par la photographie, Marcel Lefrancq est un autodidacte dont les tout premiers clichés datent de 1932, moment où il est encore étudiant à l’Athénée de Mons. Trouvant ses sujets dans son environnement immédiat (la famille, les fêtes populaires, les rues de Mons, etc.), il pratique rapidement l’art de la contre-plongée et du contre-jour qui caractériseront définitivement son style. Inspirées par le modernisme architectural de l’Exposition universelle de Bruxelles, des photographies de 1935 en témoignent ; à ce moment, il achève ses études d’ingénieur commercial à l’Institut Warocqué à Mons. Sans doute influencé par le groupe Rupture auquel il adhère à la même époque, il alterne le photomontage et le collage, avec la captation d’impressions insolites dans le quotidien des rues de Mons. Quand le groupe Rupture implose, Lefrancq, proche du poète Dumont, poursuit sa route au sein du Groupe surréaliste de Hainaut, tout en collaborant à la revue L’invention collective de René Magritte et Raoul Ubac (1940). Alors que les bruits de canons tonnent à l’horizon (1939), Marcel Lefrancq adhère au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes et, dans le même temps, il est engagé par l’IRPA, l’Institut royal du Patrimoine artistique, afin de dresser un inventaire photographique des œuvres d’art du pays.

Résistant durant la Seconde Guerre mondiale, il est arrêté pendant six semaines en raison d’une dénonciation anonyme (1943) et, en septembre 1944, il se joint comme interprète volontaire aux troupes américaines. Renouant avec les surréalistes hennuyers une fois la paix revenue, Marcel-G. Lefrancq ouvre son propre studio photographique à Mons, à l’enseigne de La Lanterne magique. Orphelin des surréalistes du Hainaut (le groupe est dissous en 1946), il participe à l’émergence du groupe Haute Nuit (1947), avec Achille Chavée, Armand Simon et Louis Van de Spiegele notamment ; c’est à ce moment que le poète publie Aux mains de la Lumière. Images et poèmes (1948), seul recueil édité de son vivant.

Cherchant à la fois à unir les surréalistes « belges » et à affirmer le caractère révolutionnaire du surréalisme, il se rapproche de Christian Dotremont (1949), et lie son groupe à l’expérience Cobra (1949-1952). Comme en témoignent plusieurs manifestes dont il est le signataire ou rédacteur, la démarche artistique de Marcel-G. Lefrancq (le « -G. » ajouté à son prénom constitue son nom d’artiste) est résolument un engagement politique. Son œuvre s’expose, seule ou collectivement, ou illustre les textes de ses amis poètes et écrivains. Présent à l’exposition L’Apport wallon au surréalisme (organisée par l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie, à Liège, en 1955, durant le deuxième Congrès culturel wallon), Marcel-G. Lefrancq n’exposera plus pendant une douzaine d’années, avant qu’une série de manifestations rétrospectives sur le surréalisme, au tournant des années 1960 et 1970, ne remettent en lumière ses créations.

Passionné de préhistoire, fouilleur lui-même (notamment à Spiennes), Lefrancq a été l’un des fondateurs de l’Association des Amis du Musée de la Préhistoire de Mons (1953), fut adjoint à la présidence de la Société préhistorique du Hainaut. En 1970, il apporte une forte contribution à la réussite de l’exposition L’art naïf en Hainaut et, en 1973, à L’archéologie de la région de Mons.

Sources

Émile POUMON, dans La Vie wallonne, I, 1975, n°349, p. 40
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), t. III, p. 294 ; t. IV, p. 172
Georges VERCHEVAL, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
Léon KOENIG, Marcel HAVRENNE (dir.), L’Apport wallon au surréalisme : peinture, poésie [exposition] Liège, Musée des Beaux-Arts, 13 octobre - 12 novembre 1955, exposition organisée par la Commission des Beaux-Arts de l’Association pour le progrès intellectuel et artistique de la Wallonie, Liège, 1955
Aliénor DEBROCQ, « Les développements de l’œil ». De la photographie surréaliste à la photographie Cobra, dans L’image comme stratégie : des usages du médium photographique dans le surréalisme. Colloque, Paris, 2009, 
Marcel G. Lefrancq Palais des Beaux-Arts, Charleroi, 1982, Mons, 1982
Xavier CANONNE (dir.), Marcel Lefrancq (1916-1974) : aux mains de la lumière, Charleroi, Musée de la Photographie, 2003
Xavier CANONNE, Marcel-G. Lefrancq. Le surréalisme du quotidien. Musée national d’Art de Roumanie, Bucarest, 2014, http://www.wbi.be/fr/events/event/marcel-g-lefrancq-surrealisme-du-quotidien-bucarest#.Vt1FrfnhA4Q