Lemonnier Camille

Culture, Littérature

Louvain 24/03/1844, Ixelles 13/06/1913


L’écrivain Camille Lemonnier est généralement considéré comme celui qui a ouvert l’ère du récit régionaliste en Wallonie, en publiant Un Mâle en 1881, soit neuf ans avant les Contes de mon village de Louis Delattre. C’est à ce titre que Lemonnier est aussi généralement annexé comme écrivain wallon. Ayant grandi à Bruxelles, dans une famille dont le père avocat avait été formé à l’Université catholique de Louvain, il fait partie par son grand-père paternel, né à Mons, d'une famille montoise depuis plusieurs générations. Le rattachement à la Wallonie s’établit par son œuvre et par une élection de domicile partielle, à partir de 1869, dans le vieux prieuré à Burnot, sur la Meuse namuroise. En raison d’une partie importante de son œuvre « un tel auteur s’est naturalisé Wallon par l’inspiration qu’il a choisi de servir » (Marcel Thiry).

En 1855, Camille Lemonnier est inscrit en sixième latine, à l’Athénée de Bruxelles, et il s’y révèle un étudiant médiocre. En 1858, il compose un Almanach instructif et amusant à lire, soit 64 pages manuscrites illustrées de 38 gravures, témoignage précoce de son intérêt pour la peinture et les peintres, qu’il comptera parmi ses meilleurs amis, comme Hippolyte Boulenger. En 1861, alors que son père l’inscrit à la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université libre de Bruxelles, en candidature de Philosophie et Lettres préparatoire au Droit, Camille Lemonnier sait déjà qu’il veut être écrivain. Dès 1862, il collabore à l’Uylenspiegel, où il croise la route de Félicien Rops, et y reste jusqu’en 1869, année du décès de Louis François. En 1863, il entame la série de ses essais de critique artistique et publie son Salon de Bruxelles, à l’occasion de l’Exposition générale des Beaux-Arts. La même année, il prend à bail un vieux Manoir à Burnot, dans la vallée de la Meuse, sur lequel il écrira « Je connus, pour la première fois, la joie passionnée de me sentir en communion avec la terre. Je pus ainsi réaliser, jusqu’à un certain point, mon rêve d’une existence un peu sauvage, songeant, lisant, écrivant, chassant, visitant les humbles, les doux et les violents, regardant filtrer dans l’âme des élémentaires les vertus rudes et simples des paysages ».

En 1866, il ressent le besoin de « rechercher la vie des villes », revient à Bruxelles et fonde L’Art universel, organe pour lequel il rédige des chroniques artistiques et littéraires. Il collabore également à d’autres revues, essentiellement artistiques, et passe plusieurs mois à Paris où il fréquente écrivains et artistes. En 1880 est créée La Jeune Revue littéraire, devenue, en 1881, La Jeune Belgique, à laquelle Lemonnier collabore avec entre autres les frères Destrée, Célestin Demblon, Fernand Severin et Hector Chainaye, désirant s’inscrire dans le renouveau littéraire perceptible à Bruxelles dès les années 1870 ; en prose, leurs maîtres sont naturalistes (Claudel, Zola, Daudet, Goncourt…). 

Un Mâle, l’œuvre maitresse de Camille Lemonnier, paraît en 1881. Il est le premier récit régionaliste proprement wallon. C’est avec ce roman, dont il tira une pièce en quatre actes, créée le 1er mai 1886 au Théâtre du Parc, que Camille Lemonnier ouvre l’ère du récit régionaliste. Dans l’ensemble de son œuvre, Lemonnier étudie notamment la décadence des mœurs au sein de la bourgeoisie (Madame Lupar, 1888, Le Possédé, 1890, L’arche. Journal d’une maman, 1894), s’inspire du décor et de la vie sociale de l’époque (Happe-Chair, 1886). En 1888, il reçoit le Prix quinquennal de Littérature pour La Belgique, publié à cette date par Hachette, mais qui avait déjà fait l’objet d’une publication. Durant les vingt dernières années de sa vie, il ne cesse d’écrire. Deux ans avant sa mort, Camille Lemonnier publie encore Une vie d’écrivain (1911), son autobiographie, dans laquelle il rend hommage à sa terre natale en présentant au lecteur ce qu’il appelle la culture belge.

Sa maison ixelloise, actuelle propriété de la Fédération Wallonie-Bruxelles, est le siège social de l’Association des Écrivains belges de langue française qui gère et conserve, à l’initiative de Marie Lemonnier, la fille de l’écrivain, les collections du Musée Camille Lemonnier.

 

Sources

ASSOCIATION DES ÉCRIVAINS BELGES DE LANGUE FRANÇAISE, http://www.ecrivainsbelges.be/ (s.v. octobre 2014)
Marcel THIRY, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres. Arts. Culture, t. II, p. 414-415
Robert-O.-J. VAN NUFFEL, dans Nouvelle Biographie nationale, t. II, p. 254-262



Œuvres principales

Almanach instructif et amusant à lire (1858)
Salon de Bruxelles (1863)
Paris-Berlin (1870)
Sedan (1871) republié sous le titre Les Charniers (1881)
Contes flamands et wallons (1873), recueil de contes
Histoire de gras et de maigre (1874), recueil de contes
Derrière le rideau (1876), recueil de contes
Un coin de village (1879)
Thérèse Monique (1880)
Un Mâle (1881)
La Belgique (1881), ouvrage terminé en 1886
Le Mort (1881)
Histoire de huit bêtes et d’une poupée (1885)
L’Hystérique (1885)
Happe-Chair (1886)
La comédie des Jouets (1888), recueil de contes
L’Enfant du Crapaux (1888)
Madame Lupar (1888)
Le Possédé (1890)
La fin des bourgeois (1892)
L’Homme qui tue les femmes (1893)
Claudine Lamour (1893)
L’Arche. Journal d’une maman (1894)
Une femme (1899) 
La vie belge (1905)
L’École belge de peinture (1906)
Quand j’étais un homme. Cahier d’une femme (1908)
La Chanson du carillon (1911)
Une vie d’écrivain (1911)